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Lois de l'apartheid

Les lois de l'apartheid est une expression désignant l'ensemble de la législation raciale régissant les populations d'Afrique du Sud entre 1948 et 1991. Complétant le South Africa Act et les anciens lois et règlements adoptés dans le cadre informel de la colour bar, ces nouvelles lois ont été adoptées à partir de 1948, à la suite de la victoire du parti national. Systématisant l'application des lois raciales antérieures et institutionnalisant la ségrégation raciale, les lois piliers de l'apartheid furent principalement abolies en . Certaines lois annexes furent réformées à la fin des années 1990 et au début des années 2000.

Panneau bilingue (anglais / afrikaans) formalisant la ségrégation raciale au profit de la population blanche dans le cadre de la politique d'apartheid. Il est stipulé sur ce panonceau : « Pour l'usage par des personnes blanches - Ces lieux publics et les équipements sont réservés à l'usage exclusif des personnes blanches - Par ordre du Secrétaire provincial ».
Banc réservé aux non-blancs au Cap.

Les principales lois de l'apartheid

Les lois piliers de l'apartheid

  • Loi d'habitation sĂ©parĂ©e du 27 avril 1950 (Group Areas Act) rĂ©partissant racialement les zones urbaines d'habitation. Cette loi fut abolie le .
  • Loi de classification de la population du (Population Registration Act, Act No 30 of 1950), distingue les individus selon leur catĂ©gorie raciale attribuĂ©e (Blancs, Noirs, Coloured et Indiens). Cette loi fut abolie le .
  • Loi sur les Ă©quipements publics distincts du (Reservation of Separate Amenities Act) sĂ©grĂ©guant tous les amĂ©nagements publics. Cette loi fut abolie le .

Les autres lois emblématiques

  • Loi sur l'interdiction des mariages mixtes du (Prohibition of Mixed Marriages Act, Act No 55 of 1949) interdisant les mariages entre personnes de races diffĂ©rentes[1].
  • La loi d'immoralitĂ© de 1950 (Immorality Amendment Act, Act n°21 of 1950), qui lui est liĂ©e, pĂ©nalise les relations sexuelles entre Blancs et non Blancs[2]. Elle renforce le champ d'application d'une loi homonyme adoptĂ© en 1927 concernant les relations extra-conjugales. RenforcĂ©e par une nouvelle loi homonyme en 1957, ses dispositions relatives aux relations sexuelles entre Blancs et non-Blancs sont supprimĂ©es en 1985.
  • Loi de suppression du communisme de 1950 (Suppression of Communism Act, Act No 44 of 1950), permettant d'interdire tout parti politique cataloguĂ© comme communiste par le gouvernement. Aboli partiellement en 1982 et totalement en 1991 (Internal Security Act).
  • La Native Building Workers Act, Act No 27 of 1951 sur la formation de la main-d'Ĺ“uvre qualifiĂ©e dans le secteur de la construction. Cette loi limitait le recours Ă  la main d’œuvre noire qualifiĂ©e aux zones et quartiers oĂą elle Ă©tait autorisĂ©e Ă  travailler[3].
  • Loi sur les autoritĂ©s bantoues du (Bantu Authorities Act, Act No 68 of 1951) abolissant le Conseil reprĂ©sentatif des indigènes et Ă©tablissant des autoritĂ©s tribales autonomes, rĂ©gionales et territoriales (crĂ©ation des bantoustans). Loi dĂ©finitivement supprimĂ©e en (Black Authorities Act Repeal Act, 2010).
  • Loi sur les laissez-passer de 1952 (Natives (Abolition of Passes and Co-ordination of Documents) Act, Act No 67 of 1952) faisant obligation aux Noirs ayant plus de 16 ans d'avoir sur eux un laissez-passer qui stipulait s'ils avaient une autorisation de prĂ©sence dans certains quartiers blancs au-delĂ  des horaires de travail.
  • Loi sur l'Ă©ducation bantoue du (Bantu Education Act) impose la sĂ©grĂ©gation raciale dans tous les Ă©tablissements d'enseignement y compris dans les universitĂ©s. La loi fut complĂ©tĂ©e par celle sur l'enseignement universitaire (1959) crĂ©ant de nouvelles universitĂ©s et collèges pour les diffĂ©rents groupes non blancs[4]. En 1976, le dĂ©cret voulant imposer l'afrikaans comme langue d’enseignement dès la dernière annĂ©e d'Ă©cole primaire a Ă©tĂ© la cause des Ă©meutes de Soweto. La loi sur l'Ă©ducation bantoue a Ă©tĂ© abrogĂ©e en 1979 par la Education and Training act sous la prĂ©sidence de Pieter Willem Botha. Celle-ci, qui laissait perdurer un système sĂ©grĂ©guĂ© d'Ă©ducation, fut Ă  son tour abolie en 1996 et remplacĂ©e par la South African Schools Act.
  • Loi sur le travail indigène et le règlement des diffĂ©rends du (Native Labour (Settlement of Disputes) Act) interdit le droit de grève pour les populations noires et formalise la reprĂ©sentation des populations noires auprès des employeurs via des comitĂ©s de travailleurs. Cette loi fut progressivement rĂ©formĂ©e, notamment avec l'introduction d'un relatif droit de grève en 1973 puis abrogĂ©e en 1981 lors de la promulgation d'une nouvelle loi sur les relations de travail.
  • Loi de relocalisation des indigènes de 1954 (Native resettlement Act) visant Ă  dĂ©placer les populations noires vivant en zones dĂ©clarĂ©es blanches. Cette loi fut remplacĂ©e en 1984 par la Black Communities Development Act.
  • Loi industrielle de conciliation du (Industrial Conciliation Act) imposant la non-mixitĂ© raciale des mouvements syndicaux, interdit la constitution de syndicats politiquement affiliĂ©s et interdit les grèves pour tous les salariĂ©s (noirs ou blancs) travaillant dans certaines industries qualifiĂ©es de sensibles ou d'importance nationale. Elle dĂ©signe Ă©galement un certain nombre d'emplois qualifiĂ©s pour les travailleurs blancs[5].
  • Loi sur la reprĂ©sentation sĂ©parĂ©e des Ă©lecteurs (Separate Representation of Voters Act, Act No 46 of 1951), adoptĂ©e le et entrĂ©e en vigueur en 1956. Cette loi rĂ©voqua la franchise Ă©lectorale des Ă©lecteurs coloureds (mĂ©tis, malais) de la province du Cap. La loi a Ă©tĂ© abrogĂ©e en 1968 lors de l'adoption d'une nouvelle loi introduisant le Conseil reprĂ©sentatif des personnes de couleur, composĂ©e de quarante membres Ă©lus et d'une vingtaine de membres nommĂ©s. Cette loi a Ă©tĂ© Ă  son tour abrogĂ©e en 1983 lors de l'adoption de la nouvelle loi constitutionnelle de la RĂ©publique du Sud instituant un parlement tricamĂ©ral.
  • Loi sur la promotion de gouvernements noirs autonomes du (Promotion of Bantu Self-Government Act), spĂ©cificitĂ© de l'apartheid, renforçant l'autonomie des bantoustans ethniques sous administration d'autoritĂ©s tribales. Abolie le .
  • Loi sur l'interdiction des ingĂ©rences politiques du (Prohibition of Political Interference Act) visant Ă  empĂŞcher les personnes de groupes raciaux diffĂ©rents de collaborer les uns avec les autres dans un but politique. DestinĂ©e concrètement Ă  empĂŞcher la constitution de partis politiques non raciaux (ou inter-raciaux), cette loi fut abrogĂ©e partiellement en 1985 (Constitutional Affairs Amendment Act) puis totalement en 1993 (Abolition of Restrictions on Free Political Activity Act).
  • Loi de citoyennetĂ© des homelands du (Black Homeland Citizenship Act) « retirant » la citoyennetĂ© sud-africaine aux Noirs issus de communautĂ©s ethniques relevant de bantoustans dĂ©jĂ  crĂ©Ă©s. Abolie le .
  • Loi sur la formation professionnelle des populations noires de 1976.
  • Loi constitutionnelle de 1983 : crĂ©ation d'un parlement tricamĂ©ral ouvert aux Indiens et MĂ©tis

