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Manuel Enrique Araujo

Manuel Enrique Araujo (né le dans la Hacienda El Condadillo, département d'Usulutån, Salvador[1], et mort à San Salvador, Salvador, le 9 février 1913) est un médecin et homme politique salvadorien. Il est président de la République du Salvador entre 1911 et 1913.

Manuel Enrique Araujo
Fonctions
Président de la république du Salvador
-
Professeur
Pathologie
Ă  partir du
Maire de San Salvador
-
Biographie
Naissance

AlegrĂ­a (en)
DĂ©cĂšs
(Ă  47 ans)
San Salvador
SĂ©pulture
Nationalité
Formation
Activités

Il est le seul prĂ©sident assassinĂ© dans l'exercice de ses fonctions de l'histoire de ce pays. Il a assumĂ© le pouvoir au cours de la pĂ©riode historique connue sous le nom de l'Estado cafetalero, l'État du cafĂ©[2], pendant laquelle le gouvernement et la sociĂ©tĂ© ont Ă©tĂ© largement influencĂ©s par un groupe d'investisseurs et de grands commerçants qui ont participĂ© au dĂ©veloppement du pays, mais ont aussi contribuĂ© Ă  gĂ©nĂ©rer des inĂ©galitĂ©s importantes au sein de la sociĂ©tĂ© salvadorienne.

Araujo, mĂ©decin de profession, a introduit une sĂ©rie de rĂ©formes sociales et Ă©conomiques au cours d’une pĂ©riode marquĂ©e par la rĂ©pression et la violence contre les minoritĂ©s. Ces mesures incluent la stabilisation des finances publiques de l'État, l'augmentation des taxes sur les exportations de cafĂ©, des rĂ©formes importantes dans les forces armĂ©es et la crĂ©ation de la garde nationale ; En outre, lors de son administration, une loi sur les accidents du travail a Ă©tĂ© adoptĂ©e pour la premiĂšre fois. Dans le domaine des relations extĂ©rieures, il s'est opposĂ© Ă  la politique d'ingĂ©rence des États-Unis au Nicaragua, ce qui sera poursuivi par son successeur, Carlos MelĂ©ndez.

La politique réformiste d'Araujo a été en partie interrompue par son meurtre, commis par trois personnes, condamnées et fusillées peu de temps aprÚs, bien que la cause et les commanditaires du crime n'aient jamais été clairement identifiés.

Biographie

Doña María Peralta de Araujo

Lanuel Enrique Araujo naĂźt le dans la Hacienda El Condadillo, dans le dĂ©partement d'UsulutĂĄn, au Salvador. La famille de Manuel Enrique Araujo fait partie de l'Ă©lite commerçante du pays, faisant fortune dans le cafĂ©[3]. Ses parents sont Manuel Enrique Araujo et Juana RodrĂ­guez de Araujo, dont les familles Ă©taient d'origine basque et portugaise[4]. Il Ă©tait le plus jeune de ses sept frĂšres et sƓurs.

Il est baptisé à Alegría, bien qu'il se considÚre originaire de Jucuapa. En 1887, il épouse María Peralta Lara, fille de l'ancien président José María Peralta. Il se consacre à la culture du café et devient en 1910 le plus important producteur du pays, avec sa ferme Galingagua, située à San Agustín, dans le département d'Usulutån[5].

Il termine ses Ă©tudes de mĂ©decine Ă  l'universitĂ© du Salvador, sous la tutelle du docteur Emilio Álvarez. Il obtient son doctorat en pharmacie avec une spĂ©cialisation en chirurgie, neurologie et pathologie exotique en 1891, et poursuit ses Ă©tudes en Europe[5] - [4]. Il publie plusieurs Ɠuvres sur ce continent, et est reconnu pour les deux petits instruments qu'il a inventĂ©s pour faciliter l'accouchement. Il est Ă©galement le premier Ă  rĂ©ussir une opĂ©ration de goitre au Salvador[5]. Il est responsable du service de chirurgie de l'hĂŽpital national de Rosales, avec les mĂ©decins Francisco Guevara et TomĂĄs G. Palomo, et est considĂ©rĂ© comme l'un des pionniers de cette branche de la mĂ©decine dans le pays[6] - [7].

