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L'Esclave blanche

L'Esclave blanche est un tableau du peintre français Jean-Jules-Antoine Lecomte du NouĂż exĂ©cutĂ© en . Cette huile sur toile de 149,5 Ă— 118,3 cm est conservĂ©e au musĂ©e d'Arts de Nantes.

L’Esclave blanche
Artiste
Date
Type
Huile sur toile
Technique
Dimensions (H Ă— L)
149,5 Ă— 118,3 Ă— 118 cm
Mouvement
No d’inventaire
1063
Localisation

Représentation

Alors que certains artistes du XIXe siècle peignaient leurs œuvres d’après leurs recherches et d'autres sur leur seule imagination, les sujets de Lecomte n’ont, malgré de nombreux voyages entrepris à des fins documentaires, qu’une relation assez lâche avec une société ou un lieu précis[1]. En dépit du réalisme quasi-photographique de ses tableaux, les sources de Lecomte se trouvaient moins dans l’observation que les documents[2]. Probablement issue d’Émaux et Camées de Gautier ou de Voyage en Orient de Nerval[2], cette scène fictive, qui compte parmi les chefs-d’œuvre les plus représentatifs de l’orientalisme[1], est un clin d’œil au Bain turc de Jean-Auguste-Dominique Ingres ()[3]. Le tableau représente un harem ou un hammam dans un cadre somptueux. Comme chez Ingres, la représentation de harems ou de hammams réservés aux femmes offrait aux peintres de tableaux orientalistes la possibilité de donner libre cours à tous les fantasmes érotiques[4].

Chaque dĂ©tail du fastueux dĂ©cor sert Ă  instrumentaliser l’évocation de la magie orientale : on voit, Ă  droite, deux serviteurs noirs avec des vĂŞtements chatoyants devant un bassin qui renvoie Ă  la puretĂ© et Ă  la sensualitĂ© des plaisirs du bain. De la mĂŞme manière, arborant des bagues aux pierreries Ă©tincelantes, la jeune esclave nue Ă  gauche est assise devant de nombreux accessoires comestibles Ă©vocateurs de l’Orient, comme le verre de thĂ©, l’orange en quartiers, le rĂ©gime de dattes ou l’assiette de couscous. De mĂŞme, la cigarette qu’elle fume et ses volutes sinueuses signalent une voluptĂ© oisive toute orientale[5], source de rĂŞveries voluptueuses[6]. OrnĂ© d’une calligraphie arabe rĂ©pĂ©tant en continu la formule : « Allah est grand Â», le cadre dorĂ© participe, lui aussi, de cet orientalisme fantaisiste[6].

L’image de l’esclave circassienne[2] nue, dont la blancheur immaculĂ©e contraste avec la couleur noire et les vĂŞtements chatoyants des serviteurs, fait rĂ©fĂ©rence au fait que la majoritĂ© des femmes du harem provenaient des territoires « infidèles Â», oĂą elles avaient Ă©tĂ© capturĂ©es pour ĂŞtre vendues par les marchands d’esclaves de Constantinople et d’Ispahan[7].

Les reproductions produites en grand nombre par la maison Goupil ont décuplé le succès de cette iconographie[1].

Expositions

  • Équivoques, Peintures françaises du XIXe siècle, Paris, musĂ©e des Arts dĂ©coratifs, mars- ;
  • Les Orientalistes de 1850 Ă  1914, Pau/Dunkerque/Douai, dĂ©c, 1982- ;
  • La Gloire de Victor Hugo, Paris, Grand Palais, oct, 1985-jan, 1986 ;
  • L'exotisme en Europe, Stuttgart, Wurtenbergische Kunsterein/Institut fĂĽr Auslandsbeziehungen/Staatgalerie, sept.-nov, 1987 ;
  • La France : Images of Woman and Ideas of Nation 1789-1989, Londres, Hayward Gallery/Liverpool, Walker Art Gallery, jan.- ;
  • Histoires parallèles : la peinture française du XIXe siècle au musĂ©e des Beaux-Arts de Nantes, Japon (6 Ă©tapes), oct, 1995-juil, 1996 ;
  • (es) Espejismos del Medio Oriente : Delacroix a Moreau, Mexico, Instituto Nacional de Bellas Artes, dĂ©c, 1999-avr, 2000 ;
  • Les Ailes de la gloire, Prague, Galerie Rudolfinum, - ;
  • Le harem : visions europĂ©ennes et musulmanes sur la beautĂ© et l'amour, Barcelone, Centre de Cultura ContemporĂ nia, -.

Références

  1. François Pouillon, Dictionnaire des orientalistes de langue française, Paris, Karthala, 2008, 1007 p. (ISBN 978-2-84586-802-1), p. 580.
  2. Lynne Thornton, Les Orientalistes : peintres voyageurs, t. 1, ACR Ed., 1993, 192 p. (ISBN 978-2-86770-060-6), p. 128.
  3. « N’a-t-on pas dit d’Ingres que c’était « Ingres faisant du GĂ©rĂ´me Â» ? Â» Lynne Thornton, op. cit.
  4. Les Peintres orientalistes (1850-1914) : musĂ©e des Beaux-Arts, Pau, mai-juin 1983, musĂ©e des Beaux-Arts, Dunkerque, juillet-aoĂ»t, musĂ©e de la Chartreuse, Douai, septembre-octobre, 156 p.
  5. Jean-Claude Seguin, « Image et manipulation : actes du 6e congrès international du GRIMH, Lyon, 20-21-22 novembre 2008 : hommage Ă  Roman Gubern Â», Cahiers du GRIMH, no 6, Lyon, Le GRIMH-LCE, 2009 (ISBN 978-2-86272-543-7), 532 p. p. 242.
  6. Claude Cosneau-Allemand, Guide des collections : musée des Beaux-Arts de Nantes, Nantes, Réunion des musées nationaux, , 238 p. (ISBN 978-2-71184-300-8, lire en ligne), p. 142.
  7. Patricia Almarcegui, Fantaisies du harem et nouvelles Schéhérazade, Paris, Somogy, 2003, 191 p. (ISBN 978-2-85056-687-5), p. 74.

Bibliographie

  • (en) Roger Diederen, From Homer to the harem : the art of Jean Lecomte du NouĂż, New York, Dahesh Museum of Art, , 232 p. (ISBN 978-0-96547-932-5, lire en ligne).
  • (de) Roswitha Gost, Der Harem, Cologne, Dumont, 1993 284 p. (ISBN 978-3-77012-808-2).
  • Philippe Jullian, Les Orientalistes. La vision de l'Orient par les peintres europĂ©ens au XIXe siècle, Fribourg, Office du Livre, 1977, 207 p.
  • (de) Esther Sabelus, Die weiĂźe Sklavin. Mediale Inszenierungen von Sexualität und GroĂźstadt um 1900, Berlin, Panama, 2009, 223 p. (ISBN 978-3-938714-05-8).
  • Lynne Thornton, La Femme dans la peinture orientaliste, Paris, A.C.R., 1985, 264 p. (ISBN 978-2-86770-011-8).
  • Michelle Verrier, Les Peintres orientalistes, Paris, Flammarion, 1979, 8 p. 48 illust.

Liens externes

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