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Magnus Heinason

Magnus Heinason (aussi connu sous le nom de Mogens HeinesĂžn) ( – ) est un hĂ©ros naval, un commerçant et un corsaire fĂ©roĂŻen du XVIe siĂšcle. Il est le fils de Heine Havreki, un prĂȘtre norvĂ©gien de Bergen qui a Ă©migrĂ© aux Ăźles FĂ©roĂ© et qui a participĂ© Ă  l’introduction de la rĂ©forme luthĂ©rienne dans les Ăźles FĂ©roĂ©, et de Gyri ArnbjĂžrnsdatter, la seconde Ă©pouse de Heine Havreki et descendante d’un clan norvĂ©gien particuliĂšrement puissant et riche.

Magnus Heinason
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
(Ă  43 ans)
Copenhague
Activités
PĂšre
Heini Havreki (en)
Fratrie
JĂłgvan Heinason (en) (frĂšre consanguin)

Heinason s’est fiancĂ© trois fois et mariĂ© deux fois. Il a un fils, Rasmus Magnussen, avec une FĂ©roĂŻenne nommĂ©e Kollfina vers 1560. Rasmus Magnussen (1560–1670) vivra jusque vers l’ñge de 110 ans et aura notamment un fils vers 103 ans. En 1580, Heinason rencontre une noble norvĂ©gienne, Margrethe Axeldatter Gyntersberg, ou von GĂŒntersberg (1565–1589). Ils ont un fils, Mogensbarn, qui meurt avant l’ñge adulte. Heinason et Margrethe ne se marient pas, celle-ci l’accusant de viol. La famille de Margrethe demande alors Ă  Heinason d’épouser la sƓur cadette de Margrethe, Sophie Axeldatter Gynhterberg (1566–1607). Leur mariage a lieu en 1582 Ă  Bergenhus, Bergen et ils auront une fille, Elsebeth Magnusdatter (1584–1645).

Pendant 10 ans, Heinason exerce l’activitĂ© de corsaire sous Guillaume Ier d'Orange-Nassau et son fils Maurice de Nassau, Prince d'Orange, combattant les Espagnols pendant la guerre de Quatre-Vingts Ans. De 1559 Ă  1588, il obtient du roi FrĂ©dĂ©ric II le droit de commercer avec les Ăźles FĂ©roĂ©. Plus tard, il reçoit des lettres de marque l’autorisant Ă  couler ou capturer les navires pirates et anglais.

Heinason construit les premiĂšres fortifications de TĂłrshavn. Il est ensuite capturĂ© et envoyĂ© Ă  Copenhague par ordre du trĂ©sorier et stathouder Christoffer Valkendorff, qui dirigeait alors en grande partie le Royaume du Danemark et de NorvĂšge. Heinason est alors jugĂ© et dĂ©capitĂ©. Un an plus tard, sa dĂ©pouille sera exhumĂ©e et transfĂ©rĂ©e au monastĂšre d'Ørslev (commune de Skive), oĂč elle se trouve encore aujourd’hui.

Biographie

Son enfance

Heinason est nĂ© le Ă  OyndarfjĂžrĂ°ur. Heine Havreki, son pĂšre, prĂȘtre dans les Ăźles FĂ©roĂ©, voyage beaucoup par la mer et Heinason l’accompagne souvent dans ses voyages. DĂšs son enfance, Heinason apprend Ă  piloter des bateaux de petite taille et acquiert Ă©normĂ©ment d’expĂ©rience qui lui servira plus tard dans sa vie[1].

Ses premiers pas dans la vie d’adulte

Vers l’ñge de 17 ou 18 ans, Heinason arrive en NorvĂšge, qui fait alors partie du Royaume du Danemark et de NorvĂšge, oĂč son pĂšre vient d’ĂȘtre transfĂ©rĂ©. Sa famille s’installe Ă  Bergen, oĂč Heinason rĂ©alise son rĂȘve de devenir marin, grĂące Ă  des relations de la famille de son pĂšre. TrĂšs jeune, il devient capitaine d’un navire marchand sur la route maritime reliant Bergen aux Ăźles FĂ©roĂ© que son pĂšre avait dĂ©jĂ  parcourue pendant de nombreuses annĂ©es. Lors de son troisiĂšme voyage, il subit une attaque de pirates. Les dĂ©tails de cet Ă©pisode sont inconnus, mais l’on sait qu’il sera critiquĂ© et moquĂ© Ă  son retour Ă  Bergen pour avoir abandonnĂ© le combat sans s’ĂȘtre battu. Cet affront le blesse profondĂ©ment et il jure de se venger. Il quitte alors la NorvĂšge et s’engage dans la marine hollandaise. Cette partie de la vie de Heinason est peu connue.