Selon le diplomate Guillermo Trabanino, Araujo « était un homme de forte personnalité, à la fois attentionné, gentil et respectueux, avec ses étincelles de bonne humeur »[8]. Médecin, il ne facture pas la consultation ou les opérations aux pauvres, et continue à exercer une fois à la présidence[5].

Présidence

Cérémonie d'investiture présidentielle de Manuel Enrique Araujo au Palais national, 1911.

Manuel Enrique Araujo s'est prĂ©sentĂ© aux Ă©lections prĂ©sidentielles de 1911 Ă  1915, avec le soutien du prĂ©sident sortant Fernando Figueroa ; il avait occupĂ© le poste de vice-prĂ©sident sous sa mandature[6]. Son adversaire Ă©tait Esteban Castro[9].Cependant, Figueroa n’a tout d’abord pas soutenu sa candidature, car il lui prĂ©fĂ©rait Francisco Dueñas, qu'il pense plus Ă  mĂȘme de servir les « intĂ©rĂȘts des États-Unis », comme il l’indique lui-mĂȘme au DĂ©partement d’État de ce pays[10].

Araujo avait Ă©tĂ© maire de San Salvador[8] et avait Ă©galement Ă©tĂ© nommĂ© Ă  l'assemblĂ©e constituante de 1886, Ă  laquelle il ne pouvait assister car il Ă©tait trop jeune[11]. Il a remportĂ© l'Ă©lection prĂ©sidentielle Ă  une Ă©crasante majoritĂ© et a pris ses fonctions le . Son vice-prĂ©sident est Onofre DurĂĄn. En fait, il semblerait qu'Araujo ait refusĂ© que son frĂšre Rosendo soit Ă©lu Ă  ce poste par l'AssemblĂ©e lĂ©gislative, afin d'Ă©viter d'ĂȘtre accusĂ© de tenter de crĂ©er une « dynastie »[8].

Une fois prĂ©sident, il compose son cabinet en nommant de nombreux universitaires Ă  des postes clĂ©s[12] : Teodosio Carranza, ministre de l’IntĂ©rieur ; Rafael Guirola, ministre des finances ; Francisco Dueñas, ministre des Affaires Ă©trangĂšres, remplacĂ© par Manuel Castro ; le gĂ©nĂ©ral et ingĂ©nieur JosĂ© MarĂ­a Peralta Lagos, ministre de la Guerre ; Eusebio Bracamonte, sous-secrĂ©taire Ă  la guerre[9]. Dans le manifeste prĂ©sentĂ© Ă  l'AssemblĂ©e lĂ©gislative du Salvador, le jour oĂč il a pris la prĂ©sidence, il Ă©crit : « ... quand il s'agit de la nation, moins de force devrait avoir la primautĂ© de l'exercice du pouvoir, parce que la nation n'est pas de tel ou tel parti, mais appartient Ă  tous, et tous doivent offrir le meilleur de ce qu'ils ont[13]. »

Politique Ă©conomique

Centre de San Salvador, 1910

Au moment de son arrivĂ©e au pouvoir, la situation financiĂšre du pays Ă©tait difficile[9]. Il a dĂ©cidĂ© de rĂ©organiser les finances de l'État avec plusieurs mesures, notamment la suppression des charges publiques considĂ©rĂ©es comme inutiles, la rĂ©vision des contrats et la hausse de la taxe sur le cafĂ© (il Ă©tait lui-mĂȘme cultivateur de cafĂ©)[5]. Cette taxe consistait Ă  taxer 30 centimes de dollar or par quintal de cafĂ© exportĂ© ; en outre, les taxes sur les importations ont Ă©tĂ© augmentĂ©es de 14 %[12]. Araujo a rĂ©ussi Ă  normaliser les paiements du gouvernement, Ă  embaucher du nouveau personnel et Ă  recouvrer le crĂ©dit du pays, de sorte que les banquiers nationaux et Ă©trangers lui ont fait des offres de prĂȘts, qu'il n'a toutefois pas acceptĂ©es[9].

