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Jean-Baptiste Magon de La Balue

Jean-Baptiste Magon de La Balue, né le à Saint-Malo et exécuté à Paris le , est un des plus grands financiers français de la deuxième moitié du XVIIIe siècle et un important banquier français, notamment du comte d'Artois et d'un nombre important de gentilshommes proches de la Cour.

Jean-Baptiste Magon de La Balue
Fonction
Fermier général
-
Autres informations
Propriétaire de
HĂ´tel de SĂ©gur, hĂ´tel Magon de La Balue (d)

Biographie

Fils de Luc Magon de la Balue et d'Hélène Porée (fille de Charles Porée de La Touche et nièce d'Alain Porée), il est issu d'une famille d'armateurs de Saint-Malo. Il commence sa carrière dans les affaires familiales comme négociant à Cadix de 1732 à 1759[1].

À court d'argent en 1758, au moment de la guerre de Sept Ans, le Gouvernement français emprunte 20 millions de réaux à l'Espagne via Jean-Joseph de Laborde que le marquis de marquis de Choiseul fit nommer banquier de la Cour. Lui fut adjoint le représentant des Magon de la Balue, de riches armateurs malouins. Au départ de Choiseul et, par la suite, de Laborde, Magon de la Balue devient le seul banquier de la Cour. Il ouvrit une maison de banque place Vendôme à son nom : on l'appelle « Monsieur Magon ».

Au moment de la Terreur, Ă  la fois en tant qu'ancien fermier gĂ©nĂ©ral dans le Bail PrĂ©vost (1762-1768), financier du comte d'Artois et administrateur de la Caisse d'escompte (selon Plessis), Magon de La Balue est accusĂ© d'ĂŞtre impliquĂ© dans ce qui fut appelĂ©e Ă  l'Ă©poque, « la Conspiration Magon Â»[2]. Le ComitĂ© de sĂ»retĂ© gĂ©nĂ©rale dĂ©cide le son arrestation au motif de « s'ĂŞtre concertĂ© avec les Ă©migrĂ©s dans un but contre-rĂ©volutionnaire, de leur avoir fourni des fonds et d'avoir favorisĂ© leurs projets liberticides Â».

Il est condamné et guillotiné à Paris le , ainsi que toute sa famille, pour que ses bourreaux soient sûrs de récupérer son immense fortune[2] : sa fille, Françoise Marie Jeanne épouse de Bertrand Auguste de Saint-Pern, son petit-fils, Jean Baptiste Marie de Saint-Pern, âgé de 17 ans (exécuté à la place de son père), son frère Luc Magon de la Blinaye, le gendre de sa fille François Auguste Toussaint de Cornulier et son cousin Érasme Magon de La Lande (1746-1794)[3]. Il avait été auparavant enfermé dans diverses maisons de santé changées en prisons sous la Terreur, dont la pension Belhomme, située rue de Charonne, à Paris.

La fortune de Magon s'Ă©levait de son vivant, selon Ernest Daudet, Ă  9 millions de livres, ce qui le plaçait dans les premières fortunes du royaume Ă  la fin du XVIIIe siècle. En 1795, les hĂ©ritiers voient le Directoire leur reconnaĂ®tre un droit sur 2,7 millions, transformĂ©s en rentes (soit 20 annuitĂ©s), mais, en 1797, ils furent Ă©chaudĂ©s par l'opĂ©ration du tiers consolidĂ© qui abaissa, comme pour tous les souscripteurs, de près de 70 % leurs revenus. Au moment du retour des Bourbon sur le trĂ´ne, les hĂ©ritiers vinrent rĂ©clamer Ă  Louis XVIII la somme de plus de 600 000 livres envoyĂ©es en 1792 par Magon Ă  Coblence en Allemagne pour aider le prince dans son exil. Le roi fit la sourde oreille. En 1832, ils firent un procès qu'ils gagnèrent et finirent par rĂ©cupĂ©rer 592 592 francs.

Vie privée

Il avait épousé à Cadix en 1734 Marie Jeanne Lefranc (1712-1776), fille d'un contrôleur général des fermes du roi, dont :

  • Adrien Dominique Magon de La Balue (1741-1819), banquier Ă  Paris (1785-1793) qui Ă©pouse en 1785 Anne FĂ©licitĂ©e de Saint-Pern ;
  • Françoise Marie Jeanne Ă©pouse de Bertrand Auguste de Saint-Pern ;
  • Laurence Marie, qui Ă©pouse en 1771 JĂ©rĂ´me-PĂ©lagie Masson de Meslay, prĂ©sident en la Chambre des Comptes de Paris ;
  • RaphaĂ«l Guillaume François Magon de La Balue, capitaine de cavalerie, Ă©poux de Julie DorothĂ©e Pavans de Ceccaty

Son ancien hôtel particulier à Paris est situé 18 rue Saint-Marc.

Articles connexes

Références

  1. L’histoire de cette famille est bien documentée : il existe un fonds Magon de La Balue aux archives départementales d'Ille-et-Vilaine. Sur ses activités financières et ses activités d’armateur, voir par exemple Plessis (1989), Sée (1928) ou Hayem (1925).
  2. Conspiration Magon sur Wikisource.
  3. Karine Audran. « L'accusation d'Ă©migration des nĂ©gociants malouins : une justification abusive de la politique terroriste Ă  Saint-Malo Â». Dans : Annales historiques de la RĂ©volution française. no 345, 2006. p. 31-53.

Bibliographie

  • Alain Plessis, La RĂ©volution et les banques en France : de la Caisse d'escompte Ă  la Banque de France. In Revue Ă©conomique 40/6 (1989), p. 1001-1014.
  • Ernest Le Barzic, Ă€ Saint-Malo les Magons, Édition rĂ©imprimĂ©e DĂ©couvrance, 1974 (ISBN 9782842652029).
  • (en) Henri SĂ©e, The ship-owners of Saint Malo in the eighteenth century. In Bulletin of the Business Historical Society 2/4 (1928), p. 3-9.
  • Julien Hayem, Le commerce de Saint-Malo au 18e siècle, d’après les papiers des Magon. In MĂ©moires et documents pour servir Ă  l’histoire du commerce et de l’industrie, 9e sĂ©rie, 1925.
  • « La Conspiration Magon : rĂ©cits de temps rĂ©volutionnaires. I. Les dessous d'une accusation - II. Le massacre des innocents » par Ernest Daudet, dans : Revue des deux Mondes, 1911/03, p. 356-390 - lire sur Wikisource.

Liens externes

  • Portrait anonyme (clichĂ© RMN) :
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