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Kusanagi

Kusanagi-no-tsurugi (è‰è–™ăźć‰Ł, l'« Ă©pĂ©e de Kusanagi ») est une Ă©pĂ©e lĂ©gendaire japonaise aussi importante dans ce pays qu'Excalibur l'est en Bretagne ou que Durandal l'est en France. C'est l'une des trois regalia du trĂŽne impĂ©rial du Japon.

Répliques du trésor impérial du Japon : épée Kusanagi, miroir sacré et pendentif magatama.

Noms

Son nom complet est en japonais Ama no murakumo no tsurugi (ć€©ćąé›Č扣, littĂ©ralement « Ă‰pĂ©e du ciel aux nuages regroupĂ©s Â») mais elle est populairement nommĂ©e en Kusanagi (草薙, « Coupeuse d'herbe Â»). On peut aussi l'appeler Tsumugari-no-tachi (éƒœç‰Ÿćˆˆăźć€Ș戀, « sabre de la rĂ©colte des blĂ©s de la Capitale Â»).

Apparence

On pense que l'« Ă©pĂ©e de Kusanagi » pourrait ressembler Ă  une Ă©pĂ©e de l'Ăąge du bronze Ă  double tranchant, courte et droite, ce qui la diffĂ©rencie totalement du style des sabres japonais Ă  lames courbes et Ă  un seul tranchant. À l'Ă©poque d'Edo, un prĂȘtre shinto affirma l'avoir vue et affirma qu'elle est semblable Ă  une « tsurugi Ă  la lame brillante et bien maintenue en forme de jonc »[1].

Historique légendaire

Faute de pouvoir examiner l'objet, Ă  supposer qu'il soit rĂ©el, et de vĂ©rifier l'ensemble des sources disponibles, il est impossible de dĂ©mĂȘler l'histoire et la lĂ©gende de l'« Ă©pĂ©e de Kusanagi ». Dans la mĂ©taphysique shinto, les Sanshu-no-Jingi (regalia du trĂŽne japonais) sont censĂ©s relier l'empereur Ă  Amaterasu Omikami et aux autres dĂ©itĂ©s, au « Ciel » et aux « kamis ». Avant la dĂ©sacralisation de l'institution impĂ©riale, le prince hĂ©ritier Ă©tait dĂ©ifiĂ© en devant ainsi empereur du Japon : Tennƍ, Akitsumikami, Mikado. Mais quelle Ă©pĂ©e est utilisĂ©e ? Des rĂ©pliques ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es au cours du temps et la localisation actuelle de l'Ă©pĂ©e est controversĂ©e car conformĂ©ment Ă  la tradition, elle est maintenue secrĂšte par la maison impĂ©riale. L'« Ă©pĂ©e de Kusanagi » est censĂ©e se trouver au palais impĂ©rial de Tokyo, mais, souvent dĂ©placĂ©e ou parfois perdue, elle ou l'une des rĂ©pliques ultĂ©rieures peuvent se trouver dans n'importe quel sanctuaire jingĆ«, mĂȘme si celui d'Atsuta Ă  Nagoya est le plus souvent citĂ©.

Selon la lĂ©gende, l'Ă©pĂ©e originale aurait Ă©tĂ© perdue pendant la guerre de Genpei, le lorsque l'empereur Antoku se jeta Ă  la mer aprĂšs la dĂ©faite de son camp Ă  la bataille de Dan-no-ura ; une rĂ©plique forgĂ©e bien auparavant sous les ordres de Sujin Tenno, dixiĂšme empereur du Japon, l'aurait remplacĂ©e et serait aujourd'hui l'un des trois insignes sacrĂ©s de la maison impĂ©riale ; quant Ă  l'Ă©pĂ©e originale, elle aurait Ă©tĂ© repĂȘchĂ©e par des plongeuses pĂȘcheuses de perles mais on ignore Ă  qui elles l'ont remise, oĂč elle se trouve et quel est son aspect (Ă  supposer qu'elle ait Ă©tĂ© conservĂ©e)[2] - [3].

Quoi qu'il en soit, en , Ă  la fin de la seconde Guerre mondiale, l'empereur Shƍwa (Hirohito) ordonna Ă  une poignĂ©e de ses fidĂšles de « protĂ©ger les Sanshu-no-Jingi Ă  tout prix », c'est-Ă -dire de les cacher pour Ă©viter qu'ils ne deviennent profanes dans un musĂ©e ou ne soient confisquĂ©s par des rĂ©publicains dĂ©sireux d'abolir la dynastie impĂ©riale. On suppose donc que ces fidĂšles ont dĂ» voir directement et avoir un accĂšs direct Ă  Kusanagi et aux deux autres symboles du trĂ©sor impĂ©rial du Japon, le miroir sacrĂ© et le pendentif magatama Yasakani. Mais aucun n'a parlĂ© et le gĂ©nĂ©ral Douglas Mac Arthur ne semble pas avoir cherchĂ© Ă  en apprendre davantage, la politique amĂ©ricaine Ă©tant alors de maintenir la maison impĂ©riale comme Ă©lĂ©ment de cohĂ©sion du pays et contrepoids Ă  l'influence communiste[4].

