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Jean-Claude-Adrien Helvétius

Jean-Claude-Adrien Helvétius est un médecin français, membre de l'Académie royale des sciences, né à Paris le , et mort à Versailles le .

Biographie

Jean-Claude-Adrien Helvétius est le fils de Jean-Adrien Helvétius, médecin d'origine néerlandaise venu s'installer à Paris pour vendre les médecines inventées par son père, et de Jeanne Desgranges. Il a fait ses études au collège des Quatre-Nations. Son père a voulu qu'il devienne médecin alors qu'il était tourné vers la vie militaire. Il abandonna sa première passion et alla alors avec passion vers l'anatomie et la chimie. Il a été reçu bachelier en médecine le , licencié le , puis docteur en médecine de la Faculté de Paris à l'âge de 22 ans le . Il s'est mis aussitôt dans la pratique. Il va alors remplir ses devoirs les plus indispensables de son métier ou aller au Jardin du roi. Pendant le terrible hiver 1709, il n'a pas arrêté de se rendre, à six heures du matin, suivre les médecins de l'hôtel-Dieu et de la Charité.

Son père lui a acheté en 1713 une charge de médecin par quartier du roi Louis XIV.

Sa réputation ayant grandi, il est nommé élève de Jean Méry, anatomiste à l'Académie royale des sciences, le , adjoint anatomiste le , premier titulaire, associé anatomiste le , associé vétéran le .

En 1719, le roi Louis XV est tombĂ© gravement malade et HelvĂ©tius, bien qu'encore assez jeune, est appelĂ© en consultation. Il a proposĂ© de faire une saignĂ©e du pied. Contre les avis opposĂ©s, il a donnĂ© des arguments si forts qu'il a obtenu l'accord de tous les mĂ©decins consultĂ©s. La saignĂ©e a Ă©tĂ© faite et a obtenu les effets souhaitĂ©s. Le RĂ©gent a alors voulu qu'il ne s'Ă©loignât plus du roi et quand la Cour revint Ă  Versailles, le RĂ©gent lui a offert de s'y installer en lui accordant une pension de 10 000 livres.

En , Helvétius est nommé inspecteur-général des hôpitaux militaires de Flandre et a acheté la charge de médecin ordinaire du roi à M. Boudin. Il est alors devenu un homme de la cour, de la ville et de l'académie, ce qui l'a entraîné à voir naître l'ambition de se rendre le chef de la médecine. La faculté de médecine de Paris lui a reproché d'avoir essayer d'en prendre le contrôle quand Nicolas Andry, qui lui était favorable, était doyen de la faculté. Vers la fin du décanat d'Andry, il a essayé de se faire nommé doyen à sa place. Finalement, la faculté a choisi d'élire par acclamation Étienne-François Geoffroy le . Helvétius, Andry ont essayé de faire annuler cette élection par le cardinal Fleury[1].

Il a publié en 1722 un ouvrage, Idée générale de l'économie animale, et observation sur la petite vérole, dans lequel il a présenté les usages des différentes parties du corps animal.

Il a rempli la fonction de médecin de la reine Marie Leszczynska, dès 1725, quand il l'a accueillie à la frontière du royaume avec les principaux officiers de la Maison du roi. Le roi l'a honoré d'un brevet de conseiller d'État. Il est nommé premier médecin de la reine en 1728.

En 1746, il a eu une attaque qui a entraîné une paralysie mais qui ne l'empêchait pas de remplir les fonctions de sa charge, mais en 1751, voyant que l'incommodité allait en augmentant, il a proposé Claude de la Vigne de Frécheville, un de ses élèves, en survivance dans sa charge de premier médecin de la reine[2].

Il est alors resté enfermé chez lui, répondant aux consultations d'une clientèle que sa réputation de médecin lui attirait et il s'est occupé à travailler sur divers ouvrages. En , son état venant à s'aggraver, il a mis en ordre ses affaires, légué, entre autres choses, tous les livres de sa bibliothèque à la Faculté de médecine de Paris que cette compagnie n'avait pas dans la sienne.

