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LaSalle (automobile)

LaSalle est une « marque compagne » de Cadillac créée en 1927 par le constructeur américain General Motors pour combler le vide existant entre les gammes Buick et Cadillac.

Dessinée par Harley J. Earl et fabriquée par Cadillac, la LaSalle connaît un succès croissant jusqu’en 1930 mais sa production reste inférieure à sa rivale de chez Packard. Pour réduire ses coûts de fabrication, elle utilise un moteur Oldsmobile entre 1934 et 1937, mais elle se heurte à une concurrence renforcée par l’arrivée de la Lincoln Zephyr. De façon à lui redonner du prestige, la LaSalle retrouve un moteur Cadillac en 1938. Malgré des ventes en progression, elle ne parvient pas à surpasser ses rivales.

La marque LaSalle est abandonnée en 1940 ; le modèle est poursuivi dans la gamme Cadillac (Séries 61 et 63).

Une publicité LaSalle de 1935

Historique

Le concept de « marque compagnon » à la GM

En , un comité spécial présidé par Alfred P. Sloan, le vice-président de la General Motors, étudie la possibilité de combler les marchés existants entre les différentes divisions du groupe. Il existe ainsi un marché potentiel entre Chevrolet et Oakland et un autre entre Buick et Cadillac. La solution retenue pour attirer les clients est que deux de ses divisions fabriquent une gamme dérivée de leurs produits vendus moins chers. En 1926, Oakland engendre la « marque sœur » Pontiac et en 1927, Cadillac lance LaSalle. Devant les premiers succès des nouvelles divisions, GM poursuit sa politique en 1929, Oldsmobile est secondé par Viking et Buick par Marquette. Le jeudi noir d’ aura raison de cette diversification ; dès 1930, la marque Viking disparaît, suivie en 1931 des marques Marquette et Oakland, cette dernière étant abandonnée au profit de la nouvelle Pontiac, aux résultats bien plus prometteurs que sa génitrice ! Seule LaSalle, la « petite Cadillac » poursuit son chemin et survit jusqu’en 1940.

1927-1933 : La petite sœur stylée de la Cadillac

Présentée le , la LaSalle est référencée, durant toute sa carrière, comme une série de Cadillac. Elle est destinée aux personnes qui recherchent une voiture de grande qualité, plus petite, plus maniable et moins chère qu’une Cadillac. La publicité met fortement l’accent sur la parenté avec Cadillac. Le catalogue proclame fièrement que la nouvelle LaSalle est un « pur produit Cadillac » dont elle est le « frère de sang » au niveau mécanique. Le choix de son nom n’a pas posé de problème. Celui de Cadillac ayant été choisi en hommage au français Antoine de Lamothe-Cadillac, le fondateur de Détroit en 1701, il semble logique que la nouvelle division adopte le nom d’un autre explorateur français : celui de René-Robert Cavelier de La Salle (1643-1687), qui prit possession de la Louisiane au nom du roi de France en 1682.

DĂ©signĂ©e sous la dĂ©nomination de SĂ©rie 303, la LaSalle est une Cadillac plus petite et plus lĂ©gère. Son moteur est un nouveau V8 Ă  90° qui prĂ©figure la nouvelle gĂ©nĂ©ration de V8 qui vont Ă©quiper les Cadillac l’annĂ©e suivante. Il a une cylindrĂ©e de 4 965 cm3 (soit 303 pouces cubes, d’oĂą son appellation) avec un alĂ©sage de 79,5 mm et une course de 125 mm, un vilebrequin qui repose sur trois paliers, des culasses dĂ©montables et son refroidissement est assurĂ© par un radiateur Ă  volets thermostatiques. Il dĂ©veloppe une puissance de 75 ch. La boĂ®te de vitesses est Ă  trois rapports, et le châssis est Ă©quipĂ© de freins mĂ©caniques aux quatre roues.

