Accueil🇫🇷Chercher

Les Riches au tribunal

Les Riches au tribunal, sous-titré L'affaire Cahuzac et l'évasion fiscale, est une bande dessinée documentaire et humoristique scénarisée par le couple de sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon et dessinée par Étienne Lécroart, parue en .

Les Riches au tribunal
One shot
Auteur Monique Pinçon-Charlot, Michel Pinçon, Étienne Lécroart
Genre(s) documentaire, humour, vulgarisation scientifique

Thèmes Politique, droit, sociologie
Personnages principaux JĂ©rĂ´me Cahuzac
Époque de l’action XXIe siècle

Pays France
Autres titres L'affaire Cahuzac et l'Ă©vasion fiscale
Éditeur Éditions du Seuil/Delcourt
Première publication
ISBN 978-2-413-00984-9
Nb. de pages 130
Nb. d’albums 1

Synopsis

L'album commence par un Préambule en texte seul d'une page exposant le projet des auteurs ainsi que des remerciements. Il se divise ensuite en plusieurs chapitres en bande dessinée alternant des planches traditionnelles avec cases et quelques schémas en pleine page.

« L'Aveu Â» commence par une rencontre entre les Pinçon-Charlot et le dessinateur Étienne LĂ©croart peu après la sortie de l'album Panique dans le 16e et met en scène l'idĂ©e d'un album sur l'affaire Cahuzac. Les Pinçon-Charlot expliquent comment ils en sont venus Ă  s'intĂ©resser Ă  JĂ©rĂ´me Cahuzac au dĂ©tour des pĂ©ripĂ©ties de l'affaire de l'hippodrome de Compiègne qui mettait en cause le ministre Éric Woerth en 2010. Ils prĂ©sentent JĂ©rĂ´me Cahuzac et son parcours jusqu'Ă  son procès dans le cadre de l'affaire Cahuzac, qui a commencĂ© fin 2012.

« Le Procès Â» commence lorsque les Pinçon-Charlot et Étienne LĂ©croart assistent au dĂ©but du procès de JĂ©rĂ´me Cahuzac le au Tribunal de grande instance de Paris. Par la voix d'Évelyne Sire-Marin, juge Ă  la 31e chambre chargĂ©e des affaires Ă©conomiques et financières, le chapitre prĂ©sente les grandes lignes du système judiciaire concernant les fraudes fiscales. Les Pinçon-Charlot expliquent ensuite les diffĂ©rents recours utilisĂ©s par les avocats de Cahuzac pour Ă©viter ou retarder son procès, dont la question prioritaire de constitutionnalitĂ© (QPC). Les premiers temps du procès sont consacrĂ©s Ă  l'examen et au rejet de ces recours.

« L'IngĂ©nierie financière Â» s'ouvre le au dĂ©but du vrai procès de JĂ©rĂ´me Cahuzac, oĂą l'accusĂ© comparaĂ®t au tribunal pour s'expliquer au sujet d'un compte en banque en Suisse non dĂ©clarĂ© au Fisc et sur lequel il disposait de 687 000 euros. Le chapitre explique comment JĂ©rĂ´me Cahuzac a utilisĂ© le carnet d'adresses qu'il s'Ă©tait forgĂ© au fil de sa carrière pour Ă©laborer un dispositif complexe de fraude fiscale.

« Tout le monde savait Â» commence le lendemain , lorsque les banquiers suisses s'expliquent Ă  leur tour et dĂ©noncent le laxisme de l'État français depuis 2000 : de multiples personnes ont Ă©tĂ© au courant des montages frauduleux de JĂ©rĂ´me Cahuzac, mais n'ont pas entamĂ© les procĂ©dures d'enquĂŞte ou de sanction prĂ©vues dans ce type de cas. Le chapitre Ă©voque Ă©galement les problèmes posĂ©s par les faibles moyens allouĂ©s Ă  la Direction gĂ©nĂ©rale des finances publiques et par les menaces qui pèsent sur l'indĂ©pendance des mĂ©dias, concentrĂ©s entre les mains de quelques grandes fortunes.

