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L'Année de tous les dangers (film)

L'Année de tous les dangers (The Year of Living Dangerously) est un film australo-américain réalisé par Peter Weir et sorti en 1982.

L'Année de tous les dangers
Description de l'image L'Annee de tous les dangers Logo.png.
Titre original The Year of Living Dangerously
RĂ©alisation Peter Weir
Scénario Peter Weir
David Williamson
Christopher Koch
Musique Maurice Jarre
Acteurs principaux
Sociétés de production McElroy & McElroy
Metro-Goldwyn-Mayer
Pays de production Drapeau de l'Australie Australie
Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Drame, romance, guerre
DurĂ©e 115 minutes[1]
Sortie 1982

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution

Le film raconte l'histoire d'un correspondant australien, Guy Hamilton (Mel Gibson), en Indonésie juste avant la tentative de putsch du 30 septembre 1965 et les gigantesques massacres qui l'ont suivie. Il met également en scÚne son histoire d'amour avec une assistante anglaise d'ambassade, Jill Bryant (Sigourney Weaver).

Le film est présenté au festival de Cannes 1983 et a été salué pour la performance de l'actrice Linda Hunt, travestie en homme pour le rÎle de Billy Kwan, qui lui a notamment valu l'Oscar de la meilleure actrice dans un second rÎle.

Synopsis

Guy Hamilton est un jeune journaliste nouvellement nommĂ© correspondant pour un rĂ©seau australien Ă  Jakarta. À son arrivĂ©e, il rencontre le petit cercle des expatriĂ©s : des correspondants anglais, amĂ©ricains et nĂ©o-zĂ©landais, du personnel diplomatique et un nain sino-australien dotĂ© d'une grande intelligence et d'un sens moral aigu, Billy Kwan. Les dĂ©buts de Guy sont difficiles car son prĂ©dĂ©cesseur, fatiguĂ© de vivre en IndonĂ©sie, est parti sans le prĂ©senter Ă  ses contacts. Il reçoit par ailleurs assez peu de soutien de ses confrĂšres journalistes qui sont en compĂ©tition pour rĂ©cupĂ©rer des morceaux d'information du gouvernement de Soekarno, du parti communiste indonĂ©sien (PKI) et des conservateurs musulmans de l'armĂ©e. C'est finalement Kwan qui se prend d'amitiĂ© pour Guy et l'aide Ă  rencontrer les personnalitĂ©s-clefs de la politique locale.

Kwan prĂ©sente Ă©galement Guy Ă  Jill Bryant, une jeune et jolie assistante travaillant Ă  l'ambassade britannique. Kwan est un ami proche de Jill et la manipule pour qu'elle frĂ©quente Guy. AprĂšs avoir rĂ©sistĂ© au journaliste australien au motif qu'elle doit repartir au Royaume-Uni, Jill finit par tomber amoureuse. AprĂšs avoir dĂ©couvert que les communistes chinois sont en train d'armer le PKI, Jill passe l'information Ă  Guy, puis, apprĂ©hendant le danger, lui propose de prendre l'avion dans lequel elle compte quitter le pays. Celui-ci se met alors en tĂȘte de couvrir la rĂ©bellion communiste qui se dĂ©clenchera au moment oĂč les armes atteindront Jakarta. ChoquĂ©s par cette dĂ©cision dangereuse, Kwan et Jill s'Ă©loignent du journaliste qui se retrouve avec le journaliste amĂ©ricain Pete Curtis et son assistant et chauffeur, Kumar, qui appartient secrĂštement au PKI. Ce dernier est nĂ©anmoins loyal Ă  Guy et essaie de lui ouvrir les yeux sur ce qui est train de se produire.

Plus tard, Kwan, bouleversé par le décÚs, par manque de soins, d'un enfant dont il assurait la subsistance, se révolte contre l'échec de Soekarno à répondre aux besoins du peuple indonésien. Il décide alors de déployer une banderole sur l'hÎtel Indonesia pour exprimer son indignation, au moment de l'arrivée de Soekarno. Il est alors défenestré par des hommes de la sécurité. Il meurt dans les bras de Guy et sous les yeux de Jill. Toujours à la recherche d'un scoop, Guy se rend au palais présidentiel, alors que les généraux, ayant appris le projet de livraison d'armes, ont ordonné l'exécution des insurgés communistes. Un officier indonésien frappe le journaliste avec sa crosse de fusil, ce qui provoque un décollement de rétine menaçant de le rendre aveugle s'il n'est pas soigné d'urgence.

Se reposant seul dans la maison de Kwan, Guy se remĂ©more un passage du Bhagavad-GÄ«tā que Billy lui a dit : « All is clouded by desire. » (« Tout est obscurci par le dĂ©sir. ») Kumar lui rend visite et lui confirme que le coup d'État communiste a Ă©chouĂ© et que l'armĂ©e a pris le pouvoir. Guy l'implore alors de le conduire Ă  l'aĂ©roport. En catastrophe, il retrouve Jill dans l'avion qui s'apprĂȘtait tout juste Ă  quitter Jakarta, laissant derriĂšre eux un pays Ă  feu et Ă  sang.

