La Reconstitution (film, 1968)
La Reconstitution (Reconstituirea) est un film roumain rĂ©alisĂ© par Lucian Pintilie en 1968 et sorti en 1970[1]. Son scĂ©nario a Ă©tĂ© Ă©crit par Horia PÄtraÈcu (ro), sur la base dâune nouvelle homonyme de celui-ci, en collaboration avec le rĂ©alisateur.
Titre original | Reconstituirea |
---|---|
RĂ©alisation | Lucian Pintilie |
Scénario |
Horia PÄtraÈcu (ro) Lucian Pintilie |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Studios cinématographiques de Buftea |
Pays de production | Roumanie |
Genre | Drame |
Durée | 100 minutes |
Sortie | 1970 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Ă cause de son caractĂšre de critique sociale dure, le film a Ă©tĂ© interdit quelques mois seulement aprĂšs sa premiĂšre. Il nâa Ă©tĂ© rediffusĂ© en Roumanie quâen 1990[2].
Synopsis
Accroche
Ă la demande des autoritĂ©s (police, parquet), deux jeunes garçons reconstituent une banale bagarre, pour le tournage dâun petit film Ă©ducatif censĂ© combattre lâivrognerie et la violence parmi les jeunes. Toute sorte de petits incidents surviennent pendant le tournage et, finalement, la reconstitution dâune rixe qui nâavait pas Ă©tĂ© bien grave, aboutit Ă la mort dâun des deux jeunes gens.
Résumé détaillé
Lâaction du film se dĂ©roule en un seul lieu, prĂšs dâune petite ville, dans un cadre naturel, au bord dâune riviĂšre qui coule entre deux montagnes, oĂč est amĂ©nagĂ© un endroit ouvert au public pour la baignade. Il comporte Ă©galement une buvette avec terrasse[3]. Dans la riviĂšre il y a une seule baigneuse, jeune et gaie, et sur la terrasse se tiennent le buvetier et un sous-officier de police. Ă proximitĂ© est assise une vieille paysanne, un petit troupeau dâoies autour dâelle. Le haut-parleur de la buvette diffuse une chanson du groupe Phoenix[4].
Une voiture tout-terrain relativement grande arrive, amenant, comme il ressort de la suite du film, un procureur, un apparatchik (le secrĂ©taire du comitĂ© local du Parti communiste roumain), un policier, un cadreur, deux jeunes hommes et un professeur, directeur des cours du soir du lycĂ©e[5] de la localitĂ©. Pendant que le cinĂ©aste prĂ©pare son matĂ©riel, le procureur dit Ă lâapparatchik pourquoi ils sont venus : les deux jeunes, bien quâamis, se sont enivrĂ©s, sur la terrasse de la buvette, en fĂȘtant leur rĂ©ussite au baccalaurĂ©at Ă la fin de leurs Ă©tudes aux cours du soir. Puis ils se sont bagarrĂ©s, ont frappĂ© le buvetier Ă la tĂȘte et ont dĂ©truit un kiosque. Pour cela, ils sont passibles dâune condamnation Ă trois ans de prison pour hooliganisme, destruction de biens publics et tentative de meurtre. Selon le procureur, il sâagit dâune bagatelle, mais il faut faire un film sur les effets nĂ©fastes de lâalcool, et ensuite il laissera les garçons libres. Il confie quâil a divorcĂ© de sa femme et demande Ă lâapparatchik de lui prĂȘter de lâargent. Parlant du professeur qui est assis seul un peu plus loin et a lâair malheureux, il dit quâil est ainsi parce que sa fille de 19 ans sâest suicidĂ©e, et sa femme la trompe avec lui-mĂȘme, le procureur.
Dans la vallĂ©e il y a une voie ferrĂ©e sur laquelle des trains passent de temps en temps, et on entend parfois les clameurs dâune foule lors Ă un match de football qui a lieu dans un stade invisible.