Pour dĂ©montrer la soliditĂ© et les performances de son modèle, GM procède Ă  un test mĂ©morable en . Un roadster est prĂ©levĂ© en bout de chaĂ®ne de montage. On lui enlève les ailes, les marchepieds et les phares, son arbre Ă  cames est renforcĂ© et son taux de compression est augmentĂ©. Il est alors amenĂ© sur une piste d’essai pour y parcourir 1 530 km en 10 heures aux mains de « Big Bill » Rader, le responsable des essais de la GM ; l’arrĂŞt n’est dĂ» qu’à la simple rupture du conduit d’essence. La performance est d’autant plus remarquable qu’aux 500 miles d’Indianapolis de 1927, la Duesenberg victorieuse n’a roulĂ© qu’à 3 km/h de moyenne plus vite, sur une distance deux fois moindre. Plus impressionnant, douze LaSalle de sĂ©rie couvrent près de 500 000 km durant quatre mois d’essais sans le moindre incident majeur.

La LaSalle est proposĂ©e en 22 types de carrosseries, la plupart Ă©tablies sur un châssis de 3 175 mètres d’empattement, soit 18 cm de moins que la plus petite des Cadillac : roadster, coupĂ©, coupĂ© dĂ©capotable, phaĂ©ton, double phaĂ©ton sport, victoria, sedan et sedan de Ville (coupĂ©-chauffeur). En haut de gamme, quatre carrosseries Fleetwood sont disponibles, un coupĂ©, une sedan, un cabriolet de Ville et un cabriolet de Ville transformable. Enfin, trois carrosseries spĂ©ciales Ă©tablies sur un empattement de 3,40 mètres sont proposĂ©es par Fisher, une sedan 7-places, une sedan Imperial et une sedan Imperial 5 places. Vendues entre 2 495 et 2 685 dollars de l'Ă©poque pour les modèles normaux, la LaSalle se situe Ă  mi chemin entre la plus chère des Buick (1 995 dollars) et la moins chère des Cadillac (2 995 dollars). Elle affronte directement la Chrysler Imperial 80 et la Packard Six (remplacĂ©e par un modèle Ă  8 cylindres dès 1928) sur un marchĂ© tenu par des concurrentes bien Ă©tablies et qui n’est guère plus large que celui de Cadillac.

Le style de cette première LaSalle est restĂ© cĂ©lèbre Ă  jamais. DessinĂ©e par Harley J Earl, la LaSalle est le premier rĂ©sultat du contrat signĂ© par le jeune styliste californien, en 1926, en tant que consultant de Cadillac. Ses lignes rappellent celles de l’Hispano-Suiza, ce qui n’est guère surprenant puisque Earl est inspirĂ© par les tendances de style europĂ©ennes d’alors. Contrairement Ă  ses contemporaines, dessinĂ©es en angles droits, la LaSalle prĂ©fère les courbes ; ses ailes ont une forme Ă©lĂ©gante de cuiller. Sur les versions sedan, six larges vitres permettent une vision dĂ©gagĂ©e. Sur certains modèles, le capot et le pavillon de toit adoptent une teinte plus foncĂ©e que le reste de la carrosserie. Le rĂ©sultat donne une voiture assez racĂ©e et au succès commercial important : la production totale de la SĂ©rie 303 atteint 10 767 unitĂ©s, Ă  la plus grande satisfaction de la direction de Cadillac.

SĂ©rie 303 Phaeton, 1928

La SĂ©rie 303 continue sa carrière sans changements notables en 1928. La seule modification de style est l’augmentation de 12 Ă  28 du nombre des crevĂ©es de capot. Les prix baissent de 155 dollars sur les modèles de base dont deux nouvelles versions apparaissent; une sedan familiale Ă  5 ou 7-places et un coupĂ© 4-places. La gamme Fleetwood est Ă©tendue Ă  une Victoria 4-places, deux coupĂ©s d’affaires 2-places, des Imperial 5 et 7-places, une sedan 5 places, et des modèles Ă  toit rigide dĂ©montable. La production atteint 16 038 exemplaires.

