AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Kintsugi

Le kintsugi (金継ぎ, « jointure en or ») ou kintsukuroi (金çč•ă„, « rĂ©paration en or ») est une mĂ©thode japonaise de rĂ©paration des porcelaines ou cĂ©ramiques brisĂ©es au moyen de laque saupoudrĂ©e de poudre d'or[1] - [2].

Kintsugi
Présentation
Type
Partie de
Fondation
Un exemple de kintsugi sur un bol.

Histoire

Le kintsugi serait apparu lorsque, à la fin du XVe siÚcle, le shogun Ashikaga Yoshimasa a renvoyé en Chine un bol de thé chinois endommagé pour le faire réparer. Le bol étant revenu réparé avec de vilaines agrafes métalliques, les artisans japonais auraient cherché un moyen de réparation plus esthétique.

La rĂ©paration de vaisselles avec des laques provenant de rĂ©sines de plantes est une tradition pratiquĂ©e en Chine, CorĂ©e, Japon et ViĂȘt Nam, mais les rĂ©parateurs japonais amenĂšrent une touche esthĂ©tique particuliĂšre en y ajoutant de la poudre d'or[3]. Cela relĂšve d'une philosophie qui prend en compte le passĂ© de l'objet, son histoire et donc les accidents Ă©ventuels qu'il a pu connaĂźtre. La casse d'une cĂ©ramique ne signifie plus sa fin ou sa mise au rebut, mais un renouveau, le dĂ©but d'un autre cycle et une continuitĂ© dans son utilisation. Il ne s'agit donc pas de cacher les rĂ©parations, mais de mettre celles-ci en avant.

Les collectionneurs se sont Ă©pris de cet art nouveau au point que certains ont Ă©tĂ© accusĂ©s d'avoir dĂ©libĂ©rĂ©ment cassĂ© de prĂ©cieuses poteries afin qu'elles puissent ĂȘtre rĂ©parĂ©es avec les coutures d'or du kintsugi[1]. Le kintsugi est Ă©troitement associĂ© aux ustensiles en cĂ©ramique employĂ©s pour la cĂ©rĂ©monie japonaise du thĂ©[2].

Technique

Laquage manqué, la surface n'est pas lisse.

La laque est ici pĂ©trie avec de la farine de blĂ© et de l'eau avant de l'appliquer pour renforcer le maintien des diffĂ©rents morceaux. Ce mĂ©lange Ă©pais est mis entre les tessons, lors de l'assemblage. Lorsqu'il sĂšche, ce mĂ©lange se rĂ©tracte, laissant alors apparaĂźtre des crevasses. Celles-ci sont remplies par un mĂ©lange diluĂ©, appelĂ© kokuso urushi (ćˆ»è‹§æŒ†, laque de fibre de ramie), fait de grains de riz, de fibre de ramie et de poudre de bois, qui est appliquĂ© directement sur la laque[4]. La technique utilisĂ©e pour la rĂ©paration Ă  la laque mĂ©langĂ©e Ă  des paillettes d'or est proche des techniques du maki-e utilisĂ©es traditionnellement par les artisans laqueurs japonais.

Cette technique de rĂ©paration de la cĂ©ramique ne se limite pas Ă  l'utilisation de l'or et peut aussi se faire sur d'autres modes. Ainsi, lorsque de l'argent est utilisĂ© Ă  la place de l'or, la technique prend le nom de gintsugi (銀継ぎ, jointure d'argent)[5] ou le nom d'urushi tsugi (æŒ†ç¶™ăŽ, jointure de laque) lorsque de la simple laque est utilisĂ©e sans additif mĂ©tallique.

Symbolique

L'art du kintsugi est souvent utilisé comme symbole et métaphore de la résilience en psychologie[6] - [7] - [8].

Courant de pensée

Le kintsugi s'inscrit dans la pensée japonaise du wabi-sabi qui invite à reconnaßtre la beauté qui réside dans les choses simples, imparfaites et atypiques[6].

Notes et références

  1. (en) Blake Gopnik, « At Freer, Aesthetic Is Simply Smashing », sur washingtonpost.com, (consulté le ).
  2. (en) « Friday Fave: Tea Bowl », sur asia.si.edu, 13 évrier 2015 (consulté le ).
  3. (en) « Golden Seams: The Japanese Art of Mending Ceramics », 8 nevembre 2008
  4. (ja) « ăƒ—ăƒ­ăŒæ•™ăˆă‚‹ă€Œé‡‘ç¶™ăŽć…„é–€ă€ », sur precious.jp,‎ - Introduction au Kintsugi (mĂ©thode de production)
  5. « Kintsugi et Gintsugi : un autre rapport à l'objet », sur the-et-ceramique.blogspot.fr, (consulté le ).
  6. CĂ©line Santini, Kintsugi, l'art de la rĂ©silience, Paris, Éditions First, , 248 p. (ISBN 978-2-412-03620-4, prĂ©sentation en ligne), p. 9-10, 241
    « Le kintsugi, ou l’art de sublimer les blessures
 La Voie du Kintsugi peut ĂȘtre vue comme une forme d’art-thĂ©rapie, vous invitant Ă  transcender vos Ă©preuves et transformer votre propre plomb en or. Il vous rappelle que vos cicatrices, qu’elles soient visibles ou invisibles, sont la preuve que vous avez surmontĂ© vos difficultĂ©s. En matĂ©rialisant votre histoire, elles disent : “Tu as survĂ©cu !” et vous apportent un supplĂ©ment d’ñme. »
  7. Christophe AndrĂ©, « Kintsugi », sur psychoactif.blogspot.com, (consultĂ© le ) : « J‘aime bien cette pratique, qui a bien sĂ»r quelque chose d’étonnant, Ă  une Ă©poque oĂč on jette volontiers ce qui est usĂ© ou brisĂ©. Je l’aime d’autant plus que j’ai parfois l’impression de rencontrer des humains kintsugi ! Des humains que la vie a cabossĂ©s, mais qui ont rĂ©ussi Ă  s’en remettre, et qui n’en ont pas gardĂ© d’amertume ou de ressentiment. Au contraire, qui ont progressĂ©, qui se sont Ă  la fois reconstruits et agrandis, amĂ©liorĂ©s, bonifiĂ©s
 »
  8. « Kintsugi, l'art de la rĂ©silience : ce que nous avons pensĂ© du livre de CĂ©line Santini », sur europe1.fr, (consultĂ© le ) : « Cet art (de kin qui signifie l'or et tsugi, les jointures) est pratiquĂ© au Japon depuis le XVe siĂšcle. Il consiste Ă  rĂ©parer les objets brisĂ©s avec une laque (issue du laquier) recouverte de poudre d'or pour que les cicatrices restent apparentes. Une philosophie de l'acceptation de l'imperfection qui incite Ă  aborder les Ă©checs, blessures et autres maux de la vie d'une nouvelle maniĂšre, comme le dĂ©taille CĂ©line Santini dans son ouvrage Kintsugi, l'art de la rĂ©silience. »

Annexes

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.