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Le Soir volé

Le Soir volĂ© est un journal de collaboration qui a remplacĂ© le journal Le Soir durant la Seconde Guerre mondiale. Quelques jours aprĂšs l'invasion allemande, Le Soir cesse de paraĂźtre. Il est relancĂ©, contre la volontĂ© des propriĂ©taires (famille Rossel), par un groupe de collaborateurs (Horace Van Offel, Raymond De Becker). Il est donc censurĂ© par l'occupant pour correspondre aux valeurs de l'Ordre nouveau. Alors que le quotidien Le Soir se revendiquait dĂšs sa naissance comme Ă©tant un journal avec une ligne Ă©ditoriale neutre et sans couleur politique, la montĂ©e des fascismes et l’arrivĂ©e de l’Allemagne nazie en Belgique vont avoir raison de cette neutralitĂ©.

Le Soir volé
Image illustrative de l’article Le Soir volĂ©
Le Soir volé du

Pays Belgique
Zone de diffusion Belgique
Langue français
Périodicité quotidien
Genre journal collaborationniste
Diffusion de 130 000 Ă  300 000 ex. (1re diffusion - )
Date de fondation
Date du dernier numéro 1944
Ville d’édition Bruxelles

Comité éditorial TroisiÚme Reich

Opposition du Soir aux mouvements fascistes

En dĂ©cembre 1935 avec la mort de Victor Rossel, Lucien Fuss devient le nouveau directeur du journal. Le Soir s’engage de maniĂšre assez forte contre le mouvement rexiste qui prenait de l’ampleur en Belgique. Le quotidien est d’ailleurs attaquĂ© par LĂ©on Degrelle lorsqu’il accusa Rex, le mouvement politique de Degrelle d’ĂȘtre financĂ© par l’Allemagne d’Hitler. Alors que les tensions montent en Europe avec l’apparition des fascismes, la direction du Soir prĂ©voit d’implanter deux rĂ©dactions pour garder son indĂ©pendance : une Ă  Bruxelles avec Ă  sa tĂȘte le lieutenant-colonel Tasnier et une autre au littoral[1].

Cependant, l’avancĂ©e allemande se fait si rapidement que Bruxelles est prise par les allemands le 10 mai et la rĂ©daction n'a pas le temps de s’organiser comme elle l’aurait dĂ©sirĂ©. C’est donc une partie de la rĂ©daction qui resta bien avec Tasnier Ă  Bruxelles tandis qu’une autre partie s’enfuit en France. Ils espĂ©raient de cette maniĂšre garder leur indĂ©pendance et fournir d’autres publications mais le dernier numĂ©ro paru le 18 mai 1940[2].

Un journal de collaboration durant l'occupation allemande

Le journal Le Soir peut ĂȘtre classĂ© de la liste des journaux faisant partie de la presse de collaboration durant la seconde guerre mondiale. Le quotidien est alors surnommĂ© « Le Soir volĂ© »[3]. En effet, dĂšs l’automne 1940, l’occupant mit en place un grand nombre de mesures pour rĂ©guler au mieux les quotidiens comme Le Soir. Tout d’abord, il y avait un processus de censure aprĂšs rĂ©daction du journal. Ensuite, les Allemands contrĂŽlĂšrent le secteur de la distribution du papier et de l’imprimerie. Le cas du Soir est particulier, il faisait partie des journaux « volĂ©s » au sein desquels l’occupant a placĂ© des administrateurs favorables au rĂ©gime allemand alors que l’ancienne rĂ©daction s’était rĂ©fugiĂ©e en France. La famille Rossel avait pourtant demandĂ© de pouvoir Ă©diter Ă  nouveau le journal et ont prĂ©sentĂ© quelques revendications mais les allemands ont refusĂ©[4].