Pendant que le procureur est assis sur la rive opposĂ©e avec lâapparatchik qui pĂȘche Ă la ligne, le sous-officier explique aux jeunes quâils doivent jouer fidĂšlement leurs mĂ©faits, et alors le procureur sera sĂ»rement indulgent avec eux. Il leur demande quâen guise de rĂ©pĂ©titions ils chantent comme ils lâont fait quand ils Ă©taient ivres. Les garçons ne prennent pas ses ordres au sĂ©rieux. Alors le policier fait faire des exercices militaires Ă lâun d'eux, Ripu, puis lâautre aussi, VuicÄ, participe volontairement Ă lâexercice, quâil exĂ©cute comme un jeu. Le professeur proteste Ă haute voix contre ce procĂ©dĂ© et la fille prĂ©sente, que les autres appellent « mademoiselle », sâamuse en regardant la scĂšne. Le policier stoppe brutalement ses ordres et offre des cigarettes aux jeunes, puis il cherche Ă les convaincre de faire ce que le procureur leur demande.
Le buvetier et Ripu doivent se tenir accrochĂ©s lâun Ă lâautre comme sâils se battaient, pour jouer la premiĂšre scĂšne du film. En regardant cela, le professeur cherche Ă convaincre le procureur de lâabsurditĂ© de ce tournage. Pendant que le cadreur change la pellicule dans sa camĂ©ra, Ripu, toujours dans la mĂȘme position avec le buvetier, se met Ă pleurer et demande pardon Ă celui-ci, qui Ă son tour lui demande pardon. Le tournage de la scĂšne est rĂ©ussi. Pendant ce temps, quelques Roms sâarrĂȘtent devant la terrasse. Ils ont des paniers pleins de framboises. Les officiels en achĂštent et font une pause. Tous mangent des framboises, saufs les deux garçons. Finalement, on leur en donne Ă eux aussi, puis le procureur leur rend leurs cartes dâidentitĂ©, en disant quâils sont libres, mais le film doit ĂȘtre tournĂ©.
Le tĂ©lĂ©viseur de la buvette transmet le match de football du stade. On y voit quâun joueur est accidentĂ© et emmenĂ© par une ambulance. Celle-ci passe Ă grande vitesse sur la route de la vallĂ©e, oĂč se trouvent les oies. La vieille femme est dĂ©sespĂ©rĂ©e car deux de ses oies ont Ă©tĂ© Ă©crasĂ©es par lâambulance et les autres se sont Ă©parpillĂ©es dans la forĂȘt, sur le flanc de la montagne. Le procureur envoie le policier chercher les oies. Le cadreur et les garçons y vont avec lui. Ă un moment, VuicÄ disparaĂźt. Le policier reprend la carte dâidentitĂ© de Ripu, en lâobligeant Ă ramener VuicÄ. En le cherchant, Ripu tombe sur la « demoiselle » et lâaborde sans succĂšs. Il ne trouve pas VuicÄ et retourne Ă la buvette oĂč VuicÄ arrive ensuite de sa propre volontĂ©. Avec lui, il ramĂšne les oies. Entre-temps, le professeur sâest enivrĂ© Ă la buvette.
Il faut continuer le tournage. Ripu nâen a pas du tout envie mais VuicÄ prend la chose avec humour. Le cadreur indique Ă Ripu comment frapper VuicÄ. AprĂšs quelques refus, il le fait. VuicÄ simule une chute et, se trouvant sous une douche, il en tire la poignĂ©e, arrosant son ami. Ripu se met en colĂšre et il manque de le frapper pour de vrai mais on les sĂ©pare.
Le professeur ivre proteste Ă nouveau contre le caractĂšre abusif de ce qui se passe et tend ses mains vers le procureur, comme en lui demandant quâon lui mette des menottes. Ensuite il se trouve mal et on le met dans la voiture.
Le tournage continue par la scĂšne oĂč les garçons dĂ©molissent un kiosque en se bagarrant. Il reste une seule scĂšne Ă tourner. On fait rĂ©pĂ©ter plusieurs fois Ripu frappant VuicÄ, qui roule sur une rive boueuse en pente prĂšs dâun pont. Lors des premiĂšres rĂ©pĂ©titions, Ripu ne fait que simuler les coups mais finalement il le frappe pour de bon, et la bouche de VuicÄ se met Ă saigner. Il demande Ă Ripu pourquoi il lâa frappĂ©. La scĂšne aurait Ă©tĂ© trĂšs bonne pour le film mais le cadreur ne lâa pas filmĂ©e, parce que juste Ă ce moment-lĂ il chargeait la camĂ©ra. Câest donc lui que Ripu frappe cette fois.
