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Louis Bertrand (Ă©crivain)

Louis Marie Émile Bertrand, né à Spincourt (Meuse) le et mort au Cap d'Antibes le , est un romancier et essayiste français.

Louis Bertrand
Louis Bertrand en habit vert en 1926.
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Distinction

Biographie

Louis Bertrand est le fils de Ferdinand-Nicolas Bertrand, greffier de la justice de paix, et d'Émilie-Delphine Guilminot. Après ses études à Paris à l'École normale supérieure de 1885 à 1888, il est nommé au lycée d’Aix-en-Provence où il réussit l'agrégation de lettres classiques en . Il a pour élève le futur poète Joachim Gasquet. Il est ensuite nommé au lycée de Bourg-en-Bresse, où il reste deux années, puis dans divers établissements d’Alger — dont le grand lycée d'Alger — de 1891 à 1900. Il y obtient le diplôme de docteur ès Lettres en 1897.

Ardemment dreyfusard, il Ă©volue par la suite Ă  droite et se convertit au catholicisme.

Il s'insère difficilement dans l'institution scolaire ; on raconte qu'un jour il interdit l'accès de sa classe à son proviseur sous prétexte que celui-ci ne portait pas la tenue d'apparat exigée par un vieux règlement et qu'il traita de haut l'inspecteur général envoyé sur ces entrefaites.

Sa désinvolture lui vaut d'être déplacé en 1901 au lycée de Montpellier, mais il démissionne bientôt pour se consacrer à la littérature, vers laquelle il se tournait de plus en plus depuis 1897.

Son séjour en Algérie de 1891 à 1900 a nourri l'inspiration d'une partie de son œuvre abondante, aujourd'hui tombée dans l'oubli.

Louis Bertrand a été l'ami de Caroline Commanville[1], nièce de Gustave Flaubert, qui avait hérité de son oncle sa propriété de Croisset avec la bibliothèque de l'écrivain et son cabinet de travail. Ils se sont connus lorsque Caroline Commanville s'est installée en 1893 sur la Côte d'Azur, où résidait Louis Bertrand. Elle lui communique puis lègue ses livres et archives à sa mort en 1931. Mais cette succession est difficile, et, malgré les efforts de Bertrand pour éviter la dispersion, le fisc fait une évaluation exorbitante du legs qui lui interdit malgré tout de le conserver ; il décide alors, en 1936, de le céder à l'Institut de France.

Bertrand, admirateur de Flaubert, Ă©crit ainsi sur l'auteur de Madame Bovary deux ouvrages[2].

Louis Bertrand est élu à l’Académie française en 1925 au fauteuil de Maurice Barrès, dont il prononce un éloge qu'une partie de la presse jugea trop tiède, déclenchant une polémique[3]. Il est également membre de l'Académie de Stanislas[4]. Nommé chevalier de la Légion d'honneur par décret du il est promu officier du même ordre par décret du . Ces décorations lui sont remises par le même ami, Pol Neveux, de l'Académie Goncourt, les et [5].

À Paris, il « habitait l'immeuble qui jouxte l'hôtel Baignères au 42, rue du Général-Foy. C'était un homme de lettres et uniquement un homme de lettres, phénomène qui n'était pas rare. Cet état s'accompagnait, chez Louis Bertrand, d'une grande vanité et de convictions idéologiques furieuses. »[6]. À ce titre, son roman paru en 1907, L'Invasion, décrit une Marseille submergée par l'immigration italienne[7].

Il habita aussi au 183, rue de l'Université et possédait une propriété à Antibes (« La Solle », chemin de Rostagne).

En 1936, la parution de son essai biographique Hitler suscite la polémique[8], l'écrivain dresse un portrait louangeur du maître du Troisième Reich. Reprenant à son compte la vision raciale du nazisme, ce passionné de l'Orient islamique verse dans l'antisémitisme au nom de la lutte contre le bolchevisme. Toutefois, affecté par la défaite de son pays, sous l'Occupation, Louis Bertrand vit retiré et ne participe pas au débat public. Et ce, jusqu'à son décès intervenu le .

En 1962, Pierre Marot cite sa phrase sur Jeanne d'Arc : « Elle appartient au monde des âmes, par sa soif du ciel et sa nature angélique »[9].

