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John Chivington

John Milton Chivington, né le à Lebanon et mort le à Denver, est un officier de l'armée des États-Unis.

John Chivington
John Chivington (1821-1894), frappé d'infamie publique pour sa responsabilité dans le massacre de Sand Creek (1864).
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  73 ans)
Denver
SĂ©pulture
Fairmount Cemetery (en)
Nom dans la langue maternelle
John Milton Chivington
Nationalité
Allégeance
Activités
Autres informations
Arme
Grade militaire
Conflit

Il est remarqué pour son implication dans la campagne du Nouveau-Mexique lors de la guerre de Sécession, puis dans la guerre du Colorado, un conflit opposant les États-Unis aux tribus indiennes. En 1862, il est célébré en héros de la bataille de Glorieta Pass, mais, bien qu'il ne fût pas sanctionné, son rôle deux ans plus tard dans le massacre de Sand Creek laissa une tache infamante sur sa carrière militaire[1].

Jeunesse

Né dans l'État de l'Ohio et attiré par le méthodisme, il est ordonné pasteur en 1844. En 1863, il participe à une expédition de missionnaires méthodistes dans l'État du Kansas, où s'était installée la nation Huron. En 1856, il reçoit une lettre de menace de membres pro-esclavage de sa congrégation en raison de sa haine déclarée pour cette pratique. En conséquence, l'Église méthodiste le transfère dans la paroisse d'Omaha. En 1860, il exerce des responsabilités dans le district méthodiste des montagnes Rocheuses et s'installe avec sa famille à Denver.

Guerre civile américaine

Lorsque la guerre de SĂ©cession Ă©clate l'annĂ©e suivante, le gouverneur des territoires du Colorado, William Gilpin, lui offre le poste d'aumĂ´nier, mais Chivington refuse. Chivington dĂ©cide de prendre une part active Ă  la guerre et entre avec le grade de commandant dans le 1er rĂ©giment des volontaires du Colorado, commandĂ© par le colonel John P. Slough. Le , durant l'offensive du confĂ©dĂ©rĂ© Henry Hopkins Sibley sur le territoire du Nouveau-Mexique, il mène un dĂ©tachement de 418 hommes Ă  Apache Canyon. Sa troupe y surprend 300 confĂ©dĂ©rĂ©s commandĂ©s par le commandant Charles Pyron. Ă€ l'issue de ce premier affrontement, l'unitĂ© de Chivington compte 5 tuĂ©s, 14 blessĂ©s, et fait 75 prisonniers parmi les confĂ©dĂ©rĂ©s dont les pertes s'Ă©lèvent en outre Ă  4 morts et 20 blessĂ©s. Cette victoire mineure motive son rĂ©giment de volontaires.

Le , le colonel Slough affronte les troupes de Sibley Ă  Glorieta Pass[note 1]. Il donne ordre aux 400 hommes de Chivington d'effectuer un mouvement tournant pour attaquer le flanc confĂ©dĂ©rĂ©. Chivington prend position en surplomb de la passe, mais attend en vain l'arrivĂ©e de Slough ou de son adversaire. Des Ă©claireurs lui rapportent alors que le train de ravitaillement des confĂ©dĂ©rĂ©s se trouve dans les environs, Ă  Johnson's Ranch. Après une heure d'attente supplĂ©mentaire, les unitĂ©s de Chivington se dĂ©cident Ă  attaquer les quelques gardes prĂ©sents autour du train. Les wagons sont brĂ»lĂ©s, les chevaux et les mules abattus. Pendant ce temps, la bataille de Glorieta Pass fait rage. Chivington rejoint finalement le gros des forces du colonel Slough alors que celui-ci fait prĂ©cipitamment retraite. Les ConfĂ©dĂ©rĂ©s remportent la bataille, mais ne disposent plus de suffisamment de ravitaillement pour poursuivre leur avancĂ©e, Ă  cause de l'action de Chivington et ses hommes. Les troupes de Sibley sont contraintes Ă  faire retraite jusqu'au Texas, la destruction du train inversant le rĂ©sultat de la bataille.