Pour 1929, la cylindrĂ©e du moteur est augmentĂ©e Ă  5 375 cm3 (i.e. 328 pouces cubes, d’oĂą la dĂ©signation de SĂ©rie 328) et la puissance atteint 86 ch. Ce moteur prĂ©sente un aspect remarquable, avec ses pièces en nickel poli et sa finition en porcelaine noire, un « design » sous capot caractĂ©ristique de toutes les LaSalle. Le nouveau modèle adopte la boite de vitesses entièrement synchronisĂ©e de Cadillac, la « Synchromesh », des vitres en securit et un siège avant rĂ©glable. Le chrome remplace le nickel sur tous les enjoliveurs mĂ©talliques. Les feux de position sont disposĂ©s au sommet des ailes. Les conduites intĂ©rieures sont Ă©tablies sur un empattement de 3,40 mètres, alors que les dĂ©couvrables conservent celui de 3 175 mètres. La gamme de base est constituĂ©e de quatre dĂ©capotables et de sept conduites intĂ©rieures. La gamme Fleetwood se targue de proposer deux modèles de cabriolets. Les tarifs s’échelonnent de 2 345 dollars pour le roadster 2-places Ă  2 875 dollars pour le phaĂ©ton sport 4-places, les carrosseries Fleetwood atteignent 4 800 dollars. Pourtant, malgrĂ© un rĂ©sultat encore en hausse Ă  22 961 exemplaires, la LaSalle reste loin derrière sa rivale de chez Packard, la Standard Eight dont 43 000 exemplaires sortent des chaĂ®nes.

Série 340 Coupé, 1930

En 1930, la cylindrĂ©e est portĂ©e Ă  5 572 cm3 (340 pouces cube) par augmentation de l’alĂ©sage Ă  84,1 mm. La puissance atteint 90 chevaux. La SĂ©rie 340 ne dispose plus que du seul empattement de 3,40 mètres, et toutes les carrosseries sont nouvelles. Des pneus ballons de 20 pouces sont montĂ©s en sĂ©rie et la direction est amĂ©liorĂ©e par le changement de la gĂ©omĂ©trie du train avant. Sept modèles de base sont produits par Fischer entre 2 375 et 2 795 dollars et six modèles sont proposĂ©s par Fleetwood entre 2 285 et 3 795 dollars. Mais la production chute et n’atteint que 14 995 exemplaires.

ConformĂ©ment Ă  la volontĂ© de la direction de disposer d’une plus grande interchangeabilitĂ© de pièces entre toutes les gammes de la GM afin de conserver des prix de revient bas, la LaSalle de 1931 partage son moteur et son châssis de 3,40 m d’empattement avec la plus petite Cadillac. Elle devient donc SĂ©rie 345A, du fait de son moteur de 5 654 cm3 (345 pouces cube), la lettre A indiquant qu’il s’agit de la première annĂ©e de production. La SĂ©rie 345A est proposĂ©e en douze types de carrosseries. Les roues font 18 pouces et les pare-chocs n’ont qu’une seule barre. MalgrĂ© une baisse des tarifs de 180 dollars, la production de LaSalle continue Ă  baisser. Il n’y a que 10 103 voitures produites cette annĂ©e, mais cela reflète l’état de crise de l’économie d’alors.

SĂ©rie 345 Convertible Coupe, 1932

De nouvelles carrosseries sont prĂ©sentĂ©es en 1932, avec un style plus arrondi, mais la gamme est rĂ©duite Ă  quatre carrosseries sur un empattement de 3,30 mètres et Ă  trois autres sur un empattement de 3,45 mètres. BaptisĂ©e SĂ©rie 345B, la nouvelle voiture rĂ©cupère le V8 de 5 785 cm3 et 115 chevaux de la Cadillac SĂ©rie 353 de 1930 ! Les modifications techniques consistent Ă  rĂ©duire la masse non suspendue. La suspension adopte des amortisseurs hydrauliques rĂ©glables Ă  double effet. La nouveautĂ© la plus intĂ©ressante est l’embrayage pneumatique Ă  roue libre : le dĂ©brayage s’effectue en appuyant sur un bouton situĂ© sous la pĂ©dale tout en relâchant l’accĂ©lĂ©rateur, l’embrayage en relâchant le bouton ou en « remettant les gaz ». Les tarifs vont de 2 394 Ă  2 795 dollars. Malheureusement, la production s’effondre Ă  3 386 exemplaires. La direction de la GM se rĂ©sout Ă  envisager l’abandon de la marque compagnon de Cadillac, comme elle vient de le faire pour Marquette, Viking et Oakland.