Remaniements Ă  la tĂȘte du journal

Le 13 juin 1940, le quotidien apparait Ă  nouveau mais la tĂȘte de la rĂ©daction a complĂštement changĂ©. La direction est revenue Ă  Xavier Mauromati qui nomma Horace Van Offel rĂ©dacteur en chef, ce dernier est remplacĂ© en janvier 1941 Raymond De Becker[5]. En aoĂ»t 1940, Mauromati s’est vu retirĂ© de ses fonctions par les allemands. De Becker exerce dĂšs lors une double fonction au sein du quotidien : il est Ă  la fois directeur et rĂ©dacteur en chef[6]. De Becker fut donc Ă  la tĂȘte de ce qui Ă©tait le plus grand quotidien bruxellois volĂ©. Partisan avouĂ© du nazisme, il avait comme idĂ©al politique une adaptation du nazisme en Belgique. Il glorifie l’esthĂ©tisme de la vie dans le rĂ©gime nazi comme d’autres de sa gĂ©nĂ©ration[7]. Avec sa nouvelle position, De Becker va donner une ligne Ă©ditoriale belgiciste au journal[8]. Le Soir comptait en son sein alors 25 rĂ©dacteurs qui y travaillaient Ă  temps plein. Aucun de ceux-ci ne faisaient partie de l’ancienne rĂ©daction[9].

Conditions de vie du journal sous l'occupation

Le Soir « volĂ© » tirait Ă  plus de 200 000 exemplaires jusqu’en 1943 avec rĂ©guliĂšrement des articles Ă  caractĂšre antisĂ©mite[10]. Ce chiffre peut paraĂźtre surprenant pour un quotidien volĂ© et qui plus est, diffusĂ© en temps de guerre. Il s’explique deux raisons : la premiĂšre raison est le fait que le nom du journal soit restĂ© inchangĂ© et a trompĂ© beaucoup de lecteurs. La seconde raison est la disparition de 12 journaux francophones Ă  Bruxelles durant l’occupation allemande[11]. Le journal paraĂźt tous les jours du lundi au vendredi et a une Ă©dition le week-end pour le samedi et le dimanche. Concernant les pages du journal, elles ont une longueur de 61 cm pour une largeur de 44 cm (soit une aire totale de 2 684 cm2). Le nombre de pages varie entre 6 et 12 pages dans la pĂ©riode du sujet.

Références

  1. Campé, Dumon et Jespers 1975, p. 147-180.
  2. Jacques Herneg, Le Soir dans l’histoire, Bruxelles, Pire, coll. « Voix du jour », 2003, p. 49-64.
  3. « Le Soir », sur Belgium WWII (La Belgique durant la Seconde Guerre mondiale) (consulté le ).
  4. De Bens 2001, p. 350-360.
  5. Campé, Dumon et Jespers 1975, p. 154-159.
  6. De Bens 2001, p. 338.
  7. Paul Aron, VĂ©ritĂ©s et mensonges de la collaboration, Loverval, Éditions Labor, 2006, p.13-36.
  8. Colignon Alain (Institution : CegeSoma), « LE SOIR THÈME - COLLABORATION » (consulté le )
  9. De Bens 2001, p. 339.
  10. Michel Fincoeur, « Presse de la collaboration (langue française) Â», Dictionnaire de la Seconde Guerre mondiale en Belgique, 2008, p. 345-349.
  11. De Bens 2001, p. 343-344.

Voir aussi

Bibliographie

  • RenĂ© CampĂ©, Marthe Dumon et Jean-Jacques Jespers, Radioscopie de la presse belge, Verviers, AndrĂ© GĂ©rard, , 591 p.
  • (nl) Els De Bens, De Belgische dagbladpers onder Duitse censuur (1940–1944), Antwerpen/Utrecht, De Nederlandsche Boekhandel, , 564 p. (ISBN 90-289-9883-7, lire en ligne [PDF]).
  • (nl) Els De Bens, De Pers in BelgiĂ« : Het verhaal van de Belgische dagbladpers Gisteren, vandaag en morgen, Tielt, Lannoo, , 455 p. (ISBN 978-9020940749).

Articles connexes

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