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Marc Richir

Marc Richir est un philosophe phénoménologue belge né le à Couillet en Belgique et mort d'un cancer le [1] - [2] à Avignon. Il résidait depuis de nombreuses années en Provence (France).

Marc Richir
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  72 ans)
Avignon
Nom de naissance
Marc Jean Charles Camille Richir
Nationalité
Activité

Biographie

Marc Richir (1943-2015) est un philosophe d’origine belge, ayant vĂ©cu la majeure partie de sa vie dans le sud de la France. Il est l’un des principaux phĂ©nomĂ©nologues de sa gĂ©nĂ©ration. Son Ĺ“uvre, abondante — pas moins de vingt et un ouvrages et plus de deux cents articles —, rencontre de nombreuses thĂ©matiques,  comme celle de l’anthropologie politique, de la philosophie des sciences (en particulier des mathĂ©matiques et de la physique), de l’esthĂ©tique, de la pensĂ©e mythique, de la psychopathologie, etc. ; mais c’est assurĂ©ment la phĂ©nomĂ©nologie qui en constitue la question axiale. En ce sens, Richir se considère lui-mĂŞme comme un hĂ©ritier de Husserl, avec qui il noue d’ailleurs un dialogue constant. Mais s’il reste fidèle Ă  l’esprit de la phĂ©nomĂ©nologie inaugurĂ©e par Husserl, il n’en reprend pas la lettre, tant s’en faut.

Sur l’origine et le sens de son parcours philosophique, Richir s’est lui-mĂŞme expliquĂ© comme suit : 

« Il est toujours extrĂŞmement difficile, voire impossible, de situer ce qui a pu motiver Ă  l'origine un parcours philosophique. Après avoir terminĂ© une maĂ®trise en physique, j'ai repris des Ă©tudes de philosophie. Tout de suite je me suis senti, avec la phĂ©nomĂ©nologie, "un air de famille". L'atmosphère de l'Ă©poque (en 1968) Ă©tait cependant Ă  autre chose : le structuralisme, Heidegger, Derrida. Mon parcours a Ă©tĂ© rĂ©trospectivement un long dĂ©tour pour retrouver ma famille d'origine, comme une courbe rentrante qui m'a fait sortir de Derrida par Heidegger, de Heidegger par l'idĂ©alisme allemand, etc., pour finalement revenir Ă  la phĂ©nomĂ©nologie. Ă€ l'Ă©cart cependant du cheminement de Husserl et de Heidegger, ce qui a motivĂ© mes propres mĂ©ditations Ă©tait la question du statut du phĂ©nomène comme rien que phĂ©nomène (et non comme phĂ©nomène d'autre chose), phĂ©nomène prĂ©sent partout dans la tradition sous la forme de ce que Kant a nommĂ© "illusion transcendantale". Cette mĂŞme courbe m'a conduit Ă  comprendre le statut de ce que je nomme l'institution symbolique comme ce qui distribue Ă  notre insu tout ce que nous considĂ©rons comme allant de soi, tous nos comportements (sociaux, politiques, individuels), qu'ils nous paraissent les plus intimes ou les plus acquis au contact des rĂ©alitĂ©s. Dès lors l'analyse phĂ©nomĂ©nologique prend un autre tour : consistant Ă  montrer que ce qui relève de l'institution symbolique n'est "vivant" que s'il est transi par le "tremblement" en lui des phĂ©nomènes comme rien que phĂ©nomènes, par ce que Merleau-Ponty nommait le "bougĂ©", Ă  savoir des aires d'indĂ©termination qui ouvrent Ă  l'Ă©laboration symbolique. Les consignes mĂ©thodologiques de Husserl vont dans le mĂŞme sens si elles sont bien comprises : suspendre les dĂ©terminations symboliques qui recouvrent les phĂ©nomènes en ouvrant ces aires d'indĂ©termination, puis enrichir ces dernières par les potentialitĂ©s de sens impliquĂ©es dans les plis de la signification de chaque phĂ©nomène en ce qu'ils ont d'infini (apeiron) et d'indĂ©fini (aoriston). Dans cette perspective, et Ă  l'encontre des auto-encombrements scolastiques de la philosophie analytique aussi bien que de l'idĂ©ologie naĂŻve de la mĂ©taphysique cognitiviste, la phĂ©nomĂ©nologie laisse autant de chantiers ouverts Ă  l'analyse qu'il y a de problèmes et de questions pour la condition humaine. Husserl est un peu comme MoĂŻse qui a vu la terre promise sans en fouler le sol et sans doute sera-ce le cas de tout membre du "peuple phĂ©nomĂ©nologique". Posture inconfortable certes, que peu ont acceptĂ© et accepteront de partager, mais qui, dans le champ actuel de la philosophie, reste la seule Ă  la mesure de l'exigence que la philosophie porte avec elle depuis son commencement platonicien. La phĂ©nomĂ©nologie est bien en ce sens un surgeon de la tradition moderne de la philosophie : loin de s'envaser dans le tout et le n'importe quoi de l'auto-proclamĂ© post-moderne, elle a, Ă  chaque fois, Ă  tout reprendre, non pas depuis une illusoire tabula rasa qui casserait l'histoire en deux, mais depuis la rĂ©manence de ces questions et problèmes, dont l'Ă©claircissement promet une meilleure comprĂ©hension de notre condition. DĂ©livrĂ©e du pathos du fondement absolu, la phĂ©nomĂ©nologie sait que les questions ultimes resteront toujours pour elle sans rĂ©ponse dĂ©finitive. » (« Autant de chantiers ouverts pour l’analyse phĂ©nomĂ©nologique » (Entretien), in Le magazine littĂ©raire no 403, Paris, 2001, p. 61).

Ĺ’uvre Ă©ditoriale

Durant sa première période d'activité philosophique, Marc Richir participe à la création de la revue Textures, avec, entre autres, Max Loreau, Robert Legros, Cornelius Castoriadis, Claude Lefort, Marcel Gauchet. À la fin des années 1980, il devient directeur de la collection Krisis, chez l'éditeur Jérôme Millon (Grenoble). Il publiera alors un grand nombre de classiques de la philosophie et de la phénoménologie : le Livre des XXIV philosophes, Suarez, Schelling, Condillac, Husserl, Binswanger, Patočka, Maldiney, Simondon, Kimura Bin, E. Strauss. Il publie aussi des études historiques et des commentaires importants, comme ceux de J. Taminiaux, F. Pierobon, J. Greisch, S. Breton, etc. Richir traduits des inédits de Husserl (Hua XXIII, Hua XXXIV, Hua XXXIII, Hua XXXV, Hua XXXIII). Il apporte sa contribution à l'ouvrage : Utopia 3 - La question de l'art au 3e millénaire, Germs, 2012, sous la dir. de Ciro Giordano Bruni.

Notes et références

  1. « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
  2. Cédric Enjalbert, « Mort du philosophe phénoménologue Marc Richir », sur philomag.com,

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