Études anatomiques

Il a publié ses premières études anatomiques dans les Mémoires de l'Académie royale des sciences en 1718. Il s'est cru le découvreur que les veines du poumon sont en moindre nombre et ont moins de capacité que les artères du poumon, au contraire de ce qu'il y a dans le reste du corps humain. Il a aussi remarqué que le ventricule gauche et l'oreillette gauche du cœur qui sont liées aux veines pulmonaires ont moins de capacité que le ventricule droit et l'oreillette droite qui sont liés aux artères. Comme la quantité de sang passant des les artères pulmonaires était la même que celle se trouvant dans les veines pulmonaires, il en a déduit que le sang ait reçu un changement du côté gauche pour qu'il occupe moins d'espace, s'y condensait et que c'était dû à l'action de l'air dans les poumons. Ce système a été attaqué par Pietro Antonio Michelotti, médecin à Venise, qui a publié en 1721 De Separatione fluidorum in corpore animali[3]. Michelotti a écrit une lettre en latin au secrétaire de l'Académie royale des sciences, Fontenelle, à laquelle Hélvétius répond par Éclaircissements concernant la manière dont l'air agit sur le sang dans les poumons en 1728. Michelotti estimait que cette différence de taille pouvait aussi venir d'une différence de vitesse du circulation du sang dans les veines et dans les artères.

Dans le livre Idée générale de l'économie animale, et observation sur la petite vérole, Helvétius avait repris la découverte des vaisseaux névro-lymphatiques par Raymond Vieussens pour s'en servir de base à sa théorie de l'inflammation. Cette théorie a été l'objet d'une critique de la part de Jean Besse, médecin du Rouergue, premier médecin de la reine douairière d'Espagne, qui prétend que l'obstruction des vaisseaux capillaires constitue la seule cause de l'inflammation[4]. Cette critique suivie d'une réponse par Helvétius, qui a entraîné une nouvelle réponse de Jean Besse sous la forme d'un livre dont seul le tome 1 a paru à Amsterdam. Helvétius, homme de cour, a réussi à empêcher la publication du tome 2. Dans la partie traitant de la petite vérole, il préconise la saignée de pied comme moyen de prévenir une inflammation du cerveau qui a été observée chez ceux qui sont morts de cette maladie.

Famille

Helvétius est la latinisation du nom Schweitzer.

  • Jean-FrĂ©dĂ©ric Schweitzer HelvĂ©tius, nĂ© Ă  Köthen, Saxe-Anhaldt, le , mort Ă  La Haye le , mĂ©decin des États gĂ©nĂ©raux des Provinces-Unies et du prince d'Orange, mariĂ© en 1658 Ă  Jeanne Pelse (1643-1709),
    • Jean-Balthazar HelvĂ©tius (1659-1695), mĂ©decin nĂ©erlandais,
      • Jean-FrĂ©dĂ©ric HelvĂ©tius II (1687- ) mĂ©decin nĂ©erlandais,
    • Jean-Adrien HelvĂ©tius (1664-1727), ou Adrien HelvĂ©tius, mariĂ© en 1684 avec Jeanne Desgranges (vers 1654-1722),
      • Jean-François HelvĂ©tius (1683),
      • Jean-Claude-Adrien HelvĂ©tius (1685-1755) mariĂ© en 1710 avec NoĂ«lle Geneviève de Carvoisin d'Armancourt (vers 1690-1767),
        • Claude-Adrien HelvĂ©tius (1715-1771) mariĂ© Ă  Anne-Catherine de Ligniville (1720-1800), Madame d'HelvĂ©tius,
          • Élisabeth Charlotte HelvĂ©tius, dame de Luminy (1752-1799), mariĂ©e Ă  Alexandre-François de Mun (mort en 1816),
            • Claude Adrien de Mun (1773-1843) mariĂ© en 1805 avec Henriette d'Ursel (1782-1849),
          • Geneviève AdĂ©laĂŻde HelvĂ©tius (1754- ) mariĂ©e en 1772 avec Antoine Henri d'Andlau, marĂ©chal de camp (1740-1820),
            • Anna Catherine d'Andlau (1773-1855) mariĂ©e en 1791 avec Camille d'Orglandes,
            • Henriette Geneviève d'Andlau (1774-1836) mariĂ©e en 1790 avec Louis Le Peletier de Rosanbo (1777-1856),
            • Armand Gaston FĂ©lix d'Andlau (1779-1860), chambellan de NapolĂ©on III, mariĂ© en 1823 avec Pauline Marie Josèphe d'Hennezel (1804-1873),
            • Hardouin Gustave d'Andlau (1787-1850) mariĂ© Ă  AglaĂ© Tourteau (1792-1868)
      • Antoine HelvĂ©tius (1687-1729),
      • Anne HelvĂ©tius mariĂ© Ă  Jean-Nicolas Martinet,
        • Jean Adrien Martinet de Charsonville.
    • Philippe-Maxilien HelvĂ©tius (1665-1708) mĂ©decin nĂ©erlandais,
      • Arnoud HelvĂ©tius (1690-1742) mĂ©decin nĂ©erlandais
    • Joseph-Jean HelvĂ©tius (1667-1719) mĂ©decin nĂ©erlandais,
      • Jean-FrĂ©dĂ©ric HelvĂ©tius III (1699-1747) mĂ©decin nĂ©erlandais,
  • Andreas Engelhart Schweitzer (1632- ) marchand Ă  Köthen.

