Juan GonzĂĄlez Arintero
Juan Gonzålez Arintero, né le à Lugueros dans la province de León et mort le à Salamanque, est un religieux dominicain espagnol, scientifique de formation, ecclésiologue et théologien de la vie mystique.
Naissance |
Lugueros, province de LeĂłn (Espagne) |
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DĂ©cĂšs |
Salamanque (Espagne) |
Nationalité | Espagnol |
Profession | |
Autres activités |
Ă©crivain, fondateur de la Revue La Vida Sobrenatural (1921), cofondateur du monastĂšre des clarisses de Cantalapiedra ( Salamanca, Espagne) |
Biographie
DĂšs l'Ăąge de 10 ans il sentit une vraie passion pour lâĂ©tude. Ses parents lâenvoyĂšrent Ă©tudier Ă Boñar, avec un professeur, puis il entra au couvent dominicain de Corias (Asturies), rĂ©cemment restaurĂ©, oĂč il prit lâhabit religieux Ă lâĂąge de 15 ans. Il y reçut le nom religieux de TomĂĄs, en l'honneur de saint Thomas dâAquin. Ce couvent, ancien monastĂšre bĂ©nĂ©dictin, fut le berceau de la restauration de la Province dâEspagne, aprĂšs une longue pĂ©riode de persĂ©cution religieuse. Cette rĂ©forme fut principalement mise en Ćuvre par des frĂšres de la Province du TrĂšs Saint Rosaire des Philippines, ce pourquoi, portĂ© par leur exemple, le jeune Arintero se sentit d'abord attirĂ© par les missions. Ă Corias il y avait un vrai enthousiasme dans lâOrdre pour restaurer la doctrine de saint Thomas dâAquin; enthousiasme qui fut Ă Ă©chelle universelle peu aprĂšs avec lâencyclique Aeterni Patris de LĂ©on XIII. Il reçut une bonne formation philosophique, il connut bien la pensĂ©e philosophique de saint Thomas et lâhistoire de la philosophie en gĂ©nĂ©ral. Mais il dut interrompre ses Ă©tudes de thĂ©ologie au bout de deux ans, parce que les supĂ©rieurs lâenvoyĂšrent Ă Salamanque Ă©tudier la physique et la chimie, en vue dâĂȘtre envoyĂ© plus tard au collĂšge de Bergara (Guipuscoa), dirigĂ© alors par les dominicains. La nĂ©cessitĂ© dâĂȘtre autodidacte en ses Ă©tudes de thĂ©ologie lui donna une ouverture intellectuelle Ă laquelle il nâaurait peut-ĂȘtre pas accĂ©dĂ© sans cela.
Ă Salamanque, au couvent Saint-Ătienne il lia une amitiĂ© durable avec le dominicain français Marie-Joseph Lagrange, futur fondateur de lâĂcole Biblique de JĂ©rusalem. Ă lâuniversitĂ© de Salamanque il expĂ©rimenta lâaffrontement qui existait entre le monde de la science et le monde de la foi. DĂšs lors il se proposa de se servir de la science pour dĂ©fendre la foi. Il vĂ©cut la prĂ©occupation dâharmoniser la science et la foi. Arintero fut non seulement un ecclĂ©siologue et un mystique, mais aussi un apologiste (dĂ©fenseur de la foi).
De Salamanque, il passa Ă Bergara, oĂč il enseigna les mathĂ©matiques, la physique, la chimie et les sciences naturelles. Il y travailla Ă lâorganisation d'un musĂ©e de sciences naturelles[1], classant minĂ©raux et plantes, et dissĂ©quant les animaux. Ses Ćuvres de cette Ă©poque, Le dĂ©luge universel de la Bible et de la tradition et Le Paradis et la gĂ©ologie (recueil dâarticles) sont bien accueillis par la critique.
AprĂšs avoir Ă©tĂ© professeur Ă Bergara, il revient Ă Corias, oĂč il forme les jeunes dominicains. Durant ces annĂ©es, il Ă©crit une Ćuvre en 8 volumes sur lâĂ©volution. Arrivent dans son horizon de prĂ©occupations, Ă cause de diverses expĂ©riences personnelles, le dynamisme de la grĂące, son action dans les personnes et le charisme qui imprĂšgne lâexpĂ©rience mystique.
Un de ses biographes dit que « les Ăąmes lâamenĂšrent Ă la doctrine, et la doctrine aux Ăąmes ; ce furent principalement les Ăąmes et la doctrine qui lui ouvrirent les yeux pour rĂ©soudre de façon satisfaisante le grand problĂšme de sa propre vie, et mĂȘme de la vie chrĂ©tienne en gĂ©nĂ©ral dans son sens le plus profond, essentiel et salvateur ».
En 1898, ses supĂ©rieurs l'envoyĂšrent Ă Salamanque enseigner la thĂ©ologie aux jeunes thĂ©ologiens dominicains. Durant ces annĂ©es, il eut lâoccasion dâapprofondir ses intuitions initiales sur lâexpĂ©rience mystique. ConsacrĂ© entiĂšrement Ă lâĂ©tude, il commença Ă programmer ce qui serait plus tard quelques-unes de ses Ćuvres principales.
