Judith Vanistendael
Judith Vanistendael est une auteure de bande dessinée belge néerlandophone née le à Louvain (province du Brabant flamand).
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Biographie
Judith Vanistendael est la fille du poète-journaliste flamand Geert van Istendael[1]. Après ses études secondaires, elle intègre une école d'art à Gand[2], passe une année à l'Académie des Beaux-Arts de Berlin[3] ; revenue à Gand, elle reprend des études artistiques pendant quatre ans avant de poursuivre ses études à Séville[2]. Elle apprend la bande dessinée à l'Institut des arts graphiques Sint-Lukas Bruxelles en 2000[2] auprès de ses professeurs, Nix et Johan De Moor avant de publier dans des revues comme Ink, Demo, Zone 5300[1], Bruxxxel Noord[2].
Sa carrière commence par l'illustration de contes flamands écrits par son père : Vlaamse Sprookjes en 1995, puis Het Koeienboek de Bibi Dumon Tak (2000)[2]. Elle exerce un temps comme illustratrice de livres pour la jeunesse[2].
Elle écrit et dessine La Jeune fille et le nègre, un récit d'inspiration autobiographique en deux volumes sur l'amour entre un jeune Togolais et une jeune Belge[1]. La narration dépeint « l'absurdité des procédures de régularisation des sans-papiers en Belgique », qui multiplient les obstacles face à ce réfugié politique[1]. Le livre, qui mêle drame, humour, amour et légèreté, d'après Le Soir, remporte aussitôt plusieurs prix culturels et fait partie de la sélection pour les Essentiels d'Angoulême en 2009[1] et pour le prix Tournesol[4]. L'article fait écho à un roman de Geert van Istendael, Bericht uit de burcht (Nouvelle de la citadelle), qui exprime son désarroi face à la relation de sa fille avec un homme sans-papier[1].
En 2012 est publié David, les femmes et la mort, dont le héros est atteint de cancer et entreprend de changer de vie[5], sans réussir à protéger les femmes qui lui sont proches des effets de son agonie : « La maladie, c'est le drame du malade, mais aussi de l'entourage »[6]. L'ouvrage, qui s'inspire du décès du beau-père de Vanistendael, a requis deux années de travail[6]. Elle opte pour l'aquarelle[7]. L'œuvre fait partie des cinq finalistes pour le grand prix de la critique[8]. Elle reçoit trois nominations aux prix Eisner[9].
Sur un scénario de Mark Bellido, Judith Vanistendael dessine et met en couleur Salto - L'histoire du marchand de bonbons qui disparut sous la pluie (2016), qui met en scène « un vendeur de bonbons devenu garde du corps » « dans l'Espagne des années 1990 »[10]. Le personnage principal, Miquel, est un écrivain raté qui vend des bonbons pour faire vivre sa famille et qui accepte de devenir garde du corps pour un homme politique menacé par l'ETA, ce qui finit par détruire sa vie[11] - [12]. L'artiste emploie plusieurs procédés et formats, notamment le crayon de couleur[12].
Judith Vanistendael s'associe à Michael De Cock pour une série jeunesse, Rosie et Moussa, qui paraît « en néerlandais et en feuilleton dans Brussel deze week » avant de faire l'objet de quatre volumes[13]. Le récit narre la grande amitié entre deux enfants bruxellois[13]. La série est traduite dans de nombreuses langues et reçoit plusieurs prix[13]. La réalisatrice Dorothée Van Den Berghe s'en inspire pour créer le film Rosie et Moussa, sorti en salles en [14].
En 2019, s'inspirant du personnage de Pénélope dans l'Odyssée, elle livre Les Deux Vies de Pénélope : une mère médecin s'engage dans l'humanitaire et prend ses distances avec sa famille, notamment avec sa fille ; la créatrice opte pour un traitement avec « des taches d'aquarelle »[15]. L'artiste souhaitait depuis longtemps décrire la vie d'une femme qui, en raison d'un métier intense, ne peut s'investir auprès de sa fille[16]. Ayant lu l'œuvre d'Homère, Vanistendael est frappée par le rôle de Pénélope, qui se borne à tenir le foyer, tandis que son époux multiplie les aventures[16]. Elle en retient néanmoins qu'Ulysse a quitté sa famille car un intérêt supérieur le commande[15]. Dans l'album de la bédéaste, l'époux de Pénélope est chargé de veiller sur le foyer tandis que Pénélope, hantée par ses missions dans des pays en guerre, « refuse de se laisser réduire à sa dimension de mère » et retourne à ses activités humanitaires[15]. Pendant la réalisation de l'œuvre, l'auteure s'est rendue dans un camp de réfugiés et en a tiré un reportage graphique : « Moria, l'enfer de Lesbos »[17] - [18]. Elle reçoit pour cette œuvre le prix « Bulles d'Humanité » (décerné par le journal L'Humanité)[19].
Lors de la remise des Prix Atomium en 2021, elle remporte avec Zidrou le prix Willy Vandersteen pour La Baleine-bibliothèque (Le Lombard)[20].
Vie familiale
Judith Vanistendael a une fille[15].
Ĺ’uvres
- La Jeune fille et le nègre (scénario et dessin), éd. Actes Sud - L'An 2
- David les femmes et la mort (scénario, dessin et couleurs), trad. Hélène Robbe, Le Lombard, (ISBN 978-2-8036-3024-0)
- Salto - L'histoire du marchand de bonbons qui disparut sous la pluie (dessin et couleurs), scénario de Mark Bellido, Le Lombard, (ISBN 978-2-8036-3384-5)
- Rosie et Moussa, Bayard Jeunesse
- La Rencontre,
- Une lettre de Papa,
- Les Deux Vies de Pénélope (scénario, dessin et couleurs), Le Lombard, (ISBN 978-2-8036-7225-7). Finaliste au grand prix de la critique 2020[21].