Pour le moment, la SĂ©rie 345C est lancĂ©e en 1933. Elle reçoit une calandre en Ă©trave et des ailes Ă  jupes. Les conduites intĂ©rieures sont Ă©quipĂ©es d’une aĂ©ration « sans courants d’air ». Les prix sont abaissĂ©s de 150 dollars, mais 1933 marque le creux de la crise Ă©conomique ; 3381 LaSalle seulement sont fabriquĂ©es. Les stratèges du groupe dĂ©cident d’arrĂŞter la production de LaSalle Ă  la fin de l’annĂ©e.

1934-1937 : Sauvée par le style

C’est sans compter sur le pouvoir de persuasion de Harley J. Earl. Lors d’un comitĂ© des directeurs gĂ©nĂ©raux, il vient leur proposer de regarder ce qu’ils s’apprĂŞtent Ă  ne pas commercialiser. ArrivĂ© Ă  l’Art and Colour Section, il soulève le voile qui recouvre un modèle radicalement diffĂ©rent du prĂ©cĂ©dent, avec une partie avant très Ă©lĂ©gante, prĂ©sentant une calandre très fine encadrĂ©e par deux ailes de type ponton, qui reste la signature de la marque jusqu’à la fin. D’autres dĂ©tails complètent son style, comme les pare-chocs Ă  double lame montĂ©s sur amortisseurs, ou les cinq paires de « hublots de capot ». L’arrière est arrondi en ligne « fastback » et la roue de secours est cachĂ©e. Comme l’affirme plus tard Waren G. Fitzgerald, du centre de style de la GM, « Harley Earl a sans aucun doute sauvĂ© la LaSalle grâce Ă  ce magnifique dessin ». Signe de reconnaissance, la LaSalle de 1934 est choisie pour ĂŞtre la voiture de sĂ©curitĂ© officielle des 500 miles d’Indianapolis.

MĂ©caniquement, l’heure est Ă  la standardisation avec des Ă©lĂ©ments communs Ă  toutes les autres marques de la GM. Le V8 Cadillac est remplacĂ© par un 8 cylindres en ligne Oldsmobile plus commun de 3 938 cm3 (76,2 Ă— 104,9 mm) dĂ©veloppant 95 chevaux. Toutefois, les pistons sont en aluminium, le vilebrequin repose sur cinq paliers et le starter est automatique. Le châssis reçoit quant Ă  lui la suspension avant indĂ©pendante « knee action », des amortisseurs hydrauliques double effet et des freins hydrauliques aux quatre roues. L’empattement est de 3,02 mètres. Seule l’appellation continue de faire le lien avec Cadillac ; malgrĂ© une cylindrĂ©e de moteur de 240 pouces cubes, la nouvelle LaSalle est baptisĂ©e SĂ©rie 350 en rĂ©fĂ©rence Ă  la gamme Cadillac qui dĂ©bute avec la SĂ©rie 355. Le nouveau modèle est proposĂ© en quatre types de carrosseries Fleetwood seulement et il est repositionnĂ© sur le marchĂ© moyen, entre 1 495 et 1 695 dollars, soit 700 dollars de moins qu’en 1933. Le total des ventes atteint 7 128 exemplaires. MĂŞme si ce n’est pas encore assez Ă©levĂ©, c’est mieux que durant les deux annĂ©es prĂ©cĂ©dentes.

En 1935, la LaSalle adopte la carrosserie tout acier « turret top » de Fischer, sur un empattement allongĂ© d’un pouce, Ă  3,05 mètres. Les pare-chocs deviennent monobarres (ils sont moins chers Ă  produire). La course du moteur est allongĂ©e Ă  11,3 mm, ce qui porte la cylindrĂ©e Ă  4 064 cm3 et la puissance Ă  105 chevaux. La boite de vitesses et la transmission sont entièrement nouvelles. La voiture est baptisĂ©e « SĂ©rie 35-50 » : le premier nombre indique le millĂ©sime, le second dĂ©signe la division LaSalle (les Cadillac Ă©tant dĂ©signĂ©es Ă  partir de la sĂ©rie 60). Les prix baissent encore, la gamme des quatre modèles s’étage de 1 255 Ă  1 325 dollars. Les ventes s’amĂ©liorent ; avec 8 563 unitĂ©s, ce sont les meilleures depuis 1931. Mais ce rĂ©sultat ne satisfait pas la direction gĂ©nĂ©rale. En , Packard, dont la situation financière est dĂ©sespĂ©rĂ©e, lance la One-Twenty (1.20). Ce modèle concurrent connaĂ®t un franc succès : 25 000 exemplaires sont vendus au cours de l’annĂ©e.

