La 317e Section (film)
La 317e Section est un film franco-espagnol réalisé par Pierre Schoendoerffer, sorti en 1965, adapté de son propre roman publié en 1963.
RĂ©alisation | Pierre Schoendoerffer |
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Scénario | Pierre Schoendoerffer d'aprÚs son roman La 317e Section |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production | Georges de Beauregard, Benito Perojo |
Pays de production |
France Espagne |
Genre |
Film dramatique Film de guerre |
Durée | 100 min |
Sortie | 1965 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution
Synopsis
L'histoire de six journĂ©es de guerre. En mai 1954, durant la guerre d'Indochine, la 317e section locale supplĂ©tive composĂ©e de quatre Français et de quarante et un Laotiens reçoit l'ordre d'abandonner le petit poste isolĂ© de Luong Ba au Laos prĂšs de la frontiĂšre avec le Tonkin au ViĂȘt Nam, pour rallier une colonne partie au secours du camp retranchĂ© de DiĂȘn BiĂȘn Phu[1] dans le cadre de l'OpĂ©ration D.
Il faut rejoindre Tao TsaĂŻ, Ă cent cinquante kilomĂštres plus au sud, et s'user en affrontant la forĂȘt hostile, l'eau, les intempĂ©ries, les fiĂšvres et les forces communistes Viá»t Minh qui dĂ©ferlent de concert sur la section.
Durant la marche, les soldats apprennent avec consternation la chute du camp retranchĂ© de DiĂȘn BiĂȘn Phu.
La section est commandée par un officier, assisté de trois sous-officiers français et d'un sous-officier laotien. Arrivé quinze jours plus tÎt, l'officier, le jeune sous-lieutenant Torrens vient tout juste de sortir de formation à Saint-Cyr. Il est secondé par l'adjudant Willsdorff, Alsacien incorporé contre son gré dans la Wehrmacht, vieux routier et vétéran de la Seconde Guerre mondiale. Les sergents Roudier, Perrin et Ba Kut complÚtent l'encadrement.
La progression de la section est ponctuée d'embuscades et de morts. L'inexpérience et la bonne volonté de l'officier, qui détient le commandement, sont sans cesse confrontées au pragmatisme et aux efficaces réflexes de guerre du sous-officier[2]. La compréhension et le respect se nouent peu à peu entre eux[3].
Fiche technique
- Réalisation : Pierre Schoendoerffer, assisté de Philippe Fourastié
- Scénario et dialogues : Pierre Schoendoerffer d'aprÚs son roman éponyme
- Production : Georges de Beauregard et Benito Perojo
- Photographie : Raoul Coutard
- Cadreur : Georges Liron
- Son : Jean NĂ©ny
- Musique : Pierre Jansen et Gregorio GarcĂa Segura (en)
- Montage : Armand Psenny
- Attaché de presse : Bertrand Tavernier
- Pays d'origine : France | Espagne
- Genre : Film dramatique, Film de guerre
- Format : 1.66:1
- Budget : 700 000 FRF[4] - [5]
- Durée : 100 minutes
- Date de production : 1964
- Date de sortie en France :
Distribution
- Jacques Perrin : le sous-lieutenant Torrens
- Bruno Cremer : l'adjudant Willsdorff
- Pierre Fabre : le sergent Roudier
- Manuel Zarzo (doublé par Maurice Sarfati) : le caporal Perrin
- Boramy Tioulong : le sergent supplétif Ba Kut
Analyse
Le film offre plusieurs angles, dont l'importance, pour le chef inexpĂ©rimentĂ©, mĂȘme talentueux, de tirer parti des avis des hommes d'expĂ©rience, mĂȘme moins Ă©levĂ©s en grade. Pour l'adjudant Willsdorff, dans la guerre, seule compte l'efficacitĂ©[6].
La force du réalisme[7] épaulée par le noir et blanc confÚre une grande puissance évocatrice à cette fuite sans espoir[8], qui dépeint les six ultimes journées de soldats français en Indochine.
« Je suis profondĂ©ment antimilitariste et câest la premiĂšre fois que je comprends des militaires de mĂ©tier. La mort du sous-lieutenant me scandalise toujours autant, mais Schoendoerffer a rĂ©ussi Ă me faire admettre que le sous-lieutenant, selon son Ă©chelle de valeurs Ă lui, nâest pas mort pour rien. Je nâen suis pas encore revenu. Jâai compris ce que signifiait lâhonneur pour lui. »
Commentaires
TournĂ© au Cambodge, il s'agit de l'un des rares films français rĂ©alisĂ©s sur la guerre d'Indochine. Pierre Schoendoerffer, qui a Ă©tĂ© cinĂ©aste aux armĂ©es pendant cette guerre et a notamment participĂ© au siĂšge de Ăiá»n BiĂȘn Phủ, a voulu donner un rĂ©alisme quasiment documentaire Ă son film avec une prise de vue faite camĂ©ra Ă l'Ă©paule[9]. Pendant un mois, il a obligĂ© acteurs et techniciens Ă vivre et Ă bivouaquer au cĆur de la forĂȘt cambodgienne, rendant le tournage particuliĂšrement pĂ©nible. « J'ai imposĂ© Ă tout le monde la vie militaire, dira le cinĂ©aste. Un film sur la guerre ne peut pas se faire dans le confort. Tous les matins, nous nous levions Ă 5 heures et nous partions en expĂ©dition Ă travers la jungle. Nous Ă©tions ravitaillĂ©s par avion toutes les semaines. La pellicule Ă©tait expĂ©diĂ©e Ă Paris dans les mĂȘmes conditions. De lĂ -bas, on nous rĂ©pondait tĂ©lĂ©graphiquement 'Bon' ou 'Pas bon'. »
Jacques Perrin interprĂšte le personnage du sous-lieutenant Torrens et Bruno Cremer celui de l'adjudant Willsdorff [10].
