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Le Curé Nantais

Le Curé Nantais est une marque commerciale apposée sur une série de fromages français, transformés à Pornic (Loire-Atlantique) par l'usine Le Curé Nantais, filiale de Triballat Noyal. C'est un fromage à pâte molle à croûte lavée fabriqué avec du lait cru de vache.

Le Curé Nantais
Pays d’origine
RĂ©gion
Lait
Pâte
Appellation

Sa recette aurait été transmise au XIXe siècle à Saint-Julien-de-Concelles dans le vignoble nantais par un curé de passage. Il est aujourd’hui fabriqué à Pornic, port à l’ouest de Nantes. À l'origine carré, le fromage Le Curé Nantais, également appelé fromage à curé, fromage du curé ou le fromage nantais, existe aussi sous une forme ronde.

Fromage fort, sa pâte est souple et percée de quelques petits trous, elle révèle une saveur de lard fumé et un final épicé. Le fromage Le Curé Nantais s'accorde généralement bien avec un vin blanc local type muscadet ou gros plant ainsi qu'un pinot noir ou gewurztraminer bien épicé.

Origines

Lieux de production
Point noir : lieu d'origine
Point blanc : lieu actuel

Le Pays nantais n'est pas connu pour ses traditions fromagères. Le lait, riche en graisse, est plutôt transformé en beurre. Le savoir-faire beurrier de la région nantaise est ainsi beaucoup plus développé que pour la fabrication du fromage[1]. L'histoire de cette marque fromagère débute en 1880 dans le village de Saint-Julien-de-Concelles sur les bords de Loire, dans le département de la Loire-Atlantique (dénommé alors Loire-Inférieure)[2].

La rencontre entre un agriculteur du pays, Pierre Hivert, et un prêtre de passage (venant peut-être de la région nantaise[3], une légende dit qu'il venait de Savoie[4], d'autres sources affirment qu'il s'agit d'un prêtre vendéen fuyant pour sauver sa vie lors de la Révolution française[5] - [6]) permet la naissance d'un fromage appelé « Régal des Gourmets ». Quelques années plus tard, en hommage à l'ecclésiastique, ce fromage devint le fromage du curé[7] puis « le Curé nantais »[4]. Certains ouvrages le référencent sous le nom de fromage nantais, et le désignent également sous le nom de fromage du pays nantais, dit du curé[5].

La famille Hivert a perpĂ©tuĂ© la tradition de père en filles pendant quatre gĂ©nĂ©rations. Après avoir connu son heure de gloire et son lot de mĂ©dailles de concours, les volumes fabriquĂ©s ont fortement diminuĂ©. En 1987, la famille Hivert cède la marque Ă  Georges Parola, commerçant crĂ©mier de Pornic[4]. Au dĂ©but des annĂ©es 1990, le CurĂ© Nantais retrouve de la popularitĂ© et le volume de production est multipliĂ© par dix, pour atteindre 150 tonnes en 2008[4].

En 1998, alors que la production reste semi-artisanale et que les normes sanitaires se durcissent, l'usine est vendue au groupe laitier Triballat Noyal[8].

Fabrication

Transformation fromagère

La photographie couleur montre un curé nantais circulaire. Un quart du fromage a été coupé afin de montrer l'intérieur. La croûte est orangée unie ; la pâte est jaune ivoire, parsemée de petits trous allongés de moins d'un millimètre de taille. Elle est uniforme d'apparence souple, sans partie sèche, ni crémeuse.
Tranche de Curé Nantais.

C'est un fromage Ă  base de lait de vache. Il est fabriquĂ© exclusivement avec du lait cru de mĂ©langes de traites du matin et de la veille au soir[2]. Le lait est achetĂ© Ă  six familles d'agriculteurs du pays de Retz[4], en 2009 le volume de fabrication de ce fromage reprĂ©sentait 7 000 litres par jour[3].

AussitĂ´t arrivĂ©, le lait est disposĂ© dans des cuves en cuivre[2]. L'ouvrier fromager le maintient ou le rĂ©chauffe Ă  36 °C. (tempĂ©rature du lait au sortir du pis) Ă€ ce stade, il y ajoute de la prĂ©sure pour le faire cailler et des ferments lactiques de culture. Après 20 minutes le lait passe de la forme liquide Ă  l'Ă©tat de coagulum (le lait se prĂ©sente sous forme de gel). Il est alors dĂ©coupĂ© en fines lanières. Le dĂ©caillage consiste ensuite Ă  rĂ©duire la pâte en grains de quelques millimètres de diamètre pour favoriser la rapiditĂ© de l'Ă©gouttage, nĂ©cessaire Ă  l'obtention d'un taux de calcium Ă©levĂ©. L'Ă©gouttage permet de sĂ©parer le caillĂ© et le lactosĂ©rum (petit lait). Le dĂ©caillage (mise en grains de caillĂ©) est interrompu lorsque les grains sont Ă  bonne taille, et est suivi du brassage. Au terme de l'opĂ©ration le sĂ©rum reprĂ©sente environ 80 % du lait initial, et une partie est extraite par pompage.

