Lac de Montriond
Le lac de Montriond se trouve en Haute-Savoie sur la commune de Montriond, dans le Chablais français. C'est le plus grand lac du massif du Chablais[1], le troisième plus grand lac de Haute-Savoie et un géosite du Géoparc du Chablais[2].
Lac de Montriond | |||
Le lac de Montriond depuis la rive est. | |||
Administration | |||
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Pays | France | ||
DĂ©partement | Haute-Savoie | ||
RĂ©gion | Auvergne-RhĂ´ne-Alpes | ||
Fait partie de | GĂ©oparc mondial Unesco du Chablais | ||
GĂ©ographie | |||
Coordonnées | 46° 12′ 30″ N, 6° 43′ 40″ E | ||
Type | Lac de barrage | ||
Origine | Glissement de terrain | ||
Montagne | Massif du Chablais | ||
Superficie | 0,32 km2 |
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Longueur | 1,3 km | ||
Largeur | 0,3 km | ||
Altitude | 1 055 m | ||
Profondeur · Maximale |
18,5 m |
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Volume | 2 700 000 m3 | ||
Hydrographie | |||
Alimentation | Dranse de Montriond, nant de Lens, nant de la Lapiaz et deux sources sous-lacustres[1] | ||
Émissaire(s) | Dranse de Montriond[1] | ||
GĂ©olocalisation sur la carte : France
GĂ©olocalisation sur la carte : Haute-Savoie
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GĂ©ographie
GĂ©ologie
Le lac de Montriond se situe dans une ancienne vallée glaciaire creusée dans la nappe de la Brèche et qu'il occupe longitudinalement. Le fond de la vallée et la moitié inférieure des falaises ceinturant le lac sont composés par les schistes ardoisiers tandis que la moitié supérieure des falaises est représentées par la Brèche supérieure[3]. C'est de cette unité que provient l'écroulement à l'origine du lac de Montriond[2].
Hydrologie
L'alimentation principale du lac de Montriond est la Dranse de Montriond auquel s'ajoutent les nants de la Lapiaz (rive gauche) et de Lens (rive droite) ainsi que deux sources sous-lacustres identifiées lors de l'assèchement du lac pour les travaux d'étanchéification au début des années 1990 et au débit équivalent à la Dranse de Montriond[1]. La Dranse de Montriond est aussi son principal émissaire ainsi que des pertes sous-lacustres au niveau du barrage (plus de 1 000 sont répertoriés à l'automne 1989[4]), particulièrement actives avant les travaux d'étanchéification (3 l/s[4] à 5-6 l/s[5]), et dont l'émergence se situait 280 à 320 m en aval du seuil[1].
La forte pression touristique en aval du lac (station d'Avoriaz, hameau des Lindarets) peut entrainer une dégradation de la qualité de l'eau. La turbidité de l'eau pourrait résulter de l'important ravinement des pentes aménagées pour le ski[1] - [5].
Histoire
Formation du lac
Alphonse Favre (en) considère que l'apparition du lac de Montriond serait lié à la présence d'une moraine[6]. André Delebecque contredit cette hypothèse et y voit davantage le résultat d'un écroulement qui a barré la vallée, formant un barrage bloquant l'écoulement de la Dranse de Montriond[7]. Cette thèse est par la suite reprise[1] - [5] et sera confortée par la découverte de débris de bois fossiles à la base des dépôts lacustres et dont la datation par le carbone 14 a permis de déterminer que l'écroulement s'est produit pendant la seconde moitié du XVe siècle. La niche d'arrachement, toujours bien visible dans le paysage, se situe sur la rive droite, sous le Saix Travesci (1 729 m), au sud de la pointe de Nantaux[1].
Aménagements
Le barrage initial de blocs n’étant pas étanche, il se traduisait par de grandes variations du niveau lacustre, de l’ordre de 10 m. Des travaux d'étanchéification sont alors entrepris vers 1900 par le Baron Albert de l’Espée[4] avec la construction d'un barrage en bois, complété de glaise, autour des zones d'infiltration mais sans succès[1]. Des essais d'obturation des pertes avec du goudron sont ensuite effectués dans les années 1970 mais toujours sans succès.
