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Joan Semmel

Joan Semmel nĂ©e le , est une peintre et Ă©crivaine fĂ©ministe amĂ©ricaine. À travers ses peintures rĂ©alistes, elle remet en cause le regard patriarcal sur le corps des femmes objectifiĂ©es. Elle interroge le dĂ©sir fĂ©minin, le consentement et la sexualitĂ© dans une perspective fĂ©ministe[1].

Joan Semmel
Biographie
Naissance
Nationalité
Formation
Activités
Période d'activité

Formation et engagement politique

Joan Semmel est nĂ©e Ă  New York. Elle commence sa formation artistique Ă  la Cooper Union, oĂč elle Ă©tudie auprĂšs de Nicholas Marsicano[2]. Ensuite, elle Ă©tudie avec Morris Kantor Ă  la Art Students League de New York[3] - [4].

Entre 1963 et 1970, elle réside en Espagne. Son travail évolue vers une peinture gestuelle, dans de grandes compositions de figures au sol, s'inspirant des principaux artistes espagnols. Joan Semmel revient à New York en 1970. Elle est choquée par le nombre d'images sexualisées de femmes qu'elle voit dans les kiosques américains[5]. Elle commence à peindre des scÚnes érotiques dans un style figuratif. Elle obtient un Master of Fine Arts a l'institut Pratt en 1972 en présentant la premiÚre série érotique[6].

En 1975, lors de l’exposition The Year of the Woman au Bronx Museum of the Arts, Joan Semmel fait l'expĂ©rience de la censure officiel. Ses Ɠuvres sont jugĂ©es « pornographiques » et « antiamĂ©ricaines » par la Cour suprĂȘme de l’État de New York[7].

Joan Semmel devient membre du mouvement fĂ©ministe et de groupes d’art fĂ©ministes dĂ©diĂ©s Ă  la promotion de l’égalitĂ© des sexes dans le monde de l’art[8]. Elle est membre Ad Hoc Committee of Women Artists (en), du Fight Censorship Group (FC), Women in the Arts (WIA) et de la Art Workers Coalition (en). Le Women's Caucus for Art rĂ©compense Joan Semmel du prix d'excellence de l'organisation, en 2013[9].

Lors d'une table ronde de 2015 intitulée La peinture et l'héritage du féminisme à la galerie Maccarone, Joan Semmel déclare : « Je voudrais m'éloigner de la déclaration de base qui explique pourquoi il n'y a pas de grandes artistes femmes[10]. Il y a de grandes femmes artistes. Il y a beaucoup de grandes femmes artistes. Et nous ne devrions plus parler de la raison pour laquelle il n'y a pas de grandes artistes femmes. S'il n'y a pas de femmes artistes célÚbres, c'est parce que nous ne les avons pas célébrées, mais pas parce qu'elles ne sont pas là. »[11].

Depuis 2013, elle est professeure émérite de peinture à l'université Rutgers[12].

Description de son Ɠuvre

Joan Semmel dĂ©clare Ă  propos de son travail : « Bien que mon travail se dĂ©cline en sĂ©ries, le fil conducteur au fil des dĂ©cennies est une perspective unique : ĂȘtre Ă  l'intĂ©rieur de l'expĂ©rience de la fĂ©minitĂ© et en prendre possession culturellement ». La plupart de ses Ɠuvres traitent de thĂšmes liĂ©s Ă  la sexualitĂ©, au corps, Ă  l'intimitĂ© et Ă  l'exploration de soi, Ă  la fois physiquement et psychologiquement.

PremiÚre série érotique (1970-1971)

La premiĂšre sĂ©rie Ă©rotique dĂ©crit des couples hĂ©tĂ©rosexuels ayant des rapports sexuels. Le sujet est explicitement Ă©rotique. Les compositions Ă©voquent l’abstraction avec des couleurs expressives et non naturelles et mettent l’accent sur les formes individuelles. Ces reprĂ©sentations Ă  grande Ă©chelle de l'activitĂ© sexuelle reprennent les codes du nu fĂ©minin, ce qui annonce une approche sans prĂ©cĂ©dent de la peinture et de la reprĂ©sentation dans les annĂ©es 1970.

