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Jean Gottmann

Jean Gottmann (-) est un géographe français, inventeur du néologisme Megalopolis[1].

Biographie

Né le à Kharkov (Ukraine), dans une famille juive, il est orphelin à l'âge de 2 ans. Confié à une partie de sa famille qui vit à Moscou, il fuit la Russie avec sa famille en 1921 pour Paris.

Étudiant en géographie à Paris (la Sorbonne), il a pour maîtres Emmanuel de Martonne, Albert Demangeon et suit un cours d'André Siegfried. Il rédige un DES (Diplôme d'Études Supérieures) sur l'irrigation en Palestine (1935) et publie ses premiers travaux dans les Annales de géographie (1935-1936). Assistant de recherche en géographie humaine auprès d'Albert Demangeon, il travailla sur l'agriculture. Il collabore aux Annales de Géographie et continue ses travaux sur l'irrigation dans le bassin méditerranéen (1937-1940). Il travaille aussi sur la géographie économique des matières premières.

En 1940, lorsque les nazis envahissent la France, il doit à nouveau fuir. Après une année à Montpellier, où il travaille sur les archives de Jules Sion, il rejoint alors les États-Unis en . Avec l'aide de la Fondation Rockefeller, il devient membre de l’Institute for Advanced Study de Princeton, consultant pour le Board of Economic Warfare à Washington et entame une collaboration avec le géographe Isaiah Bowman à l'université Johns-Hopkins (1943 à 1948).

En 1945, il travaille pour le Cabinet du Ministère de l'Économie Nationale à Paris. Après la guerre, il fait des « aller-retour » réguliers entre la France et les États-Unis, permettant de diffuser les analyses de la géographie humaine américaine en France et inversement. Il travaille aussi pour dix-huit mois comme Directeur des Études et Recherches du Conseil Social des Nations Unies (1946-1947).

En 1948 il rentre à Paris avec une bourse de la Fondation Rockefeller pour une étude sur les "Zones de civilisation européennes". Il devient aussi chargé de recherche au CNRS où il entreprend une thèse sur la "région charnière de l'économie américaine (la région Boston/Washington), germe de la future Megalopolis, tout en donnant de cours à Sciences Po (1948-1955). Rentré aux États-Unis, il travaille sur une étude de géographie régionale de la Virginie (1953 à 1955). Par ailleurs, il continue d'enseigner sur les deux continents (il traverse l'Atlantique 23 fois entre 1947 et 1961).

À l'aide du Twentieth Century Fund (New York), obtenu grâce à Robert Oppenheimer, il dirige la recherche sur Megalopolis, la région urbanisée s'étendant de Boston à Washington (1956-1961). En 1957 il épouse à New York Bernice Adelson, rédactrice de Life magazine.

En 1961, il rentre à Paris pour enseigner à la 6ème Section de l'École Pratique des Hautes Études, bien qu'il ne soit pas docteur en France (il le devient en 1969 grâce à Jean Bastié). En 1968, il devient le directeur de la School of Geography de l'Université d'Oxford (1968 à 1983). "Ni la Sorbonne, ni le Collège de France, ni l’Institut n’ont donc su proposer à ce géographe français visionnaire la place qui lui était due. En France, contrairement au monde anglo-saxon, celui dont la pensée ne s’inscrit pas dans le courant officiel et dont l’originalité dérange l’ordre établi n’est pas considéré comme un précurseur, mais bien plutôt comme un suspect."[2]. Il restera à Oxford jusqu'à la fin de sa vie, en 1994.

Parcours scientifique

  • 1er temps : recherche d'une justification scientifique pour la discipline gĂ©ographique (travail de terrain, thĂ©orie du carrefour et de la consommation, dialectique circulation-iconographie).
  • 2e temps : utilisation de la mĂ©thode de la gĂ©ographie rĂ©gionale (travaux sur la Virginie, prĂ©mices Ă  la Megalopolis, comparaison des formes d'urbanisation de chaque cĂ´tĂ© de l'Atlantique, travaux en GĂ©ographie politique).
  • 3e temps : travaux sur la ville et ses territoires, invention du terme de Megalopolis.

