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Ludwig Prandtl

Ludwig Prandtl (nĂ© le Ă  Freising et mort le Ă  Göttingen) est un ingĂ©nieur et physicien allemand. Il a apportĂ© d'importantes contributions Ă  la mĂ©canique des fluides (oĂč il dĂ©gagea notamment la thĂ©orie de la couche limite) et Ă  la thĂ©orie de la rĂ©sistance des solides.

1904 : Ludwig Prandtl montrant un bassin d'essai, le canal de Prandtl, permettant la visualisation de l'Ă©volution des Ă©coulements.

Biographie

Prandtl effectua ses Ă©tudes Ă  l’universitĂ© technique de Munich. Ayant obtenu sa licence, il devint l'assistant (puis plus tard mĂȘme le gendre) d'August Föppl, cĂ©lĂšbre professeur de gĂ©nie mĂ©canique. Il obtint le diplĂŽme d'ingĂ©nieur de l'universitĂ© Louis-et-Maximilien de Munich avec un mĂ©moire sur « Le flambement, un exemple d'Ă©quilibre instable[1] » (). L'annĂ©e suivante, la mĂȘme universitĂ© lui attribua le titre de docteur Ăšs sciences. Il travailla alors aux usines MAN sur le dĂ©veloppement de chaĂźnes de montage. C'est en travaillant sur un dĂ©poussiĂ©reur Ă  aspiration qu'il s’appliqua pour la premiĂšre fois Ă  la mĂ©canique des fluides.

Se penchant sur le problĂšme de la torsion des poutres Ă  section massive, il dĂ©couvrit l'« analogie de la membrane », qui relie la distribution de la contrainte de cisaillement dans une poutre en torsion, Ă  la flĂšche d'une membrane tendue de mĂȘme forme que la section de la poutre[2]. Il enseigna Ă  l'universitĂ© de Hanovre (l'actuelle universitĂ© Gottfried-Wilhelm Leibnitz) puis, le , fut appelĂ© Ă  l’universitĂ© de Göttingen. LĂ , de 1906 Ă  1908, Theodore von KĂĄrmĂĄn prĂ©para son doctorat sous sa direction[3].

À l’occasion du 3e congrĂšs international des mathĂ©maticiens d’Heidelberg, en aoĂ»t 1904[4] Prandtl prĂ©senta le concept rĂ©volutionnaire de couche limite. Son texte[5], « qui marque le commencement de la comprĂ©hension par l’homme de la dynamique des fluides rĂ©els[6] », ne suscita cependant que peu d’intĂ©rĂȘt Ă  l’étranger[6] - [7].

En reconnaissance de la thĂ©orie de la Couche limite qu'il avait exposĂ©e en 1904, on le nomma en outre directeur du tout nouvel Institut de mĂ©canique des fluides Max-Planck Ă  Göttingen (AVA) en 1909. Il travaillait depuis 1907 sur les Ă©coulements supersoniques et les ondes de choc qui, selon des prĂ©dictions faites dĂšs 1860 Ă  Göttingen par le mathĂ©maticien Bernhard Riemann, doivent les accompagner. C’est ainsi qu'il mit au point une mĂ©thode de visualisation des oscillations des couches d'air Ă  la sortie d'une tuyĂšre de Laval[8] puis qu'en 1908 il fit construire la premiĂšre soufflerie d’Allemagne : grĂące Ă  ces appareils, il dĂ©veloppa sa thĂ©orie des surfaces portantes, qui influença durablement l'aĂ©rodynamique. Il dĂ©gagea les conditions de dĂ©tachement d'une couche limite de la zone d'Ă©coulement laminaire, et suggĂ©ra un profil de vitesse en pour l'Ă©coulement dans une conduite cylindrique[9]. C’est en 1910 que ses recherches sur les Ă©coulements turbulents l'amenĂšrent Ă  signaler le rĂŽle du nombre dit « de Prandtl ».

En 1927, Ludwig Prandtl proposa la géniale explication de la crise de traßnée de la sphÚre (crise de traßnée découverte par Eiffel dans sa soufflerie) par la transition de la Couche limite existant autour de ce corps depuis le régime laminaire jusqu'au régime turbulent[10].

En collaboration avec Max Munk et Albert Betz, qui était depuis 1936 son successeur au Centre de Recherches de Göttingen, il rechercha une formule acceptable pour le calcul de la portance. Depuis 1919 il avait développé une théorie de la traßnée, qui, dépassant les travaux antérieurs de F. W. Lanchester (1909) et de Joukovski (1910) permettait de concevoir pour la premiÚre fois par le calcul des profils d'aile[11]. Prandtl étudia enfin la compressibilité de l'air aux vitesses subsoniques, et introduisit à cette occasion la similitude dite de Prandtl-Glauert.

