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Jeanne Schmahl

Jeanne Elizabeth Schmahl (née le à Deptford et morte le à Paris) est une sage-femme et féministe française, engagée dans l'action politique autour du droit des femmes à disposer de leur revenu financier, du droit de témoigner et du droit de vote. Elle est la fondatrice en 1909 de l'Union française pour le suffrage des femmes.

Jeanne Schmahl
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  69 ans)
Paris
Nationalité
Formation
Activités
Sage-femme, militante pour les droits des femmes
Autres informations
Organisation

Biographie

Jeanne Elizabeth Archer est née en Grande-Bretagne en 1846 d'un père anglais et d'une mère française[1]. Son père est lieutenant dans la marine britannique. Elle étudie la médecine à l’University of Edinburgh Medical School, mais ne peut valider ses études, la loi n’autorisant pas la remise de ce diplôme à une femme, son amie Sophia Jex-Blake n'ayant pas encore réussi à faire modifier la loi sur ce sujet[2]. Par son intermédiaire, Jeanne Archer est déjà en contact avec le mouvement féministe en Angleterre[3]. Elle part en France pour poursuivre ses études de médecine. Elle les interrompt quand elle épouse Henri Schmahl, un Alsacien, et prend le nom de Jeanne Schmahl en adoptant la citoyenneté française en 1873. Elle travaille dès lors comme assistante sage-femme jusqu'en 1893[4]. Soutenue par son mari, elle vit dans un certain confort à côté du Parc Montsouris[1].

Membre de la Ligue des droits de l'homme, libre penseuse et féministe engagée, elle meurt en 1915 après une vie passée à défendre pacifiquement ses convictions. En 2007, l’Assemblée nationale française marque le centenaire de la « loi Schmahl » en publiant une brochure exhaustive retraçant les huit étapes qui aboutirent à sa promulgation, principale réalisation de son association pour le droit des femmes[5].

Droit des femmes

En 1878, Jeanne Schmahl devient active dans des groupes dirigés par Maria Deraismes et le pasteur Tommy Fallot. Elle rejoint la Ligue pour le relèvement de la moralité publique qui se concentre sur les problèmes d’alcoolisme et de pornographie. Elle rejoint également le groupe du féministe Léon Richer[4]. À la suite du licenciement d'une employée pour avoir demandé à son employeur ne pas verser son salaire à son mari alcoolique, elle intègre aussi la « Société pour l’amélioration de la condition de la Femme » créée par Maria Deraismes[1].

Jeanne Schmahl plébiscite la loi britannique de 1882 sur la propriété des femmes mariées et pense qu'une loi similaire peut s'appliquer aux femmes françaises[3]. Elle pense toutefois que la stratégie des groupes dirigés par Léon Richer et Maria Deraismes, qui consiste à lier la religion et la politique avec les questions du féminisme est une erreur. Elle pense que c'est une des raisons de l'échec du mouvement féministe en France. Elle fait le choix de concentrer plutôt ses efforts sur des questions spécifiques[6].

Droit de témoigner

En , Jeanne Schmahl fonde l'« association Avant-Courrière », qui réclame tout d'abord le droit pour les femmes d'être reconnues comme témoins valides d'actes publics et privés[4]. Jeanne Schmahl précise dans ses écrits que « le Code civil en France est le seul grand obstacle à l'émancipation des femmes ». Elle fait le choix de l'attaquer non pas dans sa globalité, comme déjà a déjà été essayé par d'autres groupes, mais de manière fragmentaire en commençant par les sujets de restrictions faites aux femmes qui semblent le moins défendu par les conservateurs[4] - [7].

Des campagnes de mobilisation visent Ă  attirer les femmes des classes moyennes et supĂ©rieures dont les opinions sont modĂ©rĂ©es. Anne de Rochechouart de Mortemart duchesse d'Uzes et Juliette Adam rejoignent l’Avant-Courrière. Jeanne Schmahl a aussi le soutien de Jane Misme qui fonde quelque temps plus tard la revue La Française ainsi que celui de Jeanne Chauvin première femme Ă  devenir docteur en droit[4]. L'association qui publie une revue Ă©ponyme atteint les 200 membres[3]. Elle bĂ©nĂ©ficie aussi du soutien d'imprimeries qui Ă©ditent des affiches de mobilisation gratuitement, affiches apposĂ©es Ă  Paris et en province[8]. En 1897, elle obtient un premier succès en obtenant le vote d'une loi par le Parlement et le SĂ©nat français qui permet aux femmes de tĂ©moigner[4].

Liberté financière

À la suite de ce premier succès, elle poursuit rapidement l'autre but de l’association, concevant que la liberté des femmes passe par la liberté financière. Elle engage alors son association dans le droit pour les femmes mariées de conserver le produit financier de leur travail et d'en disposer librement[7].

