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Les Bleus tournent cosaques

Les Bleus tournent cosaques est la douzième histoire de la série Les Tuniques bleues de Lambil et Raoul Cauvin. Elle est publiée pour la première fois du no 2000 au no 2014 du journal Spirou, puis en album en 1977.

Les Bleus tournent cosaques
12e histoire de la série Les Tuniques bleues
Scénario Raoul Cauvin
Dessin Lambil
Couleurs Vittorio Leonardo
Genre(s) Franco-Belge
Historique

Personnages principaux Sergent Chesterfield
Caporal Blutch
Capitaine Stark
Général Alexander
Lieu de l’action Drapeau des États-Unis États-Unis

Éditeur Dupuis
Première publication 1976
ISBN 2-8001-0869-X
Nb. de pages 48

Prépublication Spirou
Albums de la série

Résumé

Les charges suicidaires du capitaine Stark déciment impitoyablement la cavalerie, sans véritablement réussir à faire reculer les Sudistes, et ce au grand désespoir du général Alexander, qui commence à manquer de main d'œuvre. Les prisonniers refusant de participer à la guerre, il se tourne alors vers les immigrés en provenance d'Europe, des gens désœuvrés et affamés qui pensent faire fortune aux États-Unis, afin de les enrôler de force dans l'armée. Le sergent Chesterfield et le caporal Blutch sont donc assignés à cette délicate mission. Ils se rendent vers le camp où se trouvent les nouvelles recrues, pour constater qu'ils ont affaire à une bande de Cosaques. Après plusieurs démêlés, Chesterfield parviendra difficilement à leur faire accepter de devenir des militaires, utilisant pour cela des stratagèmes peu reluisants, en affamant ces derniers. Malheureusement, les Cosaques sont loin de vouloir se battre, et ressemblent plutôt à une troupe ambulante de musiciens et de comédiens qu'à de véritables soldats. Chesterfield n'est pas au bout de ses peines avec de telles recrues...

Personnages

  • Sergent Chesterfield : assez immoral dans cet album, le sergent fait preuve de tous les moyens pour parvenir Ă  ses fins. Pour obtenir des Cosaques qu'ils s'enrĂ´lent, il dĂ©cide de ne donner Ă  manger qu'Ă  ceux qui enfileront l'uniforme. Il est dans cette histoire assez arriviste, prĂŞt Ă  tout pour arriver Ă  ses fins, et surtout pour impressionner ses supĂ©rieurs. C'est ainsi qu'Ă  la toute-fin de l'album, avec un cynisme Ă©vident, il considère qu'il n'a rien promis aux Cosaques, et qu'ils continueront Ă  combattre pour l'armĂ©e. Il est malheureusement pour lui beaucoup moins malin que Blutch, et rĂ©ussira nĂ©anmoins Ă  sortir de cet album sans sanction disciplinaire, malgrĂ© ses multiples erreurs tout au long de l'histoire.
  • Caporal Blutch : assez Ă©cĹ“urĂ© par les mĂ©thodes de Chesterfield, Blutch finira toutefois par s'appesantir sur son sort quand le gĂ©nĂ©ral Alexander et le capitaine Stark se mettront d'accord pour fusiller ce dernier. Cet album est assez intĂ©ressant dans le sens oĂą il dĂ©voile une facette du personnage de Blutch, Ă  savoir sa grande intelligence. Il parvient en effet en une seule journĂ©e Ă  faire d'immigrĂ©s cosaques de parfaits soldats, qui chargent les Sudistes sans la moindre peur. Quand Chesterfield lui demande sa mĂ©thode, Blutch rĂ©pond de manière sibylline qu'apprendre le russe n'est pas une tâche très compliquĂ©e. Il parvient de mĂŞme Ă  anticiper la rĂ©action Ă©gocentrique et malhonnĂŞte de Chesterfield qui rompt sa promesse consistant Ă  offrir aux Cosaques la libertĂ©, et qui voulait Ă©galement rĂ©colter lui-mĂŞme les palmes alors que c'est grâce Ă  Blutch que la bataille finale a Ă©tĂ© gagnĂ©e. On pourrait dire Ă  travers cet album que Blutch ressemble en quelque sorte Ă  un surdouĂ©, ne serait-ce que par sa rapide comprĂ©hension de la langue des Cosaques. D'autres albums peuvent ainsi semer le doute sur les capacitĂ©s intellectuelles de Blutch, qui fait gĂ©nĂ©ralement part d'un esprit critique prononcĂ©, et peut avoir des idĂ©es stupĂ©fiantes ou, au contraire, se rĂ©vĂ©ler assez inutile.
  • Capitaine Stark : prĂ©sent dans cet album, Stark continue, comme d'habitude, Ă  dĂ©cimer son rĂ©giment sans s'inquiĂ©ter d'obtenir quelque rĂ©sultat. La charge est pour lui quelque chose de sacrĂ©. Aussi, quand il voit les Cosaques faire une parade, il se met Ă  sangloter et Ă  dĂ©primer, se sentant humiliĂ© et ridiculisĂ©. C'est un homme qui a un sens tout particulier de ce qu'est l'honneur, puisqu'il ne s'estime fier de lui que quand il revient avec un rĂ©giment massacrĂ©.
  • GĂ©nĂ©ral Alexander : première apparition d'un personnage qui deviendra rĂ©current dans la sĂ©rie. Alexander est un vieux gĂ©nĂ©ral qui commandera l'essentiel des aventures de nos hĂ©ros, utilisant souvent Blutch et Chesterfield dans ses opĂ©rations compliquĂ©es, qui tourneront d'une manière ou d'une autre toujours mal. Son nom n'est toutefois pas encore prononcĂ© dans cet album, mais c'est son physique qui est bien reproduit.
  • Les cosaques et le chinois : les soldats de l'histoire qui ont dĂ» signer l'engagement pour manger, venant de la Russie et un de la Chine pour aller combattre les sudistes. Le sergent Chesterfield et le caporal Blutch ont beaucoup de mal Ă  Ă©tablir une communication avec eux pour leur dire qu'ils sont en guerre et qu'il faut se battre. Finalement, ils ont dĂ» abandonner le chinois en raison de son mauvais savoir-faire.

