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Jeu de l'oie (jeu de société)

Le jeu de l'oie est un jeu de société de parcours où l'on déplace des pions en fonction des résultats de deux dés. Traditionnellement, ce jeu de hasard pur comprend 63 cases disposées en spirale enroulée vers l'intérieur et comportant un certain nombre de pièges. Le but est d'arriver le premier à la dernière case.

Jeu de l’oie
Jeu de société
Description de l'image Goosy Goosy Gander 02.JPG.
Ce jeu appartient au domaine public
Date de 1re édition 1597 ?
Joueur(s) 2 à illimité
Âge À partir de 3 ans

Origine

Bien que rien ne le prouve, certains prétendent que l’origine du jeu de l'oie vient de l'Inde antique : ce serait « un symbole ludique de la “roue de la naissance et de la mort” », nommée samsara dans l'hindouisme, la victoire étant le Nirvana, l'« extinction » des réincarnations dans le cycle temporel[1]. Mais le jeu de l'oie n'est pas une « roue » : c'est une spirale, ce qui semble contredire cette origine « indienne ». Il pourrait aussi venir des grecs, voir le Disque de Phaistos.

Cependant, une théorie française, fait du jeu de l'oie le représentant symbolique d'une recette politico-sociologique monarchique :

Un : jeu (un jeu) Deux : lois (de l'oie) Trois : fois (chrétienne, judaïque, islamique) Quatre : rois (Europe, Afrique, Asie, Scandinavie)

« Un jeu de l'oie, trois fois quatrerois. »

"Une oie pour douze & douze pour un Roi." Il s'agit là d'une recette de cuisine mais aussi la figure éponyme de l'actuelle devise de la Suisse.

« Un pour tous et tous pour un. » Expression popularisée par les Trois mousquetaires de l'écrivain français Alexandre Dumas. Une oie devait semble t-il permettre à douze personnes de manger.

La finalité intrinsèque du jeu étant d'inculquer au futur petit souverain, comment manger son oie tranquillement.

La sérénade ainsi dictée laisse apparaître « trois fois quatre » comme le résultat d'un lancer de dés. Trois fois quatre est égale à douze, douze étant le nombre le plus élevé atteignable avec deux dés. Le titre de Roi est donc la caste la plus élevée atteignable en monarchie. La morale semble ainsi indiquer que tous joueurs, avec un peu de chance, puissent faire Roi.

Le véritable aspect politique de cette théorie, est temporel. En effet chaque lancer de dés est symbolique d'une procréation. Ce qui permet quelque temps de rêver à ce que seraient et adviendraient les arbres généalogiques tellement prisés de l'époque. La chance et/ou l'habilité décident. Un lancer de douze peut précéder un deux, tout comme une lignée royale peut décliner. L'idée était d'abreuver d'espoir le joueur, que la chance et/ou son habilité lui sera favorable.

Ce jeu semblait être le prétendant, devant rivaliser avec le jeu de stratégie dit « des échecs » (Cheikh en Islam).

Dans cette continuité, il reste plausible d'envisager que la comptine « Un jeu de l'oie, trois fois quatre rois » trouve ses origines en Sicile durant la période des caïdats, une époque où quatre caïds perdirent leur émir. La Sicile alors, juxtaposait jeux romains, lois Orientales & Occidentales, sous le règne des quatre caïds.

[réf. nécessaire]

Histoire

L'une des plus anciennes mentions du jeu de l'oie date de 1617 et provient de l'ouvrage de Pietro Carrera consacré aux échecs où l'auteur affirme que ce jeu fut inventé à Florence une génération auparavant, et que François Ier de Médicis en aurait envoyé un exemplaire à Philippe II d'Espagne. Inventé donc probablement à la fin du XVIe siècle, ce jeu semble connaître un succès rapide à travers toute l'Europe : il est déposé au Registre des Libraires de Londres en 1597, imprimé en France vers 1600 et mentionné en 1614 dans le Saint-Empire[2]. Certains auteurs attribuent son succès au caractère ésotérique du parcours qu'il engendre. Mais ce dernier peut tout simplement être comparé à la vie humaine avec ses aléas.

Plateau de jeu de l'oie de la fin du XVIIIe siècle sous-titré « sur le plan du jeu d'oye renouvelé des Grècs »

Le titre original du jeu français est « Le jeu de l'oye, renouvelé des Grecs » bien qu'il soit certain que ce jeu leur ait été inconnu, cette référence aux Grecs marquant, selon Claude Aveline, « le goût de l'époque pour l'hellénisme et une astuce des marchands pour donner un air ancien à un jeu nouveau »[3].