Fiche technique

Distribution

Production

Peter Weir devance d'une journĂ©e[5] Jim McElroy dans l'achat des droits du roman. Ils dĂ©cident finalement de collaborer sur le projet d'adaptation. Un temps, le rĂ©alisateur Phillip Noyce avait Ă©galement envisagĂ© de rĂ©aliser le film[5]. À l'origine, l'acteur David Atkins devait jouer le rĂŽle de Billy Kwan avant de quitter le projet. Joel Grey, Bob Balaban et Wallace Shawn ont auditionnĂ© pour le rĂŽle. Faute d'avoir trouvĂ© un acteur pour jouer le rĂŽle, Weir le propose Ă  une actrice, Linda Hunt[5].

FinancĂ© Ă  hauteur de 6 000 000 $ par la MGM[2], L'AnnĂ©e de tous les dangers est, Ă  l'Ă©poque, l'un des films australiens les plus chers jamais produit et marque la premiĂšre coproduction entre l'Australie et un studio hollywoodien. Auparavant, c'est CBS Films qui devait financer le projet mais la sociĂ©tĂ© s'est finalement dĂ©sistĂ©e (c'est Ă  ce moment que le scĂ©nariste David Williamson rejoint le projet)[5]. Originellement prĂ©vu pour ĂȘtre filmĂ© Ă  Jakarta, le film ne reçoit pas l'autorisation de tournage et est majoritairement filmĂ© aux Philippines. De fait, la plupart des dialogues des locaux sont en filipino, voire en tagalog, et non en indonĂ©sien[5].

Lors d'une scĂšne d'action rĂ©aliste, des coups de feu rĂ©els sont tirĂ©s[5]. De plus, des menaces de mort profĂ©rĂ©es Ă  l'encontre de Peter Weir et de Mel Gibson, par des personnes persuadĂ©es que le film Ă©tait anti-musulmans, ont forcĂ© la production Ă  se dĂ©placer en Australie. À propos de ces menaces, Gibson dĂ©clare : « Ce n'Ă©tait pas si terrible. C'est sĂ»r que nous en avons reçu beaucoup mais je me dis que quand on en reçoit tant, ça prĂ©sage que rien ne va se passer. Je veux dire, s'ils veulent nous tuer, pourquoi prĂ©venir[6] ? »

Musique

Outre la musique composée par Maurice Jarre, le film utilise largement L'Enfant, une chanson de Vangelis sortie en 1978 dans l'album Opéra sauvage, piste initialement choisie pour figurer dans le film Les Chariots de feu, mais qui est remplacée par le désormais célÚbre thÚme du film[5].

Autre moment fort, Beim Schlafengehen, l'un des 4 derniers lieds de Richard Strauss par Kiri Te Kanawa (London Symphonic Orchestra / A. Davis / CBS) (et non September, comme souvent indiqué). Et aussi White Cliff of Dover par Vera Lynn (EMI) ; Whole Lotta Shaking Goin' On par Jerry Lee Lewis (Sun Record) ; Long Tall Sally par Little Richard (Vee Jar Rec.) ; Beautiful Ohio Waltz par Franck Bourke (F. Bourke Rec.) ; Be-bop-a-lula par Gene Vincent (Capitol Rec.) ; Ain't That Lovin' You Baby par Jimmy Reed (Vee Jay Rec.) ; Tutti-Frutti par Little Richard (Vee Jay Rec.). Gamelan Orchestra, section musique, Université de Sydney. (Réf. : générique final)

Sortie et accueil

Critique

Le film est prĂ©sentĂ© au festival de Cannes 1983 oĂč il a Ă©tĂ© bien reçu par les critiques[7].

Roger Ebert a accordĂ© au film une note de quatre Ă©toiles sur quatre et a louĂ© la performance de Linda Hunt : « Billy Kwan est jouĂ©, incroyablement, par une femme — Linda Hunt, une actrice de thĂ©Ăątre new-yorkaise qui entre tellement pleinement dans son rĂŽle qu'on ne se rend jamais compte qu'elle n'est pas un homme. C'est une grande performance d'actrice, de transformation d'une personne en une autre. »[8] Dans sa critique pour le New York Times, Vincent Canby fait l'Ă©loge de la prestation de Mel Gibson : « Si ce film ne fait pas de M. Gibson (Gallipoli, Mad Max) une star internationale, rien d'autre ne le pourra. Il possĂšde Ă  la fois le talent nĂ©cessaire et la prĂ©sence Ă  l'Ă©cran. »[9] Cependant, Richard Corliss du magazine Time Ă©crit : « Dans sa tentative de mĂȘler ses prĂ©occupations avec le scĂ©nario du roman de 1978 de C.J. Koch, Weir a peut-ĂȘtre embarquĂ© trop d'imagerie et d'information dans son film... Le scĂ©nario semble bloquĂ© dans des coĂŻncidences de la vie rĂ©elle ; les personnages n'amĂšnent que rarement le spectateur Ă  porter la main sur son cƓur ou ses lĂšvres. »[10] Dans sa critique pour le Washington Post, Gary Arnold juge que malgrĂ© de nombreux dĂ©fauts, notamment un manque de cohĂ©rence narrative, le film n'en distille pas moins une atmosphĂšre fascinante[11]. Le magazine Newsweek estime quant Ă  lui que le film est « un Ă©chec gĂȘnant car il gaspille tant de riches possibilitĂ©s »[12].

