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Des Bleus en noir et blanc

Des Bleus en noir et blanc est la onzième histoire de la série Les Tuniques bleues de Lambil et Raoul Cauvin. Elle est publiée pour la première fois du no 1965 au no 1979 du journal Spirou, puis en album en 1977.

Des Bleus en noir et blanc
11e histoire de la série Les Tuniques bleues
Scénario Raoul Cauvin
Dessin Lambil
Couleurs Vittorio Leonardo
Genre(s) Franco-Belge
Historique

Personnages principaux Sergent Chesterfield
Caporal Blutch
Capitaine Stark
Lieu de l’action Drapeau des États-Unis États-Unis

Éditeur Dupuis
Première publication 1975
ISBN 2-8001-0868-1
Nb. de pages 48

Prépublication Spirou
Albums de la série

Dans cette bande-dessinée des Tuniques Bleues, Raoul Cauvin et Willy Lambil abordent le thème de la photographie (de l'époque).

Résumé

Entre les habituelles charges suicidaires du capitaine Stark, Blutch et Chesterfield reçoivent une mission particulière : protéger un photographe de guerre, Mathew B. Brady, envoyé par le président Lincoln pour prendre des photographies de la guerre et ainsi pouvoir rapporter un témoignage plus vivant et réaliste de ce conflit. À la suite de quelques incidents, Brady se retrouve toutefois dans l'incapacité d'exécuter sa mission, et est provisoirement remplacé par Blutch.

Après une journée de charges catastrophiques, le sergent Chesterfield est ramené entre la vie et la mort. À la fin de sa convalescence, il se fâche avec Blutch qui le quitte alors. Blutch se rend en effet à Washington pour devenir photographe en attendant que Brady soit soigné. Disposant de l'immunité présidentielle, Blutch provoque l'exaspération de Chesterfield, surtout quand ses photos lui valent une reconnaissance internationale. Exaspéré de voir un lâche et un trouillard se prendre pour un héros, Chesterfield mène une charge héroïque dans le but d'impressionner le général et ses troupes, et parvient à porter un grand coup aux Sudistes, les attaquant par surprise, détruisant le camp, et parvenant même à capturer un colonel. Malheureusement, c'est le capitaine Stark qui est récompensé pour cela. Écœuré, Chesterfield fait preuve d'insubordination envers ses supérieurs, mais sera sauvé par Blutch, qui dévoilera toute la vérité dans son article. Lincoln décidera alors de décorer le sergent et de féliciter Stark. Malheureusement, les Sudistes contre-attaquent alors.

Confiants, les Nordistes dresseront une tribune, en ordonnant à l'infanterie et à l'artillerie d'assister au spectacle, laissant le soin à la cavalerie de charger, sous l'ordre du général voulant impressionner le président Lincoln. Stark s'élancera avec ses troupes, tandis que Blutch participera également à la bataille, Brady étant de retour. La bataille tournera au massacre généralisé. Sans canonniers pour les couvrir, les cavaliers nordistes se feront décimer par les canons sudistes. Il ne restera plus que Stark, Blutch, et Chesterfield, tandis que les Sudistes contre-attaqueront avec une vaste force de frappe, forçant l'armée nordiste à se replier dans la débandade la plus complète qui soit. Piégés derrière les lignes ennemies, Blutch, Chesterfield et Stark trouveront refuge dans la caravane de Brady, qui comporte également le Président. Malheureusement, dû à l'indiscrétion du capitaine Stark, ils seront remarqués par les Sudistes. Les soldats se sacrifieront alors pour sauver le Président. Ils finiront enfermés dans un bagne sinistre, et apprendront plusieurs semaines après, par la presse, qu'ils sont considérés comme morts, et ont été décorés à titre posthume.