Après un intense travail de propagande mise en œuvre par son association l'Avant-Courrière, le député Léopold Goirand défend un projet de loi après quelques modifications qui va en ce sens. Le Parlement adopte la loi le [4], mais le Sénat en freine l'adoption, en mettant onze ans avant de rendre son rapport, le . À la suite de deux autres délibérations, la loi est adoptée en . Jeanne Schmahl dissout l'Avant-Courrière comme prévu lors de sa création après la réalisation des objectifs qui lui étaient fixés. Cette loi, souvent appelée « loi Schmahl »[7] reste toutefois incomplète pour les couples n'ayant pas clairement établi un contrat de mariage[2].

Droit de vote

Jeanne Schmahl est membre dès 1901 de l’organisation d'Hubertine Auclert, le Suffrage des femmes. Elle fonde en 1909 une nouvelle organisation suffragiste, l'Union française pour le suffrage des femmes (UFSF). Le but de cette organisation est d'étendre la revendication pour le droit de vote des femmes à toute la France, ce combat restant à cette époque cantonné dans la région parisienne[5].

La rĂ©union de fondation se tient en , avec la prĂ©sence de 300 femmes et personnalitĂ©s du fĂ©minisme. Jeanne Schmahl est la première prĂ©sidente[2], Jane Misme la vice-prĂ©sidente et CĂ©cile Brunschvicg la secrĂ©taire gĂ©nĂ©rale[9], tandis que la fĂ©ministe et pionnière de la franc-maçonnerie mixte Eliska Vincent accepte le poste de vice-prĂ©sidente d'honneur[10]. L'UFSF est officiellement reconnue par le congrès international de l'Alliance internationale des femmes Ă  Londres en , comme reprĂ©sentant officiel du mouvement suffragiste en France[9]. Bien qu’ayant un but national, l'UFSF reste très active Ă  Paris. Jeanne Schmahl, dans ses actions, insiste pour que les campagnes soient pacifistes, incite les femmes Ă  revendiquer tout d'abord le droit de vote aux Ă©lections municipales et Ă  se prĂ©senter dans les conseils municipaux[11].

En 1911, elle dĂ©missionne pour raison officielle de santĂ©, mais surtout en raison de diffĂ©rends avec Cecile Brunschvicg qui prend la direction de l'association. Jane Misme, amie proche de Jeanne Schmahl, continue malgrĂ© son dĂ©part de soutenir avec son journal La Française les revendications des femmes. En 1914, l'association fait Ă©tat de 12 000 membres[5].

SĂ©lection de publication

  • La Question de la femme, par Mme Henri Schmahl, May et Motteroz, ;
  • Le PrĂ©jugĂ© de sexe, par Mme Henri Schmahl., ;
  • L'avenir Du Mariage, l'Avant-Courriere, ;
  • (en) « Progress of the Women's Rights Movement in France », Forum, Philadelphia and New York, no 22,‎ , p. 88–89 ;
  • Deux petits discours : L'historique d'une loi 9193; Le foyer français, L'Avant-Courière, ;
  • Économie domestique, C. Lamy, ;
  • Raisons biologiques et Ă©conomiques de l'inĂ©galitĂ© de la femme dans le travail, l'Avant-Courrière, .

Notes et références

  1. (en) « Schmahl, Jeanne (1846–1916) », sur encyclopedia.com (consulté le )
  2. The Woman Movement In France and Its Leader 1911, p. 4.
  3. McMillan 2002, p. 194.
  4. Metz 2007.
  5. « Archives du Féminisme : Jeanne Schmahl », sur archivesdufeminisme.fr (consulté le ).
  6. Bell et Offen 1983, p. 98.
  7. Bell et Offen 1983, p. 100.
  8. Bell et Offen 1983, p. 101.
  9. Hause 2002.
  10. Rappaport 2001, p. 726.
  11. « What Women Are Doing 1909 », The Sun, New York,‎ (lire en ligne, consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • (en) Susan Bell et Karen Offen, Women, the Family, and Freedom : 1880–1950, Stanford University Press, , 474 p. (ISBN 978-0-8047-1173-9, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • (en) Ernest Charles, Jus Suffragii, Taylor & Francis, , 392 p. (ISBN 978-0-415-25738-1, lire en ligne), « Obituary: Mme. Jeanne Schmahl ».
  • (en) Linda L.Clark, Women and Achievement in Nineteenth-Century Europe, Cambridge, Cambridge University Press, , 300 p. (ISBN 978-0-521-65098-4, lire en ligne).
  • (en) James McMillan, France and Women, 1789–1914 : Gender, Society and Politics, Routledge, , 304 p. (ISBN 978-1-134-58958-6, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article.
  • (en) « The Woman Movement In France and Its Leader 1911 », The Brooklyn Daily Eagle, New York,‎ (lire en ligne Accès libre, consultĂ© le )
  • (en) Helen Rappaport, Encyclopedia of Women Social Reformers, ABC-CLIO, , 888 p. (ISBN 978-1-57607-101-4, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (en) Steven C. Hause, Women's Studies Encyclopedia, Greenwood Press, (lire en ligne), « Union Française Pour Le Suffrage Des Femmes (UFSF) ». Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Annie Metz, « Jeanne Schmahl et la loi sur le libre salaire de la femme », Bulletin du Archives du FĂ©minisme, no 13,‎ (lire en ligne)

Liens externes

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