De Salamanque il fut envoyĂ© Ă Valladolid (1900-1903) oĂč virent le jour trois livres importants :
- Lâhexameron et la science moderne ;
- La Providence et lâĂ©volution ;
- Téléologie et théophobie.
De retour Ă Salamanque, il publia en 1908 le 3e volume de sa grande Ćuvre DĂ©veloppement et vitalitĂ© de lâĂglise : III. Ăvolution mystique. De 1909 Ă 1911, le P. Arintero se trouva Ă Rome, oĂč il enseigna Ă lâAngelicum rĂ©cemment fondĂ©, qui allait devenir lâUniversitĂ© pontificale Saint-Thomas.
En 1911, de retour Ă Salamanque, il publia le second tome de son ecclĂ©siologie, intitulĂ© Ăvolution doctrinale, qui reçut de la critique des accusations trĂšs dures. Certaines de ses thĂšses sur la vie mystique et la contemplation acquise (celle qui met en relief surtout lâactivitĂ© et lâeffort de lâorant, supposant toujours quâil sâagit dâune activitĂ© informĂ©e par la grĂące) face Ă la contemplation proprement dite (celle que lâEsprit Saint infuse par lâaction de ses dons), ne furent pas bien comprises. Il y eut aussi un rejet de celles-ci, notamment de la part de certains membres de lâOrdre du Carmel.
Cette expĂ©rience de rejet lâamena Ă se renfermer et garder le silence pendant un temps. Il utilisa la revue Ciencia Tomista[2] (Science Thomiste) comme organe dâexpression de ses idĂ©es sur lâexpĂ©rience mystique. Mais en 1925 il publia une Ćuvre avec la prĂ©tention dâĂ©claircir au maximum les malentendus que ses thĂšses avaient produits. Cette Ćuvre sâappelle La vraie mystique traditionnelle.
Fondateur en 1920-1921 de la revue La Vida Sobrenatural, qui existe toujours, mais sous le nom Vida Sobrenatural, il lâentendit toujours comme un moyen dâapostolat lui permettant dâarriver plus loin quâavec ses livres, destinĂ©s Ă un public plus spĂ©cialisĂ© et plus rĂ©duit.
Quelques témoignages
- AprÚs la mort du P. Arintero, un de ses camarades et collÚgues de Salamanque, J. D. Berruela, traça son portrait moral :
« Je nâai pas connu, Ă la fac, de compagnon plus humble, plus timide, plus dĂ©sireux de passer inaperçu que cet Arintero, qui termina ses Ă©tudes de sciences Ă Salamanque en 1886. Quand, 20 ou 30 ans aprĂšs, je le vis transformĂ© en MaĂźtre de thĂ©ologie, il Ă©tait toujours le mĂȘme : candide, ingĂ©nu, plein dâenfance spirituelle, sans ombre dâarrogance, Ă mille lieues de toute pĂ©danterie. Si de beaucoup de personnes vaines on peut dire avec raison quâelles sâĂ©coutent parler, du P. Arintero on peut affirmer quâil Ă©tait sourd Ă lui-mĂȘme. Tout son langage, comme chez les enfants, Ă©tait pour communiquer sa pensĂ©e, avec sincĂ©ritĂ©, Ă qui voulait lâĂ©couter »[3].
- P. Reginald Garrigou-Lagrange : « (...) je dois considĂ©rer le P. Arintero comme un MaĂźtre qui mâa beaucoup donnĂ©. (...) Loin de penser que le temps consacrĂ© Ă lâoraison Ă©tait un temps perdu pour lâĂ©tude, le PĂšre Arintero croyait, avec saint Thomas, que câest dans lâoraison quâavec une particuliĂšre lumiĂšre brillent les principes supĂ©rieurs qui illuminent des traitĂ©s entiers de dogme et de morale. Lâoraison Ă©tait pour lui la source oĂč il atteignait et oĂč il jouissait des plus hautes et des plus belles perspectives spirituelles⊠Cet homme si travailleur, non seulement en principe, mais dans la pratique constante de sa vie, plaçait lâoraison au-dessus de lâĂ©tude ; lâexercice des vertus thĂ©ologales, de la vertu de religion et des dons (du Saint-Esprit) au-dessus de l'activitĂ© naturelle de lâintelligence dans le travail thĂ©ologique »[4].
- P. Ălvaro Huerga, titulaire de la chaire d'histoire de la spiritualitĂ© Ă l'UniversitĂ© Saint-Thomas de Rome, spĂ©cialiste de la vie religieuse en Espagne au XVIe siĂšcle : « Je crois, en ce qui me concerne, et sans mĂ©priser quiconque, que les deux Ćuvres fondamentales produites par la troisiĂšme scolastique, dans le champ de la thĂ©ologie, ont Ă©tĂ© celles du lĂ©onais Juan GonzĂĄlez Arintero (1860-1928) et du navarrais Francisco MarĂn Sola (1873-1932). Ăvolution mystique dâArintero, qui est Ă la fois une thĂ©ologie scientifique et une thĂ©ologie de la vie ; et LâĂ©volution homogĂšne du dogme catholique, de MarĂn, ont Ă©tĂ©, Ă mon avis, deux des apports les plus importants de la thĂ©ologie au XXe siĂšcle »[5].
