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Jeanne Gapiya-Niyonzima

Jeanne Gapiya-Niyonzima, née le à Bujumbura, est une militante burundaise des droits humains et des droits des personnes infectées et affectées par le VIH/sida. Elle préside l’Association nationale de soutien aux séropositifs et malades du sida (ANSS) qui opère au Burundi et dont elle est la fondatrice.

Jeanne Gapiya-Niyonzima

Biographie

Épreuves personnelles

Comptable de formation, Jeanne Gapiya-Niyonzima commence sa carrière au Burundi comme employée dans une pharmacie privée de la capitale[1]. Elle se marie en 1987. En 1988, alors qu'elle est enceinte d'un second enfant, un médecin lui annonce que son premier-né, sujet à de fréquentes maladies, est séropositif et qu'elle l'est probablement aussi. Sur insistance du médecin, elle fait interrompre sa grossesse. L'enfant dépisté meurt à 18 mois. En 1989, son époux décède de la même pandémie[2].

En 1993, cinq années après le décès de son enfant, Jeanne Gapiya-Niyonzima se soumet à son premier test de dépistage du VIH. Les résultats confirment sa séropositivité. Après avoir perdu son mari, une sœur et son unique frère[3], tous décédés du sida, elle devient en 1994 la première Burundaise à annoncer sa séropositivité publiquement, au cours d'un office religieux et à la suite d'un sermon qui avait stigmatisé les personnes atteintes du sida[4]. La discrimination subie par ces dernières et le cumul de ses infortunes personnelles la déterminent à s'engager dans la protection et la promotion de leurs droits.

Carrière

En 1993, Jeanne Gapiya-Niyonzima fonde au Burundi l’Association Nationale de Soutien aux Séropositifs et Malades du Sida (ANSS). Elle devient « la première organisation de la société civile dans le pays à fournir des services anti-VIH pour les personnes vivant avec le VIH, y compris la distribution du traitement antirétroviral. »[5]. L’ANSS se fixe comme mission « la promotion de la prévention de la transmission du VIH/SIDA et améliorer le bien être des personnes infectées et/ou affectées par le VIH/SIDA ». L'association assure aussi « une prise en charge globale et familiale des personnes infectées et/ou affectées par le VIH, les personnes en situation de handicap et des hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes »[6].

En 1996, alors que le pays est placĂ© sous embargo Ă©conomique[7], Jeanne Gapiya-Niyonzima livre ses premiers combats pour permettre aux malades du Burundi d'accĂ©der aux mĂ©dicaments prescrits contre le sida, alors vendus Ă  des tarifs prohibitifs. Elle rĂ©ussit Ă  faire venir les premiers antirĂ©troviraux[8]. En 1999, elle crĂ©e au sein de l’ANSS le centre Turiho, une structure de prise en charge globale des personnes infectĂ©es et affectĂ©es. Pour la cause de l'accessibilitĂ© des mĂ©dicaments, elle joint sa voix Ă  un collectif rĂ©unissant plusieurs organisations dont Act Up Paris, Sidaction et SolidaritĂ© Sida dans une campagne pour la levĂ©e d’une taxe universelle de 0,05 % sur les transactions financières qui rapporterait, selon les estimations des promoteurs, 200 Ă  300 milliards de dollars amĂ©ricains par an[9]. Depuis 2013, avec l'appui d'un programme financĂ© par l'UNITAID, l'ANSS, sous sa houlette, exploite un laboratoire qui effectue des tests de charge virale VIH. Ă€ l'aide de prises de sang, ces tests Ă©valuent la quantitĂ© de virus par millilitre de sang et permettent d'adapter en consĂ©quence le traitement mĂ©dical des patients. Entre et , le laboratoire a effectuĂ© 14 800 tests de charge virale VIH pour des patients sous antirĂ©troviraux[10]. Entre 2013 et 2016, l'ANSS a couvert 85 % des charges virales rĂ©alisĂ©es au Burundi[11]. En 2017, l'association a offert ses services Ă  6 658 personnes dont 5 770 sĂ©ropositifs, parmi lesquels 5 746 sous traitement antirĂ©troviral[12].