Matériau supposé

En l'absence de toute certitude, le matĂ©riau Ă  partir duquel la Kusanagi originelle a Ă©tĂ© forgĂ©e a fait l'objet de nombreuses spĂ©culations, de mĂȘme que la date de sa fabrication. Elle pourrait dater de la pĂ©riode Jokoto (lames antiques), prĂ©-Amakuni, voire de l'Ăąge du bronze, mais rien ne prouve qu'elle soit en bronze car des Ă©pĂ©es en fer existaient dĂ©jĂ  Ă  l'Ă©poque dans le monde, parfois façonnĂ©es en fer mĂ©tĂ©orique. Le systĂšme de Tatara, mĂ©thode traditionnelle pour produire de l'acier au Japon, est, selon la lĂ©gende, inspirĂ© de la forme dĂ©capitĂ©e du Yamata-no-Orochi par Totsuka-no-Tsurugi et existerait depuis des temps reculĂ©s, bien avant la crĂ©ation des katana et des premiers tachi par Amakuni. Beaucoup d'auteurs s'accordent pour dire que Kusanagi fut importĂ©e depuis le continent asiatique, Ă  l'instar de maints aspects de la technologie ancienne, de la culture et de la mythologie du Japon. Il fut aussi supposĂ© que Yamata-no-Orochi reprĂ©senterait des vallĂ©es et riviĂšres d'Izumo, et peut-ĂȘtre des crues. Cela signifierait que Murakumo aurait Ă©tĂ© forgĂ©e Ă  partir de satetsu (« sable de fer »), mais il demeure possible qu'elle soit faite en minerai de fer extrait des montagnes, en fer mĂ©tĂ©orique ou en acier primitif.

En outre, la secte Amatsukyƍ affirme, selon les Takeuchi Monjƍ (ouvrage attribuĂ© Ă  un descendant de Takenouchi no Sukune, censĂ© dĂ©crire le Japon d'avant le Kojiki), qu'elle serait faite en hihiirogane : un mĂ©tal ou alliage lĂ©gendaire sur lequel nulle information vĂ©rifiable n'est disponible.

Mythe

Selon le mythe, Kusanagi proviendrait du corps d'un serpent possĂ©dant huit tĂȘtes : Yamata no orochi. Elle aurait Ă©tĂ© confiĂ©e par Amaterasu Ă  Ninigi et selon Kitabatake Chikafusa, la vĂ©ritable identitĂ© de Ama-no-Murakumo serait Atsuta Daimyƍjin, soit le dieu du sanctuaire Atsuta-JingĆ«, oĂč elle serait enfermĂ©e profondĂ©ment Ă  l'intĂ©rieur du sanctuaire. Les prĂȘtres kannushi et prĂȘtresses miko de ce sanctuaire considĂšrent Murakumo comme incarnant Amaterasu en personne[5].

L'anthropologue C. Scott Littleton décrit la légende de Yamato Takeru comme de type « arthurien », et rapproche ces mythes à d'autres semblables, du Moyen-Orient, du monde avestique, des Hittites, qui bien qu'étant des civilisations de l'ùge du Bronze, finirent par forger des lames en fer, grùce aux météorites trouvées sur leurs territoires. Kusanagi et Excalibur seraient donc mythologiquement homologues.

