Kintsugi
Le kintsugi (éç¶ă, « jointure en or ») ou kintsukuroi (éçčă, « rĂ©paration en or ») est une mĂ©thode japonaise de rĂ©paration des porcelaines ou cĂ©ramiques brisĂ©es au moyen de laque saupoudrĂ©e de poudre d'or[1] - [2].
Histoire
Le kintsugi serait apparu lorsque, à la fin du XVe siÚcle, le shogun Ashikaga Yoshimasa a renvoyé en Chine un bol de thé chinois endommagé pour le faire réparer. Le bol étant revenu réparé avec de vilaines agrafes métalliques, les artisans japonais auraient cherché un moyen de réparation plus esthétique.
La rĂ©paration de vaisselles avec des laques provenant de rĂ©sines de plantes est une tradition pratiquĂ©e en Chine, CorĂ©e, Japon et ViĂȘt Nam, mais les rĂ©parateurs japonais amenĂšrent une touche esthĂ©tique particuliĂšre en y ajoutant de la poudre d'or[3]. Cela relĂšve d'une philosophie qui prend en compte le passĂ© de l'objet, son histoire et donc les accidents Ă©ventuels qu'il a pu connaĂźtre. La casse d'une cĂ©ramique ne signifie plus sa fin ou sa mise au rebut, mais un renouveau, le dĂ©but d'un autre cycle et une continuitĂ© dans son utilisation. Il ne s'agit donc pas de cacher les rĂ©parations, mais de mettre celles-ci en avant.
Les collectionneurs se sont Ă©pris de cet art nouveau au point que certains ont Ă©tĂ© accusĂ©s d'avoir dĂ©libĂ©rĂ©ment cassĂ© de prĂ©cieuses poteries afin qu'elles puissent ĂȘtre rĂ©parĂ©es avec les coutures d'or du kintsugi[1]. Le kintsugi est Ă©troitement associĂ© aux ustensiles en cĂ©ramique employĂ©s pour la cĂ©rĂ©monie japonaise du thĂ©[2].
Technique
La laque est ici pĂ©trie avec de la farine de blĂ© et de l'eau avant de l'appliquer pour renforcer le maintien des diffĂ©rents morceaux. Ce mĂ©lange Ă©pais est mis entre les tessons, lors de l'assemblage. Lorsqu'il sĂšche, ce mĂ©lange se rĂ©tracte, laissant alors apparaĂźtre des crevasses. Celles-ci sont remplies par un mĂ©lange diluĂ©, appelĂ© kokuso urushi (ć»è§æŒ, laque de fibre de ramie), fait de grains de riz, de fibre de ramie et de poudre de bois, qui est appliquĂ© directement sur la laque[4]. La technique utilisĂ©e pour la rĂ©paration Ă la laque mĂ©langĂ©e Ă des paillettes d'or est proche des techniques du maki-e utilisĂ©es traditionnellement par les artisans laqueurs japonais.
Cette technique de rĂ©paration de la cĂ©ramique ne se limite pas Ă l'utilisation de l'or et peut aussi se faire sur d'autres modes. Ainsi, lorsque de l'argent est utilisĂ© Ă la place de l'or, la technique prend le nom de gintsugi (éç¶ă, jointure d'argent)[5] ou le nom d'urushi tsugi (æŒç¶ă, jointure de laque) lorsque de la simple laque est utilisĂ©e sans additif mĂ©tallique.
Symbolique
L'art du kintsugi est souvent utilisé comme symbole et métaphore de la résilience en psychologie[6] - [7] - [8].
Courant de pensée
Le kintsugi s'inscrit dans la pensée japonaise du wabi-sabi qui invite à reconnaßtre la beauté qui réside dans les choses simples, imparfaites et atypiques[6].
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Kintsugi » (voir la liste des auteurs).
- (en) Blake Gopnik, « At Freer, Aesthetic Is Simply Smashing », sur washingtonpost.com, (consulté le ).
