JunĂpero Serra
JunĂpero Serra, nĂ© le Ă Petra sur l'Ă®le de Majorque aux BalĂ©ares et mort le Ă Monterey en Californie, est un prĂŞtre missionnaire franciscain espagnol qui fonda de nombreuses missions dans le Nouveau Monde. ConsidĂ©rĂ© comme l'ApĂ´tre de la Californie, il est reconnu comme saint par l'Église catholique.
JunĂpero Serra | |
La statue de saint JunĂpero Serra dans le parc du Golden Gate, Ă San Francisco. | |
Saint, prĂŞtre, missionnaire | |
---|---|
Naissance | 24 novembre 1713 Petra, Monarchie catholique espagnole |
Décès | 28 août 1784 Monterey, Nouvelle-Espagne, Empire espagnol |
Nom de naissance | Miguel José Serra |
Autres noms | Juniper Serra |
Nationalité | Espagnol |
Ordre religieux | Franciscain |
Vénéré à | église de la Mission San Carlos Borromeo, Carmel-by-the-Sea |
BĂ©atification | par Jean-Paul II |
Canonisation | par François |
Fête | 28 août |
Jeunesse, noviciat et Ă©tudes
Miguel-JosĂ© Serra Ferrer — le nom de baptĂŞme de JunĂpero Serra — est originaire de l'Ă®le de Majorque. Fils d’Antonio Nadal Serra et Margarita Rosa Ferrer, il travaille dans l’exploitation agricole de ses parents dès l’âge de sept ans. MĂŞme si ses parents sont illettrĂ©s, il va Ă l’école primaire franciscaine de sa paroisse[1].
JunĂpero Serra entre chez les Franciscains Ă Palma en 1730. C’est lĂ qu’il reçoit son nom religieux, JunĂpero, en hommage Ă frère Junipère, un des premiers franciscain[2]. Excellent dans ses Ă©tudes, il est ordonnĂ© prĂŞtre en 1737 et obtient trois ans plus tard la licence ecclĂ©siastique pour enseigner la philosophie au Convento de San Francisco Ă Palma. Parmi ses Ă©lèves se trouvent deux de ses compagnons missionnaires futurs, Francisco PalĂłu et Juan CrespĂ[3]. Il obtient Ă©galement un doctorat en thĂ©ologie de l'universitĂ© de Palma[4].
Sa vie de missionnaire au Nouveau Monde
En 1746, Ă l’âge de 36 ans, JunĂpero Serra part pour le Nouveau Monde. Il enseigne d'abord la philosophie au collège de Mexico. Mais, de cĹ“ur, Serra est un pionnier et missionnaire.
Sierra Gorda
MĂŞme si JunĂpero Serra n’est pas particulièrement robuste physiquement et marche Ă l'aide d’une canne (sĂ©quelle d’une vieille blessure), il se porte volontaire pour remplacer les missionnaires dĂ©cĂ©dĂ©s dans la Sierra Gorda, rĂ©gion montagneuse dans l’état actuel de Queretaro peuplĂ©e par la tribu Pâmes. Il arrive Ă la mission de Jalpan en 1750 et l’a fait reconstruire. Il commence Ă©galement la construction de 4 autres missions franciscaines de la Sierra Gorda[5]. Ces 5 missions, avec leur remarquable style “mestizo baroque” (voir Galerie ci-bas), ont Ă©tĂ© inscrites dans la liste UNESCO du Patrimoine Mondial en 2003[6].
Galerie — Missions franciscaines de la Sierra Gorda
- Façade de la Mission de Santiago de Jalpan.
- Façade de la Mission San Miguel Conca.
- L'Ă©glise de la Mission Santa MarĂa del Agua de Landa.