La lĂ©gende dit que l'Ă©pĂ©e gagna son nom de Kusanagi dans la province de Sagami-no-kuni. On raconte que Ame-no-Murakumo-no-Tsurugi Ă©tait en possession du prince Yamato-Takeru-no-Mikoto lorsqu'il fut attaquĂ© dans une prairie, que ses ennemis avaient incendiĂ©e pour pouvoir l'abattre Ă  distance, par crainte d'affronter le demi-dieu en combat rapprochĂ©. Takeru utilisa alors son Ă©pĂ©e divine pour se frayer un coupe-feu en tranchant les herbes hautes et Ă©chapper ainsi Ă  l'embuscade enflammĂ©e. Ces herbes sont symboliques : le shintoĂŻsme compare souvent les humains Ă  l'herbe, par des expressions telles que Ame no masuhito ou Aohitokusa, qui sont gĂ©nĂ©ralement interprĂ©tĂ©es comme la bĂ©nĂ©diction d'Izanagi, garante de la prospĂ©ritĂ© des humains, dĂ©pendant des cĂ©rĂ©ales et des fourrages. Dans la lĂ©gende de Yamato Takeru, le nom de Kusanagi symboliserait les conquĂȘtes de la dynastie impĂ©riale, soumettant les tribus et fĂ©odalitĂ©s rivales. Kusanagi-no-Tsurugi signifierait alors que les guerriers ennemis Ă©taient fauchĂ©s comme des blĂ©s par les Ă©pĂ©es de fer introduites Ă  l'Ă©poque, ce qui est rendu par la mythologie de la « lame divine aux pouvoirs mystiques » coupant court Ă  toute opposition.

Représentations

Sa reprĂ©sentation dans la culture japonaise, films, animes, romans, nouvelles et light novels varie considĂ©rablement : chaque auteur en a sa propre idĂ©e et son propre design. Ainsi :

  • dans le manga Campione, c'est une Ă©pĂ©e noire Ă  garde dorĂ©e ;
  • dans le film Onmyƍji 2, elle est reprĂ©sentĂ©e avec un dragon chinois gravĂ© sur la lame (dĂ©robĂ©e Ă  un royaume vaincu) ;
  • dans le Yakumo Tatsu, elle fait partie d'une sĂ©rie d'Ă©pĂ©es divines appartenant au clan Fuzuchi ;
  • dans le manga Naruto, elle a l'aspect d'un katana (bien que dans l'adaptation animĂ©e, elle ressemble davantage Ă  une Ă©pĂ©e de type tsurugi) ;
  • dans Red Eyes Sword: Akame ga Kill!, elle est l'un des pouvoirs spĂ©ciaux du teigu Susanoo ;
  • dans les jeux Demon's Souls et Dark Souls III, il s'agit de l'Ă©pĂ©e Storm Ruler, capable de contrĂŽler le vent. Le design y est adaptĂ© pour que cette derniĂšre s'apparente Ă  un ZweihĂ€nder ;
  • dans le manga Kamigami no asobi, c'est un collier qui transporte l'hĂ©roĂŻne dans un monde parallĂšle.
  • dans le manhwa The God of High School, Kusanagi est l'Ă©pĂ©e qu'utilise Kyoichi membre de l'Ă©quipe du japon

Le jeu de rĂŽle occidental Scion en donne aussi sa propre interprĂ©tation, et comme dans les autres Ɠuvres citĂ©es ci-dessus, elle ne se trouve pas aux mains de son propriĂ©taire lĂ©gitime.

Dans le manga Naruto, Orochimaru possĂšde l’épĂ©e de Kusanagi (ayant la rĂ©putation d'ĂȘtre plus solide que le diamant). Il s'en est servi pour tuer le troisiĂšme Hokage lors de l'examen final des chĆ«nin. Sasuke dispose d'une autre version de l'Ă©pĂ©e de Kusanagi, ce n'est pas la mĂȘme mais dispose du mĂȘme nom.

Dans le manga One Piece, l'amiral Kizaru de la Marine peut créer, grùce à son fruit du démon, le fruit luminescent, un sabre de lumiÚre qu'il appelle "Ame no Murakumo". D'ailleurs, d'autres de ses techniques empruntent le nom des deux autres trésors (le "Magatama" et le "Yata no Kagami").

Dans l'anime Kamigami no Asobi, Kusanagi est le prénom de l'héroïne principale. Elle possÚde également l'épée sacré en pendentif autour de son cou.

Sources de la traduction

Références

  1. William George Aston, (en) Nihongi, chronicles of Japan from the Earliest Times to A.D. 697, Tuttle Publishing, july 2005, first edition published 1972, (ISBN 978-0-8048-3674-6).
  2. Nihongi, chronicles of Japan from the Earliest Times to A.D. 697, translated from the original Chinese and Japanese by William George Aston, book I, part 1, pages 53, 56, 437, Tuttle Publishing, july 2005, first edition published 1972, (ISBN 978-0-8048-3674-6)).
  3. The Tales of the Heike, 12:9, p. 142 et 12:12, p. 198, Columbia University Press, 2006.
  4. Nelly Naumann, « The kusanagi sword », in Nenrin-Jahresringe: Festgabe fĂŒr Hans A. Dettmer Ed. Klaus MĂŒller Harrassowitz, Wiesbaden 1992.
  5. (en-US) « 10 Mysterious Swords From Legend And History », sur Listverse, (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

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