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K.S. Karol

K.S. Karol, de son vrai nom Karol Kewes, nĂ© le Ă  ƁódĆș et mort dans le 6e arrondissement de Paris le [1] - [2], est un journaliste français d'origine polonaise, spĂ©cialiste des pays de l'Est et proche de l'extrĂȘme gauche italienne.

K.S. Karol
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Nom de naissance
Karol Kewes
Nationalité
Activité
Autres informations
Idéologie

Biographie

Famille

Karol Kewes est le fils d’un commerçant russe, installĂ© Ă  Rostov-sur-le-Don, obligĂ© de se rĂ©fugier en Pologne aprĂšs avoir Ă©tĂ© ruinĂ© par la RĂ©volution d’Octobre. Trois ans aprĂšs cet exil, son Ă©pouse, juriste de formation, donne naissance au petit Karol.

Jeunesse

Bien que ses parents soient athĂ©es, il commence ses Ă©tudes secondaires dans un lycĂ©e catholique de ƁódĆș.

Politiquement, il est influencĂ© par sa mĂšre qui est socialiste, et encore plus par un frĂšre aĂźnĂ© communiste, qui l’oriente vers des ouvrages de vulgarisation marxiste comme L’ABC du communisme de NikolaĂŻ Boukharine. Il intĂšgre mĂȘme le cercle d’intellectuels communisants de son professeur Stefan Wegner et ne cache pas sa fascination pour l’Union soviĂ©tique et son modĂšle de sociĂ©tĂ©.

Quelle n’est donc pas sa surprise lorsqu’en 1939, aprĂšs le pacte germano-soviĂ©tique (23 aoĂ»t), il voit le pays de Staline envahir la Pologne en coordination avec l’Allemagne nazie. EngagĂ© malgrĂ© son jeune Ăąge, il est gravement blessĂ© Ă  l’Ɠil droit durant les combats contre l’armĂ©e allemande.

Refusant de vivre sous tutelle germanique, il s'enfuit malgrĂ© tout vers le territoire occupĂ© par l’URSS.

Du Goulag Ă  la France de l'aprĂšs-guerre

Mais il est arrĂȘtĂ© et avec plus d’un million d’autres personnes dĂ©portĂ© en SibĂ©rie.

Il rĂ©ussit cependant Ă  quitter la SibĂ©rie et, aprĂšs un passage Ă  Moscou, Ă  rejoindre une tante vivant Ă  Rostov. Parfaitement bilingue, il y poursuit ses Ă©tudes secondaires avant d’ĂȘtre mobilisĂ© dans les rangs de l’ArmĂ©e rouge. Il combat alors l’envahisseur nazi avec vigueur.

À la fin de la guerre, il parvient Ă  se rĂ©fugier Ă  Londres. De lĂ , il rejoint la France oĂč, aprĂšs avoir un temps Ă©tĂ© ouvrier Ă  Grenoble, il vient Ă  Paris travailler Ă  la SociĂ©tĂ© gĂ©nĂ©rale de presse.

L'Express

RecommandĂ© par LĂ©one Georges-Picot pour sa connaissance « presque charnelle[3] Â» des pays de l’Est, il entre comme pigiste Ă  L'Express en . Il s’y lie trĂšs vite d’amitiĂ© avec des hommes comme Serge Lafaurie et Jean Daniel qui partagent sa passion pour la politique Ă©trangĂšre, sa position anticolonialiste sur la Guerre d'AlgĂ©rie et un sens de l’humour dont il use avec talent pour Ă©gayer les confĂ©rences de rĂ©daction. Il lui arrive aussi de suivre l’actualitĂ© algĂ©rienne lorsque, comme en 1960, il accompagne Jean Daniel Ă  l’ONU pour s’entretenir avec les reprĂ©sentants du GPRA. Il les suit donc lorsqu’en , ils fondent Le Nouvel Observateur.

Le Nouvel Observateur

Jean Daniel lui accorde alors toute sa confiance en ce qui concerne les pays de l’Est et, plus globalement, les rĂ©gimes communistes. D’emblĂ©e, il manifeste un « comportement intransigeant [...] Ă  l'Ă©gard d'Elena de la SouchĂšre, de François Fejtö et de Paul-Marie de la Gorce », refusant d’écrire « dans le mĂȘme journal qu'eux »[4].

