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Manoir de MĂ©zarnou

Le manoir de Mézarnou est un édifice du XVIe siècle sur l'emplacement d'une bâtisse féodale plus ancienne. Le manoir est situé sur la commune de Plounéventer, dans le département du Finistère, en Bretagne.

Manoir de MĂ©zarnou
Image illustrative de l’article Manoir de Mézarnou
Le manoir de Mézarnou en Plounéventer vers 1910, dessin de J.Baudry.
Type Manoir
DĂ©but construction 1520
Fin construction 1525
Propriétaire initial Yves de Parcevaux et Jeanne de Kerven
Destination initiale habitation
Propriétaire actuel propriété privée
Protection Logo monument historique ClassĂ© MH (2002)
CoordonnĂ©es 48° 30′ 39″ nord, 4° 13′ 08″ ouest[1]
Pays Drapeau de la France France
Anciennes provinces de France Bretagne
RĂ©gion Bretagne
Département Finistère
Commune Plounéventer
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Manoir de MĂ©zarnou
Géolocalisation sur la carte : Finistère
(Voir situation sur carte : Finistère)
Manoir de MĂ©zarnou

Localisation

Le manoir de Mézarnou est situé à l'entrée de Plounéventer, un peu en retrait de la route.

Historique

XVIe siècle

Le , pendant les guerres de la Ligue, le seigneur de Mézarnou, Hervé de Parcevaux, reçoit à souper Yves du Liscouët au manoir manoir de Mézarnou, pensant trouver un allié pour plaider sa cause et rallier le roi de France Henri IV, il est trahi par celui-ci. Alors que son hôte, Hervé de Parcevaux, cousin d'Yves du Liscouët, le reçoit à souper, ce dernier tue deux domestiques et viole, avec ses hommes, les femmes présentes[2] - [3].

le , après avoir retenu HervĂ© de Parcevaux dans son manoir, il dĂ©cide de l'envoyer en prison Ă  Brest oĂą il restera deux semaines et ne sera libĂ©rĂ© qu'après avoir versĂ© une rançon de 9 500 Ă©cus et dut remeubler son manoir en prenant du mobilier dans ses autres manoirs de la PaluĂ«, Thihaudy et KarascoĂ«t.

Le , Louis-Guillaume Moreau raconte : « Le sieur Hervé de Parcevaux, seigneur de Mézarnou [en Plounéventer], […] habitait un des plus beaux manoirs de l'évêché de Léon. […] L'entrée de Mézarnou était alors défendue par deux petits pavillons où logeaient les gardes du château. À peine Guy Éder de La Fontenelle (1572-1602), eut-il fait connaître à ceux-ci son nom que […] monsieur de Mézarnou vint le recevoir avec beaucoup d'empressement. […] Le sieur de Mézarnou, après avoir fait entrer La Fontenelle dans la grande salle d'honneur située au rez-de-chaussée, fit conduire les gens de sa suite dans les cuisines et donna l'ordre de leur servir des rafraîchissements. La pièce […] était éclairée par de grandes croisées de pierres, garnies extérieurement de forts barreaux de fer entrecroisés comme les grilles d'une prison. Le feu pétillait dans l'immense cheminée de la salle du manoir. Une longue table de chêne qui, suivant l'usage du temps, occupait le milieu de l'appartement, était déjà recouverte d'une nappe de toile d'une grande finesse, sur laquelle resplendissaient de superbes pièces d'argenterie et une riche vaisselle attestant la richesse des propriétaires du lieu[4]. »

Guy Éder de La Fontenelle, trompant la confiance de son hôte, enleva par surprise Marie Le Chevoir, riche héritière, en particulier du manoir de Coadelan dans la paroisse de Prat (actuelles Côtes-d'Armor) et fille d'un premier mariage de Renée de Coëtlogon, seconde épouse d'Hervé de Parcevaux[5], qu'il emmena peut-être dans un couvent d'Ursulines à Saint-Malo (le fait est contesté) avant de l'épouser quelque temps plus tard, malgré son jeune âge dans l'île Tristan[4].

