Jerzy Tabeau
Jerzy Tabeau, connu à Auschwitz sous le nom de George Wesolowski, né en 1918 à Zabłotów et mort le , est un médecin et un résistant polonais. Alors étudiant en médecine, il est l'un des premiers évadés d'un camp d'extermination à donner un rapport détaillé complet sur le génocide en cours. Un premier rapport avait été fait par l'officier polonais Witold Pilecki qui s'était laissé arrêter et déporter à Auschwitz pour s'en évader ensuite. Le rapport de Jerzy Tabeau est connu sous le nom de « rapport du major polonais » (polish major) et fait partie intégrante des protocoles d'Auschwitz. Après-guerre, il s'installa comme cardiologue à Cracovie jusqu'à sa retraite.
Alias |
George Wesolowski |
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Naissance |
Zabłotów |
Décès | |
Nationalité | Pologne |
Profession | |
Activité principale |
RĂ©sistant polonais |
Autres activités |
Évadé d'Auschwitz |
Éléments biographiques
Jerzy Tabeau était l'un des membres du mouvement de résistance polonais ZWZ sous le pseudonyme de Jerzy Wesołowski. À Cracovie, il distribuait la presse clandestine. Arrêté par la Gestapo, il fut transféré à la prison de Montelupich (en). Le , il est déporté à Auschwitz et, toujours sous sa fausse identité, est enregistré sous le matricule 27273. Rapidement malade, il souffre d'une pneumonie et d'une pleurésie. Il doit être transféré à l'hôpital du camp. Convalescent, il rejoint le personnel médical de l’hôpital en tant qu'infirmier.
À l'été 1942, il contracte le typhus et est sélectionné par le médecin nazi Josef Klehr pour la chambre à gaz. Cependant, grâce à l'intervention du chef de block polonais, Alfred Stossel, il parvient à échapper à la mort[1].
Évasion et témoignage
Jerzy Tabeau s'évade avec un codétenu, le Polonais Roman Cieliczko, le . L'évasion fut planifiée dès et originellement conçue pour cinq prisonniers. Cieliczko ayant été interné sous sa véritable identité, il était impératif qu'il prévienne sa maman, Anna, à Zakopane pour qu'elle soit en mesure de se cacher, les parents d'évadés étant fréquemment raflés pour prendre leur place[2]. Le , un message en ce sens lui est transmis[3] - [Note 1] - [4] - [5]. Tabeau et Cieliczko s'évadèrent en cisaillant les clôtures du camp. Ils se dirigèrent ensuite vers le village de Goczałkowice où ils furent accueillis par la résistance locale. Ils se rendirent ensuite à Zakopane où ils furent cachés chez des amis de Cieliczko. Tabeau embarqua dans un train pour Cracovie tandis que Cieliczko rejoignit un groupe de partisans armés du ZWZ. Il sera tué trois mois plus tard par les Allemands, lors d'une opération de sabotage[6].
Jerzy Tabeau se met en contact avec Teresa Lasocka-Estreicher et rejoint plus tard le Parti socialiste polonais (PPS) à Cracovie. En , Tabeau commence à rédiger son rapport, il le termine début 1944.
En , sur ordre de la résistance polonaise, il quitte Cracovie pour rallier Londres en vue de délivrer personnellement son message aux alliés quant au génocide des Juifs à Auschwitz. Sa mission se déroula sans encombre. De retour en Pologne, il crée le Bataillon socialiste de la mort. Durant l'une des échauffourées du bataillon, en , il est blessé à la tête et s'en retrouve partiellement paralysé. Il survécut néanmoins et assista à la fin de la guerre.
Après guerre
Après 1945, il s'établit à Cracovie et y termine ses études de médecine à l'université jagellonne de Cracovie. Il devient un assistant et un cardiologue bien en vue à Cracovie.
Rapport du major polonais
Les rapports concernant la Shoah étaient déjà nombreux en 1944, dont celui du adressé par le gouvernement polonais en exil à la Société des Nations. Il avait été rédigé par Dionys Lenard, évadé du camp d'extermination de Majdanek[7]. Cependant, les rapports détaillés sur les techniques de mise en œuvre de la solution finale par les nazis à Auschwitz étaient encore peu nombreux.
Certains autres évadés du camp avaient déjà transmis des informations à l'extérieur. Le , trois Polonais, Kazimierz Piechowski, Stanisław Gustaw Jaster, Józef Lempart et l'Ukrainien Eugeniusz Bendera s'évadent, emportant avec eux le rapport de Witold Pilecki afin de le remettre à l'Armia Krajowa (AK). Le , Witold Pilecki, qui s'était délibérément laissé arrêter et déporter à Auschwitz en vue d'y créer un mouvement de résistance, s'évade à son tour avec deux co-détenus, Jan Redzej et Edward Ciesielski. Chacun rédigea un rapport séparé. Le rapport de Pilecki fut traduit en anglais et transmis aux Britanniques. Ces derniers y apposèrent une apostille questionnant la fiabilité de la source. Le , Kazimirez Halori, un autre prisonnier polonais, s'évade et transmet des informations au Parti socialiste polonais (PPS). Natalia Zarembina, une journaliste polonaise écrit un rapport intitulé Le Camp de la mort d'Auschwitz qui est publié en anglais en 1943 à Londres.
Le rapport de Jerzy Tabeau, connu sous le nom de rapport du major polonais fut rédigé de à . Il fut copié sur une machine à stencils à Genève et diffusé par le gouvernement polonais en exil ainsi que par des instances juives[8]. Son rapport de 19 pages fut intégré aux Protocoles d'Auschwitz : "No 2. Transport (The Polish Major's Report)."[9]. Le contenu des protocoles fut largement débattu dans les colonnes du New York Times, le .
Notes
- message ainsi libellé : « prière d'informer Cieliczko Anna, Zakopane G.G., Parkstrasse 935 qu'elle doit partir immédiatement, car elle peut être arrêtée »
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Jerzy Tabeau » (voir la liste des auteurs).
- Hermann Langbein, People in Auschwitz, 2004, page 433
- Aleksander Lasik, Wacław Długoborski, Franciszek Piper - Auschwitz 1940-1945: central issues in the history of the camp - Volume 1, 2000, page 188
- Józef Buszko, Auschwitz, camp hitlérien d'extermination, 1986, page 162
- Henryk Ĺšwiebocki - London has been informed--: reports by Auschwitz escapees, 1997, p. 17
- Henryk Świebocki, Wacław Długoborski, Franciscek Piper, The resistance movement, 2000, p. 588
- Résistances juives à l'anéantissement, Bernard Suchecky - 2007, p. 84
- Les Archives de la Shoah, page 189, Jacques Fredj, Centre de documentation juive contemporaine - 1998 « D'après les témoignages plus importants concernant la Shoah, le récit du Juif slovaque Dionys Lenard, publié en hébreu (et plus tard en polonais et en allemand), ainsi que le livre de Halina Birenbaum, publié en polonais, en allemand et en anglais. »
- Zoltán Szabó (2011), p. 90
- Martin Gilbert 1989 p. 305