Distinctions

Publications

Romans

  • Le Sang des races, Éd. Ollendorff, 1899[10] - rĂ©Ă©ditions : chez le mĂŞme Ă©diteur en 1920, "Ă©dition complète revue et corrigĂ©e" ; Éditions L'Harmattan, 306 p., 2016.
  • La Cina, Éd. Ollendorff, 1901 ; rĂ©Ă©d. Éditions Marivole, 392 p., 2015.
  • Le Rival de Don Juan, Éd. Ollendorff, 1903.
  • PĂ©pète le bien-aimĂ©, Éd. Ollendorff, 1904 (rĂ©Ă©ditĂ© chez le mĂŞme Ă©diteur en 1920 sous le titre PĂ©pète et Balthazar).
  • L'Invasion, Bibliothèque Charpentier, 1907[11], prix Montyon de l’AcadĂ©mie française en 1908.
  • Les Bains de Phalère, Éd. Fayard, 1910.
  • Mademoiselle de Jessincourt, Éd. Fayard, 1911 (rĂ©Ă©dition Ă©ditions des Paraiges, 2015).
  • La concession de Madame Petitgand, Éd. Fayard, 1912.
  • Sanguis martyrum, Éd. Fayard, 1918, rĂ©Ă©d. Via Romana, 2016.
  • L'Infante, Éd. Fayard, 1920.
  • Cardenio. L'homme aux rubans couleur de feu, Éd. Ollendorff, 1922.
  • Une destinĂ©e (1), Jean Perbal, Éd. Fayard, 1925.
  • Une destinĂ©e (2), Une nouvelle Ă©ducation sentimentale, Éd. Fayard, 1928.
  • Le Roman de la ConquĂŞte (1830), Éd. Fayard, 1930.
  • Une destinĂ©e (3), Hippolyte porte-couronnes, Éd. Fayard, 1932.
  • Une destinĂ©e (4), Sur les routes du Sud, Éd. Fayard, 1932.
  • Une destinĂ©e (5), Mes annĂ©es d'apprentissage, Éd. Fayard, 1939.
  • Une destinĂ©e (6), JĂ©rusalem, Éd. Fayard, 1939.

Essais, ouvrages historiques, biographiques et critiques

  • La fin du classicisme et le retour Ă  l’antique dans la seconde moitiĂ© du XVIIIe siècle et les premières annĂ©es du XIXe siècle en France, Hachette 1897.
  • Le Jardin de la mort, Éd. Ollendorff, 1905.
  • La Grèce du soleil et des paysages, Bibliothèque Charpentier, 1908 ; rĂ©Ă©dition dĂ©finitive, illustrations de Louis Rennefer gravĂ©es par Eugène DĂ©tĂ©, chez Georges Boutitie, 1920.
  • Le Mirage oriental, Librairie acadĂ©mique Perrin, 1910.
  • Le Livre de la MĂ©diterranĂ©e, Éd. Grasset, 1911 (Ă©dition dĂ©finitive en 1923), prix Alfred-NĂ©e de l’AcadĂ©mie française en 1911.
  • Gustave Flaubert (avec des fragments inĂ©dits), Mercure de France, 1912.
  • Saint Augustin, Éd. Fayard, 1913 ; rĂ©Ă©d. Via Romana, 2013[12].
  • Les plus belles pages de saint Augustin, Éd. Fayard, 1916.
  • Le Sens de l'ennemi, Éd. Fayard, 1917.
  • Flaubert Ă  Paris ou le mort vivant, Éd. Grasset, 1921.
  • Sur le Nil, Les Amis d'Édouard, 1921.
  • Les villes d'or. AlgĂ©rie et Tunisie romaines, Éd. Fayard, 1921.
  • Autour de saint Augustin, Éd. Fayard, 1921.
  • Louis XIV, Éd. Fayard, 1923 ; rĂ©Ă©d. Via Romana, 377 p., 2018.
  • Louis Bertrand : Louis XIV et ses mĂ©decins ; In La Revue universelle. Tome XIV, , Jacques Bainville, directeur.
  • La Vie amoureuse de Louis XIV, Éd. Flammarion, 1924.
  • Les journĂ©es du grand roi, Éd. Flammarion, 1925.
  • Devant l’Islam, Éd. Plon, 1926.
  • Ma Lorraine, souvenirs et portraits, A. Delpeuch, 1926.
  • Sainte ThĂ©rèse, Éd. Fayard, 1927 ; rĂ©Ă©d. Via Romana, 2015.
  • IdĂ©es et portraits, Éd. Plon, 1927.
  • Les grands aspects du paysage français, A. Delpeuch, 1928.
  • Philippe II Ă  l'Escorial, L'Artisan du Livre, 1929.
  • " La MĂ©diterranĂ©e ", photographies de Fred. Boissonnas, aquarelles de Marius Hubert-Robert, Éditions Alpina, Paris, 1929.
  • Philippe II, une tĂ©nĂ©breuse affaire, Éd. Grasset, 1929.
  • Histoire de NapolĂ©on, illustrations d’Albert Uriet, Éd. Mame, 1929.
  • Au bruit des fontaines d’Aix-en-Provence, Émile Hazan, 1929.
  • Nuits d’Alger, lithographies d'AndrĂ© SurĂ©da, Éd. Flammarion, 1929.
  • D’Alger la romantique Ă  Fez la mystĂ©rieuse, Éd. des Portiques, 1930.
  • Font-Romeu, Éd. Flammarion, 1931.
  • Histoire d’Espagne, Éd. Fayard, 1932.
  • Le livre de consolation, Éd. Fayard, 1933.
  • La Riviera que j’ai connue, Éd. Fayard, 1933.
  • Africa, Éd. Albin Michel, 1933.
  • Vers Cyrène, terre d’Apollon, Éd. Fayard, 1935.
  • Celle qui fut aimĂ©e d’Augustin, Éd. Albin Michel, 1935.
  • Hitler, Éd. Fayard, 1936.
  • L’Espagne, Éd. Flammarion, 1937.
  • La Lorraine, Éd. J. de Gigord, 1937.
  • Alger, Éd. Fernand Sorlot, 1938.
  • Lamartine, Éd. Fayard, 1940.
  • Jardins d’Espagne, Éd. Aubanel, 1940.
  • Un grand Africain : le marĂ©chal de Saint-Arnaud, Éd. Fayard, 1941.