Le match Ă©tant fini, la foule des supporters passe par le lieu du tournage et sâarrĂȘte pour regarder.
On prĂ©pare Ă nouveau le tournage de la scĂšne mais cette fois, Ripu ne veut plus frapper. Il veut remettre sa carte dâidentitĂ© Ă lâapparatchik, qui ne la prend pas. VuicÄ provoque volontairement Ripu et celui-ci le frappe finalement. La reconstitution est terminĂ©e. Le procureur va vers la voiture et il offre Ă Ripu de ramener les deux amis Ă la ville mais celui-ci refuse.
Entre-temps, la voiture a roulĂ© jusquâĂ la riviĂšre et sây est embourbĂ©e, les roues avant dans lâeau, parce quâelle nâavait pas le frein de secours tirĂ©. Elle est difficilement poussĂ©e sur la route par des supporters, avec, dedans, le professeur et le procureur qui vient de monter. La voiture passe parmi la foule des supporters qui saluent le procureur, et il leur rĂ©pond par des signes de la main.
Pendant un moment, VuicÄ reste assis par terre en se tĂątant la tĂȘte, puis il se lĂšve et part en titubant. Les supporters qui le croisent le croient ivre. Finalement, il sâĂ©croule. Ripu, qui lâa rejoint, lui demande pardon en pleurant mais VuicÄ plaisante encore, en lui disant de ne pas ĂȘtre dĂ©solĂ©, parce quâil en a assez de tout et quâil sâen va. Du sang lui coule dâune oreille et il meurt. Un supporter fait des reproches Ă Ripu, qui le frappe. Un autre supporter, fils du premier, veut rendre ses coups Ă Ripu, jusquâĂ ce que les autres les sĂ©parent. Le film finit par le visage attristĂ© et dĂ©goĂ»tĂ© de Ripu en gros plan.
Fiche technique
- Titre original : Reconstituirea
- Titre français : La Reconstitution
- RĂ©alisation : Lucian Pintilie
- ScĂ©nario : Horia PÄtraÈcu (ro) et Lucian Pintilie, dâaprĂšs la nouvelle homonyme de Horia PÄtraÈcu
- DĂ©cors : Aureliu Ionescu
- Costumes : Florina Tomescu (ro)
- Photographie : Sergiu Huzum (ro)
- Son : Andrei Papp (ro)
- Montage : Eugenia Naghi
- Production : Mihai OpriÈ (ro)
- Société de production : Studios cinématographiques de Buftea
- Société de distribution : Direction du réseau cinématographique et de diffusion des films
- Budget : 3 326 454 lei (frais de production)[1]
- Pays de production : Roumanie
- Langue originale : roumain
- Format : noir et blanc â 35 mm â Monophonique
- Genre : drame
- Durée : 100 minutes
- Dates de sortie :
- Roumanie : (Bucarest),
- France : 1970 (Festival de Cannes, Quinzaine des réalisateurs)
Distribution
- George MihÄiÈÄ (en) : VuicÄ
- Vladimir GÄitan (en) : Ripu
- George Constantin (en) : le procureur
- Emil Botta (en) : Paveliu, le professeur
- Ernest Maftei (en) : Dumitrescu, le sous-officier de police
- Ètefan Moisescu : DrÄgan, le secrĂ©taire du comitĂ© du parti
- Nicky Wolcz : Vlad, le cadreur
- Ileana Popovici (ro) : la demoiselle
- Ion RÄdulescu : Toma, le buvetier
- NiÈÄ Anastase : le policier chauffeur
Production et diffusion
Horia PÄtraÈcu, le scĂ©nariste du film, a participĂ© en 1960 Ă un tournage du genre de celui du film, aux environs de la ville de CaransebeÈ, au bord de la riviĂšre TimiÈ, aprĂšs que 10 Ă 15 ouvriers ont fĂȘtĂ© leur succĂšs au baccalaurĂ©at obtenu aprĂšs la fin de leurs Ă©tudes au cours du soir, et se sont bagarrĂ©s. Il sâest inspirĂ© de cet Ă©vĂ©nement pour Ă©crire et publier une nouvelle. Celle-ci a plu a Lucian Pintilie, qui a priĂ© PÄtraÈcu de lâadapter avec lui pour le cinĂ©ma[6].