- (en) « Friday Fave: Tea Bowl », sur asia.si.edu, 13 évrier 2015 (consulté le ).
- (en) « Golden Seams: The Japanese Art of Mending Ceramics », 8 nevembre 2008
- (ja) « ăăăæăăăéç¶ăć „éă », sur precious.jp,â - Introduction au Kintsugi (mĂ©thode de production)
- « Kintsugi et Gintsugi : un autre rapport à l'objet », sur the-et-ceramique.blogspot.fr, (consulté le ).
- CĂ©line Santini, Kintsugi, l'art de la rĂ©silience, Paris, Ăditions First, , 248 p. (ISBN 978-2-412-03620-4, prĂ©sentation en ligne), p. 9-10, 241
« Le kintsugi, ou lâart de sublimer les blessures⊠La Voie du Kintsugi peut ĂȘtre vue comme une forme dâart-thĂ©rapie, vous invitant Ă transcender vos Ă©preuves et transformer votre propre plomb en or. Il vous rappelle que vos cicatrices, quâelles soient visibles ou invisibles, sont la preuve que vous avez surmontĂ© vos difficultĂ©s. En matĂ©rialisant votre histoire, elles disent : âTu as survĂ©cu !â et vous apportent un supplĂ©ment dâĂąme. »
- Christophe AndrĂ©, « Kintsugi », sur psychoactif.blogspot.com, (consultĂ© le ) : « Jâaime bien cette pratique, qui a bien sĂ»r quelque chose dâĂ©tonnant, Ă une Ă©poque oĂč on jette volontiers ce qui est usĂ© ou brisĂ©. Je lâaime dâautant plus que jâai parfois lâimpression de rencontrer des humains kintsugi ! Des humains que la vie a cabossĂ©s, mais qui ont rĂ©ussi Ă sâen remettre, et qui nâen ont pas gardĂ© dâamertume ou de ressentiment. Au contraire, qui ont progressĂ©, qui se sont Ă la fois reconstruits et agrandis, amĂ©liorĂ©s, bonifiĂ©s⊠»
- « Kintsugi, l'art de la résilience : ce que nous avons pensé du livre de Céline Santini », sur europe1.fr, (consulté le ) : « Cet art (de kin qui signifie l'or et tsugi, les jointures) est pratiqué au Japon depuis le XVe siÚcle. Il consiste à réparer les objets brisés avec une laque (issue du laquier) recouverte de poudre d'or pour que les cicatrices restent apparentes. Une philosophie de l'acceptation de l'imperfection qui incite à aborder les échecs, blessures et autres maux de la vie d'une nouvelle maniÚre, comme le détaille Céline Santini dans son ouvrage Kintsugi, l'art de la résilience. »
Annexes
Bibliographie
- (en) U. A. Casal (Monumenta Nipponica, monographies 18), Japanese Art Laquers, Tokyo, Université Sophia, .
- (de) S. Drescher, Kintsugi Technik â Japanische Goldverbindung, 1. Auflage, 2011, Korest Porzellanrestaurierungsbedarf (ISBN 978-3-00-034502-9).
- C. Santini, Kintsugi, l'art de la rĂ©silience, Ăditions First, (ISBN 978-2-412-03620-4).
- (en) « How to make and apply Urushi Putty Kokuso », sur Kintsugioxford.com
Liens externes
- « Portail du kintsugi en France », sur esprit-kintsugi.com (consulté le ).
- (en) Audrey Harris (TEDxJanpath), « Kintsugi: The Art of Broken », sur youtube.com (consulté le ).
- (en) « Kintsugi: Broken is Better than New », sur fr.ifixit.com (consulté le ).
- (en) Pui Ying Kwan (DesignEd Asia Conference), « Exploring japanese art and Aesthetic as inspiration for emotionally durable design » [PDF], sur designedasia.com (consulté le ).