Ayant obtenu leur Ă©viction, il peut alors donner le ton au magazine en ce qui concerne le rĂ©gime cubain et la rĂ©volution culturelle chinoise pour laquelle il s’enthousiasme. Interviewant Chou En-Lai (), il publie sa version de la rĂ©volution culturelle dans La Chine de Mao : l'autre communisme (Robert Laffont, 1966). Ne cachant pas son amour pour ce pays et ses habitants, il dĂ©fend les mĂ©rites du maoĂŻsme contre un Jules Roy nettement plus rĂ©servĂ© et ceci, durant plusieurs semaines en septembre et . Mais s’il s’oppose Ă  la version soviĂ©tique que prĂ©sente son confrĂšre, il dĂ©plore les excĂšs de la rĂ©volution culturelle, les mises en accusation de vieux communistes (tels que Liou Chao Chi) ou les affiches murales de dĂ©nonciation.

Il Manifesto

Son attention se porte aussi sur la rĂ©volution cubaine sur laquelle il publie un livre (Les GuĂ©rilleros au pouvoir : l'itinĂ©raire politique de la rĂ©volution cubaine, Robert Laffont, 1970) et sur l'extrĂȘme gauche italienne, notamment une de ses figures, Rossana Rossanda. Devenu son compagnon, il collabore au journal Il Manifesto au point d’en ĂȘtre un militant passionnĂ©. Cette mouvance d’extrĂȘme gauche Ă  la fois maoĂŻste et antitotalitaire qu’il cĂŽtoie l’amĂšne alors au dĂ©but des annĂ©es 1970 Ă  prendre ses distances avec Le Nouvel Observateur. Son livre sur La DeuxiĂšme RĂ©volution chinoise (Robert Laffont, 1973) marque l’apogĂ©e de son engagement maoĂŻste.

Retour au Nouvel Observateur

DĂšs l’étĂ© 1973, il signale Ă  Jean Daniel son souhait de rĂ©intĂ©grer Le Nouvel Observateur, se situant alors Ă  mi-chemin entre les idĂ©es de son directeur et celles du Manifesto. MalgrĂ© les doutes de Jean Daniel quant Ă  la possibilitĂ© d’une collaboration trop rĂ©guliĂšre, il retrouve sa place au journal. Mais dĂšs , il se diffĂ©rencie sur la question du soutien Ă  Soljenitsyne, lui prĂ©fĂ©rant d’autres dissidents. De plus, il affronte des critiques contre son traitement du rĂ©gime maoĂŻste, dĂ©battant de ce sujet avec Claude Roy durant l’hiver 1976/1977 dans les colonnes du journal. Le soutien du journal aux « nouveaux philosophes » accroĂźt ses diffĂ©rends avec le directeur.

À l’automne 1977, il participe avec Rossana Rossanda au colloque de Venise sur les conditions dans lesquelles une rĂ©volution anti-capitaliste ne dĂ©boucherait pas sur un totalitarisme. La sous-estimation de ce colloque par Jean Daniel l’amĂšnent Ă  rompre avec ce dernier au point de signer une pĂ©tition plus ou moins directement dirigĂ©e contre lui. Il s’oppose surtout sur le type d’intellectuels avec lesquels il est possible de discuter du totalitarisme. Il critique notamment l’admission au dĂ©bat de Philippe Robrieux et d’AndrĂ© Glucksmann, prĂ©fĂ©rant le limiter Ă  un axe allant de Charles Bettelheim Ă  Jacques RanciĂšre. Ses rapports amicaux ne sont pourtant pas altĂ©rĂ©s comme l’illustre sa promotion au rang d’éditorialiste en . Mais ce poste consacre son passage d’un statut de journaliste Ă  celui d’intellectuel.

Notes et références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. « K.S. Karol 1924-2014 », sur Club de Mediapart, (consulté le ).
  3. Michel Jamet, L'Express de Jean-Jacques Servan-Schreiber : ruptures et continuitĂ©s, ThĂšse d’histoire, UniversitĂ© Paris X-Nanterre, 1979, p. 85.
  4. Lettre de Jean Daniel à K.S. Karol en date du 30 décembre I977, communication de Jean Moreau à François Kraus.

Sources biographiques

  • Pierre Beuchot, KS-Karol : portrait d'un spectateur engagĂ©, Ina, Histoire, 2002-2003, 4 x 52'
  • K.S. Karol, Solik. Tribulations d'un jeune Polonais dans la Russie en guerre, Paris, Fayard, coll. « Grands documents contemporains », 1983

Liens externes

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