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Le Mouchard

Le Mouchard (The Informer) est un film américain réalisé par John Ford, d'après un roman de l'écrivain républicain irlandais Liam O'Flaherty sorti le .

Le Mouchard
Description de l'image The Informer (1935 window card).jpg.
Titre original The Informer
RĂ©alisation John Ford
Scénario Dudley Nichols
Acteurs principaux
Pays de production États-Unis
Genre Drame
Durée 90 min
Sortie 1935

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

En 1929, Arthur Robison avait déjà réalisé une précédente adaptation du roman : The Informer dans une production de la British International Pictures. Jules Dassin tournera un remake, Point noir (Up Tight) en 1968.

Synopsis

L'Irlande des annĂ©es 1920... Gypo Nolan est pauvre. Bon bougre, ivrogne et catholique, il est amoureux de Katie, une femme qui se prostitue pour survivre. Se lamentant sur leur sort, Katie remarque une publicitĂ© dans une vitrine qui promet l'AmĂ©rique pour 10 ÂŁ, selon elle le monde leur appartiendrait s'ils avaient cet argent. Mais Gypo, abattu, reprend sa promenade nocturne et solitaire. Après avoir arrachĂ© une affiche offrant 20 ÂŁ de rĂ©compense Ă  qui dĂ©noncera Frankie McPhillip, son meilleur ami, militant de l'IRA pourchassĂ© par la police, il finit par cĂ©der Ă  l'appât du gain et informe la police du retour de Frankie auprès des siens. Celui-ci est abattu lors de la tentative d'arrestation. Gypo, qui attendait le rĂ©sultat de l'opĂ©ration au commissariat, empoche l'argent sous les regards mĂ©prisants de la police. Pour se couvrir il se rend, après s'ĂŞtre arrĂŞtĂ© dans un bar, au domicile de l'ami abattu, oĂą dĂ©jĂ  des membres de la famille et de l'IRA veillent le corps. Son arrivĂ©e est peu discrète, et en cherchant Ă  se disculper de ce que personne ne l'accuse, il finit par Ă©veiller les soupçons. Pour s'en sortir, il accuse le tailleur d'ĂŞtre le dĂ©lateur. Les membres de l'IRA le laissent partir et le filent discrètement. Gypo, commence Ă  faire la tournĂ©e des bars pour dissiper son remords dans l'alcool et dilapide son argent en tournĂ©es gĂ©nĂ©rales…

Fiche technique

Distribution

Acteurs crédités
Acteurs non crédités

Commentaires

En exergue du film, un carton cite un extrait de l'Évangile selon Matthieu :

« Then Judas repented himself - and cast down the thirty pieces of silver - and departed. »

Il s'agit en fait d'une reprise de Matthieu, 27 3 :

« Cependant Judas qui l’avait livré, voyant qu’il était condamné, se repentit de ce qu’il avait fait ; et reportant les trente pièces d’argent aux princes des prêtres et aux sénateurs (...) »

— Traduction Lemaistre de Sacy

La grande brute au grand cĹ“ur Gypo est prĂ©sentĂ©e comme un personnage rustre et malheureux du fait de sa pauvretĂ©. La dĂ©nonciation dont il se rend coupable n'Ă©tait qu'un moyen rapide de parvenir Ă  ses fins, les 20 ÂŁ de rĂ©compense Ă©quivalant prĂ©cisĂ©ment Ă  la somme demandĂ©e pour un aller simple vers l'AmĂ©rique pour son amoureuse et lui. Perclus de remords, il vide cette somme dans la boisson, d'abord pour son propre usage puis pour les autres. Un compagnon d'ivresse le surnomme CrĂ©sus et Gypo parle souvent de lui Ă  la troisième personne. Mais ce n'est qu'Ă  la dernière minute du film qu'il trouve la rĂ©demption lorsque la propre mère de la victime pardonne au simplet : « You didn't know what you were doing », rĂ©pète-t-elle. Le tout dernier plan montre le Christ en amorce, la mère assise au premier rang de l'Ă©glise et Gypo levant les bras au ciel en criant « Frankie, your mother forgives me! » avant de s'Ă©crouler au sol.

  • Le très catholique Martin Scorsese n'a pu que relever cette rĂ©fĂ©rence biblique. Il Ă©voque brièvement le film de Ford dans Un voyage avec Martin Scorsese Ă  travers le cinĂ©ma amĂ©ricain mais surtout il en montre un extrait dans Les InfiltrĂ©s lorsque Billy, le policier infiltrĂ© parmi la pègre irlandaise, regarde ce film Ă  la tĂ©lĂ©vision. C'est ainsi le rĂ´le de Judas qu'on actualise tout en se questionnant sur les motivations et les remords de l'âme humaine.

Autour du film

  • La quasi-totalitĂ© des majors refusèrent le film jugĂ© trop noir et par crainte d'un boycott Ă©ventuel du marchĂ© britannique. C'est finalement Joe Kennedy, le père de John, qui va accepter de le produire par le biais de la RKO.
  • Ford dut se soumettre Ă  des impĂ©ratifs de production très serrĂ©s : budget limitĂ© et tournage rapide. Le tournage fut exĂ©cutĂ© en trois semaines, du au , avec un budget de 220 000-243 000 dollars. On mit Ă  la disposition du rĂ©alisateur un plateau nu et sale, normalement utilisĂ© pour le son. Il l'employa pour noircir davantage le propos du film et accentua les effets de brouillard pour le masquer. Le film fut tournĂ© sans rĂ©pĂ©titions et sans dialogues dĂ©finis. Preston Foster Ă©tait chargĂ© de couper la parole Ă  Victor McLaglen et de le faire rĂ©agir.
  • Ford ne prend pas parti dans la question de l'indĂ©pendance, il se contente de dĂ©crire un pays asservi par les Britanniques. Il restitue de façon talentueuse le monde de la nuit et, en cela, le film Ă©voque M Le Maudit de Fritz Lang. Le Mouchard permet aussi Ă  Victor McLaglen de rompre avec les rĂ´les de bon gĂ©ant qu'il interprète ordinairement.
  • L'avant-première du film fut un Ă©chec, mais il remporta un triomphe en province. Il sera finalement encensĂ© par la critique qui le consacre meilleur film de l'annĂ©e. Le Mouchard ne compte pourtant pas parmi les Ĺ“uvres prĂ©fĂ©rĂ©es de Ford qui la juge avec une certaine sĂ©vĂ©ritĂ© : « Je pense que le film manque d'humour, ce qui pourtant a toujours Ă©tĂ© ma force ».
  • Le film possède une bande sonore qui souligne presque tous les Ă©vĂ©nements du film. Il est considĂ©rĂ© par certains comme le paroxysme du style mickeymousing[1].

RĂ©compenses

Notes et références

Liens externes

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