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Le DĂ©mocrate du Rhin

Le Démocrate du Rhin est un journal français publié à Strasbourg entre décembre 1848 et décembre 1851.

Le DĂ©mocrate du Rhin
Der Rheinische Demokrat
Image illustrative de l’article Le Démocrate du Rhin

Pays France
Langue français, allemand
Périodicité quotidien
Prix au numéro 10 centimes
Date de fondation 1848
Date du dernier numéro 1851
Ville d’édition Strasbourg

ISSN 2015-3449

Histoire

Quelques mois après la RĂ©volution de 1848 et la mise en place de la Deuxième RĂ©publique, et au lendemain de l'Ă©lection prĂ©sidentielle de Louis-NapolĂ©on Bonaparte, des Alsaciens de gauche, convaincus que « le rĂ©gime dĂ©mocratique, fondĂ© sur le suffrage universel, exige, pour porter tous ses fruits, l'instruction du peuple et son initiation Ă  la vie politique Â»[1], dĂ©cident de « fonder un journal qui aura pour mission spĂ©ciale de soutenir et de propager les principes dĂ©mocratiques Â»[2]. Ce nouveau journal prendrait la relève de l'Ă©phĂ©mère RĂ©publicain alsacien, fondĂ© par Jules Erckmann lors des Ă©lections lĂ©gislatives d'avril 1848, face aux feuilles politiques de la bourgeoisie, Le Courrier du Bas-Rhin de Silbermann (pro-Cavaignac) et L'Alsacien d’Édouard Huder[1], organe du parti de l'Ordre[3].

Ă€ cette fin, une sociĂ©tĂ© en commandite divisĂ©e par actions est fondĂ©e le 23 dĂ©cembre Ă  Strasbourg, entre ThĂ©odore Keller, nĂ©gociant, Jules Erckmann, fabricant (remplacĂ© en septembre suivant par Jacques Bastian, compositeur d'imprimerie), Émile KĂĽss, professeur Ă  la facultĂ© de mĂ©decine et prĂ©sident du club montagnard de la RĂ©union des arts, et Gustave Klotz, architecte du dĂ©partement du Bas-Rhin. Principal bailleur de fonds de l'entreprise, Klotz prĂ©side le conseil d'administration de la sociĂ©tĂ©, dont la raison sociale est « G. Klotz & Cie Â», tandis que KĂĽss assume les fonctions de gĂ©rant-responsable[4]. Parmi les actionnaires, on trouve le chimiste Émile Kopp, l'avocat Jean Martin François ThĂ©odore Lobstein et l'imprimeur Philippe-Albert Dannbach[2].

Der Rheinische Demokrat du 3 janvier 1849.

Le nouveau quotidien, dont le premier numéro paraît le 30 décembre 1848, est d'orientation démocrate-socialiste et utilise les dépêches de la Correspondance Paya. Rédigé d'abord intégralement en français, par patriotisme, mais complété par un supplément hebdomadaire en allemand à destination des classes laborieuses des villes et des campagnes (Der Rheinische Demokrat), il deviendra finalement bilingue à partir d'octobre 1849[5].

Dès son lancement, le Démocrate organise une souscription en faveur de Robert Blum, député démocrate allemand tué le mois précédent lors de la répression de l'insurrection viennoise[4].

Parmi ses feuilletons, le Démocrate pré-publie les histoires et contes fantastiques d'Erckmann-Chatrian (Une Malédiction, Le Sacrifice d'Abraham, Vin rouge et vin blanc ou Le Bourgmestre en bouteille, Fantaisie, Rembrandt) en 1849[5]. Émile Erckmann est en effet le frère cadet de Jules Erckmann, cofondateur du journal.

Lors des élections législatives de 1849, le journal soutient la liste du Comité démocratique départemental, préparée par Küss, qui finit par gagner presque tous les sièges[6].

Le DĂ©mocrate du Rhin du 15 juin 1849.

Dans le cadre de la rĂ©pression consĂ©cutive Ă  la JournĂ©e du 13 juin 1849, KĂĽss est arrĂŞtĂ© le 20 juin. Les autoritĂ©s lui reprochent notamment la publication de plusieurs articles jugĂ©s sĂ©ditieux[7]. RemplacĂ© dans ses fonctions par Bastian, il est finalement acquittĂ© par la cour d'assises de la Moselle le 22 octobre. Quelques semaines plus tard, Bastian est en revanche condamnĂ© Ă  deux mois de prison et 200 francs d'amende pour avoir publiĂ©, dans le supplĂ©ment en allemand du 10 octobre, un article intitulĂ© « La France ravagĂ©e par les dix plaies d’Égypte Â» et qui avait Ă©tĂ© interprĂ©tĂ© comme un appel Ă  la rĂ©volte. Pendant la durĂ©e de sa peine, Bastian est remplacĂ©, en tant que gĂ©rant, par Pierre-ChĂ©ri Besse, nouvel associĂ© de la sociĂ©tĂ© « G. Klotz & Cie »[2].