Une gwerz, dont plusieurs versions différentes[6] existent d'ailleurs, dont certaines collectées par François-Marie Luzel, fait allusion à ces évènements[7]. Toutefois, un document datant de 1619[8] prétend que ce sont Hervé de Parcevaux et Renée de Coëtlogon qui « baillèrent prodvitoirement et livrèrent ladicte Le Chevoir de leur propre auctorité à Messire Guy Eder, sieur de La Fontenelle pour la luy faire espouser sans advis de parents ni décret de justice », sans mentionner si c'était par contrainte ou par nécessité. Guy Éder de La Fontenelle réussit à se faire aimer de sa jeune épouse.

XVIIe siècle

La paix revenue, HervĂ© de Parcevaux intenta en 1603 un procès Ă  la veuve d'Yves du LiscouĂ«t. Dans sa requĂŞte il exposa toutes les circonstances du pillage et fit monter la valeur de ce qui avait Ă©tĂ© pris chez lui Ă  la somme de 70 000 Ă©cus. Vingt ans après, Françoise de Parcevaux, petite fille d'HervĂ©, poursuivait encore la procĂ©dure[9].

Un inventaire pour quantifier les objets dérobés fut dressé cette année 1603 (extrait) : « Trois grands bahuts, dix huit coffres façon de Flandres ou de Rouen, trente-six chaises garnies de cuir, trois horloges sonnantes[10]. Le manoir comportait 10 chambres meublées chacune de deux lits à baldaquin, avec couvertures aux franges de fil d'or et d'argent. Trente-six grands chandeliers de cuivre utilisés pour l'éclairage des chambres, et douze grands en argent pour la salle à manger. Dans les bahuts on trouvait 80 coupes et 40 tasses en argent doré ainsi que deux coupes en or massif. »

Le domaine comptait Ă©galement : « Une demi-douzaine de grands bĹ“ufs pour engraisser, 18 vaches Ă  lait 15 ou 16 taureaux ou gĂ©nisses, en outre dans les prairies, les Ă©curies, 28 grands chevaux tous de service hors quatre poulains de deux ou trois ans, dont le moindre vaut 200 Ă©cus, plus six chevaux hongres servant Ă  la charrue, huit cavales avec leur poulain de lait, et de grands chevaux appelĂ©s Ă©talons pour couvrir les juments. Quand Ă  la volaille trois ou quatre cents chapons et soixante quinze coqs et poules d'Inde. Et des greniers et caves qui regorgent. Cinq tonneaux de vin de Gascogne et deux de vin d'Anjou, six ou sept tonneaux de froment, dix ou douze de seigle, quinze d'avoine, et environ quatre tant d'orge que de bled noir, huit bĹ“ufs et sept pourceaux gras dans le charnier. »

Le manoir fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le [11].

Propriétaires de la seigneurie et du manoir

Mézarnou est depuis au moins le XIe siècle le fief de la famille de Parcevaux. La première trace dont l'histoire a gardé le souvenir date de 1091, année où Pierre André de Parcevaux épouse Sybille de Trogoff. La famille de Parcevaux reste seigneur de Mézarnou jusqu'à ce que ce fief tombe en quenouille lors du mariage de Françoise de Parcevaux avec René Barbier, du château de Kerjean, en 1630. Parmi les plus connus des membres de la famille de Parcevaux, reconnue d’extraction noble en Bretagne, par arrêté du [12], qui furent seigneurs de Mézarnou, on relève[13] :

Par la suite :

