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John Houbolt

John Cornelius Houbolt, né le à Altoona dans l'État de l'Iowa aux États-Unis et mort le à Scarborough dans l'État du Maine, est un ingénieur aérospatial de la NASA. Il est connu pour s'être fait l'avocat de la méthode du rendez-vous en orbite lunaire pour les missions du programme Apollo. Cette méthode, initialement rejetée par pratiquement tous les spécialistes car perçue comme trop risquée, fut finalement retenue au début de 1962. Cette décision permit à la NASA d'atteindre l'objectif fixé par le président John F. Kennedy c'est-à-dire de poser un homme sur la Lune avant la fin des années 1960. De plus, ce choix permit d'économiser des milliards de dollars en permettant une utilisation plus efficace des technologies déjà disponibles.

John Houbolt
John Houbolt expliquant le scénario du LOR qu'il réussit à promouvoir non sans difficulté
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  95 ans)
Scarborough
Nom dans la langue maternelle
John Cornelius Houbolt
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Directeurs de thèse
Manfred Rauscher (d), Eduard Stiefel
Distinction

Formation et carrière

John Houbolt nait en 1919 à Altoona dans l'Iowa (États-Unis)[1]. Il obtient un master en ingénierie à l'université de l'Illinois en 1942. Il décrochera par la suite, en 1957, un doctorat en sciences techniques à l'École polytechnique fédérale de Zurich en Suisse. Houbolt commence sa carrière à la NACA qui deviendra en 1958 l'agence spatiale américaine, la NASA, et il y restera jusqu'à ce qu'il prenne sa retraite[2]. Houbolt travaille en tant qu'ingénieur au centre de recherche Langley à Hampton, Virginie. Lorsque le choix du scénario des missions lunaires du programme Apollo est débattu, il est l'avocat le plus ardent de la méthode du rendez-vous en orbite lunaire alors que les ténors de la NASA y sont opposés. Celle-ci sera finalement retenue sans doute en grande partie grâce à sa ténacité. Pour son implication dans le choix du scénario, il recevra la NASA Exceptional Scientific Achievement Medal en 1963[3].

Le choix du rendez-vous orbital lunaire

Comparaison des tailles de véhicules lunaires selon la méthode retenue (la taille dans le mode LOR est sous-estimée)

En 1959, l'agence spatiale américaine lance des études dans une perspective à long terme pour déterminer les techniques permettant d'envoyer des hommes sur la Lune. Trois scénarios principaux se dégagent[4] :

  • L'envoi direct d'un vaisseau sur la Lune (Direct Ascent) ; une fusĂ©e de forte puissance, de type Nova, propulse le vaisseau complet (vĂ©hicule lunaire et vaisseau utilisĂ© pour le retour sur Terre) vers la Lune ; l'ensemble atterrit sur la Lune puis en redĂ©colle avant de retourner sur la Terre.
  • Le rendez-vous orbital autour de la Terre (EOR Earth-Orbit Rendez-vous) : pour limiter les risques et le coĂ»t de dĂ©veloppement de la fusĂ©e gĂ©ante que nĂ©cessite le premier scĂ©nario, les composants du vaisseau sont envoyĂ©s en orbite terrestre par deux fusĂ©es (ou plus) moins puissantes. Ces diffĂ©rents Ă©lĂ©ments sont assemblĂ©s en orbite par des astronautes qui utilisent Ă©ventuellement une station spatiale comme base logistique. Le dĂ©roulement du vol du vaisseau, par la suite, est similaire Ă  celui du premier scĂ©nario.
  • Le rendez-vous en orbite lunaire (LOR pour Lunar Orbital Rendez-vous) : une seule fusĂ©e est requise mais le vaisseau envoyĂ© vers la Lune comporte deux sous-ensembles qui se sĂ©parent une fois que l'orbite lunaire est atteinte : le module dit lunaire atterrit avec une partie de l'Ă©quipage sur la Lune et en redĂ©colle pour ramener les astronautes jusqu'au module dit de commande, restĂ© en orbite autour de la lune, qui prend en charge le retour des astronautes Ă  Terre. Cette solution permet d'Ă©conomiser du poids par rapport aux deux autres scĂ©narios (beaucoup moins de combustible est nĂ©cessaire pour l'atterrissage et le dĂ©collage) et permet de concevoir un vaisseau optimisĂ© pour l'atterrissage et le sĂ©jour sur la Lune. La fusĂ©e Ă  dĂ©velopper est moins puissante que celle requise par le premier scĂ©nario.