Pour 1936, la LaSalle reçoit un nouveau capot et une nouvelle calandre. Le châssis est renforcĂ© et les portières s’ouvrent d’arrière en avant pour plus de sĂ©curitĂ©. Afin de lutter contre Packard, les prix sont une fois de plus abaissĂ©s et se situent entre 1 175 et 1 255 dollars, ce qui reprĂ©sente une valeur Ă©tonnante pour de tels produits. Le public rĂ©pond favorablement, plus de 13 000 voitures sont construites. Mais de son cĂ´tĂ©, Packard construit 55 000 One-Twenty et, en plus, Ford lance une nouvelle concurrente avec sa Lincoln ZĂ©phyr. Et Packard et Lincoln sont de vraies grandes marques, leur pedigree imprègne leurs modèles de base… ce qui n’est pas le cas de la LaSalle. De plus, pour disposer d'un produit d'appel en dessous des limousines et coupĂ©s de standing, Cadillac lance cette annĂ©e la SĂ©rie 60, extrapolation des LaSalle dotĂ©e des attributs de la marque Cadillac.

1938-1940 : Retour aux vraies valeurs

SĂ©rie 37-50 Convertible Coupe, 1937

La première consĂ©quence de cette prise de conscience est le retour d’un V8 sous le capot en 1937. Il s’agit de celui de la Cadillac SĂ©rie 60, un moteur Ă  soupapes latĂ©rales de 5 277 cm3 et d’une puissance de 125 chevaux. Le taux de compression est de 6,25 : 1. Les supports de moteur sont plus souples tout en Ă©tant plus rĂ©sistants. Les deux marques utilisent, en avant-première, des carburateurs double corps, qui permettent de prĂ©venir les Ă -coups Ă  l’alimentation. Autre innovation, le filtre Ă  air Ă  bain d’huile. CĂ´tĂ© châssis, ou plutĂ´t en dessous, un système d’échappement Ă  silencieux unique remplace les deux silencieux prĂ©cĂ©dents. La suspension est amĂ©liorĂ©e par une barre de torsion stabilisatrice Ă  l’avant et une barre Panhard Ă  l’arrière. La barre de torsion rĂ©duit le survirage.

La LaSalle SĂ©rie 37-50 repose sur un châssis Ă  traverses cruciformes de 3,175 mètres d’empattement, abaissĂ© par rapport au modèle prĂ©cĂ©dent de 6,35 cm Ă  l’arrière et de 3,81 cm au niveau du plancher. ExtĂ©rieurement, la ligne de caisse Ă©levĂ©e, le toit abaissĂ© et les vitres latĂ©rales Ă©troites donnent Ă  la voiture une apparence simple et Ă©lĂ©gante. Les diverses carrosseries, sedan, coupĂ©, coupĂ© dĂ©capotable et sedan dĂ©capotable, sont tarifĂ©es entre 995 et 1 485 dollars. Ces prix compĂ©titifs relancent les ventes : 32 005 LaSalle sortent des chaĂ®nes en 1937, soit plus que la Lincoln ZĂ©phyr mais bien moins que de Packard 1-20 dont une version six-cylindres est dĂ©sormais proposĂ©e.

Série 38-50 Coupé, 1938

Ce record de ventes satisfait apparemment la direction de la GM. La SĂ©rie 38-50 de 1938 ne reçoit que quelques modifications mineures ; le levier de vitesse passe sous le volant, la calandre est modifiĂ©e et le capot de type « alligator » s’ouvre d’avant en arrière. Le montage des phares est Ă©galement modifiĂ©. Malheureusement, l’annĂ©e 1938 est une annĂ©e de rĂ©cession. La production rechute Ă  15 501 unitĂ©s, loin derrière la ZĂ©phyr et la petite Packard.

