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Jean-Baptiste Jauffret

Jean-Baptiste Jauffret, né le à La Roquebrussanne[1] et mort le à Saint-Pétersbourg, est un philologue et enseignant entendant français. Il a fondé une école secondaire à Paris inspirée des méthodes d'enseignement des sourds-muets, et dirigé l’Institut des Sourds-Muets de Saint-Pétersbourg de 1810 à 1824. Il est le frère de Mgr André Jauffret, évêque de Metz et aumônier de Napoléon Ier, du pédagogue et moraliste Louis-François Jauffret, et de Joseph Jauffret, maître des requêtes au Conseil d'État. Son neveu, Anatole Jauffret, est le fondateur de l’Institution Jauffret à Paris.

Jean-Baptiste Jauffret
Fonctions
Chef d’institution à Paris
–
Directeur de l'Institut Impérial des Sourds-Muets de Saint-Pétersbourg
–
Prédécesseur Anselm Sigmund
Successeur Georg Gurtsov, puis Victor Fleury (Russie) (ru)
Biographie
Nom de naissance Jean-Baptiste-Clair Jauffret
Date de naissance
Lieu de naissance La Roquebrussanne, Var
Date de décès
Lieu de décès Saint-Pétersbourg, Russie
Fratrie Mgr André Jauffret, Louis-François Jauffret, Joseph Jauffret
Conjoint Marie-Rosalie de Vitry
Profession Professeur
Distinctions Chevalier de l'Ordre de Saint-Vladimir (4e classe), Conseiller de Cour

Biographie

Jean-Baptiste Jauffret est issu d’une famille bourgeoise de La Roquebrussanne[2]. À l’âge de dix ans, il est envoyé en pension au collège oratorien de Toulon. En 1784, il intègre la Congrégation de l’Oratoire comme enseignant laïc. Il est d’abord nommé au collège de Joyeuse, puis en 1786 au collège de Riom, où il se lie avec l’abbé Salvan, élève de l’abbé de L’Epée, qui a fondé une école pour les sourds-muets dans cette ville.

En 1787, Jean-Baptiste Jauffret quitte la Congrégation de l’Oratoire et rejoint ses frères à Paris, où il occupe une place de précepteur du dernier fils du marquis de Malleyssie jusqu’en mars 1789. En 1791, il retrouve l’abbé Salvan, nommé à l’Institut des sourds-muets de Paris. C’est à cette époque qu’il se lie avec l’abbé Sicard, successeur de l’abbé de L’Epée. En 1792, il quitte Paris et se réfugie à Orléans. Là, il étudie la médecine d’Hippocrate, et fréquente l’helléniste d'Ansse de Villoison, dont il partage la passion pour les langues. En 1795, il revient à Paris, où il suit les cours de Sicard, qui le forme à sa théorie grammaticale et à sa méthode d’éducation des sourds-muets.

En 1801, Jean-Baptiste Jauffret ouvre une école secondaire rue Saint-Jacques à Paris[3], dans l’ancien Couvent des Ursulines, où il enseigne à des élèves « entendants-parlants » en adaptant la méthode de Sicard. « Sa méthode d’enseigner tout-à-la fois la grammaire des quatre principales langues, avec les éléments inséparables de la logique et de la métaphysique, réunit au mérite de la nouveauté les avantages de l’ancienne instruction publique de l’Université », écrit M. de Villoison. « Je suis témoin des progrès rapides et prodigieux de plusieurs élèves que j’avais confiés aux soins de cet habile instituteur. »[4] L’établissement compte notamment parmi ses professeurs le linguiste Fleury Lécluse et le philologue Charles-Benoît Hase[5].

En 1806, Jean-Baptiste Jauffret, avec le soutien de Sicard, déménage son école dans le Marais, près du Lycée Charlemagne, dans l’ancien hôtel d’Aubray-Brinvilliers, rue Neuve-Saint-Paul (actuelle Rue Charles-V). A cette époque, son établissement compte cinquante élèves pensionnaires[6]. Mais à la suite de mauvaises affaires, il est contraint de le vendre en 1808 à M. de Fombonne[7].