Le tournage a eu lieu en Ă©tĂ© 1968, prĂšs de Sinaia, les jours oĂč les troupes du Pacte de Varsovie ont pĂ©nĂ©trĂ© en TchĂ©coslovaquie pour rĂ©primer le Printemps de Prague. Vladimir GÄitan (Ripu) et George MihÄiÈÄ (VuicÄ) Ă©taient Ă lâĂ©poque Ă©tudiants Ă lâInstitut dâart thĂ©Ăątral et cinĂ©matographique, ce film Ă©tant le premier de leur carriĂšre. Ileana Popovici (la demoiselle) avait apparu jusquâalors Ă la tĂ©lĂ©vision en tant que chanteuse de musique populaire. Elle aussi dĂ©butait dans le cinĂ©ma. Deux acteurs non professionnels ont Ă©galement jouĂ© : le chauffeur de lâĂ©quipe des cinĂ©astes (le policier chauffeur) et le directeur de production du film (le buvetier)[6].
Bien que 1968 fĂ»t en plein milieu de la pĂ©riode la plus libĂ©rale du rĂ©gime communiste, la vie du film aprĂšs sa rĂ©alisation a Ă©tĂ© pleine de difficultĂ©s. Les discussions autour de sa diffusion ont durĂ© pendant une annĂ©e. Les organismes habilitĂ©s lâont visionnĂ© plusieurs fois, ont demandĂ© de couper lâune ou lâautre de ses parties, mais Pintilie nâa pas cĂ©dĂ©. Il semblait que le film ne sortirait pas mais, Ă la surprise de ses rĂ©alisateurs, on a tout de mĂȘme annoncĂ© sa premiĂšre Ă Bucarest, sans affiche, seulement par une simple feuille de papier exposĂ©e Ă un cinĂ©ma. Il a passĂ© Ă ce seul cinĂ©ma pendant deux mois, avec des foules pour le voir, puis dans quelques grandes villes de province, un seul jour dans chacune, aprĂšs quoi on a arrĂȘtĂ© sa diffusion[7]. MalgrĂ© cela, le film est arrivĂ© Ă Cannes[8], puis, en 1971-1972, il a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© en Hongrie, en Pologne, en Finlande et en Allemagne de lâOuest[9].
En Roumanie, le film a Ă©tĂ© de nouveau prĂ©sentĂ© vingt ans aprĂšs, en 1990, y compris Ă la tĂ©lĂ©vision[10]. Dans dâautres pays, on a pu le revoir Ă certains festivals, dans le cadre de rĂ©trospectives, par exemple Ă la Berlinale 2002[11], au Festival international du film de Palm Springs (2008)[12], au Festival Transatlantyk (en) de ĆĂłdĆș (2018)[13] ou au festival Europalia (2019)[14].
Analyse et accueil critique
AprĂšs sa premiĂšre, la presse culturelle roumaine a en gĂ©nĂ©ral bien accueilli le film. 33 Ă©crivains lâont qualifiĂ© meilleur film de lâannĂ©e 1969. Dâailleurs, Zaharia Stancu, le prĂ©sident dâalors de lâUnion des Ă©crivains de Roumanie, a eu un rĂŽle dĂ©cisif dans la sortie du film[15].
