Jeremiah (bande dessinée)
Jeremiah est une série de bande dessinée de science-fiction post-apocalyptique créée par l’auteur Hermann, éditée en album en chez Fleurus.
Jeremiah | |
SĂ©rie | |
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Personnages exposés station Janson à Charleroi. | |
Auteur | Hermann |
Couleurs | Hermann Fraymond (1980-1985) Željko Pahek (1989-1990) |
Genre(s) | science-fiction post-apocalyptique |
Thèmes | anticipation |
Personnages principaux | Jeremiah |
Lieu de l’action | États-Unis |
Époque de l’action | XXIe siècle |
Pays | Belgique |
Langue originale | français |
Éditeur | Fleurus (1979-1980) Novedi/Hachette(1981-1986) Dupuis (1988-présent) |
Collection | « Repérages » (1988-2010) |
Première publication | |
Format | couleur |
Nb. de pages | 44-46 |
Nb. d’albums | 38 |
Adaptations | Jeremiah (série télévisée, 2002-2004) |
en cours | |
Description
Synopsis
Aux États-Unis dans un futur indéterminé, environ vingt ans après une guerre généralisée entre les Blancs et les Noirs qui a détruit une grande partie de la civilisation. Le héros, Jeremiah, est un fils de fermier ; au départ naïf et inexpérimenté, il grandit et s'aguerrit au fil de la série en évoluant dans un univers post-atomique très chaotique (rappelant souvent le film Mad Max), tout en conservant certaines valeurs morales. Il est accompagné de Kurdy Malloy, un mercenaire sans foi ni loi, peu fiable et à la morale douteuse mais qui partage son refus viscéral de l'injustice. Le tandem est lié par des rapports d'amour-haine très perturbateurs.
Personnages
Jeremiah | |
Personnage de fiction apparaissant dans Jeremiah. |
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Naissance | Bends Hatch |
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Origine | États-Unis |
Sexe | Masculin |
Activité | Aventurier |
Créé par | Hermann |
SĂ©ries | Jeremiah |
- Jeremiah : on le découvre dans le premier album, survivant du massacre de tout son village Bends Hatch. Il est candide, fleur bleue, fier et idéaliste au début tant il ne connaît rien à la vie. Il évolue et s'aguerrit au fil des épisodes, au départ en gardant ses idéaux, puis en prenant beaucoup de libertés avec la moralité tant la vie l'a marqué. S'il conserve la volonté de défendre la veuve et l'orphelin ou l'opprimé, il devient parfois violent, soupe-au-lait, dragueur d'un soir, cynique et lucide. Courageux, cogneur sans pareil, mais moins bon tireur que Kurdy.
- Kurdy Malloy : peut-être est-ce lui qui a corrompu Jeremiah ? On ne sait rien de lui si ce n'est quelques bribes éparses, vagues confidences au détour d'un chemin : un père alcoolique qui le battait et peut-être abusait-il de lui sexuellement. La vie a été dure avec lui et le seul moyen de s'en sortir a été d'être encore plus dur qu'elle : il est roublard, intéressé, cynique, froid, parfois insensible (sauf aux jolies filles et à l'argent). Néanmoins, on lui découvre souvent des traits positifs comme la compassion (envers Jeremiah souvent), la pitié et l'engagement pour de nobles causes. Courageux, tireur émérite, parfois cogneur comme Jeremiah, même si sa faible constitution le conduit à avoir le dessous lors des bagarres.
- Lena : fille de famille riche, insouciante et un peu snob, tenue à l'écart de ce monde apocalyptique où s'affrontent des gangs martyrisant le peuple ordinaire, qui se retrouve d'un coup, à la mort de son père, projetée dans cette réalité violente. Elle en fera une dépression. Jeremiah a failli l'épouser, mais a finalement peur de s'engager pour des raisons peu claires. On la retrouve dans une maison de passe.
- Martha : tante de Jeremiah, elle a très mauvais caractère et incarne à elle seule une certaine Amérique : très puritaine, sectaire, hypocrite, prête à tout pour que le Bien triomphe et qui se tient tranquille tant que le Mal reste dehors ou s'essuie les pieds en rentrant. Elle déteste cordialement Kurdy qu'elle livre à ses ennemis dans Trois motos… ou quatre. Elle est rescapée du massacre de Bends Hatch et a été récupérée par Jeremiah dans Les Yeux de fer rouge. Elle habite maintenant à Langton avec son compagnon rencontré dans Afromerica.
- Stonebridge : connaissance de Kurdy, sans être un personnage très noir comme on en croise souvent dans la série, il en est néanmoins le personnage négatif récurrent : veule, avide, lâche, ridicule et dangereux à la fois. Serait l'égal de Kurdy si une malchance tenace (ou l'absence d'un Jeremiah à ses côtés?) ne le conduisait à perdre tout ce qu'il gagne (cf. Le Dernier Diamant par exemple).
Lieux
L'action se déroule toujours aux États-Unis mais l'auteur ne cite jamais aucun nom de ville connu, comme si la guerre apocalyptique avait détruit toutes les villes connues. Dans le tome 14, Simon est de retour, il est dit que Simon Sikorsky arrive et a vécu à New York[1]. On peut reconnaître certains endroits (les marais de Floride des Eaux de colère ou la frontière mexicaine dans Les Yeux de fer rouge) mais sans plus.
Dès le début de la série, il semble n'y avoir que les États-Unis dans le monde de Jeremiah, mais l'album Alex montre l'apparition de Japonais, en petit nombre, qui semblent faire une reconnaissance du terrain en vue d'une invasion. On ne reparle plus d'eux par la suite.