Outre la réorganisation des finances publiques, Araujo a réalisé des travaux importants au cours de son mandat présidentiel. Parmi eux figurent l'inauguration du chemin de fer de San Miguel à La Unión, à cÎté du port d'El Triunfo . Dans le domaine de l'agriculture, il a créé un ministÚre dédié[9].

Le thĂ©Ăątre national de San Salvador a commencĂ© Ă  ĂȘtre construit sous la prĂ©sidence d'Araujo.

Politiques sociales

Araujo en tenue présidentielle, en 1911.

Dans le domaine de l’éducation, des rĂ©compenses ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©es pour les Ă©tudiants, dans le secondaire et Ă  l'universitĂ©, et beaucoup d’entre eux ont Ă©tĂ© envoyĂ©s Ă  l’étranger, tant aux États-Unis qu’en Europe[9].La Quinta Natalia situĂ©e dans le quartier de San Jacinto a Ă©galement Ă©tĂ© achetĂ©e par le gouvernement,souhaitant y Ă©tablir une Ă©cole normale ; mais ce bĂątiment deviendra, aprĂšs son mandat, la Maison prĂ©sidentielle[14].

En matiĂšre de travail, une loi sur les accidents du travail a Ă©tĂ© promulguĂ©e pour la premiĂšre fois dans l'histoire du Salvador. Bien qu'elle ne protĂšge pas les salariĂ©s ruraux, il oblige l'État et les employeurs Ă  se partager la responsabilitĂ© pour ce qui concerne l'indemnisation des travailleurs handicapĂ©s en raison d'accidents du travail[5] - [3].

Dans le domaine de la santé, Araujo a initié la construction de la faculté de médecine de l'Université du Salvador, surnommée La Rotonda, achevée en et située en face de l'hÎpital national de Rosales[15] - [16]. Il a également amené l'introduction d'innovations dans les sections de dentisterie et de pharmacie[17].

Il a aussi initiĂ© la construction du ThĂ©Ăątre national de San Salvador, dont il a lui-mĂȘme posĂ© symboliquement la premiĂšre pierre le [18] ; il en est de mĂȘme pour l'Institut d'histoire naturelle, le , remplaçant le MusĂ©e national[19]. D'autre part, en 1912, sont crĂ©Ă©s sous son Ă©gide l'AcadĂ©mie de dessin et de peinture de Carlos Alberto Imery [20] - [21] et l'AthĂ©nĂ©e du Salvador[22]

Sécurité publique et force armée

Création de la garde nationale.

Araujo crĂ©e la Garde nationale le , sur le modĂšle de la Garde civile espagnole[23]. Cette division constitue une sorte de police rurale dont la mission premiĂšre est la lutte contre les bandes de hors-la-loi qui Ă©taient alors nombreuses sur le territoire[24]. Elle existe jusqu'Ă  la fin de la guerre civile, dans les annĂ©es 1990 . L’armĂ©e salvadorienne a Ă©galement fait l’objet de rĂ©formes avec le recrutement de conseillers Ă©trangers venus d’Espagne et du Chili pour assurer l’éducation et la formation de son personnel[11] - [5] - [4]. L'Ă©tat-major central de l'armĂ©e est par ailleurs crĂ©Ă© sous sa prĂ©sidence[25].

Relations internationales

En ce qui concerne les relations internationales, les liens avec les pays voisins Ă©taient voulus fraternels. Fervent libĂ©ral, il croyait en l'Union de l'AmĂ©rique centrale et en l'intĂ©gritĂ© de ses États. Il Ă©tait de ce fait trĂšs critique Ă  l'Ă©gard de l'ingĂ©rence des États-Unis en AmĂ©rique latine, et des pays qui s'en accommodaient[12]. Il envoie par exemple une lettre de protestation au prĂ©sident amĂ©ricain William Taft pour dĂ©noncer l'ingĂ©rence amĂ©ricaine dans les affaires politiques du Nicaragua. Il propose Ă  ce pays une coopĂ©ration Ă©conomique et financiĂšre pour le « rĂšglement de ses engagements »[9]. Son Ă©quipe diplomatique est composĂ©e de Federico MejĂ­a, Ă  Washington, d'une grand diplomate JosĂ© Gustavo Guerrero, Ă  Paris, de Patrocinio GuzmĂĄn Trigueros, en Italie, et l’essayiste Alberto Masferrer, en Belgique[8], un intellectuel trĂšs critiques des inĂ©galitĂ©s sociales de l'Ă©poque[26].