DeuxiÚme série érotique (1972-1973)

QualifiĂ©es par Joan Semmel de « peintures de baise », les peintures de la deuxiĂšme sĂ©rie Ă©rotique sont nettes et rĂ©alistes. Elles conservent les couleurs intenses et non naturelles de la premiĂšre sĂ©rie Ă©rotique. Les peintures sont basĂ©es sur des photographies d'un homme et d'une femme en train d'avoir des relations sexuelles. Joan Semmel reprend le thĂšme du consentement dans le couple. Aucune galerie Ă  New York n'ose exposer le travail de Joan Semmel. Elle loue un espace Ă  SoHo pour montrer son travail, attirant ainsi l'attention de la critique. Joan Semmel a refusĂ© les demandes de publication de ses travaux par les revues Ă©rotiques Penthouse et Playboy. Toutefois, le magazine Screw illustre l'article Hot Erotic Art de , avec l'Ɠuvre Erotic Yellow de Joan Semmel, sans son autorisation.

Autoportraits

Au cours de l'Ă©tĂ© 1973, alors qu'elle enseigne Ă  la Maryland Art Institute de Baltimore, Joan Semmel commence Ă  peindre ce qu'elle nomme « l'idĂ©e de moi-mĂȘme, tel que je me vis moi-mĂȘme ». Les autoportraits tels que Me Without Mirrors (1974) montrent le corps de l’artiste de la clavicule aux pieds, sans inclure son visage. Les photographies sur lesquelles elle s'appuie pour ses peintures Ă  grande Ă©chelle sont prises par l'artiste ou, dans certains cas, par un ami « aussi prĂšs que possible du point de vue de l'artiste ». Plusieurs autoportraits tels que Intimacy et Autonomy (1974) comprennent un partenaire masculin. Dans ces peintures, « le nu n'apparaĂźt plus comme une fantaisie idĂ©alisĂ©e, une figure allĂ©gorique ou un paysage de dĂ©sir, mais plutĂŽt comme le corps auto-apprĂ©hendĂ© d'une femme spĂ©cifique ».

Images en Ă©cho (1979-1981)

Joan Semmel décrit cette série qui a été exposée à la galerie Lerner Heller : « le personnage principal de la composition est répété deux fois : une fois dans un style réaliste et une deuxiÚme version en beaucoup plus large et expressionniste. Elles ressemblent presque à des vues internes et externes du moi qui associent une image perceptuelle à l'ambition et à l'effort du moi émotif ».

SĂ©rie de plage (1985-1986)

En 1987, Joan Semmel achĂšte une maison Ă  Springs, East Hampton, oĂč elle travaille chaque Ă©tĂ©. Elle rĂ©alise cette sĂ©rie.

Série des vestiaires (fin des années 1980)

À partir de Mirror Mirror (1988), Joan Semmel utilise la camĂ©ra comme un « dispositif permettant de cadrer et de remettre en question les problĂšmes de perception et de reprĂ©sentation ». Joan Semmel photographie dans les vestiaires des femmes en utilisant le miroir et la camĂ©ra « comme stratĂ©gies pour dĂ©stabiliser le point de vue (qui regarde qui) et pour engager le spectateur en tant que participant... en pointant la camĂ©ra vers le spectateur ».

Mannequins (1996-2001)

Inspirée par des vieux mannequins qu'elle a trouvés dans la rue, Joan Semmel travaille avec ces « versions idéalisées du corps féminin... comme des alter ego pour explorer l'isolement et l'anomie de l'objectification et de la fétichisation. Les visages obsédants, les corps en morceaux des mannequins sont des témoins éloquents de façon dont les femmes sont évaluées dans leur jeunesse pour leur beauté puis mise au rebut quelques années plus tard comme impuissantes et non viables. »

Avec caméra (2001-2006)

La premiÚre fois, Joan Semmel pose délibérément devant un miroir avec la caméra.