« La fraude en famille Â» dĂ©taille le cas de l'ex-Ă©pouse Cahuzac, Patricia MĂ©nard, accusĂ©e d'avoir dĂ©tenu et dissimulĂ© au Fisc la somme de 2,5 million d'euros dĂ©posĂ©e sur un compte Ă  l'Ă®le de Man. Le chapitre Ă©voque l'importance de la constitution d'un patrimoine transmis de gĂ©nĂ©ration en gĂ©nĂ©ration dans les milieux riches et prĂ©sente en images le système de fraude fiscal concernant ce compte. Il est ensuite question du rapport Tracfin concernant les comptes bancaires de ThĂ©rèse Mazières, la mère de JĂ©rĂ´me Cahuzac, sur lesquels ce dernier a effectuĂ© de nombreuses opĂ©rations depuis 2003 dans un but de fraude fiscale et de blanchiment de fraude fiscale. Le chapitre Ă©voque les antĂ©cĂ©dents très anciens de ces pratiques, rĂ©pandues depuis longtemps dans ce milieu social.

« Le verdict Â» commence le . Il Ă©voque le rĂ©quisitoire de la procureure du Parquet national financier contre JĂ©rĂ´me Cahuzac et Patricia MĂ©nard, puis les plaidoiries des avocats de Cahuzac, le tout analysĂ© par Évelyne Sire-Marin : les peines demandĂ©es par la procureure sont lĂ©gères (3 ans de prison ferme et 5 ans d'inĂ©ligibilitĂ©) comparĂ©es aux peines possibles (jusqu'Ă  7 ans de prison ferme). Le chapitre montre et analyse ensuite le verdict du (3 ans de prison sans amĂ©nagement de peine et 5 ans d'inĂ©ligibilitĂ©). Les Pinçon-Charlot exposent leurs rĂ©flexions consĂ©cutives au verdict, puis Évelyne Sire-Marin fournit quelques Ă©claircissements juridiques. Le chapitre Ă©voque ensuite le sort des autres prĂ©venus de l'affaire Cahuzac et dresse un bilan en demi-teinte sur la lutte contre la fraude fiscale dans les mois suivants. JĂ©rĂ´me Cahuzac ayant fait appel, le procès n'est pas encore terminĂ©.

Le septième et dernier chapitre, « Et maintenant ? Â», s'ouvre le , le dernier jour du procès en appel de JĂ©rĂ´me Cahuzac. Après avoir conquis de haute lutte des places convenables dans la salle minuscule, les trois personnages assistent aux plaidoiries des avocats de Cahuzac. Le chapitre Ă©voque ensuite l'Ă©noncĂ© du verdict le : 4 ans de prison dont 2 avec sursis, 300 000 euros d'amende et 5 ans d'inĂ©ligibilitĂ©, une peine qui permet Ă  Cahuzac de ne pas aller en prison car les 2 ans de prison ferme (hors sursis) deviennent amĂ©nageables. Les Pinçon-Charlot livrent alors leur bilan au sortir du procès : la fraude fiscale, estimĂ©ee Ă  80 milliards d'euros par an en France, demeure un flĂ©au et une plaie pour la dĂ©mocratie. La lutte contre cette fraude est mise en scène sous la forme d'un combat de catch Ă  coups d'arguments pour vaincre « Offshor'Oligarchik, the Social Destroyer Â», allĂ©gorie de la fraude fiscale.

L'album se termine par des annexes : une chronologie de l'affaire Cahuzac, un schéma de ses contacts et des statistiques en images sur l'évasion fiscale en France.

Élaboration de l'œuvre

Les Riches au tribunal est le troisième projet commun à Monique Pinçon-Charlot, Michel Pinçon et Étienne Lécroart après Panique dans le 16e et Pourquoi les riches sont-ils de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ? ; les Pinçon-Charlot avaient par ailleurs réalisé une bande dessinée avec Marion Montaigne, Riche, pourquoi pas toi ?, en 2013[1]. Le projet a été initié par les éditeurs qui ont contacté les Pinçon-Charlot après avoir appris qu'ils suivaient le procès Cahuzac en prenant des notes ; les Pinçon-Charlot ont alors proposé de confier le dessin à Lécroart. Les Pinçon-Charlot ont transmis leurs notes à Lécroart et tous trois ont élaboré le plan de l'album par chapitres globalement chronologiques, puis Lécroart a fait ses propres recherches et propositions, notamment pour l'aspect humoristique. Les auteurs ont également eu recours à des lectures à haute voix afin de peser leurs propos afin de ne pas verser dans la diffamation[1].