Box-office

Le film a rapportĂ© 2 393 000 $ en Australie[13] et 10 278 575 $ aux États-Unis[14].

Sortie en Indonésie

Le film a été interdit en Indonésie jusqu'en 1999, car il montrait par quel concours de circonstances tumultueux et sanglant le dictateur Soeharto était arrivé au pouvoir[5]. Le titre du film (et du roman) fait d'ailleurs référence à une citation de Soeharto qui avait qualifié l'année 1965 de « Tahun Vivere Pericoloso » (littéralement « année du vivre dangereux » dans un italien approximatif)[5]. Pendant la phase de production, le titre était simplement Living Dangerously[5]. Le film fut finalement diffusé pour la premiÚre fois le .

Distinctions

RĂ©compenses

Prix de la critique

Nominations

  • Festival de Cannes 1983
    • SĂ©lection officielle en compĂ©tition
  • Golden Globes 1984
  • Australian Film Institute Awards
    • AFI Award du meilleur film
    • AFI Award du meilleur acteur pour Mel Gibson
    • AFI Award du meilleur rĂ©alisateur pour Peter Weir
    • AFI Award du meilleur scĂ©nario adaptĂ© pour Peter Weir, David Williamson et Christopher Koch
    • AFI Award de la meilleure photographie pour Russell Boyd
    • AFI Award de la meilleure musique pour Maurice Jarre
    • AFI Award des meilleurs costumes pour Terry Ryan
    • AFI Award du meilleur montage pour William M. Anderson
    • AFI Award de la meilleure direction artistique pour Herbert Pinter et Wendy Stites
    • AFI Award du meilleur son pour Jeanine Chiavlo, Peter Fenton, Lee Smith et Andrew Steuart
Prix d'associations de professionnels du cinéma

Analyse

Le film s'inscrit dans un cycle de films des annĂ©es 1980 ayant pour thĂšme le correspondant de guerre (Salvador, Under Fire, Le Faussaire, Cry Freedom, La DĂ©chirure...)[5]. Le film prĂ©sente le coup d'État militaire comme une rĂ©action Ă  la tentative de rĂ©volution du PKI, ce qui correspond Ă  la thĂ©orie officielle. Cependant, d'autre thĂ©ories expliquant le mouvement du 30 septembre 1965 existent et ne sont pas prĂ©sentĂ©es dans le film. Par exemple, une Ă©tude, le Cornell Paper, Ă©voque une affaire militaire interne. La CIA et le MI6 sont Ă©galement parfois accusĂ©s d'avoir prĂȘtĂ© main-forte Ă  Soeharto pour qu'il puisse prendre le pouvoir.

Notes et références

  1. (en) « The Year of Living Dangerously - Main », IMDb.
  2. (en) Mel Gibson Has All Ingredients For Superstardom de Bob Thomas, 15 février 1983, Associated Press.
  3. (en) Dates de sortie sur l’Internet Movie Database
  4. (en) Parents Guide sur l’Internet Movie Database
  5. (en) Anecdotes sur l’Internet Movie Database
  6. (en) An American from Kangaroo-land hops to the top de Davin Seay, février 1983, Ampersand.
  7. (en) Cannes Over, Films Face the Public d'E.J. Dionne, 23 mai 1983, The New York Times, p.13.
  8. (en) The Year of Living Dangerously de Roger Ebert, 1er juin 1983, Chicago Sun-Times.
  9. (en) The Year of Living Dangerously de Vincent Canby, 21 janvier 1983, The New York Times.
  10. (en) Waist-Deep in the Big Money de Richard Corliss, 17 janvier 1983, Time.
  11. (en) Tale of Political Intrigue Is Flawed but Compelling de Gary Arnold, 18 février 1983, Washington Post.
  12. (en) Our Man in Jakarta, janvier 1983, Newsweek.
  13. (en) [PDF] Australian Films at the Australian Box Office, Film Victoria.
  14. (en) The Year of Living Dangerously - Summary, Box Office Mojo.

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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