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Mödlareuth

Mödlareuth, aussi appelĂ© « Klein-Berlin Â» (« Le petit Berlin Â»), est un village frontière entre la Thuringe et la Bavière en Allemagne. SituĂ©e Ă  mi-chemin entre Berlin et Munich, Mödlareuth est une localitĂ© qui a Ă©tĂ© coupĂ©e en deux par la frontière interallemande renforcĂ©e avec un mur en bĂ©ton tout comme le mur de Berlin[1].

Mödlareuth
Mödlareuth
Le musée en plein air.
Administration
Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Land Bavière
Arrondissement Hof
Commune Töpen
Code postal 95183
DĂ©mographie
Population 16 hab.
GĂ©ographie
CoordonnĂ©es 50° 24′ 54″ nord, 11° 53′ 01″ est
Localisation
GĂ©olocalisation sur la carte : Allemagne
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Mödlareuth
Géolocalisation sur la carte : Bavière
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Mödlareuth
    Mödlareuth
    Administration
    Pays Drapeau de l'Allemagne Allemagne
    Land Thuringe
    Arrondissement Saale-Orla
    Commune Gefell
    Code postal 07926
    DĂ©mographie
    Population 24 hab.
    GĂ©ographie
    CoordonnĂ©es 50° 24′ 55″ nord, 11° 52′ 59″ est
    Localisation
    GĂ©olocalisation sur la carte : Allemagne
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    Mödlareuth
    GĂ©olocalisation sur la carte : Thuringe
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    Mödlareuth

      Le village est traversé par le ruisseau qui se nomme le Tannbach, qui depuis longtemps constituait la frontière administrative entre les différentes entités religieuses et politiques en Thuringe et en Bavière.

      Histoire

      Les origines de la partition remontent à un contentieux vieux de plusieurs siècles entre les évêchés vosins de Bamberg (en Franconie) et de Naumbourg-Zeitz (en Thuringe), puis entre la principauté de Bayreuth et le comté de Reuss-Schleiz. À partir de 1791, la moitié franconienne du village appartenait à la Prusse : elle est occupée par l’armée française (voir les guerres napoléoniennes) pendant la Quatrième Coalition en 1806 et, à l'été 1810, elle fut donnée au nouveau royaume de Bavière, allié de Napoléon. Mais les princes de Reuss branche cadette la revendiquent pour eux, et lors de la résolution de ce différend, des bornes frontières furent mises en place, dont certaines sont toujours là. On peut y voir d’un côté les initiales KB (Königreich Bayern, royaume de Bavière) et de l’autre FR (Fürstentum Reuß, principauté de Reuss).

      Après la Première Guerre mondiale, le village dépendait pour moitié de l'État libre de Bavière et de l'État populaire de Reuss puis le Land de Thuringe. En outre, la frontière n'avait pas une grande importance. L’école et l’auberge étaient sur le territoire thuringien ; pour les offices religieux tout le monde se rendait du côté bavarois, dépendant du village voisin de Töpen.

      Le ruisseau Tannbach à Mödlareuth, frontière entre la zone d'occupation américaine (premier plan) et la zone d'occupation soviétique (second plan) en 1949.

      Après la Seconde Guerre mondiale, l’Allemagne subit l’occupation quadripartite. Les lignes de démarcation entre zones d’occupation suivaient dans la plupart des cas les anciennes frontières de 1937. Le territoire situé sur la rive gauche du Thannbach était en zone américaine, celui de la rive droite, en zone soviétique. Les enfants allaient encore dans la même école et l’auberge était ouverte à tous. Mais la partition de l’Allemagne en plaça la moitié bavaroise de Mödlareuth en Allemagne de l'Ouest (RFA) tandis que la moitié thuringienne se trouva en Allemagne de l'Est (RDA). On ne pouvait plus franchir le ruisseau qu’avec un laissez-passer.

      En , le conseil des ministres de la RDA adopta un dĂ©cret portant sur les « mesures concernant la ligne de dĂ©marcation entre la RDA et les zones d’occupation occidentales de l’Allemagne ». Il instaurait une « bande de terrain surveillĂ©e » (Kontrollstreifen) dĂ©boisĂ©e et labourĂ©e de 10 m de largeur le long de la ligne frontière, une « zone interdite » (Sperrzone) de 500 m de largeur et enfin une « zone de protection » (Schutzzone) de km de profondeur dans laquelle on ne pouvait dĂ©sormais pĂ©nĂ©trer que sur autorisation spĂ©ciale. D’autres mesures telles que le couvre-feu nocturne et l’interdiction de rassemblement limitèrent fortement la vie commune aux plans social et culturel. Du cĂ´tĂ© de la RDA, des milliers d’habitants furent Ă©loignĂ©s de la zone frontière, et d’innombrables villages furent rasĂ©s. Ă€ Mödlareuth, les premiers habitants touchĂ©s furent ceux du quartier « Obere MĂĽhle » ("le moulin du haut"), mais la plupart purent fuir in extremis vers la Bavière. La construction d’une palissade de planches d’environ m de haut constitua la première Ă©tape de l’isolement total.