Ses supĂ©rieurs fĂ©licitent Chivington pour son action, mĂŞme si sa dĂ©couverte du train confĂ©dĂ©rĂ© est fortuite. Certains historiens suggèrent que ses 400 hommes auraient pu retourner le cours des Ă©vĂ©nements en rejoignant le gros des troupes de l'Union lorsque les premiers coups de feu se sont fait entendre. En avril 1862, il est nommĂ© colonel du 1er rĂ©giment de cavalerie des volontaires du Colorado, car il s'est distinguĂ© lors de l'engagement de Johnson's Ranch, durant lequel personne ne fut tuĂ© ou blessĂ©. NĂ©anmoins, un aumĂ´nier confĂ©dĂ©rĂ© se plaignit ensuite que Chivington avait menacĂ© de tuer les hommes qu'il avait fait prisonniers. En novembre 1862, John Milton Chivington est promu au grade de brigadier-gĂ©nĂ©ral, mais sa promotion est annulĂ©e en fĂ©vrier 1863.

Le massacre de Sand Creek

Après plusieurs annĂ©es de conflit entre blancs et indiens dans le Colorado, un groupe d'environ 800 Cheyennes et leur chef Black Kettle se rend Ă  fort Lyon afin de nĂ©gocier un accord de paix. En compagnie d'indiens Arapahos commandĂ©s par le chef Left Hand, ils s'installent ensuite dans un campement Ă  Sand Creek, Ă  moins de 64 kilomètres (40 mi) au nord du fort. Les guerriers dits « Dog Soldiers », qui avaient Ă©tĂ© très actifs au cours du conflit, ne sont pas prĂ©sents dans ce campement. RassurĂ© par les promesses de paix du gouvernement des États-Unis, Black Kettle envoie la plupart de ses guerriers Ă  la chasse. Une soixantaine d'hommes restent au camp, la plupart trop jeunes ou trop vieux pour chasser. Le drapeau des États-Unis flotte sur le campement, car il lui est promis qu'« aussi longtemps qu'il ferait flotter le drapeau amĂ©ricain, lui et son peuple ne seraient pas inquiĂ©tĂ©s par les soldats[2]. »

En novembre 1864, partant de fort Lyon, le colonel Chivington et 800 hommes appartenant aux 1er et 3e rĂ©giments de cavalerie du Colorado, ainsi qu'une compagnie du 1er rĂ©giment de volontaires du Nouveau-Mexique, mènent un raid sur le campement indien. Dans la nuit du , les soldats et miliciens s'enivrent aux alentours du camp[2]. Le lendemain matin, Chivington ordonne Ă  ses troupes d'attaquer. Un officier, le capitaine Silas Soule, refuse de suivre les ordres et demande Ă  ses hommes de ne pas ouvrir le feu. Le reste des troupes attaque immĂ©diatement, sans Ă©gards pour le drapeau des États-Unis flottant sur le camp, ni pour un drapeau blanc qui est brandi peu après les premiers coups de feu. Les soldats de Chivington massacrent la plupart des indiens prĂ©sents, souvent dĂ©sarmĂ©s.

Au cours de cet assaut, les troupes de l'armĂ©e perdent 15 hommes et plus de 50 sont blessĂ©s[3]. Entre les effets de la boisson et le chaos rĂ©sultant de l'assaut, la plupart de ces pertes sont imputables Ă  des tirs amis[2]. Les estimations des pertes indiennes sont de 150 Ă  200 morts, principalement des femmes et des enfants. Lorsque Chivington rĂ©dige son tĂ©moignage, plus tard produit devant un comitĂ© du Congrès des États-Unis, il estime que le nombre d'indiens tuĂ©s se situe plutĂ´t entre 500 et 600 et que la grande majoritĂ© d'entre eux Ă©taient des hommes[4].

Une source Cheyenne rapporte qu'environ 53 hommes et 110 femmes et enfants ont Ă©tĂ© tuĂ©s[5]. Bon nombre des cadavres sont mutilĂ©s, et pour la plupart ce sont des femmes, des enfants et des vieillards. Chivington et ses hommes coiffent leurs armes, leurs chapeaux et leur Ă©quipement de scalps et diffĂ©rents morceaux humains, y compris des organes gĂ©nitaux, avant d'aller afficher publiquement ces trophĂ©es de bataille Ă  l'Apollo Theater et au saloon de Denver.

Chivington déclare que ses troupes avaient combattu dans une bataille contre des indiens hostiles et que l'action fut d'abord célébrée comme une victoire, quelques soldats arborant avec cynisme des parties de corps humain indiens comme des trophées. Cependant, le témoignage de Soule et de ses hommes oblige la tenue d'une enquête sur l'incident, qui conclut que Chivington a mal agi. Soule et les hommes qu'il commandait témoignent contre Chivington devant la cour martiale. Chivington dénonce Soule comme un menteur, et celui-ci est assassiné plus tard par un homme qui a servi sous le commandement de Chivington à Sand Creek. Certaines rumeurs de l'époque impliquent Chivington dans cet assassinat.