Prix
- : Adhémar de bronze pour l'ensemble de ses romans graphiques[22]
Notes et références
- Daniel Couvreur, « Judith et le nègre », Le Soir,‎ (lire en ligne , consulté le ).
- (en) Kjell Knudde et Bas Schuddeboom, « Judith Vanistendael », sur Comiclopedia, .
- « Judith, l'art et la mort », Le Soir,‎ .
- Haude Giret, « Vert et visionnaire », Sud Ouest,‎ .
- Jean-Claude Loiseau, « David, les femmes et la mort, Judith Vanistendael », Télérama,‎ (lire en ligne).
- Thierry Châtellier, « Judith Vanistendael, auteur du réel », Charente libre,‎ .
- Delphine Peras, « David, les femmes et la mort, par Judith Vanistendael », L'Express,‎ .
- Fabien Deglise, « L'ACBD dévoile les finalistes pour son Grand Prix de bande dessinée 2013 », Le Devoir,‎ .
- « L’artiste de la fragilité de la vie », Le Soir,‎ (lire en ligne , consulté le ).
- Éric Libiot, « Une partie de case-cache », L'Express,‎ (lire en ligne).
- Richard Tallet, « Un héros très discret », Charente libre,‎ .
- Frédéric Potet, « Protection rapprochée. », M Le Magazine du Monde,‎ .
- B.Dx et C.M., « BD "Rosie et Moussa" à la conquête de Bruxelles », Le Soir,‎ .
- Nastasja Caneve, « Sur les toits de Bruxelles, la vue est belle. Écran libre à Cinergie », Le Soir,‎ .
- Anna Falier, « BD. Judith Vanistendael, l’Odyssée revue et corrigée », lemonde.fr,‎ (lire en ligne).
- Olivier le Bussy, « La femme qui n'était plus tout à fait là », La Libre Belgique,‎ .
- Philippe Belhache, « L'autre Pénélope », Sud Ouest,‎ .
- « Grand format : En Grèce, dans l’enfer du camp de réfugiés de Moria, en BD. Moria, l'enfer de Lesbos », sur Le Monde.
- « Bande dessinée. Judith Vanistendael, lauréate du prix Bulles d’Humanité », L'Humanité,‎ (lire en ligne , consulté le ).
- Charles-Louis Detournay, « Les Prix Atomium 2021 récompensent la curiosité et la diversité », ActuaBD,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Bernard Launois, « L’ACBD a choisi les cinq finalistes du Grand Prix de la Critique », sur Auracan, .
- (nl) « Judith Vanistendael wint Bronzen Adhemar 2022 », sur stripgids.org (nl), .
Annexes
Documentation
- O. Boussin, « David les femmes et la mort », sur BD Gest', .
- J. Milette, « Salto », sur BD Gest', .
- S. Salin, « Les deux vies de Pénélope », sur BD Gest', .
- Lucie Servin, « Les Deux Vies de Pénélope : Ulysse au foyer », Les Cahiers de la bande dessinée, no 9,‎ , p. 163.
- Stéphane Jarno, « Les Deux Vies de Pénélope, Judith Vanistendael », Télérama,‎ .
- Laurence Le Saux, « BD : Judith Vanistendael tisse la toile d'une Pénélope moderne et aventureuse », Télérama,‎ (lire en ligne).
- Laurence le Saulx, « "Salto" de Judith Vanistendael ou la double face d'un vendeur de bonbons », Télérama,‎ (lire en ligne).
- Philippe Belhache, « Un jeu avec la mort », Sud Ouest,‎ .
- Alain Bessec, « Judith Vanistendael : La jeune fille et le nègre », Ouest-France,‎ .
- P.V., « À bras-le-corps », Aujourd'hui en France,‎ .
- Laurent Beauvallet, « Faire face au cancer », Ouest-France,‎ .
- « Judith Vanistendael », Le Soir,‎ .
- Daniel Couvreur et Judith Vanistendael (interviewée), « L’Odyssée, terriblement humaine », Le Soir,‎ (lire en ligne , consulté le ).
- Camille Dauphinais-Pelletier, « David, les femmes et la mort », La Nouvelle (Sherbrooke),‎ .
- Olivier Van Vaerenbergh, « Derrière Pénélope », Le Vif,‎ .
- « Le crabe peut nous faire aimer la vie », Le Soir,‎ .
- « Repéré pour vous. Être humanitaire et maman », 24 heures (Suisse),‎ .
- Daniel Couvreur, « La jeune fille et le nègre 2, Babette et Sophie », Le Soir,‎ .
- Olivier Van Vaerenbergh, « Les Deux Vies de Pénélope », Le Vif,‎ .
- « Un choix que les autres n'acceptent pas », Metro (Bruxelles),‎ .
- Olivier Van Vaerenbergh, « Derrière Pénélope: le journal de création de Judith Vanistendael », Focus Vif,‎ (lire en ligne).
- S.T., « Les deux vies de Pénélope », Moustique,‎ .
- Vincent Brunner, « BD : “Les Deux Vies de Pénélope”, mère et médecin humanitaire », Les Inrocks,‎ (lire en ligne).
Liens externes
- Site officiel
- Ressources relatives à la bande dessinée :
- BD Gest'
- (en + nl) Lambiek Comiclopedia
- Ressource relative aux beaux-arts :
- (nl + en) RKDartists