MarĂa de la Cruz
MarĂa de la Cruz, nĂ©e le Ă Chimbarongo (Chili) et morte le Ă Santiago (Chili), est une fĂ©ministe, journaliste, Ă©crivaine et femme politique chilienne. En 1953, elle devient la première femme Ă©lue au SĂ©nat chilien.
MarĂa de la Cruz | |
Fonctions | |
---|---|
SĂ©natrice chilienne | |
– | |
Prédécesseur | Carlos Ibáñez del Campo |
Successeur | Luis Quinteros Tricot (es) |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Chimbarongo (Chili) |
Date de décès | |
Lieu de décès | Santiago (Chili) |
Nationalité | chilienne |
Parti politique | Parti des femmes chiliennes (es) |
Profession | Journaliste |
Biographie
Origines, Ă©tudes et vie professionnelle
Fille de Marco Aurelio de la Cruz et d'Edicia Toledo, elle Ă©tudie au Colegio Rosa de Santiago Concha et au Liceo N°5 de Santiago[1]. Dès son plus jeune âge, elle Ă©crit des articles et des poèmes. En 1940, elle publie un livre de poèmes (Transparencias de un Alma) et, en 1942, un court roman (Alba de Oro). Elle travaille au magazine Luz y sombra, consacrĂ© Ă mettre en lumière la condition des personnes aveugles[1]. Elle est aussi journaliste radio sur la station Nuevo Mundo, oĂą son Ă©mission quotidienne MarĂa de la Cruz habla obtient un grand succès[1].
Le Parti des femmes et le SĂ©nat
Via son travail journalistique, elle s'intĂ©resse Ă l'Ă©mancipation politique des femmes et notamment Ă leur lutte pour obtenir le droit de vote. En 1946, elle accompagne le mouvement suffragiste, nĂ© au Chili en 1913, et crĂ©e le Parti des femmes chiliennes (es). Cette formation n'a pas d'orientation idĂ©ologique dĂ©finie et il suffit d'ĂŞtre une femme pour le rejoindre. MarĂa de la Cruz dĂ©clare ainsi : « Nous ne sommes ni Ă gauche ni Ă droite. Les hommes sont divisĂ©s par l'idĂ©e, nous sommes unies par le sentiment ». InfluencĂ© par le pĂ©ronisme argentin, le parti organise des forums, des rassemblements publics et des activitĂ©s de propagande. Rapidement, il recrute des adhĂ©rentes parmi les femmes des classes moyennes et populaires. Ă€ son apogĂ©e, il compte 27 000 membres. Couvrant plusieurs thĂ©matiques liĂ©es aux droits des femmes, il Ă©tudie la lĂ©gislation les concernant, vient en aide aux familles dĂ©munies, fonde un cabinet juridique et essaie d'amĂ©liorer la condition des ouvrières[2].
En 1949, le prĂ©sident Gabriel González Videla signe la loi accordant le droit de vote aux femmes pour toutes les Ă©lections (c'Ă©tait dĂ©jĂ le cas pour les scrutins municipaux depuis 1932, sous conditions de ressource et de niveau scolaire[3]). Le parti entame alors une phase de dĂ©clin, sa principale revendication ayant Ă©tĂ© satisfaite. En 1950, MarĂa de la Cruz prĂ©sente sa candidature pour un siège sĂ©natorial mais Ă©choue, malgrĂ© le soutien de l'ancien prĂ©sident Carlos Ibáñez del Campo[2].
Durant la campagne prĂ©sidentielle de 1952, elle soutient activement Carlos Ibáñez del Campo. Après l'avoir emportĂ©, ce dernier lui propose de devenir ministre de l'Éducation, poste qu'elle refuse et qui reviendra Ă MarĂa Teresa del Canto, Ă©galement membre du Parti des femmes[2].
Carlos Ibáñez del Campo soutient MarĂa de la Cruz pour lui succĂ©der au SĂ©nat, poste qu'il avait quittĂ© après son accession Ă la prĂ©sidence du Chili. Elle obtient Ă©galement le soutien du Parti dĂ©mocratique du Chili, du Mouvement national indĂ©pendant, de l'Organisation des femmes indĂ©pendantes, du Mouvement national Ibañista et de sa propre formation, le Parti des femmes. Elle est Ă©lue le 4 janvier 1953 et devient la première sĂ©natrice de l'histoire du Chili. Elle l'emporte avec 107 585 voix contre 68 350 et 32 941 Ă ses deux adversaires. Ă€ noter qu'en 1951, InĂ©s EnrĂquez Frödden avait Ă©tĂ© la première dĂ©putĂ©e de l'histoire chilienne[2].
Son mandat commence le 13 février de la même année mais sa carrière politique sera de courte durée. Son talent oratoire lui attire en effet beaucoup de méfiance et d'hostilité. Par ailleurs, trois femmes l'accusent d'être impliquée dans une affaire de contrebande de montres avec l'Argentine. Le 4 août, elle est inculpée et déchue de son mandat pour « abus de sa position à des fins personnelles », malgré l'opposition des autorités sénatoriales à cette décision[2]. Finalement, l'affaire décroit en intensité et rien ne fut prouvé contre elle. Ces accusations auraient été formulées pour l'obliger à quitter son mandat parlementaire.
Après le Sénat
Le scandale affecte le Parti des femmes, qui disparaît en 1954. Il s'agit du dernier parti strictement féminin de l'histoire du Chili[2].
Pour l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 1958, elle soutient Jorge Alessandri RodrĂguez, qui est Ă©lu, et pour celle de 1964 Jorge Prat (en), qui retire finalement sa candidature pendant la campagne. MarĂa de la Cruz ne rĂ©ussira jamais Ă retrouver l'influence politique qu'elle avait auparavant. Finalement, elle rejoint le Parti national et fait partie des figures de l'opposition Ă Salvador Allende.
Elle continue d'animer son émission de radio jusqu'en 1978[1], année où elle prend sa retraite. Elle meurt à Santiago en 1995, âgée de 82 ans[4].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « MarĂa de la Cruz » (voir la liste des auteurs).
- (es) Francisco Javier Vergara M, « MarĂa de la Cruz Toledo; la primera Senadora de la RepĂşblica », El Heraldo,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
- (es) MarĂa de la Cruz Toledo, La Tercera, consultĂ© le 11 mai 2020.
- Erika Maza Valenzuela y Anthony’s Collage, « Las Mujeres Chilenas y la ciudadanĂa electoral : de la ExclusiĂłn al Voto Municipal 1884 – 1934 ». Legitimidad, representaciĂłn y alternancia en España y AmĂ©rica Latina: las reformas electorales (1880 – 1930), MĂ©xico, El Colegio de MĂ©xico, 2000, p. 180.
- Alejandra Jara, « La historia de la primera mujer elegida senadora en la historia de Chile », sur La Tercera, (consulté le )
Article connexe
- InĂ©s EnrĂquez Frödden, la première dĂ©putĂ©e du Chili