Publications

  • An Erethismi sedatio morbi curatio?, thèse de doctorat, chez Veuve F. Muguet, 1708
  • IdĂ©e gĂ©nĂ©rale de l'Ă©conomie animale, et observation sur la petite vĂ©role, Paris, 1722 (lire en ligne).
Ce livre a donné lieu à une critique de M. Besse, docteur-régent de la Faculté de Paris :
    • Jean Besse. Lettre Ă  Monsieur... (HelvĂ©tius) auteur du nouveau livre de l'Ĺ“conomie animale et des observations sur les petites vĂ©roles. , François Fournier, Paris 1723 (lire en ligne)
    • Lettres Ă  M. au sujet de la Lettre critique de M. Besse, contre l'IdĂ©e gĂ©nĂ©ral de l' Ĺ’conomie Animale et les observations sur la petite vĂ©role. Paris 1725 (lire en ligne)
    • RĂ©plique aux lettres de M. HelvĂ©tius, au sujet de la critique de son livre de l'Ĺ“conomie animale & des observations sur la petite vĂ©role, par M. Besse, docteur-rĂ©gent de la facultĂ© de mĂ©decine de Paris, & premier mĂ©decin de la reine douairière d'Espagne, ci-devant mĂ©decin du Roi & de la maison royale de Saint-Louis et de Saint-Cyr, Amsterdam, tome 1. Le tome 2 n'est jamais paru.
  • Éclaircissements concernant la manière dont l'air agit sur le sang dans les poumons. Pour servir de rĂ©ponse aux objections contenues dans une lettre de M. Michelotti, Ă  M. de Fontenelle, Paris, 1728 (lire en ligne).
  • Epistola ad J. B. Winslow de structura glandulæ, imprimĂ© Ă  la suite des Éclaircissements....
  • Lettre de M. HelvĂ©tius, Conseiller d'Ă©tat, premier mĂ©decin de la reine, inspecteur-gĂ©nĂ©ral des HĂ´pitaux Militaires du Royaume, & membre de l'AcadĂ©mie royale des sciences Ă  MM. les Doyens et Syndics des FacultĂ©s de MĂ©decine & des Collèges de MĂ©decins du Royaume de France au sujet des Formules de mĂ©decine pour les HĂ´pitaux Militaires, imprimerie de J. F. Quillau, Paris, 1748 (lire en ligne).
  • Principia Physico-medica in tironum medicinæ Gratiam, chez D. A. Pierres, Paris, 1752 tome 1, tome 2
  • MĂ©thode donnĂ©e par M. HelvĂ©tius, suivant laquelle les personnes charitables doivent conduire les pauvres malades de la campagne attaquĂ©s de fièvres intermittentes, Paris, 1756 (lire en ligne)