Son arrivée au Danemark

10 ans plus tard, Heinason revient au Royaume du Danemark et de NorvĂšge, avec des recommandations de Guillaume Ier d'Orange-Nassau et son fils Maurice de Nassau, Prince d'Orange, pour le courage dont il a fait preuve en lors des combats en mer contre les Espagnols pendant la guerre de Quatre Vingts Ans, qui libĂ©rera plus tard les Hollandais de l’emprise espagnole[1]. Il se servira de ces recommandations lors qu’il rencontrera plus tard le roi FrĂ©dĂ©rick II.

Heinason a probablement l’envie de retourner Ă  Bergen et de redevenir le capitaine d’un navire marchand, assurant les Ă©changes entre Bergen et let Ăźles FĂ©roĂ©, Ă  la diffĂ©rence prĂšs qu’il serait dĂ©sormais capitaine de son propre navire. Ceci aurait Ă©tĂ© d’autant plus facile que, pendant que Heinason est en Hollande, son demi-frĂšre, JĂłn Heinason, est devenu LĂžgmaĂ°ur, c’est-Ă -dire Premier Ministre des Ăźles FĂ©roĂ©, en 1571. Heinason apprend alors que le trĂ©sorier et stathouder Christofer Walkendorff, qui dirige alors en grande partie le royaume, n’accorde plus aux marchands privĂ©s le droit de commercer avec les Ăźles FĂ©roĂ©. Depuis 1578, cette route maritime est assurĂ©e exclusivement par des navires royaux et devient un monopole royal[1].

Le monopole

Heinason rencontre le roi FrĂ©dĂ©rick II afin de lui demander de mettre fin au monopole et d’obtenir le droit d’exploiter cette route maritime. Le roi n’étant pas favorable Ă  cette demande, Heinason dĂ©cide de ruser et prĂ©tend que certaines personnes des Ăźles FĂ©roĂ© lui doivent de l’argent. Il demande alors au roi une autorisation spĂ©ciale de naviguer une seule fois de Bergen aux Ăźles FĂ©roĂ© afin de rĂ©cupĂ©rer son argent. Le roi accepte mais veut s’assurer que Heinason ne fera aucun commerce mĂȘme si ceux qui lui doivent de l’argent n’en ont pas et lui donnent des marchandises en Ă©change. Dans ce cas, Heinason devra donner toute la marchandise au roi. Heinason accepte et le roi lui accorder le droit de partir pour les Ăźles FĂ©roĂ©.

Heinason quitte Copenhague et part pour les Ăźles FĂ©roĂ© avec l’intention de trouver du soutien pour mettre fin Ă  ce monopole. Il y rencontre des personnalitĂ©s influentes telles que son demi-frĂšre LĂžgmaĂ°ur JĂłn Heinason ainsi que les hauts magistrats des Ăźles FĂ©roĂ© et parvient Ă  les inciter Ă  se rebeller contre le monopole. Au cours d’un Thing, les FĂ©roĂŻens dĂ©cident de demander au roi de dĂ©lĂ©guer la supervision du commerce avec les Ăźles FĂ©roĂ© Ă  un tiers, qui tiendra les comptes et s’assurera que tout se passe dans la lĂ©galitĂ©. En cas de refus du roi, les FĂ©roĂŻens voudraient qu’il y ait un homme sur les Ăźles autorisĂ© Ă  commander son propre navire et Ă  ravitailler les Ăźles depuis Bergen en bois et en fourrage, qui font cruellement dĂ©faut depuis que le monopole royal a Ă©tĂ© mis en place.

