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Joseph Hackin

Joseph Hackin, né le à Boevange-sur-Attert (Luxembourg) et mort le en mer lors du torpillage de son bateau prÚs des ßles Féroé[1], est un archéologue français d'origine luxembourgeoise, résistant, compagnon de la Libération.

Joseph Hackin
Archéologue
Image illustrative de l’article Joseph Hackin
Joseph Hackin (1932), portrait de Alexandre Iacovleff.
Présentation
Naissance
Boevange-sur-Attert
DĂ©cĂšs (Ă  54 ans)
prĂšs des Îles FĂ©roĂ©, en mer
Nationalité Drapeau de la France France
Drapeau du Luxembourg Luxembourg
Entourage familial
Conjoint Ria Hackin

Le musée Guimet

La maison natale de Joseph Hackin Ă  Boevange-sur-Attert au Luxembourg.

Fils d'un cocher, Joseph Hackin effectue ses Ă©tudes en France, dans un collĂšge privĂ© Ă  Dreux, puis Ă  Paris, oĂč il obtient les diplĂŽmes de l'École des langues orientales et de l'École libre des sciences politiques. En 1907, il est secrĂ©taire de l'industriel Émile Guimet[2], mĂ©cĂšne passionnĂ© par les civilisations orientales, qui crĂ©era Ă  Paris le musĂ©e portant toujours son nom.

Le musée Guimet aujourd'hui à Paris.

En 1907 Ă©galement, il s'inscrit Ă  l'École pratique des hautes Ă©tudes, dont il sort diplĂŽmĂ© en 1912. Il y apprend le sanskrit et le tibĂ©tain[3].

En 1912, Hackin obtient la nationalité française. L'année suivante, il est nommé conservateur adjoint du musée Guimet.

Mobilisé en 1914 comme simple soldat, blessé à trois reprises, il termine la guerre comme lieutenant, commandant de compagnie. Il a été fait chevalier de la Légion d'honneur, et il est titulaire de la croix de guerre 1914-1918 et d'une décoration roumaine.

Bien que blessé trois fois pendant la guerre, il soutient sa thÚse en 1916[3].

Démobilisé, il reprend ses activités et ses travaux au musée Guimet, dont il devient conservateur en 1923.

L'archéologue

L'essentiel de la carriĂšre de Joseph Hackin, entre les deux guerres, se partage entre Paris, l'Afghanistan et l'ExtrĂȘme-Orient.

À Paris, il est secrĂ©taire d'Emile Guimet puis nommĂ© conservateur en 1923. Il est docteur Ăšs-lettres et assure des enseignements Ă  l'École des hautes Ă©tudes et Ă  l'École du Louvre. Parmi ses Ă©lĂšves se trouve Marie Parmentier (connue sous son surnom de Ria), femme d'origine luxembourgeoise, nĂ© en Moselle pendant son occupation allemande[3], qui devient son Ă©pouse et sa collaboratrice. Elle est couramment appelĂ©e « Ria » (contraction de Marie/Hackin), y compris dans certaines publications[4].

En Afghanistan, il effectue, en 1923, une premiĂšre mission Ă  BĂąmiyĂąn au cĂŽtĂ© d AndrĂ© Godard et de son Ă©pouse Yedda. Il Ă©pouse Ria en 1928, qui le suit alors dans presque tous ses voyages[3]. Il effectue une deuxiĂšme mission en 1929 sur le mĂȘme site et l'Ă©tend jusqu'Ă  Karak ainsi qu'Ă  BegrĂąm (l'antique Kapissa, qui fut probablement la capitale d'Ă©tĂ© des rois kouchans). Il est le seul, avant 2002 Ă  avoir rĂ©alisĂ© des fouilles dans la falaise aux bouddhas (grotte G). Il repasse sur les lieux avec la croisiĂšre jaune en 1931. À son retour en France en 1934, il expose dans les salles du musĂ©e Guimet les antiquitĂ©s issues de ses fouilles. À Begram, Ria Hackin met au jour en 1937, sous sa direction, un exceptionnel trĂ©sor (dit de BegrĂąm) d'incunables de l’ivoirerie indienne[3], dont une partie est conservĂ©e au musĂ©e Guimet[5].

Ivoires du trésor de Begram (musée Guimet).
DĂ©dicace Ă  Alfred Coville, signature de Joseph Hackin, 1934.

Joseph Hackin dirige la maison franco-japonaise de Tokyo, de 1930 Ă  1933 . En 1934, il est nommĂ© directeur de la DĂ©lĂ©gation archĂ©ologique française en Afghanistan (DAFA) ; il a pour adjoint l'architecte Jean Carl, avec lequel il collabore depuis 1928. Hackin entretient les meilleurs rapports avec les hautes autoritĂ©s afghanes, qui facilitent ses recherches et ses dĂ©placements. GrĂące au vĂ©hicule tout terrain « Laffly S15 T Â» qu'il a acquis pour la DAFA, il effectue, parallĂšlement Ă  ses recherches Ă  BĂąmiyĂąn et Begram, de nombreuses reconnaissances archĂ©ologiques en Afghanistan.