- Façade de la Mission San Francisco de AsĂs del Valle de Tilaco
Retour Ă la capitale
En 1758, JunĂpero Serra revient au Collège de San Fernando de Mexico. Il y reste 9 ans. Pendant cette pĂ©riode il remplit entre autres la fonction d’ inquisiteur dans plusieurs rĂ©gions de Nueva España (rĂ´le qu’il avait dĂ©jĂ endossĂ© dans la rĂ©gion de Sierra Gorda)[3].
Baja et Alta California
En 1767, Il est nommé président des missions de Baja California, passées sous l'administration des Franciscains lorsque les Jésuites furent expulsés d'Espagne et de toutes les colonies espagnoles par Charles III[4].
Avec le groupe de Franciscains dont il est le supĂ©rieur, il passe plus d’un an Ă Loreto, Baja California (1768-1769) et envoie ses missionnaires aux autres missions de la pĂ©ninsule de Baja California. Mais ces efforts de conversion ne furent pas couronnĂ©s de succès, principalement du fait de la chute dramatique des populations indigènes due aux Ă©pidĂ©mies Ă la suite de leur contact avec les EuropĂ©ens. On estime que la population de Baja California a chutĂ© de 69.000 personnes de l’ère prĂ©colombienne Ă 21.000 estimĂ©es de l’époque de JunĂpero Serra. Il n’y avait plus grand monde Ă convertir[7].
En 1769, il rejoint une expédition à Alta California, où il fonde sa première mission en Alta California, San Diego de Alcala. De 1769 jusqu’à sa mort, il aura présidé à la fondation de 9 missions (9 sur un ensemble, à terme, de 21 missions fondées par les Franciscains en Alta California)[4] - [8].
En 1770, JunĂpero Serra accompagne l’expĂ©dition de Gaspar de Portolá Ă Monterey, en Californie centrale, oĂą il fonde la Mission San Carlos Borromeo, Ă Carmel tout près de Monterey. Cette mission lui servira de quartier gĂ©nĂ©ral durant les 14 ans qu’ils lui restent Ă vivre.
Le , le Vice-roi Antonio MarĂa de Bucareli y UrsĂşa adresse au Père Junipero Serra une lettre oĂą il lui propose de participer Ă une expĂ©dition vers une baie d'importance stratĂ©gique, en Californie centrale, sous le commandement du capitaine de marine Juan Bautista de Anza. C'est ainsi qu'un premier camp militaire est Ă©tabli en ce lieu et les Pères Palou et Cambon y cĂ©lèbrent la messe pour la première fois devant une modeste cabane, la mission Dolorès. Le lieu recevra le nom de San Francisco en l'honneur de saint François d'Assise. D’ailleurs, les missions fondĂ©es sous la prĂ©sidence de JunĂpero Serra faisaient partie intĂ©grante de la naissance de plusieurs villes californiennes, notamment de San Diego, San Gabriel, San Luis Obispo, San Juan Capistrano, Santa Clara et Ventura.
Décès
JunĂpero Serra avait dĂ©jĂ Ă©crit « Ma vie est ici en Californie, c’est ici que j’espère mourir ». Le 28 aoĂ»t 1784, il meurt Ă la Mission San Carlos Borromeo, Carmel en Alta California[8].
Beatification et canonisation
Il fut béatifié le [9] par l'Église catholique. Le pape François[10] a procédé à sa canonisation le à Washington, D.C., au sanctuaire national de l’Immaculée Conception[11].
Controverses sur sa canonisation
La canonisation de Junipero Serra a été perçue comme une offense par de nombreux Américains et notamment par des communautés autochtones de Californie. En effet, les missions fondées par le prêtre ont également été des lieux de souffrance pour leurs ancêtres et des lieux de suppression de leurs cultures - par des privations de libertés et des mauvais traitements (obligation de travailler, emprisonnements au sein de la mission, interdiction pour les enfants de parler en langue tribale sous peine d'être physiquement châtiés, etc.), et par des conversions forcées[12].
