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Le Juge Fayard dit « le Shériff »

Le Juge Fayard dit « le Shériff » est un film de procès français réalisé par Yves Boisset, sorti en 1977. Il est inspiré par l'assassinat du juge François Renaud le .

Le Juge Fayard dit « le Shériff »
Description de cette image, également commentée ci-après
Logo de l'affiche de 1977
Réalisation Yves Boisset
Scénario Yves Boisset
Claude Veillot
Musique Philippe Sarde
Acteurs principaux
Sociétés de production Production Companies
Action Films
Filmédis
Société Française de Production
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Drame, policier
Durée 112 minutes
Sortie 1977

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Synopsis

Jean-Marie Fayard travaille comme juge d'instruction dans une petite ville de France. Il est intègre, mais son tempérament impétueux et ses méthodes dures pour obtenir des résultats lui valent d'être surnommé « le Shériff ». Il se rend à l'usine Camus pour notifier au directeur sa mise en détention lorsqu'un salarié vient de mourir d'un accident du travail, soit le quatrième cas en trois ans. Mais les liens de Camus conduisent à une libération rapide, tandis que Fayard est rapidement dessaisi de l'affaire, après que ses supérieurs hiérarchiques lui eurent fait comprendre vertement leur désapprobation.

Il a pour seuls alliés l'inspecteur de police Marec et le juge d'instruction Steiner, du "syndicat".

Pendant ce temps, une station-service est braquée et l'un des auteurs, Paulo, est arrêté peu de temps après. Paulo travaille pour une société de sécurité dirigée par Xavier Marcheron, ancien flic renvoyé pour sa proximité avec le milieu. Marcheron et deux collègues de Paulo lui fournissent un alibi, mais Fayard veut les faire condamner pour de fausses déclarations. Marcheron est convoqué par un ancien officier de l'OAS devenu marchand de vin, Joanno, qui est connu sous le nom de « Capitaine ». Peu de temps après, le corps de Marcheron est retrouvé sur un chantier de construction, tué de trois balles.

Fayard rend visite à Paulo dans sa cellule et apprend de lui que Marcheron a été tué par les hommes du gangster Simon Pradal, dit le « Docteur » qui comme Paulo est en prison, mais lui à la tête du gang des « Stéphanois ».

Comprenant qu'il peut se faire tuer s'il est libre, Paulo admet le vol de la station-service et révèle également à Fayard qu'un certain nombre de criminels jusqu'ici discrets planifient un vol spectaculaire pour lequel ils veulent faire s'évader le « Docteur ». Peu de temps après, Pradal réussi à s'échapper de prison avec l'aide de Joanno.

Patrick Dewaere et Aurore Clément sur le tournage du film, en 1976.

Fayard enquête sur le meurtre de Marcheron et trouve avec l'aide de Marec des connexions entre Marcheron et Pradal : l'ex-flic était à la veille de son meurtre dans un bar appartenant à l'ami de Pradal. Fayard se rend au bar et menace de faire fouiller la maison. Peu de temps après, il reçoit une lettre de menace, voit son appartement cambriolé et le lapin de sa petite amie Michèle, professeur, égorgé.

La bande autour de Pradal et Joanno utilise des données que le directeur général d'une société de négoce, Lucien Degueldre – dit Monsieur Paul – leur a fournies, pour préparer l'attaque d'un transporteur d'argent chargé de 850 millions de francs. L'attaque a lieu dans un tunnel ; l'un des braqueurs, Bouvine, est grièvement blessé et laissé pour mort sur les lieux. Un garde est également abattu. Les balles proviennent de la même arme que celle qui a servi pour l'assassinat de Marcheron.

Le « Capitaine » remet l'argent volé à M. Paul, qui le verse sur un compte dans une banque suisse accompagné par le député Chalabert.

Fayard interroge Bouvine hospitalisé, sur les commanditaires de l'attaque. Bouvine révèle que le « Capitaine » a tué Marcheron, sur ordre d'un certain Monsieur Paul, qui blanchit des fonds en Suisse. Fayard fait arrêter les auteurs connus du casse, mais ils ont tous un alibi. Bouvine, à son tour, est assassiné par le « Capitaine » à l'hôpital avant de pouvoir faire d'autres révélations.