Il s'intéressa également à la déformation des métaux ductiles : il détermina la charge provoquant l'écoulement plastique d'un massif plan semi-infini poinçonné sur une largeur finie[12], et généralisa le concept de « comportement parfaitement plastique[13] ». La loi d'écoulement dite de « Prandtl-Reuss », reliant la déformation à la contrainte dans le domaine plastique, fut publiée en 1924[14].

Depuis 1920 il collaborait avec Adolf Busemann à la construction d'une soufflerie pour les écoulements supersoniques. En 1929 il mit au point une méthode de calcul des réacteurs toujours utilisée, par ex. en soufflerie et pour la conception des missiles. Prandtl dirigea le Kaiser-Wilhelm-Institut d'Hydraulique de 1925 à 1946. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, il devint en 1942 président de la Direction des Recherches de l'aviation et du Haut-Commandement de la Luftwaffe[15], dépendant directement de Hermann Göring.

En 1947, il reprit son poste de directeur de l’Institut de mĂ©canique des fluides Max-Planck. Il poursuivit ses recherches sur les applications de la notion de Couche limite dans l’écoulement d’un fluide autour d’un obstacle, sur les phĂ©nomĂšnes de dĂ©collements de fluide, sur la classification des Ă©coulements mais Ă©galement sur la mĂ©tĂ©orologie dynamique.

La SociĂ©tĂ© aĂ©ronautique et aĂ©rospatiale allemande (Deutsche Gesellschaft fĂŒr Luft- und Raumfahrt) attribue chaque annĂ©e l'anneau Ludwig-Prandtl, rĂ©compense destinĂ©e aux chercheurs qui se sont distinguĂ©s par des contributions significatives dans toutes les disciplines des sciences du vol. En 1970, un cratĂšre de la face cachĂ©e de la Lune est nommĂ© Prandtl en hommage au chercheur allemand.

ƒuvres et inventions

Göttingen, tombeau de Ludwig Prandtl

Le livre le plus cĂ©lĂšbre de Prandtl est son cours d'hydraulique, paru en 1931 sous le titre FĂŒhrer durch die Strömungslehre. Le Prandtl reste dans les pays de langue allemande le classique de la mĂ©canique des fluides ; rĂ©visĂ© et mis Ă  jour Ă  plusieurs reprises, il en est en 2010 Ă  sa 12e Ă©dition (actualisĂ©e en 2008).

La sonde de Prandtl, variante du tube de Pitot, est un instrument de mesure de la pression statique et de la pression dynamique d'un fluide en écoulement. En aéronautique, elle permet d'apprécier la vitesse de l'avion par rapport à l'air.

Dans les pays de langue allemande, pour les écoulements en charge, on utilise plutÎt la formule empirique proposée par Prandtl pour le calcul des pertes de charge linéaires que celle de Colebrook-White.

  • FĂŒhrer durch die Strömungslehre, Vieweg Verlag, (rĂ©impr. 12e Ă©d., 2008), 718 p. (ISBN 3-528-48209-5)

Annexes

Bibliographie

  • (en) ÁrpĂĄd NĂĄdai, Theory of flow and fracture of solids, vol. 2, Mc-Graw Hill, , 710 p., 2 vol., p. 459
  • (de) Herbert Oertel, Prandtl : FĂŒhrer durch die Strömungslehre : Grundlagen und PhĂ€nomene, Braunschweig u.a, Vieweg, (ISBN 3-528-48209-5)
  • (de) Johanna Vogel-Prandtl, « Ludwig Prandtl. Ein Lebensbild. Erinnerungen, Dokumente », Nachdr. der Ausg. Göttingen, Max-Planck-Inst. fĂŒr Strömungsforschung,‎ ; Univ.-Verl. Göttingen, 2005 (ISBN 3-938616-34-2)
  • (de) G Schmitt et W. Schwipps, Pioniere der frĂŒhen Luftfahrt, Berlin, Gondrom Verlag, (ISBN 3-8112-1189-7)
  • Michael Eckert (de): Ludwig Prandtl – Strömungsforscher und Wissenschaftsmanager. Springer-Verlag, Berlin / Heidelberg 2017, (ISBN 978-3-662-49917-7).
  • Paul Trommsdorff (de): Der Lehrkörper der Technischen Hochschule Hannover 1831–1931. Technische Hochschule Hannover, Hannover 1931, S. 14.
  • (de) Erich Truckenbrodt (de), « Prandtl, Ludwig », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 20, Berlin, Duncker & Humblot, , p. 671–672 (original numĂ©risĂ©).

