Le Jardin au Bout du Monde
Le Jardin au Bout du Monde est un archipel de 300 îles et îlots créé par la mise en eau du réservoir de Caniapiscau, dans le nord du Québec, entre 1981 et 1984.
Le Jardin au Bout du Monde | |
Photo du réservoir de Caniapiscau, prise par des astronautes. | |
GĂ©ographie | |
---|---|
Pays | Canada |
Localisation | RĂ©servoir de Caniapiscau |
Coordonnées | 54° 23′ 07″ N, 69° 52′ 49″ O |
Nombre d'îles | 300 |
Administration | |
Province | Québec |
Région | Nord-du-Québec |
Autres informations | |
ĂŽle au Canada | |
La création du réservoir, qui s'inscrit dans le cadre du projet de la Baie-James, a formé un archipel qui compte quelque 300 îles et îlots, qui sont le sommet de monts et collines désormais noyés. En 1997, la Commission de toponymie du Québec nomme l'archipel Le Jardin au Bout du Monde – le titre d'une nouvelle de Gabrielle Roy – et donne un nom français à 101 îles à partir de titres ou d'expressions représentatives, tirés d'œuvres de la littérature québécoise de l'après-guerre[1]. Parmi les auteurs honorés, notons Lise Bissonnette, Marie-Claire Blais, Chrystine Brouillet, Philippe Haeck, Louis Hamelin, Gilles Hénault, Robert Lalonde, Félix Leclerc, Yves Préfontaine et Gilles Vigneault[2] - [3] - [4].
La décision est prise à l'occasion du 20e anniversaire de l'adoption par l'Assemblée nationale du Québec de la loi 101, la Charte de la langue française, le [5].
Nomenclature
Décrit comme « 101 fleurs échappées du jardin de l’imaginaire et qui se répandent dans ce Jardin du Bout du Monde, animant l’anonyme »[6], ce « poème géographique de 101 vers » marque le 20e anniversaire de l'adoption de la Charte de la langue française par l'Assemblée nationale du Québec, le . En voici la nomenclature, telle que présentée par la Commission de toponymie du Québec[1] :
« La Fleur de Lyse/L'Herbe Rebelle/L'Incroyable Odyssée/L'Espace d'un Destin/L'Ange du Matin/L'Oubli des Sages/La Petite Patrie/La Neigerie/Le Brasier des Vents/Le Survenant/Le Grand Brûle-Veine/La Bête Céleste/Le Lion à la Tête Coupée/La Statue de Fer/La Charpente Charnelle/Le Fracas des Passions/Le Cœur Éclaté/Le Tonnerre Souterrain/La Traversée de la Nuit/La Saison des Belles/La Marie-Tempête/La Femme de Sable/La Belle Brume/L'Insoumise/La Fée des Étoiles/Le Chant des Sirènes/L'Arioso/L'Adidouce/La Karizdondelle/La Grande Demande/La Fin des Dieux/Le Pardon Refusé/La Copie Carbone/L'Enfirouapé/L'Approxination/La Démanche/La Chambre Fermée/Le Pavillon des Miroirs/Le Milieu du Jour/L'Archange du Faubourg/L'Été des Baleines/Le Bal des Chenilles/L'Oursiade/La Vingt-Septième Lettre/La Première Nocturne/L'Horloge-Qui-Boite/La Trace Obtuse/Le Portrait d'Intérieur/Le Parapluie de Ma Tante/Le Cavalier au Tricorne/Le Chapeau du Soir/L'Amante Éphémère/Le Visage Clos/La Coquille Refermée/Le Vieux-Chagrin/La Vie à Rebours/Le Nid du Silence/La Fragilité des Choses/Le Déversoir des Larmes/Le Poids des Ombres/La Malebête/La Dalle des Morts/La Belle Épouvante/L'Épormyable/L'Ouragane/Le Soleil des Gouffres/Le Vent du Diable/Le Vacarme du Chaos/Le Haut des Limbes/La Petite Extrace/La Mémoire de l'Eau/La Mouette et le Large/L'Ancre à Voiles/La Dérive Douce/La Calliope/L'Indolence des Grèves/Le Chuchotis des Rives/Le Caillou de Barbarie/La Pierre Nue/Le Désert Mauve/La Failloise/La Pelure de Ciel/La Porte du Songe/L'École des Rêves/Le Déjeuner de Noël/La Terre de Médilhault/La Lune-Où-Il-Gèle/Le Pont du Froid/Le Chevalier de Neige/Le Quatrième Roi Mage/L'Emmitouflé/L'Inuk Inouï/La Vigie d'Iriook/La Fille de Personne/L'Indigo Nuit/L'Avant-Dernier Dodo/L'Édredon Rouge/Le Tendre Matin/Le Souvenir Certain/La Banquise-Qui-Chante/Le Paradis Perdu. »
RĂ©actions
La nomenclature de la Commission de toponymie est toutefois critiquée par les leaders inuits et cris, qui soutiennent que le gouvernement n'a pas consulté les communautés autochtones avant de procéder à ces désignations. Pour un leader inuit, « il s'agit d'une manœuvre de la commission pour créer artificiellement une histoire française là où elle n'existe pas »[3]. Invoquant Albert Memmi, le chef cri Matthew Coon Come compare le Québec à un pouvoir colonial qui s'affirme en effaçant les traces matérielles du peuple colonisé. La géographe Caroline Desbiens explique l'objection des Cris par le fait que « le projet avait le pouvoir de naturaliser un paysage nouveau auquel les Cris tentent encore de s'adapter »[4]. Malgré la controverse, la Commission de toponymie a maintenu les nouveaux noms, estimant que ce territoire, tel que modifié par l'aménagement hydroélectrique, était « anonyme, complètement vierge »[7].
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- Gouvernement du Québec, « Le Jardin au Bout du Monde », Toponymix - Note toponymique, Commission de toponymie du Québec, no 17,‎ , p. 1-8 (lire en ligne).
- Gouvernement du Québec, « Le Jardin au Bout du Monde », sur Commission de toponymie du Québec, (consulté le ).
- Marie-Andrée Chouinard, « Le jardin du bout du monde », Le Devoir, Montréal,‎ 1997a, p. D1.
- Marie-Andrée Chouinard, « Les 101 îles du Grand Nord: La Commission de toponymie maintient son projet : Les Cris sont profondément déçus », Le Devoir, Montréal,‎ 1997b, A1.
- Caroline Desbiens, « Le Jardin au Bout du Monde : terre, texte et production du paysage à la Baie James », Recherches amérindiennes au Québec, vol. 38, no 1,‎ , p. 7-15 (lire en ligne).
- La Presse canadienne, « Les Inuit outrés », La Presse, Montréal,‎ , A5.