Transparences (2014-en cours)

Son travail le plus rĂ©cent explore les expĂ©riences physiques et psychologiques associĂ©es au vieillissement, tout en continuant Ă  ĂȘtre auto-rĂ©fĂ©rentiel et Ă  s'impliquer dans ses peintures[13]. Ces mĂ©ditations sur le physique fĂ©minin vieillissant ont une reprĂ©sentation expĂ©rimentale qui dĂ©passe le rĂ©alisme conventionnel. Ses autoportraits sont doublĂ©s, en mouvement et fragmentĂ©s, explorant peut-ĂȘtre un Ă©tat d'ĂȘtre mĂ©taphysique et un lien Ă©troit entre le corps et l'esprit. Remettant en cause le regard patriarcal d'un corps de femme nue objectivĂ©e, le travail de Joan Semmel trouble les lignes gĂ©nĂ©ralement bien dĂ©limitĂ©es entre l'artiste et le modĂšle, le spectateur et le sujet[14].

Expositions

  • Exposition personnelle de « Erotic Series Â», organisĂ©e par Semmel au 141 Prince St. Gallery, New York, 1973
  • Exposition personnelle Ă  la galerie Lerner-Heller, New York, 1979
  • Feministische Kunst International (Art fĂ©ministe international), Haags Gemeentemuseum, La Haye, Pays-Bas, 1979
  • Exposition personnelle, 112 Greene Street, New York, 1984
  • Exposition personnelle de la sĂ©rie Gymnasium, Gruenebaum Gallery, New York, 1987
  • Joan Semmel: Travaux rĂ©cents, Centre d'art contemporain d'East Hampton, New York, 1989
  • À travers l’Ɠil de l'objet : peintures de Joan Semmel Ă  la galerie d'art de l'universitĂ©, universitĂ© d'État de New York, Albany. EnquĂȘte en milieu de carriĂšre. Voyage dans l'État de New York de 1992 Ă  1993.
  • Une autre vue, Bypass Gallery, New York, 1993 (organisĂ© par Semmel)
  • Anni Albers, Robert Beck, Cady Noland, Joan Semmel, Nancy Shaver, organisĂ©e par Robert Gober, Galerie Matthew Marks, New York, 1999
  • La sĂ©rie Mannequin : travaux rĂ©cents de Joan Semmel, musĂ©e de Jersey City, New Jersey, 2000
  • Personnel et politique : Le mouvement artistique des femmes, 1969-1975, organisĂ© par Simon Taylor et Natalie Ng, ouvre ses portes au Guild Hall Museum, Ă  East Hampton, en 2002
  • Les femmes transgressives : Yayoi Kusama, Lee Lozano, Ana Mendieta, et Joan Semmel, par Annette Dimeo organisĂ©e Carlozzi, a commencĂ© Ă  Blanton Museum of Art, Austin, 2003
  • WACK! L'art et le mouvement fĂ©ministe, exposition itinĂ©rante organisĂ©e par Cornelia Butler au Museum of Contemporary Art de Los Angeles en 2007
  • Solitaire: Lee Lozano, Sylvia Plimack Mangold, Joan Semmel, organisĂ©e par Helen Molesworth, Centre pour les arts Wexner, 2008
  • Changer le regard, MusĂ©e juif, New York, 2010[15]
  • Nus, Alexander Gray Associates, 2011[16]
  • Joan Semmel : un Ɠil lucide, organisĂ© par Sergio Bessa, MusĂ©e des arts du Bronx, 2013
  • Joan Semmel, Sur cinq dĂ©cennies, du au [17]
  • FĂ©minisme Black Sheep : l'art de la politique sexuelle, Dallas Contemporary, Dallas, Texas, 2016
  • ScĂšnes de la collection, The Jewish Museum, New York, 2018[18]

RĂ©trospective

Joan Semmel a 89 ans quand se tient la premiĂšre rĂ©trospective de son Ɠuvre, Skin in the Game, du au Ă  la Pennsylvania Academy of the Fine Arts[19] - [20].