Le 9 juin 1850, lors de l'Ă©lection lĂ©gislative partielle provoquĂ©e par la dĂ©mission du seul dĂ©putĂ© bas-rhinois de droite, Goldenberg, le DĂ©mocrate du Rhin soutient la candidature d’Émile de Girardin[2], face au candidat de droite, MĂĽller, soutenu par L'Alsacien de Huder, et au rĂ©publicain modĂ©rĂ© Liechtenberger, soutenu par le Courrier du Bas-Rhin[8]. La campagne et les polĂ©miques entre les journaux ont Ă©tĂ© particulièrement âpres : reconnu coupable de diffamation Ă  l'encontre de Huder, Bastian est condamnĂ© Ă  un mois de prison et 3 000 francs de dommages-intĂ©rĂŞts[9].

Ces condamnations affaiblissent le journal, où des tensions voient le jour entre les rédacteurs les plus radicaux et leurs confrères plus modérés. Besse ainsi que Charles Hartzer[10] quittent ainsi la rédaction à l'époque de la visite du président à Strasbourg, en désaccord avec un article qui invitait les lecteurs du Démocrate à réserver un accueil hostile au chef de l’État. Déjà obérées par les frais de la dernière campagne électorale, les finances du journal sont également ébranlées par le rétablissement du droit de timbre (loi du 16 juillet 1850) et l'application du cautionnement au Rheinische Demokrat[9].

Ă€ l'automne 1850, Klotz est rĂ©voquĂ© de ses fonctions dĂ©partementales par le prĂ©fet West, qui justifie sa dĂ©cision au ministre de l'IntĂ©rieur par des soucis d'Ă©conomie (Charles Morin (d), chargĂ© des constructions communales depuis 1844, pouvant Ă©galement s’occuper des bâtiments dĂ©partementaux) mais aussi par des motifs politiques : « Le sieur Klotz Ă©tait Ă  la tĂŞte de la sociĂ©tĂ© qui commanditait, Ă  Strasbourg, le journal ultra-socialiste Le DĂ©mocrate du Rhin. En lutte ouverte contre l'autoritĂ©, il ne doit point dès lors ĂŞtre maintenu dans un emploi administratif Â»[11]. Sous la plume de Ferdinand Flocon, son nouveau rĂ©dacteur en chef, le DĂ©mocrate prend en vain la dĂ©fense de son cofondateur, tandis que L'Alsacien de Huder approuve cette Ă©viction[2].

Le 30 septembre, la société « G. Klotz & Cie » est dissoute, mais le journal est aussitôt repris par une nouvelle société, fondée par Bastian et l'homme de lettres Louis Lehr. Rebaptisé Le Démocrate du Rhin de 1850, le quotidien subit une scission de sa rédaction en juin 1851, Küss et plusieurs de ses collaborateurs étant partis fonder la Niederrheinische Volksrepublik (La République du peuple du Bas-Rhin), imprimé, dans un souci d'économie, dans la même imprimerie colmarienne que la Volksrepublik du Haut-Rhin, dirigée par Georges-Joseph Schmitt[9]. Malgré cette concurrence, le Démocrate continue de paraître jusqu'au coup d'État du 2 décembre 1851[2].

Collaborateurs

Références

  1. Kintz, p. 95.
  2. Klotz, p. 27-31.
  3. Kintz, p. 104.
  4. Kintz, p. 100.
  5. Kintz, p. 102.
  6. Kintz, p. 105.
  7. Kintz, p. 108-109.
  8. Kintz, p. 113.
  9. Kintz, p. 115-116.
  10. Kintz, p. 117.
  11. Klotz, p. 63.
  12. Kintz, p. 118.
  13. Le Temps, 16 novembre 1881, p. 2.
  14. Biographie des 750 représentants à l'Assemblée législative, Paris, p. 186.
  15. Kintz, p. 106.
  16. L'Industriel alsacien, 24 octobre 1858, p. 3.

Voir aussi

Bibliographie

  • Jean-Pierre Kintz, « Ă‰mile KĂĽss, maire de Strasbourg en 1870, journaliste et militant politique sous la Seconde RĂ©publique (1848-1851) Â», Annuaire de la SociĂ©tĂ© des amis du Vieux Strasbourg , 1971, p. 95-123 (consultable en ligne sur Gallica).
  • Jacques Klotz, Gustave Klotz (1810-1880), d'après ses notes, ses lettres, ses rapports, Strasbourg, 1965, p. 27-31, [lire en ligne].

Liens externes

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