Symboles patriotiques et centenaire du mouvement du 5 novembre 1811

Le drapeau du Salvador, adopté en 1912, est similaire au drapeau de la République fédérale d'Amérique centrale.

Pendant le mandat de Manuel Enrique Araujo, l’histoire du Salvador est marquĂ©e par deux Ă©vĂ©nements importants. À l’initiative du prĂ©sident, les armoiries et le drapeau salvadoriens ont Ă©tĂ© adoptĂ©s, remplaçant ceux crĂ©Ă©s en 1865. Les deux Ă©lĂ©ments s'inspirent des couleurs d'origine de la RĂ©publique fĂ©dĂ©rale d'AmĂ©rique centrale : leurs formes sont choisies Ă  l'issue d'un concours remportĂ© par le calligraphe Rafael Barraza. Ces symboles nationaux sont officialisĂ©s le Ă  Campo Marte Ă  San Salvador, en prĂ©sence du prĂ©sident, qui inaugure en public le nouveau pavillon national[27] - [28]. Il est possible que le changement soit dĂ» au fait que le drapeau prĂ©cĂ©dent Ă©tait assez similaire Ă  celui des États-Unis[12].

L’autre Ă©vĂ©nement important est la cĂ©lĂ©bration du centenaire du premier mouvement d’indĂ©pendance Ă  San Salvador en 1811, qui s’est dĂ©roulĂ© le . La cĂ©lĂ©bration de l'anniversaire a lieu entre le 3 et le . Y sont conviĂ©s des personnalitĂ©s politiques d'AmĂ©rique centrale : des congrĂšs et des jeux floraux sont organisĂ©s et un monument est Ă©rigĂ© sur la Plaza Libertad. Tout cela a lieu dans un moment de stabilitĂ© Ă©conomique, liĂ© aux prix Ă©levĂ©s du cafĂ©, mais ces cĂ©rĂ©monies contrastent avec l'Ă©tat de pauvretĂ© d'une grande partie de la population salvadorienne. En outre, une certaine instabilitĂ© politique rĂšgne alors, le prĂ©sident ayant subi deux tentatives de coup d'État vraisemblablement initiĂ©es par Prudencio Alfaro[29] un ennemi politique de l'ancien prĂ©sident Fernando Figueroa[30].

L'« État du cafĂ© »

Rafael Guirola Duke, Manuel Enrique Araujo, Teodosio Carranza, David Rosales, Manuel Castro Ramirez et Mauricio Duke. 1911.
Enfants autour d'un sac de café dans l'un des domaines du volcan Santa Ana, 1910

Depuis les derniĂšres dĂ©cennies du XIXe siĂšcle, la culture du cafĂ© a commencĂ© Ă  se dĂ©velopper sur le territoire salvadorien. Les bĂ©nĂ©fices gĂ©nĂ©rĂ©s par cette nouvelle activitĂ© Ă©conomique ont profitĂ© Ă  un petit groupe d’investisseurs et de commerçants, gĂ©nĂ©rant une nouvelle phase de dĂ©veloppement dans la sociĂ©tĂ©[3]. La culture politique et Ă©conomique du pays est influencĂ©e par le courant positiviste, appliquĂ© par ceux qui se dĂ©signaient comme « libĂ©raux ». Ils estiment nĂ©cessaire de faire progresser le pays et de laisser derriĂšre eux les anciens schĂ©mas de colonisation espagnole[3].

Une réforme importante pour favoriser l'expansion de cette culture et celle du sucre est mise en route par la privatisation des terres, et la suppression des terres communales (éjido) depuis les années 1880. La mesure a abouti à l'exclusion de nombreux paysans de la propriété et à une croissance urbaine importante liée à l'exode qui en a résulté. Des groupes de populations marginalisées ont proliféré, et la misÚre s'y est développée, générant violence et prostitution[31] - [32].

Quand Araujo a pris la présidence du Salvador, des flambées de violence ont lieu, dans les zones touchées par les conditions économiques difficiles et l'exclusion sociale[3]. Les deux administrations présidentielles précédentes avaient été peu efficace sur ce point, n'y accordant que peu d'importance[33].