Prix et récompenses

  • Women's Lifetime Achievement Award du Caucus des femmes (2013)[21]
  • Prix Anonymous Was A Woman (2007)[22]
  • AcadĂ©micien national du National Academy Museum, Ă  New York (2014)
  • Richard Subvention du Florsheim Art Fund (1996)[23]
  • Distinguished Alumnus Award, Cooper Union (1985)[24] - [25]

Références

  1. Martha Schwendener, « From Abstract Expressionism to Nude Self-Portraits », New York Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  2. David McCarthy, The Nude In American Painting, 1950-1980, Cambridge, Cambridge University Press, , p. 165
  3. « Joan Semmel », Alexander Gray Associates, sur Alexander Gray Associates (consulté le )
  4. « Biography », Joan Semmel, Official Site, sur Joan Semmel, Official Site (consulté le )
  5. Richard Meyer, “’Not Me:’ Joan Semmel’s Body of Painting”, in ‘’Solitaire: Lee Lozano, Sylvia Plimack Mangold, Joan Semmel’’, edited by Helen Molesworth. (Wexner Center for the Arts, 2008).
  6. (en) « CLARA : database of women artists », sur wayback.archive-it.org, (consulté le )
  7. « Joan Semmel et Sylvia Sleigh : regards fĂ©ministes sur l’intimitĂ© du masculin », sur AWARE Women artists / Femmes artistes (consultĂ© le )
  8. Lisa Gabrielle, ed. Mark, WACK! Art and the Feminist Revolution, Cambridge, MA and London, MIT Press,
  9. « Women's Caucus for Art », Women's Caucus for Art, sur Women's Caucus for Art (consulté le )
  10. « Top Ten ARTnews Stories: Exposing the Hidden 'He' », ARTnews, sur ARTnews (consulté le )
  11. « ‘There Needs to Be a Revolution Every Day’: Brown, Keyser, Semmel, Gingeras Talk Feminism and Painting at Maccarone », ARTnews, sur ARTnews (consultĂ© le )
  12. « Joan Semmel », Brooklyn Museum, sur Brooklyn Museum (consulté le )
  13. (en-US) « "You Have to Get Past the Fear”: Joan Semmel on Painting Her Aging, Nude Body », sur Hyperallergic, (consultĂ© le )
  14. « Joan Semmel - Artists - Alexander Gray Associates », sur www.alexandergray.com
  15. « Shifting the Gaze: Painting and Feminism », sur The Jewish Museum (consulté le )
  16. Ken Johnson, « Art in Review - Joan Semmel », New York Times,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  17. Joan Semmel, Joan Semmel : Across Five Decades, Alexander Gray Assoc., LLC, (ISBN 978-0-9861794-1-9)
  18. « Scenes from the Collection », sur The Jewish Museum (consulté le )
  19. (en) Daphne Merkin, « Joan Semmel Takes an Unflinching View of Her Own Body », sur https://www.nytimes.com, (consulté le ).
  20. Site de l'exposition (en) « Joan Semmel: Skin in the Game », sur https://www.pafa.org (consulté le ).
  21. WCA Honors Five Women in 2013 Women's Caucus for Art
  22. « Past Winners, Anonymous Was a Woman » [archive du ] (consulté le )
  23. Joan Semmel Bio Feminist Art Base, Brooklyn Museum
  24. National Endowment for the Arts Annual Report 1980, page 296
  25. « National Endowment for the Arts 1985 Annual Report, page 171 »

Lien externe

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