La demande des FĂ©roĂŻens est prĂ©sentĂ©e au roi FrĂ©dĂ©rick II en dĂ©cembre 1578, au chĂąteau de Koldinghus, Ă  Kolding. Les Ă©missaires fĂ©roĂŻens venus prĂ©senter cette demande expliquent au roi que, si celui-ci accepte leur proposition, ils voudraient que ce soit Heinason qui commande ces navires marchands. Le roi ne prend pas de dĂ©cision et prĂ©fĂšre demander Ă  son trĂ©sorier et stathouder Christofer Walkendorff de calculer si cette solution serait prĂ©fĂ©rable, Ă©tant donnĂ© que c’est lui qui avait suggĂ©rĂ© de crĂ©er ce monopole. Pendant que Christofer Walkendorff est occupĂ© Ă  calculer et vĂ©rifier les comptes, ce qui lui prendra quelque temps, Heinason se rapproche du roi FrĂ©dĂ©rik II, si bien que, lorsque Christofer Walkendorff vient prĂ©senter ses calculs, ceux-ci n’ont plus d’importance puisque Heinason a dĂ©jĂ  convaincu le roi de le mettre aux commandes des navires et de lui accorder le droit d’exploiter la route maritime vers les Ăźles FĂ©roĂ©. De ce fait, tous les produits des Ăźles FĂ©roĂ© sont envoyĂ©s vers Bergen par les navires de Heinason et, Ă  leur retour, ils transportent de Bergen vers les Ăźles FĂ©roĂ© du bois, de la biĂšre, du fourrage, etc. Cet affront Ă  Christofer Walkendorff aura des consĂ©quences, puisque celui-ci cherchera Ă  se venger de Heinason.

Les pirates attaquent TĂłrshavn

Au cours de l’étĂ© 1579, la ville de TĂłrshavn est attaquĂ©e par un pirate Ă©cossais nommĂ© Klerck et ses hommes. Les Écossais pillent les coffres contenant les taxes dues au roi ainsi que de nombreuses marchandises privĂ©es. Heinason perd notamment des marchandises destinĂ©es Ă  ĂȘtre vendue et taxĂ©es par le roi. Lorsqu’il apprend la nouvelle, Heinason quitte les Ăźles FĂ©roĂ© pour se rendre au Danemark et prĂ©senter l’affaire au roi. Il souhaite que le roi couvre ses pertes de marchandises, Ă©tant donnĂ© qu’il les avait achetĂ©es par ses propres moyens. Le roi accepte de couvrir la moitiĂ© des pertes, l’autre moitiĂ© devant ĂȘtre supportĂ©e par Heinason.

Heinason n’est pas satisfait de cette dĂ©cision. Il demande alors au roi l’autorisation d’armer ses navires marchands de canons, afin de combattre les pirates, ou au moins de les capturer et de les ramener Ă  terre pour les faire juger. Le roi accepte, confortĂ© par les recommandations de Guillaume Ier d'Orange-Nassau et son fils Maurice de Nassau, Prince d'Orange, pour le courage dont Heinason a fait preuve en lors des combats en mer contre les Espagnols pendant la guerre de Quatre Vingts Ans.

Le roi Ă©voque Ă©galement les pertes d’argent qu’il subit sur les droits du Sund, des droits de douane en vigueur dans le dĂ©troit d'Øresund qui reprĂ©sentait jusqu'Ă  deux-tiers des revenus du royaume du Danemark aux XVIe et XVIIe siĂšcles. Il explique avoir des problĂšmes particuliĂšrement avec les navires marchands hollandais, qui, pour commercer avec la Russie, prĂ©fĂšrent faire un dĂ©tour par le nord de NorvĂšge, en passant par la mer Blanche, plutĂŽt que de passer par le dĂ©troit du Sund. C’est ainsi que Heinason obtient des lettres de marque, l’autorisant Ă  attaquer et capturer tout navire qui tenterait de faire le dĂ©tour par le nord de la NorvĂšge.