Analyse
Thème
Chaque album est une histoire indépendante mais, outre une réapparition de certains personnages tout au long de la série, on peut relier certains tomes entre eux. L'originalité de la série tient en ce que l'auteur tisse très souvent chaque tome à partir d'une histoire anecdotique et indépendante des personnages principaux pour aborder en toile de fond un thème de société important et raconter un épisode de la vie de Jeremiah et de Kurdy. Il est souvent arrivé que certaines des anecdotes n’interfèrent pas du tout avec l'histoire principale ou ne se résolvent pas, comme pour montrer que Jeremiah et Kurdy n'étaient que de passage et n'avaient que peu d'impact sur leur époque ou leur entourage. Le titre de chaque tome est d'ailleurs souvent présenté après quelques pages séparant ainsi l'anecdote de l'histoire principale.
On peut retrouver plusieurs thèmes récurrents et contemporains du XXIe siècle tout au long de la série : la corruption du pouvoir ou de la justice, le despotisme éclairé et la dictature, l'esclavagisme et les sectes, la drogue, l'individualisme, la pédophilie, le racisme ou l'univers mafieux. Les thèmes sont souvent abordés de façon violente, très cynique et en mi-teinte, s'éloignant de la mode du scénario manichéen souvent prisé dans les bandes dessinées : l'injustice perdure, le pouvoir corrompu est remplacé par un contre-pouvoir encore plus perverti et les « gentils » ne gagnent pas souvent. Le cynisme brutal de Kurdy ou le réalisme triste de Jeremiah sont utilisés pour souligner le peu de foi que l'auteur semble avoir pour l'espèce humaine : ils mettent beaucoup d'énergie à gagner de vaines batailles dans des guerres perdues d'avance.
Les femmes dans la série
Les femmes sont catégorisées tout au long de la série et apparaissent régulièrement, permettant à Hermann de souligner certains traits féminins :
- les amoureuses : par opposition aux hommes de la série, elles sont souvent plus douces et plus émotives ;
- les prostituées : utilisées comme figurantes et comme objet sexuel tout au long de la série. Elles apparaissent rarement comme faisant un métier dégradant ;
- les petites filles : symbolisent naïveté et innocence ;
- les cruelles : elles torturent, forniquent comme des hommes, volent et sont très dures.
Lena a joué un rôle prépondérant dans toutes les catégories. Tour à tour amoureuse et cruelle, elle a eu un passage « petite fille » au moment de sa dépression, pour finir prostituée.
Style graphique
Les dessins, au tracé réaliste, sont durs, enrichis d'un modelé qui souligne les matières et les ombres. Souvent chargés de tension dramatique, ils suggèrent l'âpreté et les aspérités d'un monde post-apocalyptique. L'auteur place ses personnages dans des univers différents et extrêmes : marécages impénétrables verts et glauques, forêts pétrifiées et dépouillées, décors urbains hyper civilisés, villages « western », déserts grandioses, hivers blancs, etc.
Les femmes apparaissent très souvent « comme dans la vie », belles mais réelles, dont on voit un peu le ventre, parfois une ride ou l'autre.
A partir de Zone frontière, la technique des couleurs directes est utilisée.
Albums
- La Nuit des rapaces ()
- Du sable plein les dents ()
- Les HĂ©ritiers sauvages ()
- Les Yeux de fer rouge ()
- Un cobaye pour l'éternité ()
- La Secte ()
- Afromerica ()
- Les Eaux de colère ()
- Un hiver de clown ()
- Boomerang ()
- Delta ()
- Julius et Roméa ()
- Strike ()
- Simon est de retour ()
- Alex ()
- La Ligne rouge ()
- Trois motos… ou quatre ()
- Ave Caesar ()
- Zone frontière ()
- Mercenaires ()
- Le Cousin Lindford ()
- Le Fusil dans l'eau ()
- Qui est Renard Bleu ? ()
- Le Dernier Diamant ()
- Et si un jour, la Terre… ()
- Un port dans l'ombre ()
- Elsie et la rue ()
- Esra va très bien ()
- Le petit chat est mort ()
- Fifty-Fifty ()
- Le Panier de crabes ()
- Le CaĂŻd ()
- Un gros chien avec une blonde ()
- Jungle City ()
- Kurdy Malloy et Mama Olga ()
- Et puis merde ()
- La BĂŞte ()
- Tu piges ? ()
- Rancune ()
Publication
Éditeurs
- Fleurus : tomes 1 à 4 (première édition des tomes 1 à 4)
- Novedi (Belgique) et Hachette (France) : tomes 5 à 12 (première édition des tomes 5 à 12)
- Dupuis (collection « Repérages ») : tomes 1 à 29 (première édition des tomes 13 à 29)
- Dupuis (collection « Grand Public ») : tomes 30 à 38 (première édition des tomes 30 à 38)
Adaptations
Jeremiah est également une série télévisée très librement inspirée de la série.
Notes et références
- tome 14, Simon est de retour, p. 25, Dupuis, 1989
Annexes
Documentation
- Renaud Chavanne, « Jeremiah ou vingt ans de politique », dans Critix n°7, Bananas BD, automne 1998, p. 25-44.
- Patrick Gaumer, « Jeremiah », dans Dictionnaire mondial de la BD, Paris, Larousse, (ISBN 9782035843319), p. 450.
- Christophe Steffan, « Être libre... », dBD, no 7,‎ , p. 18.
- Paul Gravett (dir.), « De 1970 à 1989 : Jeremiah », dans Les 1001 BD qu'il faut avoir lues dans sa vie, Flammarion, (ISBN 2081277735), p. 408.
Liens externes
- Site officiel
- Ressource relative à la bande dessinée :
- Jeremiah sur la database BD du Loup