Kevin Germanier

Kevin Germanier naît en 1992 à Granges, dans le canton du Valais. Son père est assureur-conseiller financier et lieutenant-colonel à l'armée suisse, tandis que sa mère, secrétaire, s'occupe du foyer familial[1] - [2] - [3]. Il a une sœur aînée et un frère cadet[4]. Il est passionné de jeux vidéo[5] mais affirme avoir « toujours voulu faire de la mode »[1].

Il commence des études au Centre de formation professionnelle arts de Genève, puis suit une année propédeutique à la Haute école d'art et de design Genève avant de rejoindre le Central Saint Martins College of Art and Design à Londres, dont il sort diplômé en 2021[6]. Le coût des études londoniennes lui font demander une bourse à une fondation[1]. Entre-temps, ses créations sont récompensées en 2015 par le prix EcoChic Design Award[1] ; puis il fait un stage de six mois en 2016 chez Louis Vuitton[7]. C'est cette année-là qu'il choisit de lancer prochainement sa marque[1].

Un voyage en Chine lui faisant découvrir les travers de la fast fashion[8] et ses moyens limités lors de ses études, même s'il est soutenu, le poussent à développer le surcyclage : il utilise ainsi des chutes de tissus ou des invendus pour créer ses vêtements et une partie d'entre eux sont tricotés par des membres de sa famille[2] - [7] - [9] ; il y ajoute perles, plumes et strass[10] pour obtenir des créations loin d'être austères, plutôt extraverties[1]. « Pour moi l'upcycling vient toujours en second » précise-t-il, donnant avant tout priorité au produit[11].

Installé à Paris, au départ dans un tout petit studio, depuis 2018[3], dans le quartier du Sentier[7], il y crée sa propre marque, nommée « Germanier »[3] - [10] - [12]. Il collabore la même année avec Swarovski pour créer une collection[13]. Matchesfashion.com lui propose d'acheter la totalité de sa première collection, mais il refuse et décide de « livrer seulement la moitié »[1]. La maison Germanier est inscrite au calendrier officiel de la Semaine de la mode de Paris depuis 2020[14].

Une de ses réalisations est portée par Björk sur la couverture de son album Utopia sorti en 2017[7] - [15] puis lors du festival We Love Green en 2018 avec une création futuriste faite à partir de déchets textiles[1] ; il habille également Beyoncé, Lady Gaga, Kristen Stewart et Taylor Swift[16].

Sa collection 2020, un hommage à son égérie Sailor Moon[3] - [12], est bien reçue par le domaine de la mode[1]. Son second défilé a lieu en octobre 2022[n 1] au palais de Tokyo, sur des chaises récupérées dans la rue pour les invités : il y présente des créations à base de crochet, sequins, perles, strass ou paillettes, le manteau en plumes multicolores porté par sa muse la drag queen La Grande Dame étant particulièrement remarqué[17]. Son usage de perles, de plumes ou des couleurs devient sa marque de fabrique : « plus c'est kitsch et coloré, plus ça m'inspire » affirme-t-il[8].

• Charlotte Brunel, « Kevin Germanier : autre couture », Challenges, n^o 760,‎ 27 octobre 2022, p. 100-102 (ISSN 0751-4417).