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Louis Crespel-Dellisse

Louis Xavier François Joseph Crespel, appelé aussi Crespel-Dellisse, né le à Lille (alors dans la province de Flandre), et mort le à Neuilly-sur-Seine (alors dans le département de la Seine), est un industriel français.

Louis Crespel
Description de cette image, également commentée ci-après
Monument élevé à Crespel-Dellisse à Arras en 1867 ; sculpture de Léon Cugnot.
Nom de naissance Crespel
Alias
Crespel-Dellisse
Naissance
Lille
Décès
Neuilly-sur-Seine
Nationalité Drapeau de la France France
Pays de résidence Drapeau de la France France
Profession

Famille

Son père, Jean Louis Joseph Crespel (1760-1794), officier de la Garde nationale, était cultivateur à Annœullin, puis marchand épicier à Lille, issu d'une famille de cultivateurs des Weppes.

Louis se marie le à Lille avec Adélaïde Alexandrine Dellisse (née en 1787), fille d'un marchand de charbon de Béthune, et le frère de celle-ci, Denis Tiburce Louis Joseph Dellisse, épouse le même jour Julie Josèphe Crespel, la sœur de Louis. Il adjoint le nom de son épouse au sien et se fait appeler Crespel-Dellisse.

Ils ont trois enfants[1] : Denis Tiburce (1809-1860), Zelie Amadeine Pauline (1812-1846) et Adélaïde Louison Julie Aurélie (1813-) qui épousa Désiré Edmond Lecesne (1813-1895), avocat, adjoint au maire d'Arras et qui fut président de l'Académie d'Arras.

Formation

Le décès de son père à l'âge de 34 ans, alors qu'il n'est âgé que de cinq ans, ne lui permet pas de suivre des études.

Professionnel

Il commence par exploiter un commerce de grains et d’eau-de-vie à Béthune.

En 1809, il est présent lors de la présentation de cristaux de sucre élaborés à partir de jus de betterave. En effet, le blocus continental instauré par Napoléon en 1806 pour lutter contre le Royaume-Uni pousse les chercheurs à mettre au point la fabrication du sucre de betterave afin de remplacer le sucre de canne. Il correspond avec Charles Derosne, Jean-Antoine Chaptal et Louis Joseph Gay-Lussac.

Il installe un atelier rue de l’Arc, à Lille, avec l'aide de son beau-frère Denis Dellisse et de son cousin Parsy[2], et produit le premier sucre d’origine régionale en 1810.

À partir de 1830, il intéresse son fils Tiburce (1809-1860) à la gestion de ses entreprises. Il restaure en 1835 le château de Soubise à Saulty et fonde à proximité une fabrique de sucre et gère une exploitation de 400 ha. Il possède à l'apogée de son commerce huit fabriques de sucre, dont notamment la sucrerie distillerie de Francières dans l'Oise (de 1933 à 1954) et treize exploitations rurales sur quatre départements.

En 1837, le gouvernement dĂ©cide, pour soutenir le sucre colonial, de taxer de 15 francs par quintal de betteraves les sucreries mĂ©tropolitaines. La production chute de 39 000 tonnes en 1838 Ă  23 000 tonnes en 1839[3]. Crespel, qui paya 300 000 francs d’impĂ´ts en 1839, vit ses impĂ´ts passer Ă  un million en 1840 et 1 500 000 en 1841. De plus, les progrès techniques rendent le matĂ©riel obsolète et les rendements insuffisants ; il est alors aux prises avec des difficultĂ©s financières.

La production dans le Nord s’effondre avec la chute de l’Empire en 1814 et la reprise des importations de sucre de provenance coloniale. MalgrĂ© le dĂ©sastre financier, Crespel-Dellisse, abandonnĂ© par son beau-frère Denis Dellisse, doit liquider 50 tonnes de sucre Ă  bas prix. Mais il poursuit, seul en France, la fabrication du sucre de betterave. Il s’installe Ă  Arras, rue des Promenades, dans l'ancien refuge de l'abbaye d'Arrouaise. Il pousse les agriculteurs Ă  accroĂ®tre leurs cultures, construit de nouvelles usines et, en 1826, il est propriĂ©taire de trois fabriques, qui produisent 100 tonnes de sucre par an.

Au total, en 1848, ses treize « fabriques de sucre agricole » utilisent la production de 2 274 ha et l'ensemble de son industrie produit un actif de 2 819 000 tonnes pour 2 500 000 kilogrammes de sucre obtenu. En 1855, ce sont huit usines qui mettent sur le marchĂ© 3 000 tonnes de sucre. Crespel-Dellisse est alors le plus important fabricant de sucre en Europe.

Victime de la crise économique de 1857, il est amené à revendre des usines. À la mort de son fils en 1860, il reprend seul la direction des usines, grâce à un prêt du gouvernement. L'entreprise est liquidée en 1863.

Après la liquidation

En 1864, le marquis d'Havrincourt (Alphonse de Cardevac d'Havrincourt) attire l'attention du gouvernement sur lui et le Corps lĂ©gislatif lui vote, Ă  titre de rĂ©compense nationale, une rente annuelle de 6 000 francs. Ă€ la mort de son Ă©pouse Louis Crespel-Dellisse se retire Ă  Neuilly. Il meurt Ă  76 ans du cholĂ©ra lors de l'Ă©pidĂ©mie en 1865.