À la suite de l'enquête menée au nom de l'armée américaine par Edward W. Wynkoop, Chivington est condamné pour sa participation à ce massacre, mais il a déjà quitté l'armée et l'amnistie générale qui succède à la guerre de Sécession fait que des accusations criminelles ne peuvent être déposées contre lui. Toutefois, un juge de l'armée déclare publiquement que Sand Creek est « une lâche boucherie exécutée avec sang-froid, suffisamment pour couvrir ses auteurs de l'indélébile infamie, et de honte et d'indignation le visage de chaque américain »[6]. L'indignation publique est intense face à la brutalité des massacres et la mutilation des cadavres, et aurait peut-être incité le Congrès des États-Unis à rejeter l'idée d'une guerre généralisée contre les Indiens du Midwest.

Vie civile

Bien qu'il ne fut jamais puni pour ses actes, Chivington est forcé de démissionner de la milice du Colorado. L'indignation publique le contraint également à se retirer de la vie politique et le maintient à l'écart de la campagne du Colorado pour devenir un État. En 1865, il retourne au Nebraska et fait une tentative infructueuse pour devenir manutentionnaire de fret.

Après avoir vécu brièvement en Californie, Chivington retourne à sa ferme en Ohio. Plus tard, il devient rédacteur en chef d'un journal local. En 1883, il fait campagne pour un siège à l'Assemblée législative de l'Ohio, mais lorsque ses adversaires commencent à porter l'attention du public sur le massacre de Sand Creek, il est obligé de se retirer. Il retourne ensuite à Denver, où il travaille comme adjoint du sheriff, peu de temps avant sa mort due à un cancer, en 1894.

Jusqu'à la fin de sa vie, Chivington a soutenu que Sand Creek avait été une opération militaire réussie. Il a souligné à juste titre que son expédition avait fait suite à une série de raids meurtriers sur des personnes de race blanche, mais il a commodément ignoré le fait que le massacre de Sand Creek a provoqué les Cheyennes, les Arapaho et une partie des Sioux à accroître leurs raids sur les colons blancs, en représailles.

En 1887, la ville de Chivington, dans le Colorado, fut créée et reçut son nom. C'était une ville née d'une station de chemin de fer sur la Missouri Pacific Railroad, assez proche du lieu des massacres. Elle fut désertée pendant la période appelée Dust Bowl, où une série de tempêtes de poussières frappèrent cette région entre 1920 et 1930, mais quelques bâtiments subsistent encore aujourd'hui.

Bibliographie

Filmographie

Les films cinématographiques Massacre at Sand Creek de Arthur Hiller en 1956 et Le Soldat bleu, de Ralph Nelson en 1970, retracent l'épopée peu glorieuse de Chivington à Sand Creek. En 1957 Le fort de la dernière chance de Georges Marshall nous le montre au début relancer une guerre indienne par une attaque à Sand-Creek. À la télévision, il y eut l'épisode 5 de la série Colorado(1978) intitulé "Le Massacre " et en flash back l'épisode 12 " le cri de l'aigle". Le personnage appelé John Iverson dans Soldat bleu et Franck Skimerhorn dans Colorado, apparaît sous son vrai nom dans les premiers épisodes d'une autre série télévisée plus connue : Docteur Quinn, femme médecin.

Notes et références

Notes

Références

  1. Churchill, p. 202
  2. Brown 1970.
  3. Michno 2003, p. 159.
  4. « Documents on the Sand Creek Massacre », Public Broadcasting Service
  5. George Bent, fils de l'amĂ©ricain William Bent et d'une mère Cheyenne, Ă©tait au campement de Black Kettle quand les hommes de Chivington ont attaquĂ©. Sand Creek Massacre National Historical Site Ă©crit que :« Le , Bent Ă©crit : « Environ 53 hommes ont Ă©tĂ© tuĂ©s et 110 femmes et enfants tuĂ©s, 163 tuĂ©s en tout. De nombreux hommes, femmes et enfants furent blessĂ©s. » »
  6. « a cowardly and cold-blooded slaughter, sufficient to cover its perpetrators with indelible infamy, and the face of every American with shame and indignation. »

Liens externes

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