En 1808, l’impératrice-mère de Russie, Maria Feodorovna, qui a fondé une école pour les sourds-muets à Pavlovsk, se rapproche de l’abbé Sicard pour faire venir à Saint-Pétersbourg un professeur formé à sa méthode. Conseillée par Sicard et Haüy[8], l’impératrice-mère nomme en novembre 1809 Jean-Baptiste Jauffret à la tête de son établissement [9]. Il arrive dans la capitale russe en février 1810, où, pendant quatorze ans, il contribue à développer l’institut des sourds-muets de Saint-Pétersbourg. Sous sa direction, l’établissement passe de 9 élèves à 48 en 1823[10].

Il meurt le 28 août 1824 dans une datcha près de Saint-Pétersbourg, des suites d’une longue maladie. En remerciement de ses services, l’impératrice-mère l’avait fait nommer chevalier de l’Ordre de Saint-Vladimir, 4e classe, en 1813[11], et Conseiller de Cour en 1818[12].

De son mariage avec Marie-Rosalie de Vitry, veuve de M. Deloynes, Jean-Baptiste Jauffret eut deux enfants. Son fils, Alexandre Jauffret (1791-1853), est le traducteur de l'Histoire de l'Empire de Russie[13] de Nikolaï Karamzine.

Ouvrage

  • Mémoire sur un moyen nouveau et facile d’apprendre à articuler aux sourds-muets de naissance, 1801

Notes et références

  1. cf. Acte de baptême du 25 septembre 1766, Commune de La Roquebrussanne, Archives départementales du Var numérisées, 7E 112/4
  2. Son père était notaire royal à La Roquebrussanne (de 1765 à 1784)
  3. « Liste des écoles secondaires du département de la Seine », sur Retronews, Gazette Nationale, où le Moniteur universel, (consulté le )
  4. d’Ansse de Villoison, « Leçon extraordinaire à l’institution nationale des sourds-muets le 20 Floréal an IX », sur Google Books, Gazette Nationale, où le Moniteur universel, volume 27, (consulté le )
  5. d’Ansse de Villoison, « Lettre de Jean-Baptiste-Gaspard d’Ansse de Villoison à Fleury Lécluse », sur Google Books, Magasin Encyclopédique, (consulté le )
  6. Marie-Madeleine Compère, « Les pensions à Paris (1789-1820) », sur Google Books, Revue du Nord, numéro 327, (consulté le )
  7. Pasquier, maître des Requêtes, « Rapport du maître des requêtes Pasquier sur la situation financière de l'abbé Sicard, instituteur des sourds-muets (1808) », sur Archives Nationales de France, (consulté le )
  8. Valentin Haüy, « Mémoire historique abrégé sur les télégraphes », sur Google Books, (consulté le )
  9. Robert-Marie Reboul, « Louis-François Jauffret, sa vie, ses œuvres », sur Google Books, (consulté le )
  10. « Saint-Pétersbourg : institut des sourds-muets », sur Google Books, Revue Encyclopédique, volume 28, (consulté le )
  11. Décret du Conseil des Tutelles du 13 avril 1813 signé par l'impératrice Maria Féodorovna
  12. Décret du Conseil des Tutelles du 25 août 1818
  13. « Histoire de l'Empire de Russie, par N. Karamzine, traduit par MM. Jauffret et de Saint-Thomas », sur Google Books, (consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Robert Reboul, « Un archevêque nommé d’Aix et ses frères », Aix-en-Provence, 1896.
  • Lagovsky, « L’école des sourds-muets de Saint-Pétersbourg, 1810-1910, esquisse historique », Saint-Pétersbourg, 1910.
  • Bruno Jauffret, Denis Zavaritski, « Jean-Baptiste Jauffret, pédagogue novateur et instituteur de sourds-muets à Saint-Pétersbourg », L’harmattan, 2021

Articles connexes

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