SĂ©rie 39-50 Convertible Coupe, 1939

Pour 1939, la sĂ©rie 39-50 change de carrosserie. L’empattement est ramenĂ© Ă  3,175 mètres, les seuils de portières sont abaissĂ©s de 4,5 cm et les marchepieds deviennent des options. La surface vitrĂ©e est agrandie de 27 %, ce qui donne Ă  la voiture un aspect plus allĂ©gĂ© en plus d’une meilleure visibilitĂ©. La nouvelle calandre est surprenante; elle n’est pas plus large que la main d’un homme. Enfin, un toit ouvrant est proposĂ© en option sur les conduites intĂ©rieures. Les sièges spiders des versions dĂ©capotables disparaissent et sont remplacĂ©s par des « sièges d’opĂ©ra », des strapontins qui se replient contre la carrosserie. MĂ©caniquement, les changements concernent la suspension arrière, qui reçoit de nouvelles lames, et les pistons, qui reçoivent de nouveaux segments d’étanchĂ©itĂ©. Sur un marchĂ© qui retrouve son dynamisme, 23028 LaSalle sont produites en 1939, soit plus que de Lincoln ZĂ©phyr, mais toujours moins que de Packard 1-20. Cadillac fait davantage vaciller le positionnement de LaSalle au sein du groupe GM en crĂ©ant les SĂ©ries 61 et 62 qui jouiront d'emblĂ©e d'un grand succès. Un autre membre du groupe, Buick, empiĂ©tait Ă©galement sur le domaine des LaSalle et Cadillac et parvenait Ă  vendre de grandes quantitĂ©s.

Les dernières LaSalle de 1940, les SĂ©rie 50 et SĂ©rie 52, sont celles dont on se souvient le plus. L’étroite calandre est conservĂ©e, mais les phares sont intĂ©grĂ©s aux ailes avant et les clignotants sont montĂ©s en sĂ©rie. Le traitement du capot est nouveau. La SĂ©rie 52 marque l’apogĂ©e du style de LaSalle. L’empattement est allongĂ© Ă  3,124 mètres. Le moteur dĂ©veloppe maintenant 130 chevaux grâce Ă  une augmentation de mm du diamètre des carburateurs double-corps inversĂ©s Carter. Le châssis est plus lourd, l’embrayage est plus souple. Une barre stabilisatrice est ajoutĂ©e Ă  l’arrière. Si la SĂ©rie 50 garde un aspect classique, la SĂ©rie 52 adopte les lignes « torpĂ©do » de la plus petite des Cadillac, la SĂ©rie 62. En cours d’annĂ©e, un coupĂ© dĂ©capotable et une sedan sont ajoutĂ©s Ă  la SĂ©rie 52. Les prix vont de 1 240 Ă  1 895 dollars. La production de 1940 atteint 24 133 unitĂ©s, contre 22 000 Lincoln ZĂ©phyr mais loin des 90 000 Packard 1-20. Ă€ ce moment, la direction gĂ©nĂ©rale estime que Cadillac n’a pas besoin plus longtemps d’une « marque sĹ“ur », surtout depuis que LaSalle empiète sur le marchĂ© de Buick.

Des prototypes du modèle 1941 sont construits mais la voiture n’entre pas en production. À la place, Cadillac les utilise pour donner un nouveau visage aux Cadillac Série 61 et 63 de prix réduit afin de combler, en partie, le vide laissé par LaSalle, l’autre partie étant comblée par Buick.

Les raisons d’un échec

Il n’est pas difficile de comprendre l’échec de LaSalle entre 1927 et 1933. La crise économique ne lui a laissé aucune chance. Dès 1931, aucune voiture de luxe ne se vend bien, et plusieurs grandes marques ont disparu pour cette raison. Mais la piètre prestation de LaSalle entre 1934 et 1940 est plus difficile à expliquer. À partir de 1935, Lincoln et Packard lancent des modèles concurrents qui, au contraire de la LaSalle, portent le nom de leurs prestigieuses aînées, et cela change tout aux yeux des clients. En outre, à la fin des années 1930, les Cadillac et LaSalle se ressemblent beaucoup trop. En 1940, la LaSalle 52 et la Cadillac 62 sont identiques que ce soit à l’extérieur, à l’intérieur ou au niveau des performances. Pourtant, la LaSalle ne coûte que le prix d’une Buick. Cette politique n’a aucun sens pour la GM, sa décision est logique.

