La Mort d'Agrippine
La Mort d'Agrippine est une tragédie en cinq actes et en vers de Savinien de Cyrano de Bergerac, publiée en 1654. La pièce, qui compte 1 656 alexandrins, est célèbre pour les déclarations d'athéisme du conspirateur Séjanus (acte II, scène IV).
La Mort d'Agrippine | |
Page extraite de l'Ă©dition de 1709 | |
Auteur | Savinien de Cyrano de Bergerac |
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Genre | Tragédie |
Nb. d'actes | 5 actes en vers |
Lieu de parution | Paris |
Date de parution | 1654 |
Personnages
- Tibère, empereur de Rome
- Séjanus, favori de Tibère
- Nerva, sénateur, confident de l'Empereur
- TĂ©rentius, confident de SĂ©janus
- Agrippine, veuve de Germanicus
- Cornélie, sa confidente
- Livilla, sœur de Germanicus et bru de l'empereur
- Furnie, sa confidente
- Gardes
L'action se déroule à Rome, dans une salle du palais de Tibère.
Publication
Il semble que la pièce n'ait pas été représentée[1]. Selon le témoignage de Tallemant des Réaux, « un fou nommé Cyrano fit une pièce de théâtre intitulée La mort d'Agrippine, où Séjanus disait des choses horribles contre les dieux. La pièce était un vrai galimatias. Sercy qui l'imprima dit à Boisrobert qu'il avait vendu l'impression en moins de rien : "Je m'en étonne", dit Boisrobert. — "Ah ! monsieur", reprit le libraire, "il y a de belles impiétés"[2] ».
Postérité
La Mort d'Agrippine de Cyrano de Bergerac « rappelle pour le sujet et la conception générale La Mort de Sénèque de Tristan L'Hermite, et ce rapprochement prend tout son sens lorsqu'on songe à l'amitié qui unit les deux hommes ». Antoine Adam distingue les deux tragédies : « Si vigoureuse que fût l'œuvre de Tristan, celle de Cyrano la domine comme une œuvre de génie peut dominer une œuvre de grand talent. Cyrano a l'art de tendre à l'extrême les situations, de pousser les passions jusqu'à un point qui touche à la frénésie[1] ».
La Mort d'Agrippine est allusivement mentionnée dans la comédie héroïque d'Edmond Rostand Cyrano de Bergerac. À l'acte II, le comte de Guiche propose à Cyrano sa protection et lui offre de le recommander, en tant qu'auteur et dramaturge, à son oncle le cardinal de Richelieu ; Le Bret, ami de Cyrano, se réjouit alors et lui glisse à l'oreille : « Tu vas faire jouer, mon cher, ton Agrippine[3] » — avant que le héros ne refuse, à l'idée que le ministre puisse retoucher ses vers.
La Mort d'Agrippine est mentionnée par le maître d'armes, dans le 8e tome de la série de bande dessinée De cape et de crocs d'Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou, comme une pièce « fort controversée[4] ».
Références
- Adam 1997, p. 124.
- Tallemant des RĂ©aux 1961, p. 886-887.
- E. Rostand, Cyrano de Bergerac (1897), acte II, scène 7, v.929.
- Ayroles & Masbou 2007, p. 22.
Bibliographie
- Antoine Adam, Histoire de la littérature française au XVIIe siècle — Tome II : L'époque de Pascal, l'apogée du siècle, Paris, Éditions Albin Michel, (1re éd. 1956), 845 p. (ISBN 2-226-08922-5)
- Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou, De cape et de crocs : Le Maître d'armes, vol. 8, Paris, Delcourt, , 46 p. (ISBN 978-2-7560-0318-4)
- (en) Henry Carrington Lancaster, A History of French dramatic Literature in the seventeenth century, Part III : The Period of Molière (1652-1672), New York, Gordian Press, (1re éd. 1936), 896 p.
- Jacques Scherer et Jacques Truchet, Théâtre du XVIIe siècle, vol. II, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade » (no 330), , 1603 p. (ISBN 2-07-011107-5)
- Tallemant des Réaux et Antoine Adam (éd.), Historiettes, vol. II, Paris, Gallimard, coll. « La Pléiade » (no 141), (1re éd. 1961), 1725 p. (ISBN 978-2-07-010548-9)