Un exemple de critique chaleureuse de 1970 est celui de Petre Rado de RomĂąnia literarÄ. Selon lui, le film est une tragi-comĂ©die bouleversante ayant pour cause lâhorrible inconscience et irresponsabilitĂ© des reprĂ©sentants des autoritĂ©s, leur interprĂ©tation du caractĂšre Ă©ducatif comme violation de la rĂ©alitĂ©. Ils essayent avec obstination de recrĂ©er lâauthentique, lâirrĂ©pĂ©table, lâirrĂ©versible, mĂȘme le fortuit (le procureur mĂȘme dit que les faits originaires sont une bagatelle mais il faut rĂ©aliser un film Ă©ducatif). LâĂ©lĂ©vation en apparence innocente du fortuit au niveau du caractĂ©ristique fait du film une tragi-comĂ©die grotesque. Câest dâautant plus tragique, que les personnages ne sont pas inhumains mais des gens ordinaires capables aussi de douceur, de comprĂ©hension, mĂȘme de compassion. Leur culpabilitĂ© ne dĂ©coule pas dâune intention rĂ©flĂ©chie mais de lâinconscience. Ils jouent une piĂšce Ă©crite par dâautres, quâils interprĂštent sereinement, en pĂȘchant Ă la ligne, en mangeant des framboises, en courant aprĂšs des oies en mĂȘme temps. Le seul personnage conscient est le professeur, lui seul sent et exprime la vĂ©ritĂ© sur ce qui se passe, mais câest un homme fini et impuissant. Le critique voit la valeur artistique du film, entre autres, dans la façon dont il crĂ©e une atmosphĂšre oĂč la nature, les objets, les bruits provoquent une inquiĂ©tude continue. Le spectateur se doute dâune fin tragique mais son soupçon ne dĂ©coule pas des dialogues ni des personnages, mais de la maniĂšre dont la camĂ©ra balaye lentement, impassiblement en apparence, lâespace physique, les objets et les personnages. Les trois unitĂ©s (dâaction, de jour et de lieu), ainsi que la structure de la tragĂ©die classique conviennent parfaitement Ă ce film[16].
En opposition avec la presse culturelle, les journaux du parti communiste ont durement critiquĂ© le film, en affirmant quâil ne rĂ©pond pas « aux tendances fondamentales du dĂ©veloppement de notre sociĂ©tĂ© » ou quâil sâĂ©carte des « normes sociales et morales de la sociĂ©tĂ© socialiste »[15].
La presse française de 1971 a en gĂ©nĂ©ral bien accueilli le film. Par exemple, de lâavis de Michel Duran (Le Canard enchaĂźnĂ©), « ⊠MalgrĂ© tout ce dĂ©sordre apparent, cette nonchalance et cette monotonie, il fait un drame dĂ©chirant et prĂ©sente un tableau assez pessimiste de la vie dans le paradis socialiste⊠». Dans TĂ©moignage chrĂ©tien, Gaston Haustrate affirmait : « Ce pamphlet courageux, nonchalant en apparence, a des griffes dâautant plus blessantes quâelle ne sont guĂšre visibles. Pintilie gronde bien et sa luciditĂ© est douloureuse. On ne peut pas ne pas le craindre. »[17].
En 1990 et ultĂ©rieurement, les analyses et les critiques roumaines du film correspondent avec celles positives des annĂ©es 1970, tout en rĂ©flĂ©chissant lâattitude de leurs auteurs par rapport au rĂ©gime communiste dĂ©chu. Par exemple Dan Stoica de Noul Cinema Ă©crit : « Si jamais le communisme essaye, chez nous, de prĂ©tendre pour soi une quelconque positivitĂ© historique, il prendra sans doute pour Ă©talon lâannĂ©e 1968, le moment de sa libĂ©ralisation maximale du point de vue politique et social. Il suffit cependant de voir ce film reprĂ©sentant justement ce moment-lĂ pour nous convaincre du dĂ©risoire dâune telle ambition. »[18]
Dans dâautres pays aussi des critiques de cinĂ©ma ont abordĂ© ce film aprĂšs 1990. Par exemple Konstanty Kuzma constate dans East European Film Bulletin que « les camarades ne se prĂ©occupent pas de trouver lâesthĂ©tique de la reprĂ©sentation adĂ©quate de la rĂ©alitĂ©. Dans la rhĂ©torique du rĂ©gime, ĂȘtre rĂ©aliste ne signifie pas ĂȘtre fidĂšle aux circonstances de lâĂ©vĂ©nement originaire. FidĂ©litĂ© signifie simplement ĂȘtre fidĂšle aux idĂ©aux du rĂ©gime. »[19]
Distinctions
Le film a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs, en sélection parallÚle du Festival de Cannes 1970[8].
