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Lipcani

Lipcani (en russe : Липканы, en yiddish : Lipkon (ליפקאַן)) est une ville du Raion de Briceni en Moldavie, ville frontière entre la Moldavie et la Roumanie. Son nom peut provenir du polonais Lipka (« aux tilleuls ») ou des Tatars baltiques dits lipcani en moldave, qui s'y sont installés en 1699[1].

Lipcani
Cobzari de Lipcani en 1900.
Géographie
Pays
Raion
Capitale de
Lipcani District (d)
Superficie
11,87 km2
Coordonnées
48° 15′ 55″ N, 26° 48′ 14″ E
Démographie
Population
4 685 hab. ()
Densité
394,7 hab./km2 ()
Gentilé
Липканці, липканець
Fonctionnement
Statut
Histoire
Fondation
Identifiants
Code postal
MD-4706
Indicatif téléphonique
247
Immatriculation
MD
Carte

Géographie

Située sur les rives du Prut en Bessarabie, à la frontière entre la Moldavie et l'Ukraine, à 40 km de Hotin (Khotyn en russe et ukrainien), elle est traversée par une petite rivière appelée Ursana en moldave et Medvedka en russe et ukrainien.

Son nom varie beaucoup selon les transcriptions : Lipcani, Lipcheni, Lipcani-Tîrg, Tîrgul-Lipcani, Lipceni, Lipchen', Lipcheny, Lipkany, Lipkan', Lipkani, Lipchany, Lypchany, Lipchani, Lipkamya, Lepkan, Lepkany, Lepkani, Lepcan, Lepcany, Lepcani, Linkani, Liptchani, Lipkane, Lipkon et Lipcon.

Histoire

La première mention de la ville apparaît en principauté de Moldavie, le , sous le nom de Boureni. Elle prend son nom actuel en 1699 et devient russe en 1812, au traité de Bucarest, sous le nom de Lipkany. En 1904 est construite la ligne de train Lipcani-Novoselitsa puis, en 1937, le pont Rădăuți-Prut-Lipcani.

La ville devenue roumaine en 1918 avec toute la république démocratique moldave, comprend à la fin des années 1930, six églises et une dizaine de synagogues. Elle est alors peuplée principalement par des Juifs : 4698 y habitent à la veille de la Seconde Guerre mondiale, dont des hassidim.

En juin-, en application du pacte germano-soviétique, l'Armée rouge y entre et la ville intègre la nouvelle République socialiste soviétique de Moldavie. Les Moldaves sont alors persécutés : les autorités soviétiques les accusent d'être des koulaks, qu'ils exécutent ou exilent en Sibérie. Officiellement athée, l'Union soviétique ferme les synagogues, les églises et les heders (écoles juives), et déporte les popes, les rabbins et les instituteurs.

Mémorial pour les victimes juives de Lipcani érigé en Israël.

Le , lors de l'opération Barbarossa, la ville est bombardée par l'armée allemande. Le , les juifs de Lipcani sont envoyés avec ceux de Secureni à Briceni. Le 11, douze otages juifs sont exécutés et le 20, commence la marche de la mort de 1200 juifs de Lipcani. Le , tous les juifs de Briceni sont envoyés en camp d'extermination. De nombreux meurent en route et sont parfois abattus. À Moguilev, les nazis sélectionnent les personnes âgées et font creuser leurs tombes par les plus jeunes. Les survivants sont ensuite transférés à Otaci puis à Secureni. En outre, accusés par les autorités roumaines, devenues alliées de l'Allemagne nazie, d'avoir été complices de l'invasion soviétique, tous les jeunes juifs réputés communistes ou soupçonnés de l'être, sont ensuite assassinés dans une forêt près de Soroca[2].

En , après la Première offensive Iași-Chișinău, la ville redevient membre de la République socialiste soviétique de Moldavie, mais elle est alors en grande partie dépeuplée. Progressivement, elle se repeuple ensuite, par l'exode des villageois moldaves de l'oblast de Tchernivtsi désormais rattaché à l'Ukraine, et par l'afflux de travailleurs des chemins de fer soviétiques[3]. Au recensement de 2004, Lipcani était peuplée pour moitié de Moldaves, et pour l'autre moitié de Slaves essentiellement Ukrainiens et Russes[4].

Personnalités nées dans la commune

Au début du vingtième siècle, la ville de Lipcani était considérée comme « l'Olympe » littéraire — la formule serait de Haïm Bialik — du fait de la naissance dans la ville de plusieurs écrivains :

On ajoute parfois à ces noms celui de Măhl Koifman (Lipcani, 1881- New York, 1946), médecin, écrivain, traducteur et père de la romancière américaine Bel Kaufman ou de Vera Hacken (Lipcani, 1912- Cliffside Park, 1988)[5]. Yitzhak Orpaz-Auerbach (1923-2015) y a également vécu.

Bibliographie

  • Aaron Shuster, Lipcan Fun Amol (Lipcan of Old), Yizkor book in Yiddish, 1957 Lire en ligne (en Yiddish)
  • Kehilat Lipkany: Sefer Zikaron (Prayer for Lipkany), 1963 Lire en ligne (en hébreu et yiddish)

Liens externes

Notes

  1. Sergiu Bacalov, (ro) Lipcanii (tătarii lituanieni) și Țara Moldovei : de la mercenari la slujitori, sec. XVII – începutul sec. XIX (« Les Lipcans (tatars lituaniens) et la Principauté de Moldavie : de mercenaires à serviteurs ») in : Studii de istorie și sociologie, vol. 1, Chișinău, 2016, pp. 4-21, (ISBN 978-9975-89-018-2), (ISBN 978-9975-89-019-9) ; .
  2. (en) Massacres, déportations & marches de la mort en Bessarabie, en juillet 1941, .
  3. Irina Beregoi, Igor Munteanu, Ioniță Veaceslav, (ro) Ghidul orașelor din Republica Moldova (« Guide des villes de la République de Moldavie »), éd. Tish, Chișinău 2004, (ISBN 9975-947-39-5).
  4. Recensământul populației din 2004. Caracteristici demografice, naționale, lingvistice, culturale.
  5. Miroslava Metleaeva, Olimpul din Lipcani Un fenomen literar basarabean dans Limbă, literatură, folclor, numéro 1, Chișinău, 2021, Institutul de Filologie Română Bogdan Petriceicu-Hasdeu.
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