Au contraire, Araujo Ă©tait concernĂ© par cette situation[12]. Avant de prendre le pouvoir, il s'Ă©tait engagĂ© auprĂšs des artisans Ă  amĂ©liorer les conditions de travail. Il dĂ©clare dans le Diario del Salvador du , qu'il essayerait de mettre en Ɠuvre des mesures en faveur des plus dĂ©favorisĂ©s, tels que la crĂ©ation d'un mont-de-piĂ©tĂ©, une assistance mĂ©dicale gratuite dans les villes autochtones, et la distribution de terrains Ă  prix contrĂŽlĂ©[3].

Cependant, si le gouvernement cherchait Ă  satisfaire les revendications sociales, il avait aussi pour objectif de renforcer et de professionnaliser l'appareil rĂ©pressif de l'État, ce qui s'observe notamment Ă  travers la crĂ©ation de la Garde nationale[3].

La politique d'Araujo allait Ă  l'encontre de la vision traditionnelle des dirigeants du pays, qui avaient l'habitude de faire de la rĂ©duction des taxes Ă  l'exportation l'un de leurs objectifs centraux[34], il en est de mĂȘme pour la baisse de la dĂ©pendance aux emprunts extĂ©rieurs[35]. Il a Ă©galement essayĂ© de donner plus d'autonomie et de pouvoir Ă  ses fonctionnaires, s'opposant Ă  l'influence de l'Ă©lite sur les dĂ©cisions de l'appareil d'État[3] - [36].

La politique réformiste entreprise par Manuel Enrique Araujo a été stoppée par son meurtre ; personne n'a réussi à en assurer la continuité, en partie à cause du faible poids politique de ceux qui étaient dans son cabinet[12]. Pour Rafael Lara Martínez, « sa mort scelle la dissolution de cette triple alliance : unionisme-anti-impérialisme-nationalisme »[22].

Assassinat

Le soir du , Manuel Enrique Araujo est assis sur un banc du cÎté nord-est du parc Bolívar (place Gerardo Barrios). Il est accompagné de son neveu Tomås Peralta, et de ses amis Francisco et Carlos Dueñas. L'atmosphÚre est animée par un concert de l'orchestre Banda de los Supremos Poderes, dirigé par le maestro José Ferrer[6].

Vers 20h30, trois hommes se sont jetĂ©s sur Araujo, une machette Ă  la main, et deux coups de feu sont tirĂ©s dans la confusion gĂ©nĂ©rale. Le prĂ©sident reçoit une balle sous l'omoplate droite ; une blessure au dos et trois blessures par armes tranchantes Ă  la tĂȘte[37] dont une a traversĂ© le crĂąne[5].

Toujours blessĂ©, Araujo peut marcher seul, mais ses amis l'avaient forcĂ© Ă  se rendre chez Mercedes, la veuve de MelĂ©ndez, oĂč il est pris en charge par des mĂ©decins. Entre le 5 et le , le prĂ©sident est dans la rĂ©sidence prĂ©sidentielle et, malgrĂ© la gravitĂ© de sa condition, peut encore communiquer et se dĂ©placer pendant de brefs instants.Le Diario Oficial du indique que son Ă©tat "s'amĂ©liore sensiblement"[38].

Le matin du , Araujo signe un dĂ©cret transfĂ©rant la prĂ©sidence Ă  Carlos MelĂ©ndez, le vice-prĂ©sident DurĂĄn ayant refusĂ© de le remplacer[39]. Le mĂȘme jour, il est opĂ©rĂ© Ă  l'hĂŽpital de Rosales, oĂč des fragments d'os sont extraits dans le sinus frontal. Onze mĂ©decins participent Ă  l'opĂ©ration[5]. Cependant, la plaie finit par s'infecter et Araujo tombe dans le coma, mourant Ă  3h30 de l'aprĂšs-midi[11].

Funérailles d'Araujo.