Périodiquement, des rumeurs apparaissent au sujet d’une résurrection de LaSalle. Le nom et l’emblème réapparaissent en 1955 à l’occasion de deux Motoramas de la GM. Une première fois pour une berline hard-top à quatre portes, une seconde fois pour une décapotable deux portes. Ces deux voitures sont baptisées « LaSalle II ».

Dans les années 1960, des prototypes de Chevrolet Corvair et de Buick Riviera adoptent le nom de façon éphémère. Et au début des années 1970, c’est la nouvelle compacte de Cadillac qui est présentée aux directeurs de la GM sous ce nom. Mais c’est finalement celui de « Séville » qui est retenu. La principale raison qui pousse la GM à ne plus utiliser ce nom est que, pour quelques personnes, il reste associé à ce que l’on peut appeler le seul échec de Cadillac. Un document interne de la division explique ainsi que baptiser la nouvelle petite Cadillac de 1975 « LaSalle » aurait enchanté les trois-quarts des concessionnaires, mais lui aurait aliéné le quart restant.

Pour les collectionneurs, LaSalle est une marque très respectée ; elle reste la marque qui a produit quelques-unes des voitures les plus raffinées en Amérique avant la seconde guerre mondiale. Mais les collectionneurs ne représentent qu’une quantité infinitésimale du marché actuel. Il semble donc vraisemblable que LaSalle ne soit jamais plus utilisé à l’avenir.

Culture populaire

Filmographie

  • Dans Assurance sur la mort, c’est une LaSalle SĂ©rie 50 Touring Sedan de 1937 qui conduit Barbara Stanwyck et son complice vers leur tragique destin en forme de chaise Ă©lectrique.
  • Dans James Bond 007 contre Dr No, c’est une LaSalle SĂ©rie 50 de 1940 carrossĂ©e en corbillard de couleur noire qui vĂ©hicule les « trois tueurs aveugles » de la scène d’ouverture puis dans une scène de poursuite automobile, oĂą elle achève sa course au fond d’un ravin.

Chanson

La chanson Those Were the Days, thème de la série de télévision All in the Family (diffusée sur CBS de 1971 à 1979) est une des plus célèbres références à la LaSalle, avec le vers « Gee our old LaSalle ran great » (« Dieu comme notre vieille LaSalle roulait bien »)[1].

Bande dessinée

Dans l’album Le Sceptre d'Ottokar, Tintin est le compagnon de voyage occasionnel de Bianca Castafiore à bord d’une LaSalle Série 350 Touring Sedan bleue de 1934 (pages 35 et 36) : il constate avec soulagement que les vitres de la voiture sont en verre « Securit » quand la cantatrice interprète le célèbre « Air des bijoux ».

Liste des modèles

Modèles V8 (1927-1933)

  • Series 303 (1927-1928)
  • Series 328 (1929)
  • Series 340 (1930)
  • Series 345A (1931)
  • Series 345B (1932)
  • Series 345C (1933)

Modèles à moteur 8 cylindres en ligne Oldsmobile (1934-1936)

  • Series 350 (1934)
  • Series 50 (1935-1936)

Modèles V8 (1937-1940)

  • Series 50 (1937-1940)
  • Series 52 (1940)

Notes et références

  1. « All About All in the Family », sur mortystv.com (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • Jeffrey I. Godshall, LaSalle in (en) Cadillac, standard of excellence, Secaucus, N.J, Castle Books, (ISBN 978-0-890-09345-0)
  • Fabien Sabatès, Cadillac : les plus belles annĂ©es, Paris, Massin, coll. « Les prestigieuses », , 127 p. (ISBN 978-2-707-20170-6, OCLC 463560223)
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