La France libre

Mobilisé sur place en 1939, à la légation de France à Kaboul, comme capitaine, puis commandant, il dépend de l'état-major du théùtre d'opérations du Moyen-Orient (Beyrouth). DÚs le , il télégraphie son ralliement au général de Gaulle. Arrivé à Londres en , il est chargé de coordonner les relations entre divers comités de la France libre de par le monde. De son cÎté, son épouse Marie Hackin rejoint le Corps des Volontaires françaises de la France libre, avec le grade de sous-lieutenant.

En , le général de Gaulle nomme Joseph Hackin délégué de la France libre en Inde (et dans les régions environnantes). Hackin et sa femme s'embarquent sur le cargo Jonathan Holt, qui est torpillé le prÚs des ßles Féroé[6]. Tous deux périssent dans ce naufrage. En apprenant la nouvelle, son adjoint l'architecte également d'origine luxembourgeoise Jean Carl, qui leur est profondément attaché et les a suivis à Londres, se suicide[7].

Joseph et Marie Hackin ont été nommés compagnons de la Libération à titre posthume par le général de Gaulle (décret du ).

Le nom de Joseph Hackin a été donné à une rue du quartier Kirchberg, à Luxembourg ; ceux de Joseph et Marie Hackin à une rue du 16e arrondissement de Paris.

DĂ©corations principales

Bibliographie

  • Formulaire sanscrit-tibĂ©tain du Xe siĂšcle, Ă©ditĂ© et traduit par Joseph Hackin, Librairie orientaliste Paul Geutner, Paris, 1924.
  • Recherches ArchĂ©ologiques en Asie Centrale (1931) : vol. 1.
  • Nouvelles recherches archĂ©ologiques Ă  Bāmiyān, avec la collaboration de J. Carl, Paris, G. Van Oest, 1933, 92 p. (MĂ©moires de la dĂ©lĂ©gation archĂ©ologique française en Afghanistan, t. III) Nouvelles recherches archĂ©ologiques Ă  Bāmiyān : vol. 1
  • Recherches archĂ©ologiques au col de Khair Khaneh, prĂšs de Kābul, avec la collaboration de J. Carl, Paris, Éditions d'art et d'histoire, 1936, 39 p. (MĂ©moires de la DĂ©lĂ©gation archĂ©ologique française en Afghanistan, t. VII).
  • Diverses recherches archĂ©ologiques en Afghanistan: 1933-1940, avec la collaboration de J. Carl et J. MeuniĂ© ; avec des Ă©tudes de Roman Ghirshman et Jean-Claude Gardin, avant-propos par Philippe Stern. Paris, Presses universitaires de France, 1959, 141 p. (MĂ©moires de la DĂ©lĂ©gation archĂ©ologique française en Afghanistan, t. VIII).
  • Recherches archĂ©ologiques Ă  Begram : chantier no 2 (1937), avec la collaboration de Marie Hackin, Paris, Les Éditions d'art et d'histoire, 1939, 2 vol. (MĂ©moires de la dĂ©lĂ©gation archĂ©ologique française en Afghanistan, t. IX).
  • Nouvelles recherches archĂ©ologiques Ă  Begram : ancienne KĂąpici : 1939-1940, avec la collaboration de Marie Hackin, J. Carl et P. Hamelin ; Ă©tudes comparatives par J. Auboyer, V. ElissĂ©eff, et al. (avant-propos par Alfred Foucher, RenĂ© Grousset, Philippe Stern), Paris, Presses universitaires, 1954, 2 vol. (MĂ©moires de la DĂ©lĂ©gation archĂ©ologique française en Afghanistan, t. XI).
  • Les Combattants de l'aube. les Compagnons de la LibĂ©ration d'origine lorraine, JĂ©rĂŽme Estrada de Tourniel, Éditions Serpenoise, 2014. Si lui est Luxembourgeois, elle est Mosellane. Un chapitre de cet ouvrage leur est consacrĂ©.

Notes et références

  1. « Jonathan Holt (British Steam merchant) - Ships hit by German U-boats during WWII - uboat.net », sur uboat.net (consulté le )
  2. L'entreprise de la famille Guimet a donné naissance au groupe Pechiney.
  3. « De l’Asie Ă  la France libre », sur MusĂ©e Guimet
  4. Outre ses collaborations avec son mari, elle est l'auteur, avec Ahmad Ali Kohzad, de Légendes et coutumes d'Afghanistan, Paris, PUF, ouvrage publié en 1953.
  5. Suivant accord signé dans les années 1920 entre les autorités afghanes et françaises (représentées par Alfred Foucher), une partie du trésor de Begram est conservé au musée Guimet. Les collections du Musée national afghan de Kaboul ont été en parties détruites par les talibans.
  6. Le torpillage eut lieu par 61° 10'N, 11° 55'W ; voir aussi : http://warsailors.com/forum/read.php?1,12162,15321#msg-15321
  7. Bernard Dupaigne, Gilles Rossignol, Le guide de l'Afghanistan, Lyon, La Manufacture, 1989, p. 210.
  8. « Joseph HACKIN », sur Musée de l'Ordre de la Libération (consulté le )

Liens externes

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