Accueil🇫🇷Chercher

Maison Coignard

À Paris, il y avait, au no 35 de la rue de Picpus, le couvent des chanoinesses régulières de Saint-Augustin[1] : cette communauté, fondée en 1647 et appelée à cette époque Notre-Dame-de-la-Victoire-de-Lépante, célébrait le 7 octobre l'anniversaire de cette victoire de 1572 sur les Turcs.

Historique

À la Révolution, en 1792, on chassa les quarante religieuses de leurs deux hectares de jardins. Sous la Terreur, à la fin de 1793, un certain Eugène Coignard y ouvrit une maison de santé pour recevoir de riches « suspects », détenus dans les différentes prisons de Paris, que l'on faisait passer pour malades. Non loin de là, rue de Charonne, au no 157, un ancien menuisier du nom de Jacques Belhomme l'avait précédé en créant dès 1769 une maison du même genre. Moyennant une pension exorbitante, la plupart de ces privilégiés échappaient à la guillotine.

Des intermĂ©diaires rançonnaient ces dĂ©tenus de luxe au prix fort et nĂ©gociaient avec les autoritĂ©s leur transfert dans ces maisons. La corruption n'Ă©tait pas le seul motif de cette activitĂ© : l'influence de membres du ComitĂ© de sĂ»retĂ© gĂ©nĂ©rale ou du ComitĂ© de salut public, soucieux de protĂ©ger leurs amis prisonniers, s'exerçait Ă©galement.

Les détenus les plus célèbres furent le marquis de Sade et Choderlos de Laclos, l'auteur des Liaisons dangereuses qui y résidèrent ensemble du au . Le rival et voisin de Coignard, Jacques Belhomme, condamné à six ans de fers pour avoir un peu trop abusé de la situation, s'y retrouva pensionnaire.

En , des terrassiers ouvrirent une grande brèche dans le mur d'enceinte et creusèrent une fosse de 8 mètres sur 5 au fond du jardin : cette fosse Ă©tait destinĂ©e Ă  recevoir les corps des guillotinĂ©s. Les protestations de Coignard ne servirent Ă  rien. Un tombereau commença Ă  apporter les corps que l'on exĂ©cutait chaque jour sur la place du TrĂ´ne toute proche (aujourd'hui place de la Nation) — en fait Ă  la barrière du TrĂ´ne[2].

Les aides du bourreau dénudaient les cadavres tandis qu’à côté on brûlait du thym et du genièvre pour atténuer l’odeur de putréfaction des corps déjà entreposés. Puis les dépouilles étaient tirées à terre jusqu'aux fosses, où on les tassait le plus possible par manque de place. Les têtes étaient jetées comme des boules pour remplir les vides.

Au dĂ©but, les fosses restèrent ouvertes en permanence sans qu'aucun lit de chaux n'y soit Ă©talĂ©. L'odeur Ă©tait effroyable. Plus tard, on Ă©tablit au-dessus un plancher en charpente percĂ© d'une trappe. Du 13 juin au 28 juillet, on y jeta de trente Ă  cinquante personnes chaque jour. Le nombre officiel fut de 1 306 inhumations.

Les policiers Jean-Baptiste Marino, Prosper Soulès, Nicolas AndrĂ© Marie Froidure et François DangĂ© y furent enterrĂ©s le sous le nez de plusieurs hommes qu'ils avaient arrĂŞtĂ©s : MM. de Dampierre, Le Picard, Sabatier et Desprez, le couple Titon. Le bourreau Sanson avait battu ce jour-lĂ  son record : 54 personnes en 24 minutes, ce qui lui valut une gratification des dĂ©putĂ©s.

Après le 9-Thermidor, les prisonniers s'efforçant d'être transférés au plus vite, la maison Coignard ne fit plus recette : quand les fosses furent comblées en juin 1795, un an après, elle avait fermé ses portes depuis longtemps.

En 1805, les familles des personnes inhumées à cet endroit s’associèrent pour racheter le couvent et y installèrent une congrégation de religieuses[1]. On créa aussi un cimetière privé, le cimetière de Picpus, où ces familles se firent enterrer pour reposer près de leurs parents exécutés. Parmi ces tombes se trouvent celles de G. Lenotre, historien de la Révolution française, et de La Fayette.

Références

Filmographie

Sources

Liens internes


Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.