Sur le plan symbolique, l'oie renvoie à un animal qui annonce le danger. Le jeu de l'oie permettrait ainsi de mieux comprendre le monde. Son tracé en forme de spirale rappelle le labyrinthe à parcourir pour arriver à cette connaissance. Pont, puits, prison, mort sont autant de figures du parcours qui font référence à la mythologie.

Le tracé du jeu, imprimé sur une feuille de papier ou de carton, a donné lieu à de multiples variantes qui en font un des archétypes de l'imagerie populaire de plusieurs pays. (Mais il est très peu connu en Grande-Bretagne et ignoré aux États-Unis et en Asie.) Il est parfois confondu avec un genre graphique et littéraire très répandu en Catalogne, l'auca (« oie »), feuille imprimée avec une succession d'images accompagnées de textes rimés, qui est au début (XVIIe siècle) une loterie et n'a rien à voir avec le jeu de l'oie.

Au XVIIIe siècle le parc de certains chateaux français d'agrément contenaient un jeu de l'oie géant où les "oies" étaient figurés par des valets tandis que les invités maniaient un dé fait en bois creux. On peut voir de tels jeux dans les parcs de Chamarande et de Chantilly. Il y en avait un à Choisy le Roi.

Les collectionneurs de jeux de l'oie sont appelés ocaludophiles.

Les différentes cases

La règle de base est intangible. Le jeu se joue avec 2 dés. Un premier coup décide de celui qui va commencer. L'oie signale les cases fastes disposées de 9 en 9. Nul ne peut s'arrêter sur ces cases bénéfiques et on double alors le jet.

  • Qui fait 9 au premier jet, ira au 26 s'il l'a fait par 6 et 3, ou au 53 s'il l'a fait par 4 et 5.
  • Qui tombe à 6, où il y a un pont, ira à 12.
  • Qui tombe à 19, où il y a un hôtel, se repose quand chacun joue 2 fois.
  • Qui tombe à 31, où il y a un puits attend qu'on le relève.
  • Qui tombe à 42, où il y a un labyrinthe retourne à 30[4].
  • Qui tombe à 52, où il y a une prison attend qu'on le relève.
  • Qui tombe à 58, où il y a la mort, recommence.

Le premier arrivé à 63, dans le jardin de l'oie, gagne la partie. À condition de tomber juste, sinon il retourne en arrière, sur autant de cases qu'il lui reste à parcourir.

Si un joueur tombe sur une case déjà occupée par un autre joueur il renvoie ce dernier à la case d'où il est parti. Il ne peut y avoir qu'un joueur par case.

Variantes

Plus de 10 000 variantes sont, à ce jour, recensées. Elles abordent tous les domaines : l'éducation, la morale, la religion, la littérature, l'histoire, l'héraldique, les sciences, la publicité, les sports, etc. C'est Henry d'Allemagne qui, en 1950, initia, en France, la première tentative de classement.

  • Le « jeu de la casserole » est un jeu de l'oie antimaçonnique en 33 cases qui fut mis en vente dès 1905[5]. Le titre s'inspire de l’« affaire des casseroles » ou « affaire des fiches » au début du XXe siècle.
  • Le jeu de l'affaire Dreyfus publié en 1898 par le journal l'Aurore est sans doute le jeu historique le plus connu.
  • Les élections présidentielles, considérées comme un parcours acharné, ont très souvent inspiré les dessinateurs de jeux de l'oie, notamment ceux du Canard enchaîné.
  • Le journal Vu publia en 1933 un jeu de l'oie automobile qui est le premier jeu illustré par la photographie.

Jeux dérivés

Plateau du jeu La fortune de Benoît.

De nombreux jeux de parcours sont dérivés du jeu de l'oie.

Parmi lesquels on note :

  • Le Labyrinthe aux Sortilèges
  • Le jeu des singes
  • Le jeu du soldat français
  • Le Martinetti
  • Le jeu de la chouette est parfois pris pour un "jeu de l'oie", mais n'est pas un jeu de parcours: c'est un pur jeu de dés, sans "pions", fait de cercles concentriques (et non d'un parcours en spirale).
  • La fortune de Benoît, version bressane du jeu de l'oie.