  • Jehan II de Parcevaux, vivant en 1360, comparaĂ®t aux montres de Bertrand du Guesclin Ă  Pontorson, Bourges et Conches en 1371[14], ratifie le traitĂ© de GuĂ©rande en 1381[15], et est capitaine de Lesneven en 1395 et 1402[16] ;
    • son fils, Tanguy de Parcevaux Ă©pouse en 1392 AdĂ©lice de Kerlouan ;
      • leur fils, Alain de Parcevaux (mort après 1434), est secrĂ©taire du duc de Bretagne Jean V et capitaine de Lesneven. Il Ă©pouse Isoline de Kerlouan ;
        • leur fils, François de Parcevaux Ă©pouse Jeanne de Prat-Hir ;
          • leur fils, Maurice de Parcevaux (mort le ), est sĂ©nĂ©chal de LĂ©on en 1469 et Ă©pouse Tiphaine Campir le ;
            • leur fils, Yvon de Parcevaux (mort en ), est sĂ©nĂ©chal de LĂ©on. Il Ă©pouse Marie Kergroannec, puis, en 1507, Jeanne de Kervern. Ils construisent le manoir actuel de MĂ©zarnou, achevĂ© en 1525 ;
              • leur fils [de Marie Kergroannec], Maurice II de Parcevaux (1485-1571), Ă©pouse Jeanne de Kerouanec, dame de Prat-Hir. Il est sĂ©nĂ©chal de LĂ©on et conseiller au Parlement de Bretagne ;
                • leur fils, Yves de Parcevaux (mort en 1558), seigneur de Prat-Hir et conseiller au Parlement de Bretagne, Ă©pouse le Jeanne de Boutteville, dame du FaouĂ«t, dont il a deux filles mortes en bas âge ;
                • son frère, Jehan de Parcevaux (mort en ), conseiller au Parlement de Bretagne, qui recueille sa succession, seigneur de MĂ©zarnou, de la PaluĂ«, Ă©pouse Françoise de Kerlec'h, dame de KerascoĂ«t ;
                  • leur fils, HervĂ© (prĂ©nommĂ© aussi, Ă  tort, Vincent dans de nombreux textes[17]) de Parcevaux (v.1560-1616), seigneur de MĂ©zarnou, de la PaluĂ«, de KerascoĂ«t, Ă©pouse en secondes noces en 1591 RenĂ©e de CoĂ«tlogon (1562-1624), veuve de Lancelot Le Chevoir, originaire de Prat (dans l'actuel dĂ©partement des CĂ´tes-d'Armor) et propriĂ©taire dans cette paroisse du manoir de Coadealan[18] ;
                    • leur fils, Alain de Parcevaux (v.1591-1617), Ă©pouse en 1613 Suzanne de GuĂ©madeuc ;
                      • leur fille, Françoise de Parcevaux (morte en 1688), dame d'honneur de la reine Anne d'Autriche, Ă©pouse en 1630 messire RenĂ© Barbier, du château de Kerjean
                        • leur fils Joseph RenĂ© Barbier a une fille, Gabrielle Henriette Barbier, qui Ă©pouse en 1689 Alexandre de Coatanscour. Leurs hĂ©ritiers vendent MĂ©zarnou le au sieur de Poinçonneau et le château est ensuite vendu comme bien national pendant la RĂ©volution française.
  • 1792 : Bonaventure Ollivier.
  • 1806 : famille AbhervĂ©-GuĂ©guen, dont une fille Ă©pouse Jean-Marie Martin qui fait passer la demeure Ă  ses enfants pour une partie des terres et des habitations jusqu'en 1985. L'autre partie habitable appartenant Ă  mademoiselle Jaffrès, en religion sĹ“ur Marthe, religieuse de Saint-Joseph de l'Apparition de Lyon, est vendue en 1960 Ă  Louis AppĂ©rĂ©, qui revend en 1970 Ă  Joseph Le Goff, de Poulmarch.
  • 1995 : partage en trois propriĂ©taires, la SociĂ©tĂ© d'histoire et d'archĂ©ologie du Finistère et deux particuliers.
  • 1996 : le nouveau propriĂ©taire restaure le manoir en 2001[19].

Description

Le manoir était à l'origine entouré de hauts et longs murs qui ceignirent un parc de 17 hectares et 30 ares avant d'être démolis. À proximité du manoir se trouvait un vivier. L'entrée principale donnait sur l'avenue coupant la route de Plouédern en direction du sud-est sur la route de Saint-Servais. À la fin du XXe siècle existaient encore deux pavillons dont la maison du garde sur le côté de la route, près de la Croix de Mézarnou.

Mézarnou possédait un moulin à Penhoat, dont les eaux qui venaient des marais furent détournées pour l'alimenter, ainsi qu'un colombier qui n'existent plus.

À l'origine, le manoir était composé de deux corps de logis en triangle, fermés par des portes cochères. Ces deux corps de logis existent toujours, mais celui construit à l'ouest fut très endommagé et une partie fut démoli au pignon sud. Il se termine par un pavillon hexagonal dont il ne reste que quelques marches d'escalier. Les façades nord et ouest sont en moellons et le reste en pierres de taille. Les cheminées de la cuisine et de la salle-à-manger sont encore existantes. Entre ces deux corps de logis, un pavillon carré accosté d'une tourelle renferme un escalier dont chaque marche d'une seule pierre fait trois mètres de long

Dans la cour d'honneur se trouve une vasque d'une seule pierre de trois mètres de diamètre, avec un jet d'eau qui arrivait de la fontaine de Saint-Néventer.