Le film raconte l'histoire de la dramatique évacuation de la garnison d'un poste isolé, une section locale supplétive ravitaillée par voie aérienne, et de son pénible repli à travers la jungle jusqu'à son anéantissement, ses effectifs passant de 45 soldats à 4 combattants aprÚs la mort du sous-lieutenant Torrens en fin de film.
Si le roman dĂ©bute le , l'histoire du film dĂ©bute le mardi Ă 18 h 00 et se finit trois jours aprĂšs la fin de la bataille de DiĂȘn BiĂȘn Phu le lundi Ă 15 h 30. Ce changement de datation donne l'impression d'un dramatique effondrement gĂ©nĂ©ral dans cette longue marche oĂč fondent les effectifs, ce qui n'est pas sans rappeler le thĂšme de La Patrouille perdue. Tout un monde s'effondre, les populations les plus amicales ne savent plus que conseiller « Di vĂȘ mau lĂȘn » (« Partir vite ! »).
La version longue d'Apocalypse Now, Apocalypse Now Redux, qui incorpore des scĂšnes inĂ©dites avec Aurore ClĂ©ment, contient une rĂ©fĂ©rence explicite Ă La 317e Section Ă travers la mĂ©taphore de l'Ćuf (« Le blanc part mais le jaune reste »).
En pleine Nouvelle Vague, la 317e Section contient une référence précise au film à bout de souffle, dont le producteur est aussi Georges de Beauregard ainsi que la photographie de Raoul Coutard, lorsque le sous-lieutenant Torrens agonisant dit en regardant sa blessure « Ah c'est dégueulasse », ce à quoi l'adjudant Willsdorff répond « Qu'est-ce que ça veut dire dégueulasse? C'est la guerre ».
Pierre Schoendoerffer, certains de ses collaborateurs tels que le chef-opérateur Raoul Coutard, les comédiens Jacques Perrin et Boramy Tioulong, ont évoqué en détail l'expérience unique qu'a été pour eux le tournage au Cambodge de La 317e Section dans le documentaire Pierre Schoendoerffer, la sentinelle de la mémoire réalisé en 60 minutes par Raphaël Millet en 2011.
Critiques
« à l'inverse des esthÚtes en chambre, Pierre Schoendoerffer connaßt le terrain. Il décrit les corps, les lieux, les embuscades, avec une aisance de vieil armurier. Avant La 317e Section, le film de guerre français n'existait pas. La 317e écrase sans effort les neuf dixiÚmes du cinéma français. Pour une fois, « ça bouge ». »
â Michel Mardore, Lui, no 17, mai 1965
En 2018, l'historien britannique Antony Beevor déclare qu'il considÚre la 317e Section comme le plus grand film de guerre jamais réalisé[11].
RĂ©compenses et distinctions
- Prix du meilleur scénario pour Pierre Schoendoerffer au Festival de Cannes en 1965.
- Le film fut prĂ©sĂ©lectionnĂ© pour la Palme d'or lors du mĂȘme festival.
Notes et références
- « LA 317EME SECTION - Festival de Cannes », sur Festival de Cannes (consulté le ).
- « LA 317e SECTION », sur universalis.fr (consulté le ).
- « La 317Úme section », sur DVDClassik.com (consulté le ).
- https://www.leparisien.fr/culture-loisirs/pierre-schoendoerffer-raconte-par-son-fils-15-03-2012-1906242.php
- « "La 317° Section" : quand Pierre Schoendoerffer tournait à balles réelles », sur nouvelobs.com, L'Obs, (consulté le ).
- « La 317e section », sur cineclubdecaen.com (consulté le ).
- « Restauration de « La 317e section » de Pierre Schoendoerffer », sur cinematheque.fr (consulté le ).
- http://followatch.fr/posts/8884/la-317e-section-pierre-schoendoerffer-jacques-perrin-bruno-cremer
- Jean-Christophe Piot, « Du Soldat Ryan à Game of Thrones : pourquoi filmer la guerre est-il si compliqué ? : Entretien avec Jean Michelin, Bénédicte Chéron et Fadi El Hage », Blog Déjà vu sur franceinfo.fr,
- frĂšre du lieutenant de vaisseau Willsdorff, dont il est question dans Le Crabe-tambour, autre film de Pierre Schoendoerffer.
- Antony Beevor, Antony Beevor: the greatest war movie ever â and the ones I can't bear, The Guardian, 29 mai 2018.
Voir aussi
Articles connexes
Bibliographie
Liens externes
- Ressources relatives Ă l'audiovisuel :
- Allociné
- Centre national du cinéma et de l'image animée
- Ciné-Ressources
- Unifrance
- (en) AllMovie
- (en) British Film Institute
- (pl) Filmweb.pl
- (en) IMDb
- (en) LUMIERE
- (de) OFDb
- (en) Rotten Tomatoes
- (mul) The Movie Database
- Le cinéma-vérité de Pierre Schoendoerffer sur CinéRessources.net (en archive)