Dans la littérature

Plusieurs œuvres ont été illustrées par le jeu de l'oie. Dès le XVIIIe siècle, les Fables d'Ésope, puis de la Fontaine, Don Quichotte, les contes de Perrault servent de base à des parcours originaux. Au XIXe siècle deux romans d'Eugène Sue inspirent les imagiers : le jeu du Juif errant et celui des Mystères de Paris.

L'acte deux de La Belle Hélène de Jacques Offenbach, sous-titré Le jeu de l'oie, s'articule autour d'une partie de ce jeu, où Calchas convaincu de tricherie, est amené à favoriser l'introduction de Pâris auprès d’Hélène.

Jules Verne base son roman Le Testament d'un excentrique sur le jeu de l'oie. Il s'agit d'une gigantesque traversée des États-Unis en un long parcours concentrique : chaque case correspond à un État des États-Unis de l'époque, les participants partant de Providence pour terminer à Chicago, avec les mêmes aléas que dans le jeu. Comme le nombre d'États est inférieur à celui du nombre de cases du jeu de l'oie, l'État de l'Illinois (celui de la ville de Chicago) est répété plusieurs fois. Le gagnant du jeu de l'oie sera désigné comme l'héritier d'un millionnaire de Chicago. Un autre roman célèbre de Jules Verne Le Tour du monde en quatre-vingts jours se décline lui-même en une dizaine de jeux de parcours différents, dont celui de l'oie.

Gérard Cartier a écrit un roman en forme de jeu de l'oie (62 chapitres, plus le "Paradis", reprenant les cases obligées du jeu : labyrinthe, puits, prison, etc.), L'Oca nera. L'action se déroule dans le Vercors et le Piémont ; les thèmes en sont les exactions de Mireille Provence ("l'espionne du Vercors") pendant l'Occupation, la fuite en Italie de Marcel Déat et les travaux contestés du projet Lyon-Turin .

Laurent Kloetzer base son roman fantastique La Voie du Cygne, paru en 1999, sur le jeu de l'oie. Cette fois-ci, ce sont la structure du roman et son intrigue qui reflètent le tablier de ce jeu de hasard, au fil d'une enquête menée par un scientifique excentrique dans une cité décadente afin de délivrer sa fille adoptive de la prison où elle a été jetée après avoir faussement été accusée du meurtre d'un prince.

Jeux de l'oie monumentaux

Au XVIIIe siècle, plusieurs jeux de l'oie végétaux monumentaux sont aménagés dans les jardins de châteaux liés à la royauté :

Notes et références

  1. 108 upanishad, traduction et présentation de Martine Buttex, éditions Dervy, p. 397
  2. Thierry Depaulis, « Sur la piste du jeu de l'oie », Le Vieux Papier, no 345, (lire en ligne)
  3. Claude Aveline, Le Code des Jeux, Hachette, , 642 p., p. 556
  4. Claude Aveline, Le Code des Jeux, Hachette, , 642 p., p. 558
  5. Encyclopédie de la franc-maçonnerie, Le Livre de poche, article "Antimaçonnisme", p.35
  6. Stéphanie Hurtin, « Chamarande (Essonne). Jeu de l'Oie », Archéologie médiévale, vol. 28, no 1, , p. 340–341 (lire en ligne, consulté le )
  7. Nolwenn Cosson, « Chamarande : le jeu de l’oie géant du XVIIIe siècle attend ses premiers joueurs », sur leparisien.fr, (consulté le )
  8. Jean-Louis Bernard, Christian David et Cécile Travers, « Archéologie et histoire d’une attraction ludique de plein air du xviiie siècle. Le jeu de l’Oie grandeur nature du Petit Parc de Chantilly », Archéopages. Archéologie et société, no 37, , p. 32–39 (ISSN 1622-8545, DOI 10.4000/archeopages.345, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Le Noble Jeu de l'oie en France de 1640 à 1950 par H.d'Allemagne. Editions Grund. 1950.
  • L'Histoire de France racontée par le jeu de l'oie par Alain Girard et Claude Quétel. Editions Balland / Massin. 1982
  • (fr) Thierry Depaulis, Sur la piste du jeu de l'oie, in Le Vieux Papier, Paris, fascicule 345, (Lire en ligne)
  • Abdelmajid Arrif, Julien Baudry, Emmanuelle Chapron, Pierre-Marie Delpu et Laurent-Sébastien Fournier, Jeu de l’oie : Histoire et métamorphoses., (lire en ligne) (halshs-03364352, licence CC attribution, share alike, no commercial)

Articles connexes

Liens externes

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