Le corps du prĂ©sident est embaumĂ© et exposĂ© dans la salle bleue du palais national[6]. Lors de ses obsĂšques, qui ont eu lieu le Ă  onze heures et demie du matin[40], environ 15000 ont participĂ©, soit environ un tiers de la population de San Salvador Ă  cette Ă©poque[5]. Le gouvernement ordonne la crĂ©ation du « PanthĂ©on des Grands Hommes » sur le site oĂč sera enterrĂ© son corps[39], qui prendra finalement le nom de CimetiĂšre des illustres.

Trois personnes sont arrĂȘtĂ©es consĂ©cutivement Ă  l'assassinat : Fabian Graciano, FermĂ­n PĂ©rez et Virgilio Mulatillo, tous paysans. AprĂšs un procĂšs sommaire, ils sont exĂ©cutĂ©s par balle 13 jours aprĂšs le meurtre[41]. Le commandant Fernando Carmona est arrĂȘtĂ©. On l'accuse d'ĂȘtre l'auteur du tir qui a touchĂ© Araujo. Il meurt trois jours aprĂšs son incarcĂ©ration, probablement par suicide[5].

Plusieurs hypothĂšses furent avancĂ©es pour expliquer le meurtre du prĂ©sident. L'une d'entre elles lit le meurtre au fait qu'il Ă©tait rĂ©putĂ© entretenir plusieurs relations avec des femmes[41]. Une autre accuse Prudencio Alfaro, qui aurait bĂ©nĂ©ficiĂ© du soutien du prĂ©sident guatĂ©maltĂšque Manuel Estrada Cabrera, lequel avait menĂ© une guerre contre le Salvador en 1906. D'autres pointent du doigt des membres de la famille MelĂ©ndez, car ces derniers vont prendre le pouvoir pendant 18 ans aprĂšs son dĂ©cĂšs, dans une configuration presque dynastique. Mais l'historien Enrique Kuny Mena rejette cette hypothĂšse car il existait de bonnes relations entre les familles Araujo et MelĂ©ndez[5]. En outre, Carlos MelĂ©ndez avait Ă©tĂ© l'un des plus fervents promoteurs de la candidature Ă  la prĂ©sidence d'Araujo[10]. Il n'est pas exclu que l'attaque ait Ă  voir avec les rĂ©formes mises en Ɠuvre, interrompues Ă  sa mort[3].

Quoi qu’il en soit, les causes du meurtre et ses commanditaires n’ont jamais Ă©tĂ© identifiĂ©s. L'enquĂȘte a rapidement Ă©tĂ© close[12].

Plaque commémorative pour le centenaire de l'assassinat.

Hommages

En 1955, l'Ă©cole de guerre est renommĂ©e « École de guerre Manuel Enrique Araujo »[25]. De mĂȘme, l’une des rues principales de San Salvador est nommĂ©e « Alameda Manuel Enrique Araujo », donnant sur la place Salvador del Mundo. Le Monumento al Divino Salvador del Mundo, symbole du Salvador, est ornĂ© d'une statue de JĂ©sus Christ auparavant posĂ©e sur la tombe d'Araujo, jusqu'Ă  ce que sa famille en fasse don Ă  l'Ă©glise en 1942.

Pour marquer le centenaire de l'assassinat, le maire de San Salvador, Norman Quijano, a placé le la réplique du banc sur lequel le président avait été blessé sur la Plaza Gerardo Barrios, accompagné d'une plaque commémorative. Le banc original est exposé au Palais national du Salvador[42]. De plus, la piÚce El magnicidio del siglo XX a été créée au Théùtre national de San Salvador, en son hommage[43]. Le roman de l'écrivain salvadorien C. Gerardo Perla nommé El sabor de lo heroico, publié en , relate l'assassinat du président Araujo[44].

Voir aussi

Références

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  3. (MINED 2009)
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Bibliographie

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  • Rafael Lara MartĂ­nez, La independencia como problema, , 27-51 p. (lire en ligne)
  • Carlos Gregorio LĂłpez Bernal, El Salvador : Historia polĂ­tica (1872-1931), (lire en ligne)
  • MINED, Historia de El Salvador 2, 2ÂȘ, (ISBN 978-99923-63-68-3, lire en ligne)
  • Manuel Vidal, Nociones de Historia de Centro AmĂ©rica, Editorial Universitaria,

Liens externes

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