Notes et références

  1. Cette loi fut abolie le 19 juin 1985 sous la présidence de Pieter Willem Botha.
  2. Cette loi fut abolie le sous la présidence de Pieter Willem Botha.
  3. Cette loi fut abolie en 1980 sous la présidence de Pieter Willem Botha.
  4. La loi sur l'enseignement universitaire fut remplacée en 1988 par une nouvelle loi sur l'enseignement supérieure en 1988
  5. Cette loi fut abrogée en 1996 sous la présidence de Nelson Mandela lors de la promulgation de la nouvelle loi sur les relations de travail

Bibliographie

  • François-Xavier Fauvelle-Aymar, Histoire de l'Afrique du Sud, Paris, Seuil, 2006, (ISBN 2020480034)
  • Barbara Cassin, Olivier Cayla et Philippe-Joseph Salazar (dir.): VĂ©ritĂ©, rĂ©conciliation, rĂ©paration, Paris, Le Seuil, Le Genre Humain, vol 43, 2004, 365 p. (ISBN 2-02-062886-4)
  • Philippe-Joseph Salazar (dir.), Amnistier l’Apartheid, Paris, Le Seuil, coll. "L’Ordre Philosophique", 2004 (ISBN 202068604X)
  • Hermann Giliomee, The Afrikaners, Hurst & Co., 2003
  • Philippe-Joseph Salazar, Afrique du Sud. La rĂ©volution fraternelle, Paris, Hermann, coll. "Savoirs: Cultures", 1998 (ISBN 2-7056-6360-6)
  • Bernard Lugan, Histoire de l'Afrique du Sud, 1re Ă©d. : Perrin, coll. « VĂ©ritĂ©s et lĂ©gendes », Paris, 1986, 272 p. (ISBN 2262004196), RĂ©Ă©d. 1995 : 282 p. (ISBN 2262008477)
  • Dan O'Meara, " Forty Lost Years : The National Party and the Politics of the South African State, 1948-1994 ". Athens (Ohio), Ohio University Press, 1996. 624 p. (ISBN 0-8214-1173-X)
  • A.J. Christopher, The Atlas of Apartheid, Routledge-WUP, 1994, nouvelle Ă©dition sous le titre Atlas of Changing South Africa

Articles connexes

Liens externes

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