Accueil critique

Dans L'Humanité[2], Marion D'Allard apprécie la façon dont les auteurs « explorent avec pédagogie et humour les arcanes de la fraude fiscale » dans une bande dessinée « précise » qui décrit « la justice à deux vitesses, l’impunité de la délinquance en col blanc, la complexité des montages financiers, mais aussi le silence coupable des responsables politiques, le verrou de Bercy et la faiblesse des contrôles fiscaux à la charge d’une administration à bout de souffle ».

Dans la revue en ligne Parutions.com[3], Clément Lemoine remarque que le livre « n'est pas seulement le lieu d'une enquête à destination des amnésiques et des distraits ; il s'agit surtout d'une protestation contre les pratiques de fraude fiscale en général » où le récapitulatif « détaillé » des malversations de Cahuzac met en lumière « la désinvolture de toute une classe politique devant la dissimulation fiscale ». Lemoine regrette que le « réquisitoire militant » ne « laisse pas véritablement place au débat », notamment par le choix des auteurs de remettre en cause la distinction entre optimisation fiscale immorale mais légale et évasion fiscale illégale, et il trouve que l'album constitue « une belle illustration » des rapprochements entre BD et sociologie mais aussi des questionnements que soulèvent ces rapprochements, puisque la sociologie nécessite seon lui « de considérer l'être humain comme un objet et de juger ses attitudes avec le moins d'émotions possibles » tandis que la bande dessinée est « mode de communication rompu à la fiction et à l'empathie ». La qualité principale de l'album réside selon lui dans le travail de Lécroart, qui « défriche ainsi les potentialités de la bande dessinée comme pourvoyeuse de schémas et d'explications graphiques, au-delà de la bédéreportage de première catégorie ».

L'album suscite des réactions divergentes au sein de la presse économique. Dans le quotidien économique libéral Les Échos[4], Julien Damon estime que les auteurs « combinent allègrement sabir sociologisant et convictions militantes pour attiser une certaine richophobie ambiante ». Il reproche à l'album son compte rendu de l'affaire Cahuzac « sans aucune nouveauté » et ses « généralisations abusives ». Il juge cependant que « le croquis des montages financiers et le portrait de la fraude fiscale auraient leur intérêt s'ils n'étaient pas invalidés par les imprécations systématiques ». Dans le magazine économique et social Alternatives économiques[5], Christian Chavagneux est d'avis que les auteurs « nous replongent dans les moindres détails » des montages financiers de Cahuzac pour « mieux saisir les pratiques sociales du personnage » et « dénoncer une justice lente et peu sévère avec les plus fortunés » ; il apprécie « excellente et très drôle mise en dessin d’Etienne Lécroart ».

Notes et références

  1. Comment la fraude fiscale est devenue le sport préféré des riches, entretien dans Les Inrocks le 13 septembre 2018 (propos recueillis par François-Lux Doyez). Page consultée le 1er octobre 2018.
  2. À la fête un livre. Les fraudeurs à l’ombre des paradis fiscaux, article de Marion d'Allard dans L'Humanité le 12 septembre 2018. Page consultée le 7 octobre 2018.
  3. Les Riches au tribunal, critique par Clément Lemoine sur Parutions.com le 27 septembre 2018. Page consultée le 7 octobre 2018.
  4. La richophobie en bande dessinée, article de Julien Damon dans Les Échos le 18 septembre 2018. Page consultée le 7 octobre 2018.
  5. Les riches au tribunal. L'affaire Cahuzac et l'évasion fiscale, article de Christian Chavagneux sur Alternatives économiques, sans date (2018). Page consultée le 7 octobre 2018.

Annexes

Bibliographie

  • Éric Adam, « Les riches au tribunal : la lutte finale se fait attendre », dBD, no 126,‎ , p. 62.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.