L'enquête rebondit lorsque Fayard découvre que certains des hommes en détention avaient sur eux des boîtes d'allumettes d'un domaine rural. C'est là que se cachent Pradal et Joanno. Une descente de police y est organisée ; Marec est blessé au genou, tandis que Pradal et Joanno sont abattus. Le domaine appartient à une société commerciale dirigée par Degueldre, qui a combattu en Algérie, où il était connu sous le nom de « Monsieur Paul ».

Steiner, qui a obtenu de Fayard les données sur la société de négoce et sur Degueldre, met en garde Fayard contre Degueldre, qui est un gros problème. D'autres indices semblent également conduire vers Degueldre. Celui-ci est le chef régional du Service d'action civique, auquel appartenaient plusieurs des participants au vol de la fourgonnette, ainsi que Pradal et Marcheron.

L'audition de Degueldre, en présence du procureur Arnould, tourne à l'esclandre et Degueldre menace Fayard. Ce dernier établit des liens entre Degueldre et Pradal, qui se connaissent tous deux depuis la guerre. Peu de temps après, sa hiérarchie propose à Fayard un poste à Bordeaux. Cependant, celui-ci continue ses recherches et avec l'aide de Steiner, découvre que les actionnaires de la société commerciale comprennent également des politiques tels que le député Chalabert et le secrétaire d'État Valentis. Sur le chemin du retour à son appartement avec Michèle, Fayard est abattu d'une balle dans la tête en pleine rue. Sa serviette pleine de documents est emportée par l'assassin.

Quelque temps plus tard, l'usine Camus célèbre son rachat par la société commerciale de Degueldre. Des visages familiers apparaissent lors de la célébration : ceux du secrétaire d'État Valentis, du député Chalabert, du président Chazerand, de Degueldre et du procureur général Arnould. Steiner est également présent et demande à Arnould de lui donner l'affaire Fayard. Il sait qui est responsable du meurtre du juge et les raisons de son assassinat. Arnould décide que Fayard a laissé un dossier vide qui ne permet plus de poursuites. Steiner lui dit que Fayard lui avait donné tous les fichiers et qu'il les avait déjà copiés et transmis à des collègues qui pourraient également le remplacer en cas d'urgence. Arnould lui reproche d'avoir poussé Fayard à continuer l'enquête et d'être responsable de sa mort, puis il part, ignorant la demande de Steiner.

Tournage

Le tournage du film s'est déroulé à Saint-Étienne[1] et à Aix-en-Provence pour les scènes du Palais de justice. Le nom de la ville qui sert de cadre au film n'est jamais mentionné, mais il est fait allusion à un gang des Stéphanois. Ce gang des Stéphanois est probablement une allusion au célèbre gang des Lyonnais. De même, les véhicules du transfert de fonds attaqué portent le logo « Garde Loire ». L'action est donc probablement censée se dérouler à Saint-Etienne, où le film a d'ailleurs été en partie tourné.

Lors du tournage du film, Yves Boisset observe Patrick Dewaere qui, selon lui, n'interprète pas le rôle mais l'incarne et le vit, et révèle alors (dans le livre de Mado Maurin) : « Ce jour-là, j'ai compris qu'il ne jouait pas, mais qu'il vivait la scène et je me suis dit, mon Dieu, il est en danger ! »
Au cours de la préparation d'une séquence qui devait être tournée au palais de justice d'Aix-en-Provence, où se déroule le film, Dewaere, contrarié par l'interdiction de manger à l'intérieur de l'édifice, s'énerve contre le réalisateur qui entend le raisonner. Devant toute l'équipe technique, l'acteur propose de se battre avec Yves Boisset, pour régler la question de manière virile. Après avoir échangé deux coups de poing avec le réalisateur, Dewaere se met à rire et déclare : « Au moins, maintenant, on est copains ! » La fin du tournage se déroule sans aucun accroc, l'acteur s'attachant à exécuter scrupuleusement tout ce que lui demande le metteur en scène. Selon Boisset (cité dans le même ouvrage), l'acteur dissimule alors en réalité son hyper-sensibilité et sa très grande pudeur, par de constantes provocations, un comportement volontairement agressif, « parce que même pour un empire, il n'aurait pas voulu être tout simplement gentil ». Il ajoute que l'acteur souffre alors considérablement de sa rupture avec Miou-Miou, survenue quelques semaines auparavant, l'actrice ayant rejoint Julien Clerc.
Yves Boisset raconte qu'une nuit, à Saint-Étienne, de retour d'une réunion tardive avec le maire, il aperçoit Dewaere en train d'arracher les dizaines d'affiches de Julien Clerc qui est alors en tournée dans la même ville. Le réalisateur n'ose pas le surprendre et comprend alors qu'il « devait être terriblement malheureux ».
Dans le même livre, Yves Boisset explique à Mado Maurin qu'après Le Juge Fayard dit le Shérif, il mesure à quel point ses rôles peuvent influencer la vie de Dewaere. Le réalisateur se jure alors de ne lui proposer que des personnages et des histoires positives, comme dans les films La Clé sur la porte ou encore Le Prix du danger, dans lequel Dewaere ne pourra jamais tourner, ayant mis fin à ses jours quelques mois avant le début du tournage.