Le procÚs de sa béatification est en cours.
Ouvrages publiés
- El Diluvio universal de la Biblia y de la TradiciĂłn, demostrado por la geologĂa y prehistoria. Vergara, Imprenta de «El SantĂsimo Rosario», 1891, 668 p.
- El Hexamerón y la ciencia moderna. Explicaciones hechas en el Colegio de Estudios Superiores exegético-apologéticos de San Gregorio de Valladolid. Valladolid, José Manuel de la Cuesta, 1901, 308 p.
- Cuestiones mĂsticas, o sea las alturas de la contemplaciĂłn accesible a todos. Alientos, estĂmulos y desengaños de los grandes maestros de espĂritu a las almas espirituales y a sus directores. Salamanca, Imprenta Calatrava, 1916, 614 p. ; 2e Ă©d., Salamanca, Imprenta Calatrava, 1920, 609 p. ; 3e Ă©d. Salamanca, Fides, 1927, 742 p. ; 4e Ă©d. Introduction du P. Sabino M. Lozano. Madrid, La Editorial CatĂłlica, 1956, LVI, 690 p.
- El progreso dogmĂĄtico - objetivo, Ciencia tomista, Salamanca, 1911, 3, pp. 379â393.
- DeclaraciĂłn brevĂsima del Cantar de los Cantares, segĂșn la versiĂłn del P. Scio, para uso de personas espirituales. Resumen hecho por una Religiosa Reparadora de una conferencia del P. Mtro. Arintero, por Ă©l mismo revisado y corregido. Vergara, Tip. «El SantĂsimo Rosario», 1917,48 p.
- EntronizaciĂłn espiritual del Sagrado CorazĂłn, La BasĂlica Teresiana, 1919, 6, pp. 161â169.
- ExposiciĂłn mĂstica del Cantar de los Cantares, con nueva versiĂłn castellana acomodada al original, texto de la Vulgata y variantes del hebreo y del griego, Salamanca, Imprenta de Calatrava, 1919, 514 p. ; 3Ă© Ă©d., Salamanca, Convento de San Esteban - Editorial Fides, 1958, 616 p.
- Desenvolvimiento y vitalidad de la Iglesia. Ădition prĂ©parĂ©e et prĂ©sentĂ©e par A. Alonso Lobo., Vol. I: EvoluciĂłn orgĂĄnica; vol. II: EvoluciĂłn doctrinal; vol. III: Mecanismo divino de los factores de la evoluciĂłn de la Iglesia. Madrid, FundaciĂłn Universitaria Española, 1974-1976.
Biographies et Ă©tudes
- A. SuĂĄrez, Vida del M. R. P. Fr. Juan G. Arintero, Maestro en Sagrada TeologĂa, 2 vol., CĂĄdiz 1936 (premiĂšre biographie du P. Arintero)
- A. Alonso Lobo, El Padre Arintero, precursor clarividente del Concilio Vatican II, Salamanca 1970
- A. Bandera, "La obra eclesiologica del Padre Arintero. Cronologia con mistica al fondo", Ciencia Tomista 113 (3), p. 497-526, 1986
- A. Bandera, "Un prologo inédito del P. Arintero a su obra Desenvolvimiento y Vitalidad de la Iglesia", Ciencia Tomista 113 (3), p. 597-609, 1986
- A. Bandera, El P. Juan G. Arintero, Una vida de santidad, Salamanca, 1992
- A. Bandera, Cartas de la M. Sorazu al P. Arintero, Verdad y Vida 50 (198-199), 211-240 (1992)
- M. A. Martinez, El P. Arintero, restaurador de la MĂstica en España, Celebraciones vivas de los santos (65), Burgos, 2004
- P. de Pontonx, Vie et Ćuvres du P. Arintero : la passion de Dieu au service de l'Ăglise (en cours), 2014
Références
- Cf. Museo de ciencias naturales Padre Arintero, Museo de los Padres Dominicos La Virgen del Camino - LeĂłn (Espagne)
- http://cienciatomista.dominicos.org
- A. SuĂĄrez, Vida del M. R. P. Fr. Juan G. Arintero, Maestro en Sagrada TeologĂa, t. 1, CĂĄdiz 1936, p. 25
- Source et texte complet : Arinteriana.
- Servicio de Publicaciones de la Universidad de Navarra, ConversaciĂłn en Madrid con Ălvaro Huerga, por Federico M. Requena, Anuario de Historia de la Iglesia, 9 (2000): 415-443
Liens externes
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- Vie et Ćuvres choisies du P. Arintero en langue française sur Arinteriana.fr
- (es) Vida Sobrenatural
- (es) Sur la tradition spirituelle de l'Ordre des FrĂšres-PrĂȘcheurs