Vers 1580, Heinason est stationnĂ© dans le chĂąteau de TĂłrshavn afin de prĂ©venir toute attaque pirate. Des contrebandiers allemands parviennent tout de mĂȘme Ă  Ă©chapper Ă  sa surveillance et vendre leurs marchandises Ă  la population, Ă©vitant ainsi de payer les taxes, ce qui provoque des tensions avec le roi. Christofer Walkendorff, Ă  l’affut des faux-pas de Heinason, cherche Ă  utiliser cette mĂ©saventure de Heinason pour lui faire perdre le monopole du commerce avec les Ăźles FĂ©roĂ©. Pour apaiser les tensions, Heinason propose au roi de chercher une route maritime vers le Groenland, mais l’abondance de glace autour du Groenland-de-l'Est l’empĂȘche d’atteindre son but.

En 1581, Heinason est accusĂ© de fraude et du viol de Margrethe Axeldatter Gyntersberg. Il n’est pas impossible que Christofer Walkendorff ait montĂ© ces affaires. Quoi qu’il en soit, Heinason est particuliĂšrement menacĂ© et s’exile aux Pays-Bas oĂč il rejoint de nouveau Guillaume Ier d'Orange-Nassau. Le roi FrĂ©dĂ©ric II finit par effacer les charges qui pĂšsent contre Heinason et lui donne l'Ăźle Egholm dans le Limfjord.

Sa fin et son héritage

Christofer Walkendorff n’abandonne pas son projet de vengeance pour autant. Il obtient l’aide de quelques Anglais qui accusent Heinason d’avoir capturĂ© illĂ©galement un navire anglais pendant qu’il servait les Pays-Bas. Heinason se voit contraint de fuir une fois de plus, mais sera rattrapĂ© et arrĂȘtĂ© en NorvĂšge. Le roi FrĂ©dĂ©ric II vient de mourir et Christofer Walkendorff en profite pour obtenir une enquĂȘte et un procĂšs peu conventionnels et expĂ©ditifs. Deux jours aprĂšs la fin du procĂšs, le , Heinason est dĂ©capitĂ© sur la place du palais (Slottsplassen) Ă  Copenhague.

Un an plus tard, la veuve de Heinason, Sophie, avec l’aide d’un ami de son dĂ©funt Ă©poux, demande que Heinason soit rejugĂ©, invoquant un procĂšs non rĂ©glementaire. Heinason est acquittĂ© de toutes les charges qui avaient Ă©tĂ© retenues contre lui. Sa dĂ©pouille est alors exhumĂ©e et transfĂ©rĂ©e au monastĂšre d'Ørslev (commune de Skive), oĂč elle se trouve encore aujourd’hui. Toutes les fonctions de Christofer Walkendorff lui seront retirĂ©es.

À proximitĂ© du chĂąteau de JĂŠgerspris sur l'Ăźle de Seeland se trouve un mĂ©morial en l’honneur de Heinason parmi d’autres, tels que Peter Wessel Tordenskiold, Ludvig Holberg et Snorri Sturluson.

Heinason a donnĂ© son nom Ă  un navire ocĂ©anographique fĂ©roĂŻen, qui sera illustrĂ© sur un timbre fĂ©roĂŻen en 2002, ainsi qu’à un fjord du Groenland-de-l'Est, le Kangerdlugsuatsiak, appelĂ© en danois le fjord de Mogens HeinesĂžn.

Références

  1. Troels Lund: „Heinesen, Mogens“ (et tidsbillede af det sekstende Ă„rhundrede): gyldendals 1911 pages 27-30

Bibliographie

  • (da) Lucas JacobsĂžn Debes, FĂŠroĂŠ & FĂŠroa reserata: Det er FĂŠrĂžernis oc fĂŠrĂžeske Indbyggeris beskrifvelse, udi hvilcken fĂžris til liuset adskillige naturens hemeligheder, oc nogle antiqviteter, som her til dags udi mĂžrcket hafve vĂŠret indelugt, oc nu her opladis / alle curieuse til velbehagelighed, sammenskrefven oc forklaret aff Lucas JacobsĂžn Debes,
  • (da) Troels Lund, Dansk Biografisk Leksikon, 1887-1905 ()
  • (da) Hans J. Debes, FĂžroya SĂžga
  • (da) Heini Madsen, FĂŠrĂžerne i 1000 Ă„r
  • (da) John F. West, FĂŠrĂžerne : en nation og dens historie

Sources

Liens externes

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