Le président de l’Académie d’Arras prononce son éloge funèbre en le présentant comme un « pionnier du progrès » qui a su démontrer par son acharnement « la possibilité d’une union étroite entre l’agriculture et l’industrie, réputées auparavant d’irréconciliables ennemies. »

En 1866, un décret impérial autorise la ville d’Arras à donner le nom de Crespel au nouveau boulevard créé à l'emplacement de la rue des Promenades. En 1867, la ville d'Arras lui érige un monument coiffé de son buste en bronze (sculpté par Léon Cugnot), au bout du cours de Verdun, sur le boulevard qui porte son nom[4]. De toutes les fabriques de sucre que l’industriel a dirigé en Picardie, seule celle de Francières a été épargnée par les bombardements de la Première Guerre mondiale.

  • DĂ©tails du dos du monument d'Arras
  • Installation de raffinage du jus de betterave pour en retirer le sucre.
    Installation de raffinage du jus de betterave pour en retirer le sucre.
  • Socle de charrue et betteraves sucrières.
    Socle de charrue et betteraves sucrières.

Mandats

  • Membre du conseil municipal d'Arras en 1846.
  • Chambre de commerce et d'industrie d'Arras.
  • Tribunal de commerce d'Arras.

RĂ©compenses industrielles

  • Grande mĂ©daille d’or de la SociĂ©tĂ© d’encouragement pour l'industrie nationale (remise par Jean-Antoine Chaptal le [5].).
  • Membre de la SociĂ©tĂ© impĂ©riale d’agriculture de Vienne (Autriche).
  • Membre du Conseil gĂ©nĂ©ral de l’agriculture, du commerce et des manufactures.
  • Membre de la Chambre consultative d’agriculture de l’arrondissement d’Arras.
  • Vice-prĂ©sident du ComitĂ© d’agriculture de l’AcadĂ©mie nationale agricole, manufacturière & commerciale de Paris.
  • PrĂ©sident du ComitĂ© des fabricants de sucre de Paris (de 1836 Ă  1839).
  • Membre de la SociĂ©tĂ© centrale d’agriculture du Pas-de-Calais.
  • Membre des SociĂ©tĂ©s d’agriculture de Valenciennes, Saint-Omer, Calais.
  • DiplĂ´me d'honneur de l'AcadĂ©mie nationale agricole (1863).

Parmi ses décorations et récompenses autres qu’industrielles

  • Chevalier de la LĂ©gion d'honneur en 1831[6].
  • Chevalier du MĂ©rite de la maison de Hesse en 1831.
  • Chevalier du l'ordre du Grand-duchĂ© de Hesse-Darmstadt en 1838.
  • Chevalier de l'Ordre royal de Prusse, puis Aigle royal de Prusse en 1838.
  • MĂ©daille d’or de la SociĂ©tĂ© d’agriculture en 1828.
  • MĂ©daille de bronze pour son semoir Ă  l’exposition de 1834.
  • MĂ©daille d’honneur en or Ă  celle de 1855.
  • MĂ©daille d’honneur en or pour sa race bovine Ă  l’exposition rĂ©gionale de 1857.
  • DiplĂ´me d’honneur de l’AcadĂ©mie nationale en 1863.

Notes et références

  1. Mémoires de l'Académie de sciences, lettres et arts, deuxième série, tome XI, 1909.
  2. Eugène-Oscar Lami, Dictionnaire encyclopédique et biographique de l'industrie & des arts industriels, t. III, Paris, Imp. Maréchal & Montorier, , lire en ligne sur Gallica.
  3. Denis Brançon et Claude Viel, « Le sucre de betterave et l'essor de son industrie : des premiers travaux jusqu'à la fin de la guerre de 1914-1918 », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 87, no 322,‎ .
  4. « E-monumen », sur E-monumen / Base de données géolocalisée…, (consulté le ).
  5. Société Montyon et Franklin, Portraits et histoire des hommes utiles, hommes et femmes de tous pays et de toutes conditions, Paris, Imprimerie Paul Renouard, 1837-1838, 555 p., p. 279, 280, lire en ligne sur Gallica.
  6. Frédéric Barbier, Le patronat du Nord sous le second empire : une approche prosopographique, Genève, Librairie Droz, , 416 p. (ISBN 978-2-600-03408-1), p. 133

Bibliographie

  • Payen, « Alimentation publique », Revue des deux mondes,‎ .
  • Auguste Parenty, MĂ©moires de l'AcadĂ©mie impĂ©riale des sciences lettres et arts d'Arras, Notice sur Monsieur Crespel-Dellisse, Imprimerie A. Courtin, .
  • Aymar Bression, L'industrie sucrière indigène et son vĂ©ritable fondateur, .
  • Le Pas-de-Calais au XIXe siècle, industrie, t. III, 56-66 p..
  • Annuaire statistique du Pas-de-Calais, nĂ©crologie, .
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