Le , Jeanne Gapiya-Niyonzima a Ă©tĂ© rĂ©Ă©lue pour trois ans Ă  la prĂ©sidence de l'ANSS par son assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale. Ă€ cette date, l'association comptait 6 410 membres dont 5 114 sous antirĂ©troviraux[13]. Des bureaux de l'ANSS sont ouverts au Burundi dans les provinces de Bujumbura, Gitega, Makamba et Kirundo[14].

Jeanne Gapiya-Niyonzima est membre des conseils d’administration de Coalition Plus[15] et Sidaction[16], des organisations communautaires actives dans la lutte contre le VIH/sida et les discriminations.

Vie privée

Depuis 1999, Jeanne Gapiya-Niyonzima est remariée à Salvator Niyonzima[17]. Elle est mère de deux enfants[18].

Honneurs

  • 2003: Prix du Programme Alimentaire Mondial pour avoir « mobilisĂ© et influencĂ© les jeunes dans les Ă©coles secondaires, les ligues des femmes, les mĂ©dias et les autoritĂ©s pour lutter contre le VIH/SIDA »[19]
  • 2006: Prix Sidaction international
  • 2012 : Élue Femme burundaise de courage de l'annĂ©e 2012 par le Gouvernement des États-Unis d'AmĂ©rique[20]
  • : Prix des Droits de l’Homme de la RĂ©publique française[21]

Notes et références

  1. « J’ai refusé que l’on condamne mon bébé qui venait de mourir », sur coalitionplus.org, (consulté le )
  2. « Une femme de tous les combats contre le sida », sur irinnews.org, (consulté le )
  3. « Les personnalités célèbres : Burundi », sur petitfute.com, (consulté le )
  4. (en) Ivy Mungcal, « Person of the week : Jeanne Gapiya », sur devex.com, (consulté le )
  5. « ANSS : 20 ans de riposte à l'épidémie de VIH au Burundi », sur unaids.org, (consulté le )
  6. « Découvrir l'ANSS », sur anssburundi.bi, (consulté le )
  7. « L'embargo se renforce contre le Burundi », sur lesechos.fr, (consulté le )
  8. « Traitement du VIH/sida: l'expérience d'une association burundaise », sur medicusmundi.ch, (consulté le )
  9. (en) Meredith Mazzotta, « HIV/AIDS in Burundi: An advocate blazes the trail for access to care and treatment », sur sciencespeaksblog.org, (consulté le )
  10. « Prolongation pour 3 ans du projet OPP-ERA au Burundi », sur opp-era.org, (consulté le )
  11. « BURUNDI – Démédicaliser pour faciliter le suivi et l’accès au traitement », sur coalitionplus.org, (consulté le )
  12. ANSS, « Rapport annuel des activités de l'ANSS: édition 2017 », sur anssburundi.bi, (consulté le )
  13. Hervé Mugisha, « Élection du nouveau comité exécutif de l’ANSS : Jeanne Gapiya reconduite », sur Iwacu, (consulté le )
  14. Bonith Bigirindavyi, « Jeanne Gapiya reconduite à la tête de l’ A.N.S.S », sur burundi-eco.com, (consulté le )
  15. « Journée internationale des droits des femmes – SIDA: première cause de mortalité chez les femmes de 15 à 44 ans », sur coalitionplus.org, (consulté le )
  16. « Liste des administrateurs de Sidaction », sur sidaction.org, (consulté le )
  17. (en) « The UN Resident Coordinator and UNDP Resident Representative in Lesotho », sur undp.org, (consulté le )
  18. « Témoignage de Jeanne Gapiya, figure importante de la lutte contre le VIH Sida », sur BBC, (consulté le )
  19. « Le PAM décerne des prix à l'occasion de la Journée Internationale de la Femme », sur reliefweb.int, (consulté le )
  20. « Jeanne Gapiya Niyonzima élue “Femme Burundaise de Courage de l’année 2012” », sur Iwacu, (consulté le )
  21. Discours de S.E. M. Jean Lamy, Ambassadeur de France au Burundi à l’occasion du lancement du programme OPP-ERA visant à améliorer l’accès aux tests VIH et au diagnostic précoce des personnes vivant avec le VIH, 12 juillet 2013
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