Fiche technique

Distribution

Sortie et accueil

Le SAC

Le Juge Fayard dit « le Shériff » sort dans les salles françaises le [3]. Néanmoins, la veille de la sortie, une décision de justice à la suite de la plainte du SAC, qui est cité à plusieurs reprises dans le film, donna gain de cause à l'organisme politique et contraint aux auteurs du film de « supprimer quelques répliques et à effectuer une coupe où apparaît le nom de cette association » d'après le carton précédant la projection du film. Le réalisateur Yves Boisset et son monteur s'emparent des copies déjà dans les salles et poinçonnent la bande sonore où l'on entend la référence au SAC[3].

Le nom du SAC clairement cité dans le film est jugé diffamatoire, tout comme l’utilisation du nom d'un député nommé Chalabert dont la consonance pouvait rappeler celle du ministre (Albin Chalandon). Les répliques contenant ce nom d'homme politique fictif ont été remplacées par d'autres faisant référence à un nom sémantiquement plus neutre . À la suite d'une décision de justice, le nom du SAC est remplacé par un « bip » lors de la sortie du film en salle. Yves Boisset raconte : "La presse en a parlé, et il s'est passé une chose formidable : dans les salles, lorsque le "bip" retentissait, les spectateurs criaient "Le SAC ! Le SAC !" Par la suite, Yves Boisset a vu sa voiture vandalisée, et lui-même a été tabassé, il reçoit des menaces contre lui et ses enfants, et lorsqu'il est parti en Irlande pour tourner le film Un taxi mauve, il s'installe avec ses enfants dans une ferme protégée par l'I.R.A. : il s'était dit que "même si l'armée britannique ne parvenait pas à toucher à ces endroits-là, les guignols de Pasqua et du SAC n'y arriveraient pas non plus !" Avec la dissolution du SAC par François Mitterrand le , la censure a été annulée[4].
Lors de la diffusion du film à la télévision à partir de la fin des années 1980, le nom du SAC apparaît dès qu'il est prononcé, sans aucune censure.
Le film passe aux Dossiers de l'écran en présence d'Alain Peyrefitte et de Jean-François Kahn. Le premier rappelle que le film amalgame des éléments appartenant à plusieurs affaires distinctes des années 1970 (inculpation d'un patron à la suite d'un accident du travail, mutation à Hazebrouck d'un juge « zélé », et bien sûr l'assassinat du juge Renaud). Le second fait valoir que ces affaires controversées ont cependant bien toutes eu lieu en France au cours des deux mêmes décennies. Le débat reste courtois.

Accueil critique

Lors de sa sortie en salles, Le Juge Fayard est bien accueilli par la critique : pour Pierre Billard du Journal du dimanche, il s'agit d'un « film coup-de-poing qui secoue la léthargie du cinéma français »[5], alors que Raymond Lefèvre de La Saison cinématographique, note que Boisset a construit « tout son film à partir d'une rencontre entre la Série Noire et la satire politique » et « se fait ainsi le champion d'un cinéma authentiquement populaire et, malgré certains schématismes, la réussite est certaine »[5] et Jean-Paul Grousset du Canard Enchaîné salue la prestation de Patrick Dewaere[5]. Parmi les critiques favorables au film, Michel Flacon du Point écrit que « Boisset a du punch, et nous tient en haleine jusqu'au bout » et la rédaction de L'Humanité Dimanche précise qu'il s'agit du « plus achevé et le plus mûr des films de Boisset »[6].