Personnages

  • Sergent Chesterfield : dans cet album, le sergent se comporte de manière hĂ©roĂŻque en organisant une charge qui permet de remporter une victoire Ă©clatante contre les Sudistes. Le sergent continue autrement Ă  exaspĂ©rer ses officiers, multipliant les erreurs. On aperçoit toutefois l'intĂ©rĂŞt qu'il porte Ă  la gloire, et le dĂ©goĂ»t qui s'empare de lui quand on lui Ă´te de manière injuste les honneurs qui lui reviennent de droit après avoir rĂ©ussi une charge hĂ©roĂŻque.
  • Caporal Blutch : le cĂ´tĂ© prudent et peureux de Blutch est mis Ă  l'avant. Il sait pertinemment qu'en tant que photographe, il peut Ă©viter de participer aux charges suicidaires de Stark, et s'empresse donc de remplacer Brady, prenant de prudentes photographies, soit après la bataille, soit quand la cavalerie revient. Blutch n'est pas cependant un homme amoral, et s'avère assez choquĂ© par les magouilles des officiers supĂ©rieurs, et leur mĂ©pris vis-Ă -vis des simples soldats. Il reste de mĂŞme au chevet de Chesterfield quand ce dernier est dans le coma, ce qui tĂ©moigne d'un fort attachement entre les deux. C'est ici toute l'ambivalence entre ces deux personnages, qui, tout en essayant Ă  chaque album de s'entre-tuer, veillent sur l'autre comme des frères entre eux.
  • Capitaine Stark : aussi furieux que dans les albums prĂ©cĂ©dents, Stark multiplie ici les charges sanglantes et suicidaires. Il charge ainsi Ă  trois, ou multiplie les assauts durant toute la journĂ©e, sacrifiant tous ses hommes sans le moindre scrupule. Un autre cĂ´tĂ© du personnage se dĂ©gage toutefois dans cet album, c'est son attrait pour la gloire. Alors qu'on pourrait penser que rien d'autre pour Stark ne compte que les charges suicidaires, on rĂ©alise qu'ĂŞtre dĂ©corĂ© n'est pas pour lui dĂ©plaire.
  • Mathew Brady : ce personnage a rĂ©ellement existĂ©, et Ă©tait bel et bien un photographe de guerre proche de Lincoln, l'un de ses favoris[1]. Dans cet album, Brady est un photographe lĂ©gèrement suicidaire, qui ne craint pas le danger tant qu'il peut prendre ses photos, comme s'il se sentait Ă©loignĂ© du combat. Il fait nĂ©anmoins preuve de bon sens, par exemple en intercĂ©dant auprès de Blutch et de Chesterfield quand un officier supĂ©rieur souhaite prononcer une sanction disciplinaire Ă  leur Ă©gard. Loin donc de dresser un portrait nĂ©gatif du personnage, cet album reste assez neutre. On retrouvera son nom citĂ© dans Puppet Blues.
  • Abraham Lincoln : cet album peut se targuer de reprĂ©senter des personnages hauts en couleur, puisque le PrĂ©sident amĂ©ricain en personne est prĂ©sent. AffublĂ© d'un Ă©norme chapeau, Lincoln rend visite Ă  ses soldats pour honorer le sergent Chesterfield en le dĂ©corant personnellement. Tout comme pour Mathew Brady, les auteurs n'ont manifestement pas eu l'intention de se moquer du PrĂ©sident, quoique sa fuite dissimulĂ©e dans une des caisses du chariot de Brady reste assez cocasse. Dans l'ensemble, Lincoln est dĂ©crit comme un PrĂ©sident avisĂ©, avec des pointes de cynisme, notamment quand il considère prĂ©fĂ©rer traiter avec des militaires, ceux-ci Ă©tant, contrairement aux civils, honorĂ©s par de simples mots. Contrairement Ă  Brady (bien que citĂ© dans Puppet Blues), Lincoln sera prĂ©sent dans plusieurs autres albums.

Analyse

De manière assez subtile, cet album montre une réalité pourtant assez terrible de la guerre, à savoir l'ingratitude de la société vis-à-vis des simples soldats. C'est ici le personnage de Chesterfield qui démontre cela. C'est une habitude dans la série des Tuniques bleues que de traiter de manière parodique et comique des sujets graves et qui touchent à polémique. Cet album évoque principalement ce sujet, où les soldats sont sans intérêt dans la hiérarchie militaire, à tel point qu'on trouve idiot de devoir les récompenser. On peut toutefois lire dans la bataille finale cette satire à propos de l'incompétence des officiers supérieurs, thème récurrent dans l'œuvre de Lambil.

Historique

Analyse historique

Le thème de cette bande dessinĂ©e est la photographie de guerre, pendant la guerre de SĂ©cession. Le propos est très bien illustrĂ© dans cet ouvrage mais contient cependant plusieurs incohĂ©rences.

Mathew B. Brady, le photographe de guerre représenté dans cette bande dessinée, existait réellement. Il était effectivement envoyé sur des terrains de guerre par le président Lincoln pour en montrer l’atrocité. Le personnage de la BD lui ressemble d’ailleurs beaucoup physiquement.

Cependant, Mathew B. Brady n’était pas un photographe de guerre suicidaire, tenant à prendre des photographies des champs de bataille au péril de sa vie, comme la bande dessinée le montre.

Le métier de photographe de guerre, tel qu’il est présenté dans la bande dessinée, est bien différent de la réalité.

En effet, ce métier consistait à prendre des clichés de troupes et des terrains de batailles, avant ou après hostilités, mais jamais pendant la bataille. Au contraire, la BD nous montre des scènes dans lesquelles on observe Mathew B. Brady (et Blutch) occupés à photographier des combats entre confédérés et unionistes.

Dans la bande dessinée, l’appareil photographique représenté correspond bien à l’apparence réelle des appareils photographiques de l’époque : une chambre noire avec une ouverture pour faire entrer la lumière et une ouverture pour enregistrer cette lumière. Par contre, la poudre flash que le photographe brûle pour produire une lumière brève et intense qui rend la scène plus lumineuse et le cliché plus attrayant n'a été inventée par deux chimistes allemands qu'en 1887, c’est-à-dire 26 ans après la guerre de Sécession[2].

Article connexe

Source

  1. Biographie en anglais de Mathew Brady
  2. « Histoire du flash photographique », sur vieilalbum.com (consulté le )

Liens externes

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