Notes et références

  1. Veuve en 1890, elle se remaria avec M. Franklin-Grout.
  2. flaubert.univ-rouen.fr.
  3. academie-francaise.fr.
  4. « Louis Bertrand », sur le site du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) (consulté le ).
  5. Dossier de LĂ©gion d'honneur sur la base LĂ©onore.
  6. André Becq de Fouquières, Mon Paris et ses Parisiens. II. Le quartier Monceau, Paris, Pierre Horay, 1954, p. 235.
  7. Voir Aurélia Dusserre, « L'image des étrangers à Marseille dans L'Invasion de Louis Bertrand (1907) », dans Les batailles de Marseille, PUP, coll. « Le Temps de l'histoire », , 15-27 p. (ISBN 9782853998642)
    Isabelle Felici, « Marseille et L'Invasion italienne vue par Louis Bertrand. « Ribattiamo il chiodo » », Babel [En ligne], no 1,‎ (lire en ligne)
  8. via-romana.fr.
  9. cf. Pierre Marot, Le Pays de Jeanne d'Arc, Ă©ditions Alpina, 1962.
  10. « Louis Bertrand », sur larousse.fr (consulté le ).
  11. babel.revues.org.
  12. obvil.paris-sorbonne.fr.

Annexes

Bibliographie

  • (Dir. Éric Georgin), prĂ©f. Daniel Heck, Un Ă©crivain français entre Europe et Afrique : Louis Bertrand (1866-1941), Versailles, Éditions Via Romana, 266 p., 2023 (ISBN 978-2372712187)
  • Cercle des Amis de Louis Bertrand, Regards sur la vie et l'Ĺ“uvre de Louis Bertrand de l'AcadĂ©mie française (1866-1941), Actes de la journĂ©e d'Ă©tudes, UniversitĂ© PanthĂ©on-Assas (Paris II), le 14 dĂ©cembre 1991, Versailles, Éditions Via Romana, 140 p., 2015 (ISBN 978-2372710060)
  • Jacques Alexandropoulos, « De Louis Bertrand Ă  Pierre Hubac : images de l'Afrique antique », dans J. Alexandropoulos, P. Cabanel, La Tunisie mosaĂŻque. Diasporas, cosmopolitisme, archĂ©ologies de l'identitĂ©, Toulouse, Presses Universitaires du Mirail de l'UniversitĂ© de Toulouse, , p. 457-478.
  • David Clark Cabeen, The African novels of Louis Bertrand. A phase of the renascence of national energy in France, Philadelphia, Westbrook Publishing Co., 1922.

Liens externes

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