Le fromage est mis en moule où les grains vont se souder. L'égouttage se poursuit sous l'effet de la température et de l'acidification des ferments lactiques[9]. Dans les moules, le caillé est maintenu à 26 °C ; il se tasse et la forme du fromage se dessine ; il est retourné quatre fois[3]. Lors de cette étape, le fromager contrôle l'activité fermentaire : son rôle est d'acidifier le fromage afin de lui assurer une bonne conservation durant l'affinage. Arrivé au taux d'acidité recherché, l'opérateur procède ensuite au démoulage[9]. Le soir même, il est salé par trempage en saumure[3]. Le temps de salage oscille entre une heure et trois heures trente selon la taille des fromages[9].

Au terme des opĂ©rations, il se prĂ©sente sous forme d'un fromage Ă  pâte molle Ă  croĂ»te lavĂ©e Ă  petits trous[2], d'un poids moyen de 200 grammes.

Affinage

C'est en cave fraîche et humide, sur des planches d'épicéa[2], qu'il est affiné. Ces planches sont naturellement aseptisées : une étude a tenté d'y inoculer des bactéries listeria mais elles ne se sont pas développées[10]

Les fromages sont lavĂ©s Ă  la machine ou Ă  la main Ă  l'eau salĂ©e (ou au muscadet pour une variante crĂ©Ă©e en 2000) deux fois par semaine pendant 4 Ă  8 semaines afin de leur donner leur goĂ»t et leur couleur ocre[3] grâce Ă  l'ajout Ă  l'eau salĂ©e de ferments, appelĂ©s ferments du rouge[9].

Commercialisation

La transformation ne dĂ©passe pas 3 000 fromages par jour[2]. les fromages utilisant cette marque se prĂ©sentent sous trois formes. Le format originel est de forme carrĂ©e de 9 centimètres de cĂ´tĂ© et environ 3 centimètres d'Ă©paisseur, avec des bords arrondis et pesant 200 grammes. Un deuxième format de forme ronde et pesant 800 grammes est destinĂ© Ă  la vente Ă  la coupe. Enfin, une version affinĂ©e au muscadet se prĂ©sente sous la forme d'un fromage rond de 200 grammes[11]. Le produit commercialisĂ© contient 40 % de matière grasse[12].

La distribution est majoritairement locale. Quelques restaurants de la région nantaise le proposent à leur carte. Un commerçant fromager machecoulais le distribue à Paris[4].

DĂ©gustation

La photographie couleur montre une bouteille verte de vin, du muscadet de sèvre et maine, château de la Galissonnière. Les étiquettes couleur or montrent que cette cuvée prestige de 2007 a été sélectionnée dans le guide hachette 2009. À droite, un verre tulipe rempli au tiers montre un vin blanc très pâle et frais : la buée déposée sur le verre donne une apparence vaporeuse et trouble au vin.
Le muscadet est un des vins pouvant accompagner Le Curé Nantais.

C'est un fromage au lait cru fabriqué toute l'année, qui peut se conserver un mois. La croûte est rose ou orange, sa pâte, molle non pressée, est légèrement élastique[5].

La croûte est rugueuse, odorante[6] et humide[5], la pâte, dorée et souple[5], est crémeuse et voluptueuse[6], percée de quelques petits trous[5], qui révèle une saveur de lard fumé et un final épicé[6]. Au fil du temps, de nombreuses recettes accommodant les fromages de cette marque ont vu le jour. Il est proposé froid ou chaud, avec des fruits ou du poireau[3].

Notes et références

  1. Froc 2006, p. 118.
  2. « Les fromages de France », sur Association fromages de terroir (consulté le ).
  3. Laurent Huou, « Une histoire de famille », Presse-Océan,‎ (lire en ligne).
  4. Denis Roux, « Le curé nantais : un fromage culte », Le Point,‎ (lire en ligne).
  5. Masui et Yamada 1997, p. 161.
  6. Harbutt et Denny 1999, p. 35.
  7. « Histoire du Curé nantais », sur CureNantais.com (consulté le ).
  8. Pourquoi le Curé de Pornic est-il Nantais ?, Ouest-France, 10 octobre 2014
  9. « Le Curé Nantais », sur curenantais.com, association Fromages de terroirs (consulté le ).
  10. « Caves d'affinage de Joseph paccard », reblochon-paccard (consulté le ).
  11. « Gamme du Curé nantais », sur www.curenantais.com (consulté le ).
  12. « Le curé nantais », sur 750 grammes (consulté le ).

Compléments

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Bernard Teyssandier, ConnaĂ®tre les fromages de France : du terroir Ă  la table, Jean-Paul Gisserot, coll. « Guides Gisserot », , 156 p. (ISBN 2-87747-139-0 (Ă©ditĂ© erronĂ©)).
  • Jean Froc, Balade au Pays des Fromages : les traditions fromagères en France, Versailles, Ă©ditions Quae, , 239 p. (ISBN 978-2-7592-0017-7, lire en ligne).
  • Jean-Charles Karman, Tout Fromage, Genève/Paris, Éditions Minerva, , 100 p. (ISBN 978-2-8307-0944-5).
  • Kazuko Masui et Tomoko Yamada (trad. du japonais par Emmanuelle Pingault), EncyclopĂ©die des fromages : guide illustrĂ© de plus de 350 fromages de toutes les rĂ©gions de France, Paris, GrĂĽnd, , 240 p. (ISBN 2-7000-2027-8). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Juliet Harbutt et Roz Denny (trad. de l'anglais par Claude Doyaz), Le grand livre des fromages, Paris, Genève, Manise, , 256 p. (ISBN 2-84198-123-1). Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Articles connexes

Lien externe

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