Analyse

Le thème de cet album est manifestement celui de l'engagement des soldats dans une guerre. Bien souvent, Lambil montre de manière comique et parodique une réalité souvent assez cruelle de la guerre, à savoir le manque de lien total entre la guerre en elle-même et les soldats. En l'occurrence, il s'agit d'immigrés provenant probablement de Russie... On voit mal en quoi de tels personnages pourraient se sentir concernés par la guerre de Sécession, d'autant plus qu'ils ne parlent même pas anglais, et sont surtout venus, comme tant d'autres immigrés, à la recherche de fortune, fuyant des monarchies européennes appauvries où la famine fait rage. Tous ces thèmes sont abordés de manière assez subtile et discrète dans l'album, pour finalement aboutir au message central des Tuniques bleues, un message contre la guerre, et fortement antimilitariste. En effet, quand il ne s'agit pas de tourner en dérision la compétence des officiers supérieurs, la série insiste sur leur manque de scrupules et de moral. Le général Alexander fait ici preuve d'un fort cynisme, en sachant parfaitement qu'il condamne à la mort tous les immigrés qui viendront se battre et qui n'auront aucune chance de survie, vu les entraînements ridicules qu'ils suivent. L'exemple de l'immigré chinois est en ce sens particulièrement révélateur. D'autres albums postérieurs reprendront ce thème, notamment Blue rétro.

Dans cet album, les Cosaques sont évoqués. Ce peuple slave est loin de se réduire à de simples troubadours itinérants. Ils participèrent à plusieurs insurrections tout au long de leur histoire, et contribuèrent au développement de la puissance militaire russe durant le XIXe siècle, et étaient considérés comme des soldats d'élite. L'album démontre assez subtilement cela à la fin, quand les Cosaques chargent tout un camp sudiste et parviennent à le détruire, provoquant l'admiration des Nordistes. À l'époque de la guerre de Sécession, la Russie est affaiblie et appauvrie à cause de la guerre de Crimée. Les révoltes se multiplient dans les campagnes. On peut supposer que les Cosaques de cet album sont issus de cette période de trouble, recherchant la fortune dans le continent américain.

Tout comme le suggère l'album, les Cosaques sont avant tout un peuple libre. L'étymologie du mot renvoie à kazak, qui signifie « homme libre ». Et c'est effectivement ce que les Cosaques représentent dans cet album : une bande de voyageurs itinérants vivant avec la musique et leurs spectacles, sans avoir de domicile fixe, une quête de liberté difficile à trouver en période de guerre.

Anachronismes

À plusieurs reprises dans cet album, des mots sont évoqués qui ne pouvaient pas être employés à cette époque : "vélo", "sadique", "andouille", "zouave", "se dégonfler", "raciste", "palme", "canaque", "rigoler" [1].

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