Par souci d'améliorer l'offre touristique, d’importants travaux d’étanchéification sont entrepris au début des années 1990[8] pour stabiliser son niveau à la cote actuelle (1 067 m). Ils ont consisté en la pose de 15 000 m2 d'un film en polyéthylène en 1991 sur un terrain préalablement aplani puis recouvert d'argile, prélevée dans la partie amont du lac à l'automne 1990[4]. Ces travaux nécessitèrent d'assécher partiellement le lac. Seule restait une zone inondée de 3 ha couverte de 2 m d'épaisseur d'eau[1].
Parallèlement à ces aménagements, deux parkings sont construits en aval, sur l'emplacement originel du déversoir, et en amont[4]. Un espace de baignade aménagée est aussi construit sur la rive ouest. Enfin le rachat par la mairie de Montriond des parcelles bordant la rive sud du lac permet la création d'un chemin pédestre ceinturant le lac[4].
Chalet du baron de l'Espée
Le Baron Albert de l’Espée fait construire un chalet à proximité de l'exutoire du lac[4] - [9]. Le chalet est alors très moderne pour l'époque et comporte notamment une petite centrale électrique alimentée par une source et dont le baron avait obtenu une concession de 50 ans. Elle fournissait de l'électricité pour alimenter l'éclairage et l'orgue électrique du propriétaire, féru de cet instrument. Dépourvue de chauffage et relativement humide, la demeure était utilisable uniquement en été et ne fut réellement exploitée par le baron que quelques années en raison de la dégradation de son état de santé.
La maison est vendue à des hôteliers suisses qui l'exploitent jusqu'en 1939 puis est revendue à Pernod qui la transforme en colonie de vacances pour ses employés et leurs enfants[4]. Elle est enfin rachetée fin 1994 par la commune de Montriond. Le bâtiment est détruit et remplacé par une salle communale en 2008 qui prend le nom de « domaine du Baron ».
Activités
Le lac est fréquenté par les pêcheurs (truite fario, omble chevalier, vairon) et surtout par les promeneurs et randonneurs.
L'été, ses berges sont fréquentées par de nombreuses familles y recherchant la fraîcheur de ses eaux et de sa forêt. Une petite partie du lac est spécialement aménagée pour la baignade des jeunes enfants.
L'hiver, le lac se couvre d'une épaisse couche de glace et se confond avec le paysage. Il est alors utilisé par des clubs de plongée et par l'armée pour les entraînements de plongée sous glace.
Références
- Jean Sesiano, Monographie physique des plans d'eau naturels du département de la Haute-Savoie - France, Université de Genève - Département de minéralogie, , 125 p. (lire en ligne), p. 98-100 et table X
- Anne Guyomard, Les lacs du Chablais : des glaciers à l’eau, une géologie vivante, Géoparc du Chablais, , 72 p. (lire en ligne), p. 20-21
- Roland Plancherel, Carte et notice explicative de la Carte géologique de la France (1/50000ème) : Feuille Samoëns-Pas-de-Morgins (655), Orléans, BRGM, , 110 p. (ISBN 2-7159-1655-8).
- Georges Vulliez, « Le Lac et le Baron de l’Espée », sur Mairie de Montriond, .
- Georges Serra Bertral, Etude morphométrique, physicochimique et sédimentologique de quelques lacs de montagne des préalpes du Chablais (Haute-Savoie), Université Pierre et Marie Curie - Paris IV, , 237 p. (lire en ligne), p. 38-73.
- Alphonse Favre, Recherches géologiques dans les parties de la Savoie du Piémont et de la Suisse, t. 2, Victor Masson et Fils, , 437 p. (lire en ligne), p. 121.
- André Delebecque, Les lacs français, Typographie Chamerot et Renouard, , 436 p. (présentation en ligne).
- « Travaux d’étanchéité du lac », sur Mairie de Montriond, .
- « Le domaine du baron et le lac à travers les âges », sur Mairie de Montriond, .