Lucius Cornelius Cinna (préteur)
Lucius Cornelius Cinna est un homme politique du dernier siècle de la République romaine.
Préteur |
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Il est le fils de Lucius Cornelius Cinna, adjoint de Marius puis chef du parti des populares. En 84 av. J.-C., son père, consul pour la quatrième fois, est tué au cours d’une sédition militaire. En novembre 82 av. J.-C., Sylla bat les marianistes, s'installe à Rome et fait afficher les listes de proscrits. Le jeune Lucius Cornelius Cinna figure sur la première liste, mais parvient à échapper aux poursuites et à la mort[1].
Il soutient le consul Marcus Aemilius Lepidus, mais doit se réfugier en Hispanie auprès de Sertorius après l’échec de l’insurrection de Aemilius Lepidus en 77 av. J.-C.. César, qui avait épousé sa sœur Cornelia Cinna, contribue à son rappel à Rome[2]. Mais la loi de proscription de Sylla interdit à Cinna toute vie politique, en raison de sa parenté.
En 49 av. J.-C., la loi promulguée par Jules César amnistie les victimes de Sylla et redonne enfin son honorabilité à Cinna. En 46 av. J.-C., il épouse Pompeia, fille de Pompée et veuve de Sylla Faustus[3]. Elle lui donne un fils, Gnaeus Cornelius Cinna Magnus, qui porte le prénom et le cognomen de son grand-père maternel.
Jules César qui détient désormais le pouvoir absolu lui confère pour l’année 44 av. J.-C. la charge de préteur[4]. Cinna ne prend pas part au meurtre de Jules César en mars 44 av. J.-C., mais il rejoint Brutus et les autres conjurés à la tribune du Capitole. Grâce à son prestige, Brutus se fait écouter du peuple en parlant prudemment de paix civile. Cinna prend la parole après lui. Lorsqu’il commence à accuser César de tyrannie, une partie de la foule s’indigne et l’injurie violemment[4] - [5]. Lors des funérailles de César, comme il suit le cortège funèbre, il est pris à partie par des vétérans de César et ceux qui l'avaient hué la veille. Il parvient à se réfugier dans une maison, et est sauvé par les soldats de Lépide, maître de cavalerie de César, avant que cette maison ne soit incendiée[6]. Peu après, la foule en colère, croyant rencontrer de nouveau Cinna, tue à sa place son homonyme, le poète et tribun de la plèbe Caius Helvius Cinna[7].
Lorsque selon l’usage le Sénat attribue des provinces aux préteurs de l'année 44, dont les conjurés Brutus et Cassius, Cinna refuse toute attribution, choix que Cicéron qualifie de vertueux[8].
Dans la rivalité qui opposait Octave à Marc Antoine, Cinna prit le parti d'Antoine. Octave (futur Auguste) victorieux ne lui en tint pas rigueur et lui permit même de faire une carrière politique.
Notes
- François Hinard, Sylla, Fayard, 1985, (ISBN 2-213-01672-0), p 194
- Suétone, Vie de César, 5
- François Hinard, Sylla, Fayard, 1985, (ISBN 2-213-01672-0), p 212
- Appien, Guerres civiles, livre II, 121
- Plutarque, Vie de Brutus, 18
- Appien, Guerres civiles, livre II, 126
- Plutarque, Vie de Brutus, 20 ; Suétone, Vie de César, 84 ; Valère-Maxime, Actions et Paroles mémorables, livre IX, 9
- Cicéron, Troisième Philippique, 10