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Titre original : Kipp-Erscheinungen, ein Fall von instabilem Gleichgewicht
  2. Analogie exposĂ©e dans (de) L. Prandtl, « Zur torsion von prismatischen stĂ€ben », Physische Zeitschrift, vol. 4,‎ , p. 758-770
  3. Cf. Johanna Vogel-Prandtl, Ludwig Prandtl : A Personal Biography Drawn from Memories and Correspondence, vol. 9, GƓttingue, UniversitĂ€tsverlag Göttingen, coll. « Klassiker des Strömungsmechanik », , 247 p. (ISBN 978-3-86395-160-3 et 3-86395-160-3, lire en ligne), p. 41.
  4. (en) Eberhard Bodenschatz et Michael Eckert, A Voyage Through Turbulence : PRANDTL AND THE GÖTTINGEN SCHOOL, Cambridge University Press, , 450 p. (ISBN 978-0-521-14931-0, lire en ligne), p. 40 à 100
  5. (en) Ludwig Prandtl, NACA Technical Memorendum No. 452 : MOTION OF FLUIDS WITH VERY LITTLE VISCOSITY [« Über FlĂŒssigkeitsbewegung bei sehr kleiner Reibung »], NACA, (lire en ligne [PDF]).
  6. (en) Hugh L. Dryden, Fifty Years of Boundary-Layer Theory and Experiment : Reprinted from SCIENCE, March 18, 1955, Washington, NACA, (lire en ligne).
  7. Hugh L. Dryden, qui fut pendant 11 ans l’administrateur du NACA, Ă©crit : « L’accroissement de l’intĂ©rĂȘt pour le nouveau concept [de couche limite] de Prandtl fut trĂšs lent durant ses premiĂšres 30 annĂ©es, d’une part Ă  cause des faibles communications entre les Ă©quipes des diffĂ©rents pays et d’autre part parce qu’il n’y avait pas de preuves expĂ©rimentales de sa pertinence. Il a fallu attendre les premiĂšres mesures anĂ©momĂ©triques au fil chaud ou les premiers micro tubes de Pitot pour obtenir ces preuves expĂ©rimentales »
  8. Montage prĂ©sentĂ© dans (de) L. Prandtl, « Neue Untersuchungen ĂŒber die strömende Bewegung der Gase und DĂ€mpfe », Physische Zeitschrift, vol. 8,‎ , p. 23-30
  9. RĂ©sultats prĂ©sentĂ©s dans (de) L. Prandtl, « Bericht ĂŒber Untersuchungen zur ausgebildeten Turbulenz », Zeitschrift fĂŒr angewandte Mathematik und Mechanik, vol. 5,‎ , p. 136. Cf. sur cette question Inge L. Rhyming, Dynamique des fluides, Lausanne, Presses Polytechniques Universitaires Romandes, , p. 264-265.
  10. En 1914, dans NOUVELLES RECHERCHES SUR LA RÉSISTANCE DE L'AIR ET L'AVIATION FAITES AU LABORATOIRE D'AUTEUIL, p 89, Eiffel revient d’ailleurs sur cette question : "Lord Rayleigh, l'Ă©minent directeur du National Physical Laboratory, a adressĂ© une note Ă  l'AcadĂ©mie des Sciences (C. R. de l'AcadĂ©mie des Sciences du ) dans laquelle il a fait remarquer que les produits vd de la vitesse critique par le diamĂštre de la sphĂšre sont Ă  peu prĂšs constants." D’aprĂšs Pierre Rebuffet (dans AÉRODYNAMIQUE EXPÉRIMENTALE, par Pierre REBUFFET, 1962, Librairie Polytechnique Ch. BĂ©ranger, PARIS, ouvrage essentiel, non rĂ©Ă©ditĂ©), cette remarque de Rayleigh "est, sans doute, la premiĂšre application du concept de Reynolds".
  11. Dans (de) L. Prandtl, « TragflĂŒgeltheorie I », Mitteilungen und Nachr. der königlichen Gesellschaft der Wissenschaften zu Göttingen,‎ , p. 151 et (de) L. Prandtl, « TragflĂŒgeltheorie II », Mitt. und Nachr. der kön. Ges. der Wiss. zu Göttingen,‎ , p. 107
  12. (de) L. Prandtl, « Über die HĂ€rte plastischer Körper », Nachr. der kön. Ges. der Wiss. zu Göttingen (Math.-phys. Kl.),‎ , p. 12
  13. Cf. (de) L. Prandtl, « Über die Eindringungsfestigkeit plastischer Baustoffe und die Festigkeit von Schneiden », Zeitschrift fĂŒr angewandte Mathematik und Mechanik, vol. 1,‎ , p. 15-20.
  14. Cf. Actes du CongrÚs International de Mécanique Appliquée (1er congrÚs de l'IUTAM), Delft (Pays-Bas), , p. 43
  15. Cf. (de) Ernst Klee, Das Personenlexikon zum Dritten Reich. Wer war was vor und nach 1945, Francfort-sur-le-Main, Fischer Taschenbuch Verlag, , 2e Ă©d., 732 p. (ISBN 978-3-596-16048-8), p. 471.
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