Mémoires de l'Académie royale des sciences

  • Observations sur le poumon de l'homme, p. 18-35, 1718 (lire en ligne).
  • Observations sur l'inĂ©galitĂ© de capacitĂ© qui se trouve entre les organes destinĂ©es Ă  la circulation du sang dans le corps de l'homme, et sur les changements qui arrivent au sang en passant par le poumon, p. 222-244, 1718 (lire en ligne).
  • Observations anatomiques sur l'estomac de l'homme, avec des rĂ©flexions sur le système nouveau, qui regarde la trituration dans l'estomac, comme la cause de la digestion des aliments avec une planche, p. 336-349, 1719 (lire en ligne).
  • Observations anatomiques sur la membrane interne des intestins grĂŞles, appelĂ©e membrane veloutĂ©e. Sur leur membrane appelĂ©e nerveuse. Sur leur membrane musculeuse ou charnue, avec une planche, p. 301-309 1721 (lire en ligne).

Abrégé des Mémoires de l'Académie des sciences

Histoire de l'Académie royale des sciences

  • Diverses observations anatomiques. Sur le livre de M. HelvĂ©tius intitulĂ© Éclaircissements concernant la manière dont l'air agit sur le sang dans les poumons, etc., p. 22-27, 1728 (lire en ligne)

Notes et références

  1. Encyclopédie méthodologique. Médecine, tome 6, p. 619 (lire en ligne)
  2. Paul Delaunay, Le monde médical parisien au dix-huitième siècle, p. 373 (lire en ligne)
  3. Pietri Antonii Michelotti, De separatione fluidorum in corpore animali. Dissertation physico-mechanico-medica, 1721 (lire en ligne)
  4. Kurt Sprengel, Histoire de la médecine, depuis son origine jusqu'au dix-neuvième siècle, chez Deterville, Paris, 1815, tome 4, p. 150 (lire en ligne)

Annexes

Bibliographie

  • Jean-Paul Grandjean de Fouchy, Éloge de M. HelvĂ©tius, dans Histoire de l'AcadĂ©mie royale des sciences - AnnĂ©e 1755, Imprimerie royale, Paris, 1759, p. 161-169 (lire en ligne)
  • HELVETIUS (M.), dans Table gĂ©nĂ©rale des matières contenues dans l'"Histoire" et dans les "MĂ©moires de l'AcadĂ©mie royale des sciences", par la Compagnie des libraires, Paris, 1731, tome 3, 1711-1720, p. 161-162 (lire en ligne)
  • HELVETIUS (M.), dans Table gĂ©nĂ©rale des matières contenues dans l'"Histoire" et dans les "MĂ©moires de l'AcadĂ©mie royale des sciences", par la Compagnie des libraires, Paris, 1734, tome 4, 1721-1730, p. 160 (lire en ligne)
  • HELVETIUS (M.), dans Table gĂ©nĂ©rale des matières contenues dans l'"Histoire" et dans les "MĂ©moires de l'AcadĂ©mie royale des sciences", par la Compagnie des libraires, Paris, 1747, tome 5, 1731-1740, p. 175 (lire en ligne)
  • HELVETIUS (Jean-Claude-Adrien), dans EncyclopĂ©die mĂ©thodologique. MĂ©decine, chez H. Agasse, Paris, 1798, tome 7, p. 100-102 (lire en ligne)
  • HELVETIUS (Jean-Claude-Adrien), dans J.-M. QuĂ©rard, La France littĂ©raire, chez Firmin Didot frères libraires, Paris, 1830, tome 4, p. 59-60 (lire en ligne)
  • Jean Eugene Dezeimeris, Dictionnaire historique de la mĂ©decine ancienne et moderne, chez BĂ©chet jeune libraire, Paris, 1836, tome 3, p. 105-107 (lire en ligne)
  • Paul Delaunay, Le monde mĂ©dical parisien au dix-huitième siècle, Librairie Jules Rousset, Paris, 1906 (lire en ligne)
  • Yeunis Willem Van Heiningen, La dynastie des HelvĂ©tius, dans Histoire des sciences mĂ©dicales, 2014, tome XLVIII, no 4, p. 447-456 (lire en ligne)

Article connexe

Liens externes

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