Le manoir possédait une chapelle qui se trouvait à 100 mètres au sud, dans un pré qui porte aujourd'hui le nom de Park ar Japel. Elle n'existe plus, tout comme le colombier encore debout selon l'acte de vente de 1720.

Notes et références

  1. Coordonnées vérifiées sur Géoportail
  2. Arthur Le Moyne de La Borderie, Le Pillage du château de Mézarnou en 1594, suivi de la requête d'Hervé Parcevaux, seigneur de Mézarnou], 1860.
  3. « Le soir du , Yves du Liscouët vint donc à Mézarnou où il devait dîner. Hervé de Parcevaux alla à sa rencontre jusqu'à Landerneau. Le souper fut gai et Du Liscouët ne cessa de témoigner de l'affection au seigneur de Mézarnou […] Mais aussitôt le souper fini, au moment d'aller se coucher, il met la main au collet de son hôte et le fit prisonnier. Il fut enfermé avec les siens dans la petite salle est, contigüe à la salle à manger. Du Liscouët et ses gens se livrèrent alors au vol et au pillage. Connaissant la maison, il leur était facile de découvrir ce qu'il y avait d'intéressant. Ils emportèrent toute l'argenterie et ce qu'il y avait de précieux. Bien plus, ils pillèrent les églises de Plounéventer et de Lanneuffret, Plouédern et Trémaouézan emportant les croix, calices et ornements que ces paroisses avaient déposés à Mézarnou comme en lieu sûr. […] Les soldats de Du Liscouët établis à Mézarnou y passèrent quinze jours à butiner, après que leur maître se fut taillé la part du lion, dans les biens de celui qui l'avait reçu en ami sus son toit hospitalier » (cf. J. Baudry, La Fontenelle le ligueur et le brigandage en Basse-Bretagne pendant la Ligue : 1574-1602, 1920 (en ligne sur Gallica).
  4. Louis-Guillaume Moreau, Le Brigand de la Cornouailles, chronique bretonne sous la Ligue, tome 2, 1860 (en ligne sur Gallica).
  5. Jean LorĂ©dan, « La Fontenelle, seigneur de la Ligue  », La Nouvelle Revue,‎ (lire en ligne).
  6. J. Baudry, op. cit.
  7. François-Marie Luzel, Chants populaires de la Basse-Bretagne, De Kerdradraon et de la Villeneuve (fr.wikisource.org).
  8. Archives départementales des Côtes d’Armor, 53 J 11.
  9. membres.multimania.fr.
  10. Technique inventée en 1550.
  11. « Notice n°PA00090260 », sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  12. parcevaux.org.
  13. gw4.geneanet.org.
  14. Dom Morice, Preuves, I, col. 1650-1654.
  15. Dom Morice, Preuves, II, col. 277.
  16. M. de Kerdanet, Histoire de Lesneven, 1825, p. 13.
  17. Par exemple Louis-Guillaume Moreau, Le Brigand de la Cornouailles, chronique bretonne sous la Ligue, 1860 (en ligne sur Gallica).
  18. fr.topic-topos.com.
  19. « Michel Kergoulay, le sauveur de MĂ©zarnou  », sur Le TĂ©lĂ©gramme, .

Annexes

Bibliographie

  • Bibliothèque nationale de France, Cabinet d'Hozier 261, Fr 31142.
  • Guy Autret de Missirien, « GĂ©nĂ©alogie de la Maison de Parcevaux Â», in: Dessein et projet de l'histoire gĂ©nĂ©alogique de Bretagne. Histoire gĂ©nĂ©alogique de Bretagne, 1655.
  • Henri Frotier de La Messelière, « GĂ©nĂ©alogie de Parcevaux Â», in: La Noblesse en Bretagne avant 1789, Rennes, Imprimerie Edonneur, 1902.
  • Le Guennec, Les Barbier de LescouĂ«t, 1991, p. 16.
  • Pol Potier de Courcy, Nobiliaire et Armorial de Bretagne, 3 vol. in-4, Paris, Éditions Vincent Forest et Émile Grimaud, Nantes, Auguste Aubry, 1862.

Article connexe

Liens externes

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