En 2008, 40 critiques roumains de cinĂ©ma lâont Ă©lu en premiĂšre place parmi les dix meilleurs films roumains de tous les temps[20].
Notes et références
- (ro) « Reconstituirea (1970) », sur aarc.ro (consulté le )
- Fulger 2020.
- Section dâaprĂšs le contenu dâimage et textuel du film.
- Groupe fondĂ© en 1962, ancĂȘtre de Transsylvania Phoenix des annĂ©es 2000.
- En Roumanie, sous le régime communiste, les lycées avaient des cours dans la matinée destinés aux élÚves mineurs, et des cours du soir, pour les gens qui avaient un emploi, souvent des ouvriers.
- Darian 1968.
- Azap 2014.
- « Reconstituirea. Quinzaine 1970 », sur quinzaine-realisateurs.com (consulté le )
- (en) « La Reconstitution (1968). Informations sur la sortie », sur imdb.com (consulté le )
- Stiopul 1990.
- Ichim 2002.
- Tehrani 2008.
- (ro) « Medalion Lucian Pintilie, la Festivalul de Film âTransatlantykâ de la ĆĂłdĆș », sur aarc.ro (consultĂ© le )
- EUROPALIA ARTS FESTIVAL. ROMANIA. CONFĂRENCE DE PRESSE 06.06.2019 (lire en ligne)
- VodÄ 1995.
- Rado 1970.
- (ro) « âReconstituireaâ Ăźn presa francezÄ din 1971 » [« âLa Reconstitution dans la presse française de 1971 »], sur aarc.ro (consultĂ© le )
- Stoica 1990.
- Kuzma 2011, p. 1-2.
- (ro) Cristina Corciovescu, « Cele mai bune 10 filme romĂąneÈti din toate timpurile » [« Les 10 meilleurs films roumains de tous les temps »], sur aarc.ro (consultĂ© le )
Voir aussi
Bibliographie
- (ro) Azap, Ioan-Pavel, « Culisele Reconstituirii. Interviu cu Horia PÄtraÈcu » [« Les coulisses de La Reconstitution. Interview avec Horia PÄtraÈcu »], Film, no 1,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (ro) Darian, Adina, « SÄ aÈteptÄm âReconstituireaâ » [« Attendons âLa Reconstitutionâ »], Cinema, no 10,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (ro) Fulger, Mihai, « Mitul âReconstituireaâ, dupÄ 50 de ani » [« Le mythe âLa Reconstitution 50 ans aprĂšs »], sur adevarul.ro, AdevÄrul, (consultĂ© le )
- (ro) Ichim, Florica, « Reconstituirea, de Lucian Pintilie â Festivalul de la Berlin, ediÈia 2002 » [« La Reconstitution de Lucian Pintilie â Festival de la Berlin, Ă©dition 2002 »], RomĂąnia liberÄ,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Kuzma, Konstanty, « Reality and the Like. Lucian Pintilieâs The Reenactment » [« RĂ©alitĂ© et similaires. La Reconstitution de Lucian Pintilie »], East European Film Bulletin, vol. 10,â (ISSN 1775-3635, lire en ligne, consultĂ© le )
- (ro) Rado, Petre, « O capodoperÄ: Reconstituirea » [« Un chef-dâĆuvre : La Reconstitution »], RomĂąnia literarÄ,â (lire en ligne, consultĂ© le )
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- (ro) Stoica, Dan, « ArtÄ Èi istorie » [« Art et histoire »], Noul Cinema, no 3,â (lire en ligne, consultĂ© le )
- (en) Tehrani, Bijan, « 2008 Palm Springs International Film Festival », sur cinemawithoutborders.com, (consulté le )
- (ro) VodÄ, Eugenia, « BÄtÄlia Reconstituirii » [« La bataille de La Reconstitution »], sur aarc.ro (consultĂ© le ), fragment de Cinema Èi nimic altceva [« CinĂ©ma et rien dâautre »], Bucarest, Editura FundaÈiei RomĂąnia literarÄ, (ISBN 973-96134-0-3)
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- (en) AllMovie
- (en) British Film Institute
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- Reconstruction, Eastern European Movies (version intégrale du film sous-titré en anglais) (consulté le