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Loi Daunou

La loi Daunou (du nom de son inspirateur Pierre Daunou) est une loi sur l'instruction publique adoptée par la Convention le 3 brumaire an IV ().

Présentation

Cette loi est le résultat des travaux du comité d'instruction publique, elle reprend en partie des dispositions législatives déjà adoptées par la Révolution, mais sur certains points elle les complÚte ou les contredit.

C'est l'une des derniĂšres lois votĂ©es par la Convention avant sa sĂ©paration. Elle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e, par son plan et par son contenu, comme la loi d'application du titre X[1], consacrĂ© Ă  l'instruction publique, de la Constitution de l'an III, dĂ©jĂ  adoptĂ©e le 1er vendĂ©miaire an IV.

La loi Daunou reste en vigueur jusqu'à la loi du 11 floréal an X () qui réorganise encore une fois l'enseignement[2].

Dispositions de la loi

Principales dispositions de la loi du 3 brumaire an IV
Titre de la loi
Type d'Ă©tablissement
Divisions Destinations Programme
Titre I
Écoles primaires
  • une section pour les garçons
  • une section pour les filles
enseignement élémentaire
  • lecture, Ă©criture, calcul, Ă©lĂ©ments de la morale rĂ©publicaine
Titre II
Écoles centrales
3 sections enseignement secondaire
  • 1re section (Ă  partir de 12 ans) : dessin ; histoire naturelle ; langues anciennes et vivantes
  • 2e section (Ă  partir de 14 ans) : mathĂ©matiques ; physique et chimie expĂ©rimentales
  • 3e section (Ă  partir de 16 ans) : grammaire gĂ©nĂ©rale ; belles lettres ; histoire ; lĂ©gislation
Titre III
Écoles spĂ©ciales
enseignement spécialisé
  • Ă©cole de l'astronomie
  • Ă©cole de gĂ©omĂ©trie et de mĂ©canique
  • Ă©cole de l'histoire naturelle et de la mĂ©decine
  • Ă©cole de l'art vĂ©tĂ©rinaire
  • Ă©cole de l'Ă©conomie rurale
  • Ă©cole des antiquitĂ©s
  • Ă©cole des sciences politiques
  • Ă©cole de la peinture, de la sculpture et de l'architecture
  • Ă©cole de la musique
  • Ă©cole pour sourds-muets et aveugles-nĂ©s
Titres IV
Institut national des sciences et des arts
3 classes :
  • sciences physiques et mathĂ©matiques
  • sciences morales et politiques
  • littĂ©rature et beaux-arts
rayonnement littéraire, scientifique et artistique
  • perfectionnement des sciences et des arts
  • soutien aux travaux scientifiques et littĂ©raires
  • publications et correspondance avec les sociĂ©tĂ©s Ă©trangĂšres
Titres V
Institut national des sciences et des arts
Encouragemens, récompenses, honneurs publics
  • concours pour 20 citoyens qui devront voyager pendant 3 ans,
  • voyage de 6 membres de l'Institut national,
  • palais national Ă  Rome pour les Ă©lĂšves de peinture, sculpture et architecture, dĂ©signĂ©s par les membres de l'Institut national,
  • pensions accordĂ©es Ă  des Ă©lĂšves des Ă©coles centrales et spĂ©ciales,
  • pensions de retraite accordĂ©es aux instituteurs et professeurs aprĂšs 25 ans de service,
  • des prix sont accordĂ©s par l'Institut national,
  • le Corps lĂ©gislatif dĂ©cerne les honneurs du PanthĂ©on aux grands hommes dix ans aprĂšs leur mort.
Titre VI
FĂȘtes civiques et patriotiques
un des moyens d'instruire le peuple
  • fĂȘte de la fondation de la RĂ©publique,
  • fĂȘte de la Jeunesse,
  • fĂȘte des Époux,
  • fĂȘte de la Reconnaissance,
  • fĂȘte de l'Agriculture,
  • fĂȘte de la LibertĂ©,
  • fĂȘte des Vieillards.

Enseignement primaire

La loi revient sur l'obligation scolaire, qui avait Ă©tĂ© prĂ©vue par la loi Bouquier du 29 frimaire an II. Elle refuse Ă©galement la gratuitĂ© en instaurant une rĂ©tribution scolaire qui doit ĂȘtre payĂ©e par les familles des Ă©lĂšves, sauf un quart d'entre eux au maximum par municipalitĂ©, qui sont considĂ©rĂ©s comme indigents. Les instituteurs se voient confier un local pour la classe et le logement, mais sont payĂ©s par le produit de la rĂ©tribution. La loi prĂ©voit une Ă©cole par canton au moins, le canton Ă©tant vu Ă  l'Ă©poque comme l'administration territoriale de base. Les programmes du primaire se limitent Ă  la lecture, l'Ă©criture, le calcul et la morale rĂ©publicaine.