Toutefois, Michel Mohrt du Figaro, critique le conformisme de Boisset, qui veut faire, selon le critique, « un cinéma qui dérange et « fasse réfléchir » », tout en ajoutant que « ce qui serait « dérangeant », ce serait de nous montrer un juge intègre, quoique traditionaliste, et qui croit qu'un magistrat est fait pour appliquer les lois, non pour les contester et faire de la politique »[5].

Box-office

Le Juge Fayard dit « le Shériff » connaît un excellent démarrage lors de sa première semaine d'exploitation avec une troisième place au box-office avec plus de 123 000 entrées[7], dont plus de 105 000 entrées sur Paris où il prend directement la première place[8]. L'excellent accueil critique et la publicité faite autour de la décision judiciaire rendu en faveur du SAC permet au film de connaître un succès auprès du public.

Box-office détaillé des premiers mois d'exploitation du film, semaine par semaine sur Paris
Sources : « BO hebdo Paris 1977 » sur Box-office story, d'après le CNC.
Semaine Rang Entrées Cumul no 1 du box-office hebdomadaire
1du 12 au 1105 740105 740Le Juge Fayard dit « le Shériff »
2du 18 au 287 540193 280Le Gang
3du 26 janvier au 171 429264 709Le Juge Fayard dit « le Shériff »
4du 2 au 253 853318 562À chacun son enfer
5du 9 au 445 952364 514Le Gang
6du 16 au 541 514406 028La Bataille de Midway
7du 23 février au 834 268440 296
8du 2 au 1421 261461 557Quand la Panthère rose s'emmêle
Box-office détaillé des premiers mois d'exploitation du film, semaine par semaine, en France
Sources : « BO hebdo France 1977 » sur Les Archives du box-office , d'après le CNC.
Semaine Rang Entrées Cumul no 1 du box-office hebdomadaire
1du 12 au 3123 167123 167King Kong
2du 18 au 2190 447313 614
3du 26 janvier au 3188 141501 755Le Gang
4du 2 au 3155 836657 591
5du 9 au 3153 999811 590King Kong
6du 16 au 3149 185960 775Lâche-moi les baskets
7du 23 février au 3135 2351 096 010La Bataille de Midway
8du 2 au 398 5971 194 607Lâche-moi les baskets
9du 9 au 586 1491 280 756
10du 16 au 580 4961 361 252
11du 23 au 1065 0421 426 294Peter Pan
12du 30 mars au 1453 2091 479 503
13du 6 au 2142 2261 521 729
14du 13 au 2232 6861 554 415Violette et François

Exploitation ultérieure

Malgré le succès public lors de sa sortie en salles, Le Juge Fayard dit « le Shériff » fut peu édité sur en vidéo. Le long-métrage connaît une édition VHS en 1982 chez l'éditeur D.E.C., rééditée par Polygram Vidéo la même année[9]. Le film est rééditée avec une autre jaquette par l'éditeur Fil à Fims[9]. Ce n'est qu'en juin 2014 que Le Juge Fayard sort pour la première fois en DVD, édité par Jupiter Films dans une version restaurée et contenant en bonus une interview d'Yves Boisset aux côtés du magistrat Éric de Montgolfier[10].

Distinctions

Notes et références

  1. Pour la localisation des lieux de tournage et des points de vue, voir : https://umap.openstreetmap.fr/en/map/sainte-urbex-cine-map_42710#12/45.4371/4.3945.
  2. « Le juge Fayard dit le shérif : Visas et Classification », sur CNC.fr, (consulté le ).
  3. « Sélection cinéma : Le juge Fayard dit « le shérif » sur OCS Génats », sur TéléCableSat.fr, (consulté le ).
  4. Pour plus de précisions : http://www.arte.tv/guide/fr/020317-000/le-juge-fayard-dit-le-sheriff.
  5. « Le Juge Fayard dit « le Shériff » : Fiche du film », sur dewaere.online.fr (consulté le ).
  6. Fiche du film sur le site du distributeur Jupiter Films.
  7. Fabrice BO, « BO France - 18 janvier 1977 », sur Les Archives du Box-Office, (consulté le ).
  8. Renaud Soyer, « BOX OFFICE PARIS DU 12/1/1977 AU 18/1/1977 », sur Box Office Story, (consulté le ).
  9. « Le Juge Fayard dit « le Shériff » », sur vhsdb.org (consulté le ).
  10. Cédric Mignon, « Test Le juge Fayard, dit le shériff », sur AVCesar.com, (consulté le ).

Liens externes

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