Lorsque le président américain John Kennedy donne à la NASA le l'objectif de faire atterrir des hommes sur la Lune avant la fin de la décennie, l'évaluation de ces 3 méthodes est encore peu avancée. La NASA n'a pas encore réalisé un seul véritable vol spatial habité (le premier vol orbital de la capsule Mercury n'a lieu qu'en )[N 1]. L'agence spatiale a du mal à évaluer l'ampleur des difficultés soulevées par les rendez-vous entre engins spatiaux et elle ne maîtrise pas l'aptitude des astronautes à supporter de longs séjours dans l'espace et à y travailler ; ses lanceurs ont essuyé une série d'échecs, ce qui l'incite à la prudence dans ses choix techniques. La NASA est consciente que le choix de la méthode conditionne les caractéristiques des véhicules spatiaux et des lanceurs à développer, et que tout retard pris dans cette décision pèse sur une échéance très proche, compte tenu des défis techniques à relever. Mais les responsables de la NASA vont mettre plus d'une année, passée en études et en débats, avant de sélectionner un des trois scénarios.

Le LOR est initialement la solution qui a le moins de partisans malgrĂ© les arguments dĂ©taillĂ©s avancĂ©s par son plus ardent dĂ©fenseur John Houbolt du Centre de Recherche de Langley, qui a pris connaissance de cette option dans une publication d'un Russe, Alexandre ChargueĂŻ, restĂ©e confidentielle. Aux yeux de beaucoup de spĂ©cialistes et responsables de la NASA, le rendez-vous autour de la Lune entre module lunaire et module de commande paraĂ®t instinctivement trop risquĂ© : si le rendez-vous Ă©choue, les astronautes occupant le module lunaire n'ont pas le recours de freiner leur engin pour se laisser redescendre sur la Terre : ils sont condamnĂ©s Ă  tourner indĂ©finiment autour de la Lune. Les avantages de ce scĂ©nario, en particulier le gain sur la masse Ă  satelliser (45 tonnes avec le LOR contre 70 tonnes en vol direct), sont rejetĂ©s sans Ă©tude sĂ©rieuse. Houbolt, dĂ©sespĂ©rĂ©, envoie Ă  deux reprises un courrier Ă  Robert Seamans le numĂ©ro deux de la NASA, en lui demandant d'intervenir pour que la mĂ©thode qu'il prĂ©conise soit Ă©tudiĂ©e sur le fond et non pas rejetĂ©e sur la base d'idĂ©es prĂ©conçues. En procĂ©dant ainsi il court-circuitait plusieurs niveaux hiĂ©rarchiques et mettait en grand danger son avenir Ă  la NASA[5] - [N 2]. Toutefois, au fur et Ă  mesure que les autres scĂ©narios sont approfondis le LOR gagne en crĂ©dibilitĂ© : les partisans du vol direct, Maxime Faget et ses hommes du Centre des Vols HabitĂ©s, se rendent compte de la difficultĂ© de faire atterrir un vaisseau lourd sur le sol irrĂ©gulier et aux caractĂ©ristiques incertaines de la Lune[6]. Wernher von Braun et l'Ă©quipe qu'il dirige au Centre de vol spatial Marshall, partisan d'un rendez-vous orbital terrestre finit lui-mĂŞme par ĂŞtre convaincu que le choix du LOR est le seul qui permettra de tenir l'Ă©chĂ©ance fixĂ©e par le prĂ©sident Kennedy[6].

Notes et références

Notes

  1. Les vols précédents étaient des vols balistiques c'est-à-dire que la capsule Mercury ne se mettait pas en orbite
  2. Selon James Hansen auteur de la monographie sur le LOR il s'agit d'un cas d'école de dysfonctionnement de l'organisation d'une entreprise. Le courrier de Houbolt commençait ainsi « Somewhat as a voice in the wilderness, I would like to pass on a few thoughts that have been of deep concern to me over recent months... Do we want to go to the moon or not?, and, if so, why do we have to restrict our thinking to a certain narrow channel?...» (Prêchant pratiquement dans le désert, je voudrais faire passer des réflexions qui me préoccupent profondément depuis quelques mois ... Voulons-nous vraiment aller sur la Lune ? Et si c'est le cas pourquoi restreignons nous à ce point nos axes de recherche sur le sujet ?

Références

Sources

  • (en) Hansen, James R, Enchanted Rendezvous : John C. Houbolt and the Genesis of the Lunar-Orbit Rendezvous Concept, (lire en ligne)
    Genèse du rendez-vous en orbite lunaire (LOR) [PDF]
  • (en) G Brooks, James M. Grimwood, Loyd S. Swenson, Chariots for Apollo: A History of Manned Lunar Spacecraft, (lire en ligne)
    Le programme Apollo : le développement des différents modules Apollo (document NASA n° SP 4205)

Voir aussi

Articles connexes

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