Ĺ’uvre

  • QualifiĂ© de gĂ©ographe français atypique, ouvert aux changements mondiaux et aux influences anglo-saxonnes, il a dĂ©fendu la tradition gĂ©ographique en la modernisant et en essayant d’éliminer ses faiblesses thĂ©oriques et mĂ©thodologiques. Il se distingue ainsi Ă  la fois de ceux qui sont restĂ©s ancrĂ©s dans une approche rĂ©gionale classique et de ceux qui ont suivi les courants « rĂ©volutionnaires ».' (PrĂ©vĂ©lakis, hypergĂ©o) Il a Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme ayant Ă©tĂ© « un homme seul, au sens oĂą le sont ces fortes personnalitĂ©s qui, rĂ©solues Ă  dĂ©terminer le sens qu’elles veulent donner Ă  leur vie et Ă  leur Ĺ“uvre, refusent de s’agrĂ©ger au troupeau, d’accepter Ă  l’avance, de renoncer Ă  la remise en question permanente de leurs convictions ; bref, d’aliĂ©ner aussi peu que ce soit leur libertĂ© de pensĂ©e et d’action » (J Malaurie, 1994).
  • L'apport majeur de Jean Gottmann Ă  la postĂ©ritĂ© gĂ©ographique reste son travail sur la Megalopolis (1961, Megalopolis, The Urbanized Northeastern Seaboard of the United States), dĂ©signant une nouvelle forme d'urbanisation. Il justifie ce terme en rĂ©fĂ©rence au philosophe Fidon pour lequel ce nom signifiait « ville des idĂ©es ». Selon lui, la « Megalopolis n'est pas seulement une croissance quantitative de la ville. Elle est la nouvelle forme de l'urbanisation et de l'organisation gĂ©ographique du monde ». Toutefois, il considère qu'une MĂ©galopole dĂ©bute avec 25 millions d'habitants.
  • Son livre La Politique des États et la gĂ©ographie tĂ©moigne « d’une des pensĂ©es les plus originales de la gĂ©ographie moderne, en dĂ©montrant que la vie des peuples est, en grande partie, fonction de la configuration de l’espace qu’ils occupent », comme a pu l'Ă©crire Jean Malaurie en 1994. Jean Gottmann « cherchait des rĂ©ponses aux grandes questions de l'humanitĂ© et de notre temps. Pour ce faire, il mobilisa les ressources d'une Ă©norme culture gĂ©nĂ©rale et l'expĂ©rience d'une vie riche et mouvementĂ©e » (Sanguin & Prevelakis, 1996).

Fonds d'Ă©tude

Le fonds d'archives Jean Gottmann a été donné au département des cartes et plans de la Bibliothèque nationale de France.

Publications

  • 400 publications de 1933 Ă  1994
  • De la mĂ©thode d'analyse en gĂ©ographie humaine (1947),
  • L'AmĂ©rique (1949)
  • A geography of Europe (1950)
  • La politique des États et leur gĂ©ographie (1952)
  • Virginia at mid-Century (1955), approche typique de la GĂ©ographie rĂ©gionale
  • Les marchĂ©s des matières premières (1957)
  • Études sur l'État d'IsraĂ«l (1958)
  • Megalopolis, The Urbanized Northeastern Seaboard of the United States, The Twentieth Century fund, New York (1961)
  • Essais sur l'amenagement de l'espace habitĂ© (1966)
  • The significance of territory (1973)

Sources

Références

  1. NĂ©crologie
  2. Jean Malaurie (1994), 'La mort de Jean Gottmann. Honneur à l’homme seul', juin, Le Monde diplomatique.

Articles connexes

Liens externes

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