Enseignement secondaire

Elle modifie la loi du 7 ventÎse an III (), qui prévoit également, pour l'enseignement secondaire des garçons, la création d'écoles centrales, à raison d'une au moins par département.

Enseignement spécial

Pour complĂ©ter l'ensemble, doivent Ă©galement ĂȘtre crĂ©Ă©es dix « Ă©coles spĂ©ciales » Ă  visĂ©e supĂ©rieure et professionnelle. Ces Ă©coles sont consacrĂ©es Ă  l'enseignement d'une science, d'un art ou d'une profession. Certaines resteront dans l'immĂ©diat Ă  l'Ă©tat de projet et seront dĂ©finies dans la loi gĂ©nĂ©rale sur l'instruction publique du 11 florĂ©al an X ()[2].

S'y ajoutent des écoles de service public définies dans la loi du 30 vendémiaire an IV () et les écoles relatives à l'artillerie, au génie militaire et civil, à la marine qui sont maintenues telles qu'elles existent ou seront établies par des décrets particuliers[3]. Ce décret concerne les écoles suivantes, qui seront nommées plus tard les grandes écoles[4] :

Institut national des sciences et des arts

C'est également la loi Daunou qui organise l'Institut de France prévu par l'article 298 de la Constitution de l'an III[5] : « Il y a pour toute la République, un Institut national chargé de recueillir les découvertes, de perfectionner les arts et les sciences ».

FĂȘtes civiques et patriotiques

Les fĂȘtes rĂ©volutionnaires Ă©tant vues comme l'un des moyens d'instruire le peuple, la loi Daunou fixe Ă©galement le calendrier des fĂȘtes civiques parmi lesquelles la fĂȘte de la fondation de la RĂ©publique, la fĂȘte de la Jeunesse, la fĂȘte des Époux.

Notes et références

  1. Voir le titre X
  2. Loi sur l'instruction publique du 11 florĂ©al an X, dans Recueil gĂ©nĂ©ral des lois et des arrĂȘts avec notes et commentaires, p. 596-597, Administration du Recueil gĂ©nĂ©ral des lois et arrĂȘts, Paris, 1852 (lire en ligne), ou Adress'RLR : texte de la loi
  3. J. B. Duvergier, DĂ©cret du 30 vendĂ©miaire an IV concernant les Ă©coles de services publics, tome 8, p. 338-343, dans Collection complĂšte des lois, dĂ©crets, ordonnances, rĂ©glemens, avis du Conseil d'État, publiĂ©e sur les Ă©ditions officielles du Louvre, de l'imprimerie nationale, par Baudouin, et du bulletin des lois (de 1788 Ă  1830 inclusivement, par ordre chronologique), chez A. Guyot et Scribe libraires-Ă©diteurs, Paris, 1835 (lire en ligne)
  4. C.-M. Galisset, Écoles, p. 523-529, Table gĂ©nĂ©rale du Corps du droit français, ou Recueil complet des lois, dĂ©crets, arrĂȘtĂ©s, ordonnances, senatus-consultes, rĂ©glemens, avis du Conseil d'État, instructions personnelles, au Bureau du Corps du droit français, Paris, 1833 (lire en ligne)
  5. Textes rares : 1795. Texte de la loi crĂ©ant l’Institut national des sciences et des arts

Annexes

Bibliographie

  • J. B. Duvergier, DĂ©cret sur l'organisation de l'instruction publique - 3 brumaire an IV, p. 357-360, tome 8, p. 338-343, dans Collection complĂšte des lois, dĂ©crets, ordonnances, rĂ©glemens, avis du Conseil d'État, publiĂ©e sur les Ă©ditions officielles du Louvre, de l'imprimerie nationale, par Baudouin, et du bulletin des lois (de 1788 Ă  1830 inclusivement, par ordre chronologique), chez A. Guyot et Scribe libraires-Ă©diteurs, Paris, 1835 (lire en ligne)
  • Table gĂ©nĂ©rale par ordre alphabĂ©tique de matiĂšres, des lois, senatus-consultes, dĂ©crets, arrĂȘtĂ©s, avis du Conseil d'État, &. PubliĂ©s dans le Bulletin des lois et les collections officielles depuis l'ouverture des États gĂ©nĂ©raux, au , jusqu'Ă  la restauration de la Monarchie française, le , tome 2, COM-EXT, p. 446-454, Imprimerie royale, Paris, 1816 (lire en ligne)
  • RenĂ© Grevet, L'AvĂšnement de l'Ă©cole contemporaine en France (1789-1835), Presses universitaires du Septentrion (collection histoire et civilisations), Villeneuve-d'Ascq, 2001 (ISBN 2-85939-706-X) (aperçu)

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