      Le point d’orgue des « efforts dĂ©ployĂ©s pour protĂ©ger les citoyens de la RDA contre l’impĂ©rialisme Â» (expression officielle pour « les empĂŞcher de fuir vers l’Ouest Â») est l’érection du cĂ©lèbre « mur de la honte », qui ne concerna pas que Berlin, mais aussi Mödlareuth. Long d'environ 700 m et haut de 3,30 m, il Ă©tait constituĂ© de panneaux en bĂ©ton encastrĂ©s les uns dans les autres et fut Ă©rigĂ© en quelques semaines en 1966. C'est Ă  dater de ce jour que Mödlareuth fut appelĂ© « le petit Berlin ». Cet Ă©difice perdura 24 ans. Les AmĂ©ricains firent du « Little Berlin » un symbole mĂ©diatique de l’Allemagne coupĂ©e en deux. L'expĂ©rience de la vie Ă  la frontière interallemande a Ă©tĂ© exposĂ©e dans le film Ciel sans Ă©toiles rĂ©alisĂ© par Helmut Käutner en 1955.

      Vue sur Mödlareuth juste avant la chute du mur, juin 1989.

      Mais s’il y avait bien lĂ  un mur, il n’y avait pas de point de passage. CĂ´tĂ© Est, la zone Ă©tait inhabitĂ©e et interdite d’accès, tandis que cĂ´tĂ© Ouest, les touristes venaient voir de leurs yeux les effets concrets de la « guerre froide Â», un bout du « rideau de fer Â» au centre du village, surveillĂ© nuit et jour, et inondĂ© d’une vive lumière la nuit (alors que la pollution lumineuse Ă©tait gĂ©nĂ©ralement bien moindre dans le « bloc de l'Est Â» qu’à l’Ouest). Finalement, en 1989, la fin du rĂ©gime du Parti socialiste unifiĂ© d'Allemagne (SED) et le passage Ă  la dĂ©mocratie parlementaire nommĂ© Die Wende (« le Tournant ») a crĂ©Ă© les conditions pour la rĂ©unification allemande. Un premier passage frontalier a Ă©tĂ© ouvert le . Le , une pelleteuse finit par abattre l’édifice dans l’émotion gĂ©nĂ©rale des habitants. Cette deuxième chute du mur donna naissance au « MusĂ©e interallemand d’histoire de la partition Â» (Deutsch-Deutsches Museum fĂĽr Geschichte der deutschen Teilung) de Mödlareuth[2].

      Situation politique aujourd'hui

      Le village reste un cas rare, toujours divisé entre deux Länder[3], la partie nord étant située dans le Land de Thuringe et dépendant de la ville de Gefell, la partie sud située dans le Land de Bavière et dépendant de la ville de Töpen. Divers détails soulignent ce divorce imposé : codes postaux, indicatifs téléphoniques, plaques d’immatriculation différentes... Deux maires gèrent donc les quelque 50 administrés dont l’appartenance se fait sentir dès la salutation : les Thuringiens disent Guten Tag (bonjour) en moyen allemand et sur l’autre rive du Thannbach les Bavarois prononcent leur célèbre Grüss Gott (que Dieu vous salue) en francique oriental.

      • Situation avant 1989 sur un panneau d'information.
        Situation avant 1989 sur un panneau d'information.
      • Poteau de dĂ©marcation.
        Poteau de démarcation.
      • MusĂ©e interallemand de Mödlareuth.
        Musée interallemand de Mödlareuth.
      • MusĂ©e interallemand de Mödlareuth.
        Musée interallemand de Mödlareuth.

      Patrimoine

      Outre le musĂ©e interallemand, l’existence durant des dĂ©cennies d’une zone vidĂ©e d’habitants a permis l’installation d’un grand nombre d’espèces animales dont l’observation a donnĂ© naissance Ă  un « tourisme vert Â» local, partie des nombreux circuits dont les touristes allemands sont friands.

      Notes et références

      1. Mödlareuth, le « petit Berlin », se remĂ©more « sa » chute du Mur, le 31 octobre 2014 sur le site de La DĂ©pĂŞche du Midi (consultĂ© le 18 novembre 2014)
      2. Site : .
      3. On peut aussi citer le cas des agglomérations d’Ulm/Neu-Ulm (divisée entre le Bade-Wurtemberg et la Bavière) et de Guben/Gubin (divisée entre l’Allemagne et la Pologne).

      Articles connexes

      Liens externes

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