Les défenseurs de Serra mettent en evidence les pressions qu'il a appliquées sur les autorités espagnoles pour protéger et défendre les intérêts des autochtones. Selon ce point de vue, Serra exerçait une influence modératrice sur l'oppression très violente de communautés autochtones, notamment par la force d'occupation coloniale[13].
Une pétition avait demandé au Pape François de renoncer à son intention de canonisation du missionnaire Junipero Serra[12]. Le Pape François reconnaît que l'Église a été source de souffrances envers diverses communautés aborigènes, et a demandé pardon pour cela le [14].
Le 19 juin 2020, lors des Ă©meutes raciales liĂ©es Ă la mort de George Floyd, des manifestants dĂ©boulonnent la statue de saint JunĂpero Serra - en mĂŞme temps que celles de Francis Scott Key et Ulysses S. Grant - dans le parc du Golden Gate, Ă San Francisco[15]. Les manifestants reprochent au missionnaire d'ĂŞtre Ă l'origine de « l'assujettissement des AmĂ©rindiens »[16].
Notoriété
Le franciscain est considéré comme le « père de la Californie ». Sa statue est présente dans la salle statuaire du Capitole américain, symbolisant la Californie[4].
Galerie — JunĂpero Serra en Alta California
- Canon, Ă©pĂ©e, machete et lanterne de la première expĂ©dition de JunĂpero Serra en Alta California.
- Mission San Diego de Alcala, première mission fondĂ©e par JunĂpero Serra en Alta California.
- Mission San Carlos Borromeo, Carmel, Californie.
- L’intérieur de l’église de la Mission San Carlos Borromeo, Carmel, Californie.
- Cellule de padre, Mission San Carlos Borromeo.
- Tombe de JunĂpero Serra, Mission San Carlos Borromeo, Carmel, Californie.
Notes et références
- (en) Maynard Geiger, The Life and Times of Fray JunĂpero Serra, OFM: The Man Who Never Turned Back., Academy of American Franciscan History. volume 1,
- (en) « Saint Juniper », sur Arizona State University (consulté le )
- (en) Maynard Geiger, The Life and Times of Fray JunĂpero Serra, Richmond, William Byrd Press, , p. 26
- « Le martyrologe romain fait mémoire du Bienheureux Juniper Serra », Magnificat, no 237,‎ , p. 383.
- (es) JosuĂ© Cornejo, « La Sierra Gorda de Queretaro », sur ArqueologĂa Mexicana (consultĂ© le )
- « Missions franciscaines de la Sierra Gorda de Querétaro », sur UNESCO Centre du patrimoine mondial (consulté le )
- (en) Robert H. Jackson, « Epic Disease and Population Decline in the Baja California Missions: 1697-1834 », Southern California Journal, vol. 63, no 4,‎ , p. 398-341 (Download from Jstor)
- « JunĂpero Serra : hĂ©ros de l’évangĂ©lisation », sur kofc.org (consultĂ© le )
- béatifié par le Pape
- Céline Hoyeau, « Aux États-Unis, l’héritage controversé du bienheureux Junipero Serra », sur La Croix, (consulté le ).
- Carlos Barria, « François défend la mémoire de Junipero Serra - Le pape canonise l'évangélisateur des Indiens », sur ParisMatch.com, (consulté le )
- (en) « JunĂpero Serra's brutal story in spotlight as pope prepares for canonisation », sur the Guardian, (consultĂ© le )
- (en) « Serra – California Missions Foundation », sur californiamissionsfoundation.org (consulté le )
- (en-US) Benjamin Soloway, « Pope Francis Apologizes for Church’s Colonial Sins », sur Foreign Policy (consulté le )
- « Nouveaux déboulonnages de statues aux États-Unis », Euronews, 19 juin 2020 (en ligne).
- « Statues of Junipero Serra, Ulysses S. Grant toppled at Golden Gate Park », Mercury News, 20 juin 2020
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Ressource relative Ă la musique :
- (en) Grove Music Online
- Ressource relative Ă la religion :
- (en) GCatholic.org
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :